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(D.C.O)

Parti et Syndicat

Résolution dialectique des contradictions portées par la double crise du P.C.F et de la C.G.T

La crise historique subie par la C.G.T tient par beaucoup d’aspects de l’effet boomerang de la crise parallèle et déjà historique, en elle-même, du P.C.F.

 

C’est d’abord une crise des relations que le mouvement ouvrier entretient avec la bourgeoisie nationale, notamment au sein du patronat, c’est de plus une crise concomitante avec les couches intermédiaires de la petite et moyenne bourgeoisie.

 

C’est ensuite et essentiellement, une crise des rapports de production de leurs places et rôles liés à celles des forces productives, les formes spécifiques que ces dernières prennent au sein de la formation sociale française, dans son histoire.

 

C'est enfin et fondamentalement, une crise de l'idéologie française de la nature de sujet de droit qu'elle produit et de l'influence qu'une telle idéologie génère dans la droitisation historique du mouvement ouvrier français.

 

La bourgeoisie nationale est un concept traditionnel du mouvement ouvrier qui fait référence à la partie de la bourgeoisie industrielle et commerciale qui effectue l’essentiel de ses activités sur notre territoire. Cette fraction de la grande et moyenne bourgeoisie peut-être opposée à une bourgeoisie dite « cosmopolite » qui se soumet au double mouvement de la mondialisation, via la financiarisation et le jeu des bourses, mais surtout qui profite à travers les importations du différentiel de coûts (essentiellement le coût du travail) pour se reproduire via une externalisation de la richesse produite. Cette dernière joue contre le monde du travail et contre le redémarrage d’une activité industrielle et commerciale à base nationale, sauf si ces phénomènes se traduisent par un effet direct de prolétarisation des conditions de production, surtout des conditions de reproduction de la force de travail (baisse du niveau de vie, baisse des qualifications, baisse des statuts etc.). La bourgeoisie nationale dans sa concurrence avec la bourgeoisie cosmopolite « peut » avoir un intérêt historique à maintenir dans l’espace national, une qualité de reproduction de la force de travail qui s’oppose aux intérêts portés par la bourgeoisie cosmopolite (formation, santé, salaires, services publics), dans la mesure où elle joue la carte de la requalification portant sur des produits à haute valeur ajoutée.

 

Une présentation des contradictions inter-capitalistes par une telle dichotomie entre deux fractions du patronat, ne peut être, par bien des côtés, que tendancielle et idéologique. La grande bourgeoisie est aujourd’hui massivement cosmopolite, la moyenne est elle-même entrainée pour survivre à suivre le mouvement. C’est très certainement ce qui fait la particularité de la mondialisation actuelle et qui restreint d’autant les choix d’une politique alternative cherchant à associer une possible bourgeoisie « patriote » à un contreprojet de développement économique et social. La radicalité d’une telle situation réduit d’autant les effets attendus d’un projet de compromis « historique » préalable à l’engagement d’une rupture historique avec le système capitaliste. La possibilité d’une mise en œuvre d’une « démocratie avancée» devient donc ténue et problématique si on s’intéresse au rapport de force, la possibilité de faire basculer une telle fraction du côté des forces progressistes en devient réduite d’autant.

 

Si nous enlevons la partie efficace et réelle de la grande bourgeoisie qui pèse dans la production mondiale de biens et de services, reste celle immense du bas de la pyramide qui, elle, représente un réel poids statistique, mais pèse d’un faible poids économique. Celle-ci associe, c’est certain, beaucoup plus de facteurs de production à caractères nationaux que la grande bourgeoisie pour se reproduire. Mais ses intérêts objectifs actuels la conduisent-elle à vouloir s’opposer à la domination de la bourgeoisie cosmopolite ?  Rien n’est moins sûr.

 

Si nous laissons de côté le discours idéologique économique qui renvoie l’existence de l’entreprise aux seules caractéristiques du marché, nous voyons que le tissu industriel et commercial de la France est bien plus un tissu pyramidal lié à des donneurs d’ordre, qu’une abscisse d’entreprises se livrant entre-elles à une concurrence libre et non-faussée sur un marché. La sous-traitance, la délégation de services et de missions, sont aujourd’hui des phénomènes largement majoritaires, une bonne partie de cette bourgeoisie n’a donc plus, comme seule porte de sortie, pour se reproduire, que de jouer contre le monde du travail en essayant, dans une course effrénée au différentiel de coût, de faire pression sur le salariat. Personne ne croit plus que ce soit dans une petite entreprise qu’on puisse aujourd’hui se voir offrir un meilleur salaire, de meilleures conditions de travail et encore moins de meilleures conditions de protection et de reproduction de la force de travail (coûts, formation, sécurité, syndicalisation , etc. etc.), c’est même tout le contraire.

 

Pour les forces du mouvement ouvrier, on voit donc que tout le discours qui portait sur le soutien éventuel d’une partie de la bourgeoisie nationale, petite, moyenne voire grande, à l'idée d'un changement progressiste conjoint avec le mouvement ouvrier, si on s’intéresse à la bourgeoisie non- salariée, devient très problématique.

 

Dans le discours du PCF, cette réalité, continue d’être occultée, parce qu’elle dérange profondément l’idéologie à quoi il n’a pas renoncé : « L’Union du Peuple de France », ce concept qui n’est plus utilisé mais qui joue encore un rôle central dans le discours manifeste de ce parti. C’est un discours qui flotte d’autant plus dans les limbes, qu’il n’est plus en lien avec son socle d’origine : le programme du C.N.R. Le P.C.F a en partie ou en totalité renoncé à ce qui en faisait le fondement : la planification, l’aménagement du territoire, la nationalisation des grands secteurs clefs de la production, c’est-à-dire à un capitalisme d’Etat donneur d’ordres et structurant la reproduction générale du capitalisme privé.

 

C’est ce renoncement qui conduit l’actuel PCF à admettre la logique mondialiste de division du travail et le conduit par « réalisme » à s’inscrire dans la division « naturelle » que le grand capital et la finance internationale impriment. Division à laquelle toute une partie de l’extrême- gauche se soumet elle aussi, au nom de l’idéal d’une révolution mondiale, qui ne peut surgir que l’internationalisation des forces productives du capital le plus puissant.

 

La social-démocratisation du PCF, portée hier par son aile droite et aujourd’hui de plus en plus par son centre, le conduit à ne plus accepter et promouvoir qu’une logique purement électoraliste, une logique de territorialisation et d’urbanisation qui fait de l’électeur le seul véritable citoyen au dépend du producteur salarié. Cette logique issue de la déviation sociologique nourrit un rapport réformiste à la lutte des classes. Il s’agit de s’intéresser aux revenus et à leur répartition, autrement dit, au partage des richesses, à leur affectation, plus qu’aux conditions de production et aux conditions de reproduction des rapports de production nées de la division du travail. Il s’agit donc de survaloriser le consommateur et le marché au dépend du producteur, de sa capacité à produire des biens ou de services dans un cadre national.

 

Dans l’univers de plus en plus imaginaire du PCF, la France est riche car la France via la financiarisation se retrouve à la tête d’une masse de capitaux et d’épargnes qui n’attendent plus qu’une justice d’affectation d’un revenu qui n’est plus désormais que national. Un « gâteau » prêt à être découpé, tant il devient difficile dans ce rapport au monde de distinguer qui est productif de qui ne l’est pas. Si la France est riche c’est que l’on réalise beaucoup de profits et si on distribue beaucoup de profit, c’est que l’on distribue insuffisamment d’émoluments et de traitements aux « salariés », la lutte des classes est fondamentalement une lutte pour le partage et le résultat d’une monétisation des rapports d’échanges. Dans ce cas, le refus de la marchandisation des rapports sociaux peut apparaître comme un progrès et une solution (non marchand, gratuité etc.), une forme de résistance face à une société où domine la « logique » du profit. La « salarisation » en ‘générale’ qui touche le plus grand nombre (80% de la population active) devient  le produit d' une soumission, un asservissement aux lois du marché, qui ‘aliène’ la liberté du sujet, car elle aliène contre la définition même des droits de l’homme, et donc contre « l’esprit » français, un temps social contraint qui échappe à son libre arbitre.

 

Regardons maintenant ce qui se passe du côté de la C.G.T. ce sur quoi il est importe d’attirer l’attention : en quoi cette représentation réformiste du principal parti « ouvrier » fait écho au réformisme « naturel » de l’approche syndicale. Le syndicalisme est naturellement porté à accepter de fait la division capitaliste du travail, son mode de spatialisation productive qui fixe les conditions d’une possible salarisation et d’un mode de structuration efficace de gouvernance, d’organisation, comme de direction des ressources humaines. Puisque c’est bien le patronat, qui apprécie les débouchés, fixent les prix et combine les facteurs de production (Capital et travail) en vue de ce résultat. Il n’y a donc dans cette vision économiste du syndicalisme, de salariat possible et de salariés afférents, que par acceptation d’une servitude volontaire, du mode d’organisation et de structuration productives appelées « entreprises » capitalistes.

 

La remise en cause des conditions de division du travail au sein de l’entreprise, n’est dès lors rendue possible qu’à travers les grilles de qualifications et de rémunérations définies dans le cadre de conventions collectives, au mieux, ou d’un droit minimaliste du travail pour les plus exposés.

Cependant, ce qui fait le rapprochement avec le point de vue réformiste, c’est que là aussi, l’existence de catégories sociales possiblement antagonistes, n’est structurée que par la reconnaissance d’une activité définissant un métier qui organise des catégories sociales et nullement par la qualité d’un statut de « salarié » comme résultat d’un travail « productif » au sens marxiste du terme, donc au regard du degré d’exploitation à laquelle il est soumis.

 

Il en est ainsi des fameuses grilles Parodi qui ont construit notre espace social et ses rapports de conflictualité, sur lesquelles se sont forgées une sociologie de la lutte des classes dans les conditions spécifiques de la formation sociale française, qui sont concernées au premier chef par le biais réformiste qu’elles introduisent. Lutte pour la répartition et lutte pour la requalification sont les deux mamelles de la pénétration des rapports idéologiques bourgeois, via l’économisme et le sociologisme (présentement : la sociologie des organisations), qui s’intéressent au jeu et à la place des acteurs, à la marge de négociation dont ils disposent, autrement dit en discours cédétiste : à la zone d’incertitude qu’ils sont aptes à contrôler.  

 

La C.G.T historique a bien évidemment dans son histoire et dans ses principes de fondation des moyens idéologiques potentiels pour résister à une telle dérive, la charte d’Amiens prévoit et appelle à la disparition du salariat, et du patronat. Mais elle le fait en accord avec l’origine sociale de ses représentants : les salariés. Elle le fait donc contre les partis politiques à qui elle reproche d’être obnubilés par la question de l’Etat et des institutions.

 

On a beaucoup discuté de savoir si l’idéologie qui avait vu naître la C.G.T devait être considérée comme relevant d’un caractère libertaire ou d’un caractère de syndicalisme révolutionnaire. Nombre de libertaires ont reproché à cette vision antiparti, de réduire l’action syndicale à une pure action économique (notamment la Fédération Anarchiste), les syndicalistes révolutionnaires ont répondu : qu’au contraire, la figure du syndiqué révolutionnaire était une figure hautement politique, en ce sens qu’elle faisait de l’organisation syndicale et de son mode de structuration un anti-Etat. On peut malgré tout considérer, que ce type de construction idéologique de la réalité sociale introduit un biais. Elle survalorise la logique de répartition et d’affectation (abolir le salariat, favoriser l’embauche, consacrer des moyens), tout en ignorant les dimensions culturelles et sociétales qui fondent un espace social, un projet sociétal, un espace national (langues, cultures, valeurs, civilisations etc.)  qui poussent à l’affectation des ressources,bien au-delà de ce qu’une unité de production, ou un conglomérat d’unités de production peuvent produire ou souhaiter.

 

C’est en partant de cette contradiction insurmontable que les communistes ont gagné la majorité au sein de la C.G.T. Ils sont apparus comme l’interface naturel d’un positionnement économique à qui manquait un positionnement pleinement politique. Les deux organisations appelaient à l’abolition du salariat, à la socialisation des moyens de production, à la disparition de l’Etat. Pendant toute une période une collusion d’intérêts objectifs à donc permis une imbrication pratiquement structurelle entre la C.G.T et le PCF. Bureau confédéral et Bureau Politique s’interpénétraient. Ce n’est qu’avec la crise de l’impérialisme pour l’espace français et d’autre part la crise du stalinisme que les rapports ont commencé à se distendre et une logique des origines réapparaître.

 

A la néo-social- démocratisation du PCF, comme solution à la crise ouverte du stalinisme, a fait écho une sociologisation du salariat, par repartage du monde et spécialisation des formations impérialistes dans la mise en place d’une aristocratie ouvrière et d’une petite bourgeoisie de services, faisant passer l’époque de l’industrialisation manufacturière pour une époque archaïque et obsolète. Social-démocratisme et syndicalisme révolutionnaire jusqu’ici maintenus sous le boisseau d’une léninisation imposée, une contrainte nécessaire parce qu’efficace à contenir les contradictions de classes dans les berges d’un centralisme démocratique idéologique et pratique, ont dès lors pu faire éclater ce qui n’avait pas été résolu.

 

Au nom de l’indépendance syndicale, la rupture a été souhaitée et surtout mis en œuvre par les tendances droitières aussi bien au sein de la C.G.T que du P.C.F. La déléninisation a remis en selle le point de vue social-démocrate de la forme parti et une forme particulière de syndicalisme révolutionnaire, plus proche du syndicalisme réformiste que d’un point de vue libertaire. Ce que l’historienne Danielle Tartakowsky décèle très clairement dès le début des années 80 comme moteur de la double crise qui affecte le PCF et la CGT (1).

 

Historiquement on se souviendra que la lutte contre la bolchévisation de 1924 qui exige que le PCF rompe avec un rapport purement électoral à l’espace urbain pour se tourner vers l’entreprise, cette lutte est menée de façon conjointe par le courant du syndicalisme révolutionnaire de Monatte et Rosmer ainsi que par les tendances social- démocrates au sein du parti, de droite comme de gauche. Staline qui n’est pas à l’initiative de cette ligne, puisque c’est Zinoviev qui l’impulse, laisse faire et profite de ce premier retour à un « classe contre classe », pour éliminer ou faire « éliminer » ses opposants, trotskistes ou trotskisants.

 

Mais, ce premier retour à l’entreprise ne produit aucun questionnement sur la division technique et la mise en œuvre des procédés tayloro-fordistes. Il n’y a donc aucune critique des postulats léninistes qui avaient fini par accepter la division technique interne capitaliste du travail, justifiant ainsi sa division sociale jusqu'au sein des entreprises publiques (N.E.P). Il y aura même, dans un second temps, soutien appuyé au sortir de la seconde guerre au stakhanovisme (2) au nom de la reconstruction. Quand le parti via la C.G.T s’intéresse à la division du travail et au mode d’organisation de l’entreprise, il ne voit de solutions satisfaisantes que dans une externalisation de la résolution des contradictions. C’est ainsi que 1936 se traduit par des gains salariaux, une requalification partielle, des congés payés vers un hors temps de travail, mais le mode interne d’organisation du travail est laissé unilatéralement à la direction d’entreprise. La crise de 68 débouchant,elle, sur une requalification de certaines grilles et surtout sur des gains salariaux, plus que sur une contestation de l’organisation et du mode de gestion.

 

La crise actuelle de droitisation au sein même de la C.G.T comme du PCF se nourrit donc bien à la même source:

- Domination idéologique de la petite bourgeoisie et de l’aristocratie ouvrière, au nom d’une acceptation d’un néo-impérialisme basé sur une nouvelle division internationale du travail « naturelle », et donc refus réel et sérieux de remettre en cause l’avantage comparatif issu du mode de domination de l’impérialisme, favorable pour partie à la formation sociale française.

 

-Abandon de la mise en œuvre d’un aménagement du territoire et d’une planification conduisant à une réindustrialisation du pays.

 

- Refus de s’attaquer politiquement à la division sociale et à la division technique du travail.

 

- Refus de remettre de façon cohérente et massive l’appropriation privée des moyens de production, en cause (nationalisations, coopératives, mutuelles, municipalisations etc.)

 

- Déviation électoraliste faisant des institutions issues de l'espace urbain, les seuls lieux de conquêtes réelles de pouvoir politique (pour toute cette ligne idéologique l'entreprise n'est pas un lieu politique).

 

C’est sur ces déviations principales et quelques autres que l’opposition de gauche interne au parti doit travailler, en proposant un programme cohérent alternatif.

 

La crise générale de l’impérialisme et du partage du monde à quoi la France est soumise provient pour l’essentiel du mode historique d’organisation de la production dans la formation sociale française, basée pour partie sur la spécialisation d’une partie de sa production dans des biens et services à faible valeur ajoutée. Spécialisation qui a permis via son empire de substituer à une main d’œuvre d’origine hexagonale une main d’œuvre d’origine coloniale,favorisant la revanche historique de la bourgeoisie sur la victoire politique du mouvement ouvrier de 1871, défait militairement, mais obligeant la bourgeoisie à tenir compte du mouvement ouvrier au moyen d'un compromis social (renouvelé suite à 17, 36, puis à 45).

 

Ce modèle est entré en crise quand le repartage du monde et les contradictions inter-impérialistes, ont poussé les concurrents (notamment anglo-saxons) à favoriser le développement des pays en voie de développement, pour achever l’empire français.

 

L’aristocratie ouvrière s’est alors désolidarisée de la main-d’œuvre faiblement qualifiée, lui reprochant son origine non-hexagonale, en se raccrochant au modèle véhiculé par l’expression politique de l’aristocratie ouvrière et de la petite bourgeoisie.Un modèle faisant du sujet de droit (citoyenneté), l'acteur et l'ayant droit d'une protection légitime parce-que légale mais aussi, un modèle de requalification au moyen du travail complexe en lien avec la complexification des outils de travail (informatisation, automation etc.) favorisant une diminution du temps de travail. Ce socialisme "d'ingénieur", comme on l'a appelé, se révélant inapte à absorber le supplément de main d’œuvre « libérée » (mis au chômage) issue du travail déqualifié, générant un volant de chômage nécessaire pour concourir à la prolétarisation effective de tous les exclus du marché du travail.

 

La rupture s’est donc opérée entre PCF et classe ouvrière d’origine hexagonale, celle-ci rejetant l’alliance historique avec les originaires des anciennes colonies, moins pour des causes « racistes » que pour des enjeux de survie.

 

Au débat d’hier : Ou Georges Séguy ou Pierre Overney, ou aristocratie ouvrière ou figure mythifiée du travailleur déqualifié africain, n’a pu se substituer aucun nouveau rapport politique pour le monde du travail manuel. La crise de mise en concurrence des travailleurs affectant aussi désormais le travail qualifié, par l’émergence de plus en plus affirmée d’une main d’œuvre qualifiée dans les pays émergents.

 

C’est donc tout le bloc des travailleurs manuels qui s’est retrouvé marginalisé, d’autant plus marginalisé qu’au sein même du PCF et de la C.G.T, c’est la petite bourgeoisie (fonctionnarisée ou spécialisée dans les activités de services) qui a pris l’ascendant dans le fonctionnement des appareils.

 

Le point symptomal d’expression de la crise étant obtenu au moment du 22ième congrès du PCF, ou l’idéologie petite-bourgeoise triomphante rejette avec dédain le stade de la dictature du prolétariat comme un stade archaïque. C’est la victoire du syndicalisme de compromis où les nouveaux adhérents issus de la C.G.T s’emparent du PCF pour mieux le conduire à s’effacer, au profit d’une « gauche » de transformation par compromis.

 

(pour réussir son ascension sociale dans la C.G.T, il faut être membre du P.C.F et pour désouvriériser cette dernière, il faut réussir le coup de force de déprolétariser l’idéologie du parti qui la structure. Après quoi, appeler à rompre les liens historiques entre ces deux organisations devient un jeu d’enfant.

- Dans son livre "Ma voix ouvrière" Bernard Thibault lache d'ailleurs le morceau, il raconte l'histoire de son adhésion "après-coup" au PCF, alors que déjà dirigeant de la C.G.T (cheminot), "on" lui conseille d'adhérer au P.C.F. Qui sont ces "on" et quelle stratégie poursuivent-ils? c'est ce que l'histoire nous permettra peut-être un jour de connaître, en attendant constatons que les partisans de l'inversion des fameuses courroies de transmission (les associations et organisations du mouvement de masse "soeurs") ont parfaitement réussi leur coup, la droitisation du PCF est durablement implantée à la direction nationale.

L'un qui ne cesse de s'auto-féliciter d'une telle situation est le dirigeant historique du Secours Populaire Français, Lauprêre ne manque pas une occasion, de rappeler que si le SPF passe si bien dans les médias, c'est qu'en rompant avec le Secours Rouge et n'incarnant plus qu'une stratégie d'assistanat caritatif, il s'est fait accepter comme un élément incontournable de la toile associative "socio-sociétale" qui veut "réparer" le système au moyen de la "banque" alimentaire. les syndicats, les partis révolutionnaires ouvriers on n'en entend pratiquement jamais parler, mais les "abbés" Pierre du caritatif laïcard, ça à la téloche, c'est tous les jours! ).

 

Au mot d’ordre: «le parti est en retard », « le parti est trop ‘ouvriériste’ », a répondu comme en écho «  la C.G.T est trop implantée dans des bastions industriels qui déclinent » « La C.G.T n’est pas assez implantée dans les activités de services, elle n’est pas suffisamment présente chez les I.C.T (Ingénieurs, cadres et techniciens) »

 

 

Que peuvent les bolchéviks face à cette double crise historique produit du révisionnisme et du réformisme, pente naturelle de l'aristocratie ouvrière et de la petite-bourgeoisie.

 

D’abord se comporter en léninistes :

 

-  Il n’y a de déclin de la France, que parce qu’il n’y a pas de politique volontaire claire pour s’y opposer.

 

- Il n’y a de retard dans la Division Internationale du Travail, pour notre formation sociale, que parce qu’il y a soumission volontaire à la marchandisation mondiale imprimée par les puissances dominantes.

 

La Solution est clairement connue : 

 

1) rupture avec le capitalisme : privé, puis d’Etat.

 

- refus de ses conséquences (partage du monde et Division Internationale du Travail "naturelle")

- développement d’une contre- logique : nationalisation massive des moyens de production et d’échange, égalité territoriale, planification, aménagement du territoire ( grand travaux, projets industriels intégrés).

 

- contre programme : réindustrialisation de l’espace national, création et augmentation d’une nouvelle classe ouvrière.

 

Diminution de la bourgeoisie privée, diminution de la bourgeoisie publique :

 

 - remise en cause de la division intellectuelle du travail, réappropriation par le collectif des producteurs des conditions techniques et sociales de sa coopération. (soumission des experts aux assemblées salariales).

- Création généralisée d’un enseignement polytechnique.

 

Cela s’appelle socialisme ouvrant la voie au communisme.

 

2) Prise de décisions concrètes pour que la crise historique du mouvement ouvrier ne se répète plus.

 

Soumission du point de vue économique (syndicale et associationniste) au point de vue politique :

 

par remise en cause de la division technique et de la division sociale du travail.

 

Révolution culturelle, politique et sociale dans l’entreprise et en partant de l'entreprise :

 

. - un temps de production

  - un temps de formation

  - un temps de gestion

  - un temps de  délégation politique, dans un environnement institutionnel à bouleverser et à reconstruire.   

 

 

 

 

   (1) Une histoire du PCF PUF 1982 Danielle Tartakowsky

 

 (2) « Tout pour la production » appel de Maurice Thorez aux mineurs de 1945.

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