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Engels et la phase de transition (D.C.O)

Engels et la question du Communisme Ouvrier

 

Dans le cadre du débat qui s'instaure sur le Communisme Ouvrier, nous souhaitons redonner ici, des extraits de l'un des ouvrages le plus célèbre d'Engels. Celui-ci, mieux que de longs discours, justifie notre interprétation des choses. A savoir : une juste définition de la route vers le socialisme mais qui débouche sur une imprécision conceptuelle conduisant la pensée communiste à stagner dans l'éternisation d'un Etat Prolétarien.
Nous ne créons rien, nous n'inventons rien, nous approfondissons le sens de lecture pour mettre en avant, si nécessaire, les contradictions d'une pensée inachevée, pour en ouvrir la potentialité révolutionnaire, la potentialité communiste. Chaque extrait est suivi de notre appréciation (en caractères gras), en rapport à la cohérence des thèses que nous défendons sur ce site. Nous basons notre réflexion dans cet article, sur l'ouvrage de Friedrich Engels  " Socialisme Utopique, Socialisme scientifique"  Editions Sociales 1971 - extraits des p109 à p121.
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Engels : " Quoi qu'il en soit, avec trusts ou sans trusts, il faut finalement que le représentant officiel de la société capitaliste, l'Etat, en prenne la direction, la nécessité de la transformation en propriété d'Etat apparaît dans les grands organismes de communication : postes, télégraphes, chemin de fer… "

La période des trusts est l'antichambre de l'étatisation. L'Etat est le représentant de la société " capitaliste ", ce qui succède au capitalisme par actions des trusts, c'est la propriété d'Etat (qui n'est pas à ce moment de l'histoire l'incarnation du peuple, mais seulement d'une fraction de celui-ci) le capitalisme d'Etat.

Engels : " ..Si les crises ont fait apparaître l'incapacité de la bourgeoise à continuer à gérer les forces productives modernes, la transformation des grands organismes de production et de communication en sociétés par actions et en propriété d'Etat montre combien on peut se passer de la bourgeoisie pour cette fin. Toutes les fonctions sociales du capitalisme sont maintenant assurées par des employés rémunérés… "

Constater l'Etatisation du capital, revient à constater que la gestion capitaliste des forces productives se trouve désormais assumée par des employés rémunérés. La bourgeoisie-capitaliste qui mettait en mouvement le capital devient superflue, des employés rémunérés prennent désormais la suite. S'ils sont employés et s'ils sont rémunérés, c'est qu'ils ne sont pas ouvriers et pas exploités, ils ne sont pas salariés. Autrement dit, c'est une autre fraction de la bourgeoisie, celle chargée de s'occuper de l'Etat, qui en vient à assumer le rôle de gestionnaire de forces productives capitalistes mis désormais en mouvement par l'Etat lui-même.
Tant qu' au sein de la période du Capitalisme monopoliste d'Etat, comme sous la phase de transition "post-capitaliste" cet état de fait perdure, une bourgeoisie d'Etat existe. Mais le fait de passer du capitalisme d'Etat au socialisme d'Etat conduit la couche de la bourgeoisie qui assume la reproduction de l'Etat à changer de statut juridique. De représentante des intérêts des propriétaires du capital, elle n'exprime plus que les intérêts des gestionnaires de ce capital. Autrement dit, de représentante de la bourgeoisie capitaliste, elle devient représentante des intérêts de la bourgeoisie non -propriétaire : la bourgeoisie - prolétarienne.


Engels : " …Le capitalisme n'a plus aucune activité sociale hormis celle d'empocher les revenus, de détacher les coupons et de jouer à la bourse où les divers capitalistes se dépouillent de leur capital. Le mode de production capitaliste, qui a commencé par évincer les ouvriers, évince maintenant les capitalistes et tout comme les ouvriers, il les relègue dans la population superflue, sinon dès l'abord dans l'armée industrielle de réserve.
Mais ni la société par action ni la transformation en propriété d'Etat ne supprime la qualité de capital des forces productives. Pour les sociétés par action cela est évident. Et l'Etat moderne n'est à son tour que l'organisation que la société bourgeoise se donne pour maintenir les conditions extérieures générales du mode de production capitaliste contre des empiètements venant des ouvriers comme des capitalistes isolés… "

Par l'Etatisation, le mode de production capitaliste qui a commencé par évincer les ouvriers évince maintenant les capitalistes. Comment est-ce possible ?
L'Etatisation serait donc un mode de production capitaliste qui évince les capitalistes ?
Oui, c'est un mode de gestion qui assure la victoire du prolétariat, c'est-à-dire la victoire de tous ceux qui ne sont plus propriétaires, l'immense population des prolétaires: soit la totalité des ouvriers, mais aussi tous les capitalistes privés expropriés qui se retrouvent renvoyés au marché du travail, ainsi que toute la bourgeoisie non-propriétaire, mais dont les revenus ne sont pas le résultat d'un travail exploité, entre autres: les foncionnaires. Donc, la victoire du prolétariat ne remet pas en cause la finalité capitalistique de la gestion étatique. " Elle ne supprime pas la qualité de capital des forces productives " nous dit fort justement Engels. La domination du prolétariat s'exerce donc à travers la dualité de sa nature : classe ouvrière, mais aussi bourgeoisie (non-capitaliste) présente sous 2 formes :
1) La fraction présente dans la société civile, dont nombre d'anciens capitalistes prolétarisés   ( i .e : privés de leur propriété)
2) La fraction présente dans l'appareil d'Etat, les employés rémunérés, chargés " d'exploiter " pour le compte de l'Etat.
Et Engels reconnaît la nature contradictoire de cet " Etat Prolétarien ", puisqu' il s'agit d'un :
un Etat bourgeois qui doit lutter d'un côté contre les empiètements des ouvriers, en même temps qu'il lutte aussi contre les capitalistes (expropriés) qui veulent revenir en arrière.

Engels : "... L'Etat moderne, qu'elle qu'en soit la forme est une machine essentiellement capitaliste : l'Etat des capitalistes, le capitalisme collectif en idée. Plus il fait passer de forces productives dans sa propriété, et plus il devient capitaliste collectif, en fait, plus il exploite de citoyens. Les ouvriers restent des salariés des prolétaires. Le rapport capitaliste n'est pas supprimé, il est au contraire poussé à son comble, il se renverse. La propriété d'Etat sur les forces productives n'est pas la solution du conflit, mais elle renferme en elle le moyen formel, la façon d'approcher de la solution… "

La propriété d'Etat n'éteint pas l'exploitation, elle la pousse au contraire à sa forme maximale, le capitalisme collectif qui étend l'exploitation à toute la société. Comment un exploiteur collectif surpuissant peut-il être la solution ? Il l'est, parce qu'il résout le premier moment de l'évolution vers le communisme, liquider la bourgeoisie encore présente dans la société civile. Mais il n'est pas la solution finale, car il maintient la bourgeoisie encore présente dans l'appareil d'Etat, les employés rémunérés : les fonctionnaires.
Le début de solution, tient selon Engels, dans la socialisation des moyens de production et d'échange :

Engels : "… Cette solution peut consister seulement dans le fait que la nature sociale des forces productives modernes est effectivement reconnue, que donc le mode de production, d'appropriation et d'échange est mis en harmonie avec le caractère social des moyens de production. Et cela ne peut se produire que si la société prend possession ouvertement et sans détours des forces productives qui sont devenues trop grandes pour tout autre direction que la sienne. Ainsi les producteurs font-ils prévaloir en pleine conscience le caractère social des moyens de productions et des produits […]
En traitant de la même façon les forces productives actuelles après avoir enfin reconnu leur nature, on voit l'anarchie sociale de la production remplacée par une réglementation sociale planifié de la production, selon les besoins de la communauté comme de chaque individu ; ainsi le mode capitaliste d'appropriation, dans lequel le produit asservit d'abord le producteur, puis l'appropriateur lui-même est remplacé par le mode d'appropriation des produits fondé sur la nature des moyens modernes de production eux-mêmes : d'une part appropriation sociale directe comme moyen d'entretenir et de développer la production, d'autre part, appropriation individuelle directe comme moyen d'existence et de jouissance. "

La société des " producteurs " ? C'est-à-dire la société civile ouvriérisée, sinon ce ne serait pas une société de producteurs mais une société fonctionnarisée d'improductifs ; par l'exploiteur collectif que représente l'Etat, se voit maintenant proposée d'avancer vers la socialisation objective des forces productives comme des rapports de production. Le marché disparaissant, l'anarchie de la petite production disparaît, au profit du trust administré, du trust planifié, où existe une réglementation sociale (mais plus un droit). Le capitalisme d'Etat devenu socialisme d'Etat, après avoir repris l'asservissement du producteur du mode production précédent s'étend donc à l'appropriateur, et devient ainsi appropriation sociale. Autrement dit, il y a disparition du capitalisme privé, par prolétarisation généralisée sous capitalisme d'Etat, puis ouvriérisation généralisée sous socialisme d'Etat ; à la fin de ce processus l'Etat disparait. Pour terminer un tel processus, il faut donc une ouvriérisation finale directe de ceux qui tiennent l'Etat, c'est seulement à cette condition qu'une socialisation objective de toute l'économie est possible. Le dernier moment, la disparition de l'Etat, est donc liquidation de la dernière fraction de la bourgeoisie encore présente dans la société, la bourgeoisie d'Etat ; ces " employés rémunérés " chargés de le faire fonctionner : les fonctionnaires.


Engels : "…  Mission du Prolétariat : Abolition des Classes et des Etats de Classes.
En transformant de plus en plus la grande majorité de la population en prolétaires, le mode de production capitaliste crée la puissance qui, sous peine de périr est obligée d'accomplir ce bouleversement. En poussant de plus en plus à la transformation des grands moyens de production socialisés en propriétés d'Etat, il montre lui-même la voie à suivre pour accomplir ce bouleversement. Le prolétariat s'empare du pouvoir d'Etat et transforme les moyens de production d'abord en propriété d'Etat. Mais par là, il se supprime lui même en tant que prolétariat, il supprime toutes les différences de classe et d'opposition de classes et également l'Etat en tant qu'Etat. "


Le mode de production capitaliste prolétarise, il prive de propriété privée des moyens de production l'immense majorité de la population. La socialisation objective du capitalisme le pousse à devenir capitalisme d'Etat, le prolétariat majoritaire s'empare de ce capitalisme d'Etat et le fait fonctionner pour son propre compte. Mais il ne supprime pas la nature contradictoire de ce qu'il est : fusion des ouvriers et des bourgeois non propriétaires, ni de ce qu'est l'Etat dans son fonctionnement, un appareil géré par des " employés " et administrés par des politiques eux-mêmes extraits de leurs métiers et devenus " improductifs " par délégation dans l'appareil d'Etat. Engels le dit plus haut dans son texte, la propriété d'Etat n'abolit pas l'exploitation. Donc prolétaire ne veut pas dire ouvrier et s'emparer de l'Etat ne conduit pas automatiquement à son extinction comme la dernière phrase semble le supposer ici. Engels saute une étape et sème la confusion, cette phrase est en contradiction avec toute la première partie du texte, que nous venons d'analyser. Pour qu'un évènement tel que l'extinction de l'Etat puisse advenir, Il faut qu'au sein du prolétariat une dernière lutte s'opère, que le pôle productif l'emporte sur le pôle improductif (que disparaissent les employés rémunérés chargés d'organisés l'exploitation étatique. Et que les élus délégués dans la représentation le soient sur le modèle de la Commune de Paris, par turn-over), avec la généralisation absolue de la figure ouvrière comme catégorie au sein des prolétaires, l'Etat peut disparaître.

Engels :"… La société antérieure, évoluant dans des oppositions de classes, avaient besoin de l'Etat, c'est-à-dire, dans chaque cas, d'une organisation de la classe exploiteuse pour maintenir ses conditions de production extérieures, donc surtout pour maintenir par la force la classe exploitée dans les conditions d'oppression données par le mode de production existant (esclave, servage, salariat) "

L'existence de l'Etat a donc pour finalité d'externaliser les mécanismes d'exploitation de la classe qui les met en œuvre, pour les faire peser sur la classe exploitée. Les esclavagistes sur les esclaves, les seigneurs sur les serfs, les capitalistes sur les ouvriers.
Dans l'Etat esclavagiste, servile ou capitaliste. Le personnel chargé de le faire fonctionner n'est pas esclave, serf ou ouvrier. Il n'est donc pas productif au sens du mode de production dans lequel il existe. Qu'est-il ? Il est bourgeois. " La bourgeoisie est toujours d'Etat ", nous rappelle Louis Althusser. Mais comment la bourgeoise peut-elle exister sous l'esclavagisme, ou le servage ? La bourgeoisie existe depuis que le commerce et la division du travail existent, et ils existent depuis que l'humanité a commencé à échanger, donc très tôt dans son histoire, le personnel d'Etat sous les modes de production antérieurs mime, les fonctions bourgeoises, un commerce, une communication non marchandisés, (si les patriciens, les nobles et les monarques sont présents dans l'exercice politique de l'Etat, ce n'est pas eux qui le font vivre, ils emploient du personnel qui n'est ni patricien, ni noble. Exercer une activité serait considérer comme déchoir, Fouquet n'est pas un noble, il le devient par reconnaissance, par récompense. Sous Rome ce ne sont ni les patriciens, ni les milieux populaires plébéiens qui font fonctionner l'Etat à sa base ) ce qui l'aide à institué l'Etat de droit dont la forme ultime la plus démocratique est pour les sociétés de classes, le droit bourgeois " Liberté-Egalité- Fraternité ". Ce n'est que sous sa domination absolue, quand elle devient classe qui se reproduit elle-même directement, que la bourgeoisie-capitaliste, met en place le mode de production capitaliste. Donc quand on veut en finir avec la bourgeoisie, il faut s'en prendre à sa domination dans la société civile, comme on s'en est pris aux maitres puis aux seigneurs dans les modes de production antérieurs (servage et esclavagisme), mais il faut la liquider aussi dans l'Etat, ceci à la différence des modes de production antérieurs.
Le communisme est une société sans Etat pour cette raison, il liquide la totalité de la bourgeoisie, y compris dans le dernier lieu de son existence : l'Etat. Sous les autres modes de production la bourgeoisie s'est maintenue dans la société civile (le commerce) mais aussi dans l'Etat, car la bourgeoisie était l'expression de la meilleure rationalité politique, économique et juridique en devenir. Classe produit de la division du travail et de l'échange, elle s'est maintenue à travers toutes les sociétés de classes, car elle était indispensable, jusqu'à devenir dominante dans le dernier mode de production. Avec l'avènement de l'ère ouvrière nait l'exigence de la fin de la division du travail et de la forme commerciale de l'échange qui lui est liée, mais même ici la forme marchande doit rester dominante jusqu'à l'ultime moment de pleine réalisation du communisme.


Engels : " Révolution Prolétarienne : Résolution des contradictions : Le prolétariat s'empare du pouvoir public et, en vertu de ce pouvoir, transforme les moyens de production sociaux qui échappent des mains de la bourgeoise en propriété publique. Par cet acte, il libère les moyens de production de leur qualité antérieure de capital et donne à leur caractère social pleine liberté de s'imposer. Une production sociale suivant un plan prédéterminé est désormais possible. Le développement de la production fait de l'existence ultérieure de classes sociales différentes un anachronisme. Dans la mesure où l'anarchie de la production sociale disparaît, l'autorité politique de l'Etat entre en sommeil. Les hommes, enfin maîtres de leur propre socialisation, deviennent aussi par là même, maitres de la nature, maîtres d'eux-mêmes, libres.
Accomplir cet acte libérateur du monde, voilà la mission historique du prolétariat moderne. En approfondir les conditions historiques et par là, la nature même, et ainsi donner à la classe qui a mission d'agir, classe aujourd'hui opprimée, la conscience des conditions et la nature de sa propre action, voilà la tâche du socialisme scientifique, expression théorique du mouvement prolétarien ".

Les non-propriétaires s'emparent du pouvoir public (l'Etat), les moyens de production deviennent propriété publique (nationalisation). Par cet acte le prolétariat libèrerait les moyens de production antérieurs de leur caractère de capital ?
Ce n'est pas ce que disait Engels au début de notre article, au contraire il insistait sur le nouveau rôle du capital,  un capitalisme mis en œuvre par l'Etat, jouant le rôle d'exploiteur collectif. Il manque ici une phase du processus la phase qui nous explique comment on passe du capitalisme d'Etat au Socialisme d'Etat.
Apparaît en suite dans son raisonnement, une production sous contrôle d'Etat à caractère planifié, qui s'oppose à l'anarchie de la production privée. Cela suffit-il à mettre en " sommeil " l'Etat ?
Nous avons ici encore, une pensée qui se contredit à vouloir se raccourcir. Car enfin l'Etat existe toujours, sa bourgeoisie de gestion n'a pas disparu, et dans ce résumé qui se veut rassembler la totalité de sa démonstration, rien ne vient nous indiquer comment elle est conduite à disparaître.
La simple existence d'une planification qui s'opposerait à l'anarchie du marché résoudrait le problème ? Cela ne répond pas du tout à la question, au contraire on peut penser que la régulation de l'économie passant sous domination de la bourgeoisie de gestion présente dans l'appareil d'Etat, en imposant une planification, celle-ci voit son pouvoir sortir renforcé. Comment l'Etat pourrait-il disparaître dans cette démonstration qui fait contradiction avec la première partie de l' analyse d'Engels ?
La mise " en sommeil " ne résulterait elle pas plutôt, de sa baisse de vigilance vis-à-vis des gestionnaires de cet Etat ? Ce n'est plus l'Etat qui disparaît, c'est l'exigence théorique d'Engels vis-à-vis de sa disparition qui s'effrite.
C'est pourquoi la dernière partie devient symptomatique des contradictions de l'inaboutissement du processus. Engels dit : " Voilà la tâche du prolétariat et du socialisme scientifique expression théorique du mouvement prolétarien ". Il reconnaît donc que c'est le prolétariat qui est au pouvoir, mais il n'est que prolétariat, ceci par l'existence et le maintien d'un appareil d'Etat qui continu d'en représenter l'intérêt. Cet Etat est toujours aux mains d'une bourgeoisie de gestion, d'une bourgeoisie d'Etat qui n'a pas disparu, simplement elle exprime toujours plus et mieux les intérêts des non- propriétaires, mais elle ne remet nullement en cause ses intérêts à elle, ses intérêts de fraction bourgeoise. Donc il manque une phase, dans ce raisonnement. La phase dernière, celle qui voit advenir l'ouvriérisation de cette fraction, son exploitation généralisée. C'est seulement à cette condition que l'Etat peut disparaître.
Quand il explique que ce programme est le programme du prolétariat et du socialisme prolétarien, Engels ne se trompe pas, simplement il oublie de dire que ce n'est pas encore un programme ouvrier, le programme du communisme ouvrier. Il confond les prolétaires et les ouvriers, et en confondant les deux, il rend théoriquement impossible la disparition totale de l'Etat. On remarquera que cette limite est présente aussi chez Lénine, chez qui nous l'avons déjà décelée et analysée.
Conclusion :
Notre explication de texte a pour finalité de démontrer que le communisme ouvrier d'inspiration marxiste est un communisme qui ne nie pas le caractère progressiste du capitalisme d'Etat, à la différence du communisme ouvrier de la gauche Communiste historique, il n'exige pas la disparition immédiate de l'Etat. Le programme de la gauche Communiste (historique) à pour nous, plus à voir avec l'anarchisme qu'avec le marxisme.
Notre explication jugeant le capitalisme d'Etat comme phase progressiste, parce qu'obligée, et premier moment de la transition du socialisme, démontre de plus la nécessité de l'extension de l'exploitation à l'ensemble de la société, pour créer une classe ouvrière universelle.
D'abord par abolition de la propriété privée des moyens de production, ensuite par socialisation productive de l'ensemble des forces productives
Sous le capitalisme d'Etat (sous domination prolétarienne)
1)      La fraction bourgeoise du prolétariat chargée d'assurer la gestion de l'Etat (passage du capitalisme d'Etat au socialisme d'Etat) exprime les intérêts de l'ensemble du prolétariat : de la bourgeoisie non- propriétaire comme des ouvriers.
Sous le socialisme d'Etat (sous hégémonie ouvrière)
2)      par l'ouvriérisation généralisée du prolétariat, en liquidant la dernière survivance de la bourgeoisie, la bourgeoisie d'Etat, l'Etat peut disparaître. Les fonctions se détacher des institutions. Plus d'armée permanente, une milice ouvrière. Plus de justice professionnelle, une justice populaire (ex: les juges prud' hommaux). Mais pour cela il est impératif de remettre en cause la division du travail (Seule apte à bouleverser statuts, fonctions et rôles).
Pas besoin de supprimer la marchandise, pas besoin de supprimer le salaire, il faut les généraliser, les absolutiser. Mais philosophiquement absolutiser ou faire disparaître, n'est-ce pas la même chose ?
Nous n'avons nullement besoin d'une comptabilité en temps de travail sous la forme de bons, dont nous continuons d'affirmer que ni les conseillistes, ni les anarchistes, ne sont capables de justifier l' existence au niveau macroéconomique, sinon à éterniser une bourgeoisie de gestion pour les tenir.

 

 Sept 2010
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