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( D.C.O)

Le néosocial-démocratisme produit de la décomposition du stalinisme

LA CRISE IDEOLOGIQUE EN URSS ET SES EFFETS SUR LA SOCIAL-DEMOCRATISATION DU PCF ET SA DERIVE REFORMISTE

 

La contre-révolution en URSS et la restauration du capitalisme privé ne sont pas les fruits de circonstances défavorables, ou les effets cumulés d’erreurs psychologiques d’individus mal guidés. Elles sont le produit de la nature du régime mis en place par Staline, le résultat de la vision déformée du socialisme qu’il a généré, de l’Etat qu’il a contribué à construire. Avec le régime soviétique développé après la grande révolution ouvrière de 1917 est apparue une nouvelle idéologie, celle engendrée par l' existence d'un "socialisme" d'Etat, liée à la production centralisée, à l’hypertrophie de ses compétences et de son pouvoir, qui n'a pas su ou pu évoluer vers le communisme. La conséquence en fut la consolidation d'une nouvelle bourgeoisie d’Etat, au caractère bureaucratique. Nous nous sommes donnés pour tâches, d'analyser les causes théoriques et pratiques de son développement, ainsi que celles de l’apparition d’une dérive libérale, social-démocrate, qui lui a succédé dans le Mouvement Communiste International.
Nous avons souhaité illustrer et étudier un exemple symptomatique de cette idéologie soviétique à travers un ouvrage de vulgarisation des éditions de Moscou, le " Précis d'Economie Politique " de Lev Leontiev aux éditions de Moscou 1972. En redonnant par des extraits,  la vision des soviétiques de ce qu’ils appelaient :   "Le Mode de Production Socialiste "
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Chapitre X, p166 et suivantes du précis :

" Propriété sociale des moyens de production. Caractère du travail en régime Communiste
Suprématie de la propriété socialiste :
A chaque mode de production correspond une forme déterminée de propriété des moyens de production.
Dans le régime socialiste domine sans partage la propriété sociale des moyens de production
La propriété sociale des moyens de production peut-être réalisée par deux voies différentes :
Premièrement, L'Etat socialiste procède à l'expropriation des expropriateurs, déjà prévue par les fondateurs du communisme scientifique.
Il enlève, le sol aux propriétaires terriens, les fabriques, les usines, les chemins de fer, les banques aux capitalistes, pour en faire le bien du peuple entier.
Deuxièmement, grâce à la fusion librement consentie des exploitations paysannes, la propriété socialiste des Kolkhozes apparaît au village
En conséquence il existe deux formes de propriété sociale :
Comme Le montre, l'expérience historique de l'Union Soviétique et des autres pays socialistes, la propriété socialiste des moyens de production peut donc revêtir deux formes :
La propriété d'Etat, nationale, et la propriété coopérative et Kolkhozienne.
La différence entre ces 2 formes de propriété est avant tout une différence dans le degré de socialisation.
- La propriété d'Etat est la propriété du peuple entier en la personne de l'Etat socialiste.
- La propriété coopérative et Kolkhozienne est la propriété des collectivités formées par les travailleurs.
Dans les entreprises d'Etat, tous les moyens de productions sont socialisés.
Tandis que dans les Kolkhozes, si les principaux moyens de productions sont socialisés, une certaines partie de ces moyens (le bétail dans une proportion arrêtée par les statuts du Kolkhoze, l'outillage destiné à la culture de l'enclos de leur maison) restent propriété privée des Kolkhoziens.
La propriété d'Etat est la forme supérieure de la propriété socialiste, celle qui joue le rôle dominant dans la construction du socialisme et du communisme. C'est seulement sur la base de la propriété d 'Etat que peut se constituer la propriété coopérative et Kolkhozienne. Ces deux formes de propriété socialiste se développent en étroit rapport."
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Notre analyse du texte :
 
1) Comme le rappel cet économiste, il  n'existe jusqu’à ce jour que 2 formes de propriété sociale sous régime socialiste, pour les communistes et les marxistes : L'Etatisation ou les coopératives.
N'en déplaise aux dirigeants actuels du P.C.F, qui n'en proposent plus, il n'y en pas d'autre.
(A moins qu'ils ne soient partisans de l'actionnariat ouvrier de masse proposés par les trusts capitalistes ?)
2) Mais force est de constater que l'étatisation des moyens de production comme mode d'appropriation sociale pose plus de problèmes qu'elle n'en résout.
Etatiser c’est poser la question de l’existence et de la nature d'un Etat ?

Il existe 3 grands types d’analyses de ce que ce concept recouvre, ses fonctions et ses rôles,  comme représentant de l'intérêt général.

1)       L'Etat est à tout le " monde ",
2)       L'Etat est l'émanation de tout " le monde ",
3)       La nature de l'Etat est le calque des relations qui existent entre " tout le monde ".

1) Pour que l'Etat soit à tout le « monde », il faut qu'il soit l'Etat du " peuple tout entier ", c'est ce qu’affirmait Staline, c'est ce que continuait d’affirmer cet économiste (Lev Leontiev), prouvant ainsi qu'en 1972, la majorité des penseurs russes se servaient encore des concepts économiques staliniens. Il n’y a donc pas eu de ruptures avec les concepts et l’analyse stalinienne de ce qu’est un Etat Socialiste après le 20ième Congrès. Ce congrès s’est contenté de surajouter un point de vue bourgeois (le Culte de la Personnalité, et le Droit de l’hommisme) à un autre point de vue bourgeois, « l’Etat » comme représentant des intérêts de toute la société.
Problème, cette thèse est antagoniste de celle de Marx. Pour Marx, l'Etat émane des sociétés de classes, « avant » dans le communisme primitif, il n'existe pas, « après » dans le communisme développé, il doit disparaître ou " s'éteindre ".

2) Pour que l' Etat soit l' émanation de tout " le monde "
- Il faut soit, admettre que cet Etat est la somme des volontés individuelles, thèse de la théorie libérale bourgeoise (et sa justification économique : la macro-économie est la somme des microdécisions économiques),
-Soit, admettre qu'il est un instrument au service de " tout le monde ", autrement dit, il faut neutraliser l'Etat pour en faire un simple instrument de régulation. Thèse défendue par  Jean Jaurès et Karl Kautsky. (En économie par  J.M. Keynes), thèse d'essence social-démocrate.
Nous sommes des militants magnanimes, nous sommes sûrs que Staline n'était pas un libéral bourgeois.
- Alors ? Nous vous laissons chers lecteurs conclure.

Conclusion possible:
Staline pioche dans l'arsenal social-démocrate son idée d'Etat social bénéfique pour tous, Etat social appelé à durer puisqu'il s'agit ni plus ni moins que de construire un " mode de production" socialiste. Or précisément ce qui distingue la phase socialiste du communisme proprement dit c'est l'existence d'un appareil d'Etat et son personnel.

3) Pour que l'Etat tienne d'un calque des relations qui existent entre " tout le monde ".
Il faudrait qu'il soit un calque de la société civile, où prédomine les rapports économiques.
Cependant, les échanges économiques au sein de la société civile ont pour but de dégager un surproduit, appelé rente,corvée,etc, à l'époque du féodalisme, ou plus-value à l'époque du capitalisme.
Pour que l'appareil d'Etat dégage un surproduit, il faudrait que son fonctionnement soit productif.
L'Etat est-il productif ?
Nullement, pas les petits fonctionnaires et encore moins les hauts fonctionnaires. Au contraire, l'Etat s'accapare une partie du surproduit en échange des services qu'il rend dans la reproduction générale du système.
Dès lors, peut-il exister un " Etat Ouvrier ", c'est à dire un Etat des Productifs ?
Non, tant que survit l'Etat, survit un groupe qui est improductif au sens marxiste du terme, au sein même de l’appareil d’Etat, au cœur de son fonctionnement. Il fait donc partie de la bourgeoisie, et ce n'est pas en couplant dix mille fois le mot ouvrier avec le mot Etat, que la contradiction pourra être résolue. Entre autre dans sa version trotskiste : L'Etat Ouvrier est un Etat bureaucratique parce qu'il aurait dégénéré !
Etat dégénéré ? Par l'attitude de ses occupants ? C’est du psychologisme.
Par le gonflement de ses fonctions ? C’est du sociologisme.
Tout cela est en partie vraie, mais plus fondamentalement camarade Trotski, il a dégénéré parce qu'il existe ! Tout simplement.
L'Etat est le produit de la division du travail autant que de la propriété privée, source de la division de la société en classes sociales. Si on ne détruit pas l'Etat, on maintient l'existence des classes sociales, par simple effet mécanique.
Conséquence : L'appropriation sociale par étatisation (voire par nationalisation) masque au  militant révolutionnaire qu'en attribuant à l'Etat une fonction économique qui relevait avant de la société civile, la classe ouvrière au " pouvoir " au moyen de ses dirigeants se rend " aveugle " du fait que toute une partie du fonctionnement de l'Etat continue de n'être pas productif (c'est à dire à engendrer une bourgeoisie) et est donc contraire aux intérêt des travailleurs, ceci au plus haut sommet de l'Etat.
C'est pourquoi il ne peut exister d' Etat Ouvrier, encore moins d'Etat Communiste, comme le répètent les journalistes, dans des phrases qui sont tout, sauf innocentes, c'est un non sens. Il y a une petite, voire une moyenne, bourgeoisie, salariée par l'Etat " socialiste " qui gère "au nom" de la classe ouvrière, celle-ci peut être composée d'anciens ouvriers, cela ne change rien au problème. Cette petite bourgeoisie peut être composée du groupe dirigeant du parti, avoir une conscience plus ou moins forte, avoir un passé révolutionnaire glorieux.
Ni Marx, ni Engels (qui fut carrément un cadre dirigeant d'entreprise), ni Lénine, ni Rosa, ni Trotski, ni Staline, ni Mao, ni Castro n'ont jamais été des ouvriers, et surtout et plus que tout, ne sont partis ou du statut (ouvriérisme), ou de l'exploitation (travailleur productif),  pour fonder une représentation communiste de la libération sociale, ce qui à notre sens pose problème.
Car, comment le mouvement communiste issu de la troisième internationale envisage- t'il la résolution des contradictions ? 

- A l'aide du parti.
Le parti tel qu'il vit et tel qu'il est construit, a- t'il les moyens de résoudre les contradictions qui le minent ?
Non, car la résolution des contradictions qui mènent au communisme dépend d'abord d'une mise en œuvre économique, même si cette mise en œuvre a été réfléchie au niveau politique.
Le parti ne peut être que le lieu de la juste résolution des contradictions au sein du peuple, au sens " cognitif " du terme. Mais c'est dans l'entreprise que doit s'appliquer la ligne communiste, qu'elle doit être mise en œuvre. C'est ce que met clairement en avant l'Opposition Ouvrière russe.

- Par quels moyens ?
Les salariés imbriqués dans les rapports de production doivent agir sur les forces productives et  ne plus se contenter d' en être les " jouets " passifs ou n’être réduits comme l'actuel P.C.F le propose, à n'être que des acteurs à la marge, ne s'exprimant qu'à travers leur C.E ou leurs syndicats comme forces corporatives.
Il s'agit donc d'entreprendre une véritable "révolution culturelle".  Comme le rappelle Lev Leontiev, en conformité avec la tradition marxiste, dans son Précis d'économie politique.
La révolution culturelle est donc au coeur de la doctrine communiste, ce n'est nullement une invention des chinois, contrairement à ce qu'affirmait une partie des russes, et que défendait avec rage le groupe dirigeant du PCF 
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La révolution culturelle (selon Leontiev) :

" La transformation socialiste de la société suppose non seulement la création d'une puissante industrie mécanique et de la grande production socialiste agricole mais encore une profonde révolution dans le domaine culturel.
La construction du socialisme exige l'élévation générale du niveau culturel.
La grande production socialiste, appliquant les dernières acquisitions scientifiques et techniques, a besoin de cadres qualifiés.
L'essor rapide de l'industrie et de l'agriculture, le progrès technique général sont inconcevables sans une puissante impulsion des sciences.
Ces conditions indispensables à l'épanouissement économique socialiste sont créées par la révolution culturelle, qui transforme les hommes, forces productives principales de la société.
L'accomplissement de la révolution culturelle, l'élévation du niveau d'instruction générale, de culture et de formation technique des masses crée le contexte le plus favorable à la participation active des travailleurs à la direction de la vie sociale.
La transformation socialiste de la société à pour résultat de conférer le rôle dominant à l'unique conception scientifique du monde, à l'idéologie la plus avancée, au marxiste-léniniste, l'idéologie marxiste - léniniste ouvre un champ illimité aux conquêtes toujours nouvelles de la science, à la découverte des secrets de la nature, à la maîtrise toujours plus marquée de ses forces inépuisables. Le socialisme impulse l'épanouissement de la science et élargie son rôle. Tous les peuples des pays socialistes prennent part au développement de la nouvelle culture, nationale par la forme et socialiste par le contenu.
Le socialisme assure aux masses laborieuses la sécurité matérielle, l'élévation constante de leur niveau de vie, la réduction du temps de travail. Grâce à la révolution culturelle, des millions d'hommes qui jadis n'avaient pas accès à l'instruction, contribuent aujourd'hui activement au développement culturel. Tout ceci offre des perspectives inconnues jusqu'alors dans tous les secteurs culturels, à l'épanouissement de la science, de la technique, des arts, à la révélation des talents et des dons.
Ainsi le socialisme élimine l'opposition entre le travail manuel et intellectuel, crée les conditions indispensables à leur rapprochement ».
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Notre analyse du texte :

Ce texte est intéressant à plus d'un titre, il constituait le corpus théorique du communisme soviétique dans les années 70. Il est encore en partie le corpus théorique de la direction actuelle du P.C.F, même s’il est aujourd’hui remis en cause, dans sa base logique, à savoir la nationalisation des moyens de production et d'échange et la construction du socialisme.

 
En effet que reste- t'il aujourd'hui, de ce passé dans le corpus actuel du P.C.F ?

Uniquement la conception soviétique de la rupture issue du " scientisme " productiviste  comme " révolution culturelle". Pour certains, plus particulièrement pour les tenants du capitalisme monopoliste d’Etat dans sa version française, la quantité conduit la qualité.
Cette approche stalinienne, la quantité de connaissances, de forces productives (sciences et techniques)  considéré comme moyen décisif, voire unique moyen, d'ouvrir la voie du changement, voilà ce qui lie les deux représentations.
Le texte russe est miné par les contradictions et les envolées lyriques sans démonstrations.
 
Exemples:
Premier moment : A côté de la grande industrie moderne, il faut une élévation générale des connaissances, pour produire du socialisme. Jusqu'ici, rien à redire.
Premier problème : La grande production socialiste " applique " les sciences.
C'est cela le caractère " socialiste " de sa représentation de la révolution culturelle ?
On se contente d' " appliquer ", pas de questions, par d'interrogations, pas de doutes, pas d' "appropriation " par ceux qui sont chargés de les mettre en œuvres ?
De plus, il est évident que dans de nombreuses entreprises, " l'application " ne s'opère pas de façon mécanique, sous quelles formes et sous la responsabilité de qui les sciences sont-elles mises en œuvres ?
Ce n'est pas en lisant ce texte qu'on l'apprendra, ici on reste dans le lyrisme, le socialisme tout puissant " applique " les sciences !
Pourtant on perçoit le début de l'évocation du problème.
La révolution culturelle qui ambitionne d'élever le niveau général de la culture, produit des " cadres qualifiés " chargés de mettre en œuvre cette même " révolution " scientifique et technique.
Première réflexion : La révolution culturelle, qui est chargée d'élever le niveau générale des connaissances ne touche donc pas tout le monde de la même façon. Elle " produit " des cadres.
S'il existe des " cadres " s'est qu'il existe une ligne hiérarchique et des gens qui ont besoin d'être " encadrés ".
Mais pourquoi des salariés (appelons les pour les besoins de notre démonstration des "ouvriers" (sic !))  auraient - ils besoin d'être encadrés ? Tout simplement parce que se sont les " cadres qualifiés " qui " appliquent " les dernières " découvertes " scientifiques et techniques.

Donc, chers camarades soviétiques, ou chers post- staliniens buffeto-hutistes, dans votre " socialisme " tout le monde n'est pas à la même enseigne pour bénéficier des retombés de la " grande révolution culturelle " que vous réduisez à la révolution scientifique et technique ?
Pourquoi ? Sans doute " camarades " parce que ce n'est pas, contrairement à ce qu'affirme ce texte et l'actuelle direction du parti, la pure application des sciences et des techniques, mais une application particulière qui parvient jusqu'aux entreprises. Mais de cela il n'est pas question dans ce texte, ni dans sa bouillie social-démocratisée que nous sert l'actuel P.C.F.
Suit, ensuite, une digression sur les biens faits de la révolution scientifique et technique qui grâce au socialisme bénéficierait à " l'homme ", tout cela est entouré d'un vocabulaire grandiloquent sur la toute puissance du marxisme-léninisme, qui masque mal, la faiblesse théorique profonde de ce texte.
L'homme est effectivement comme le rappelait Staline le " capital le plus précieux ", c'est pourquoi, comme chacun le sait, il en a fait le plus grand cas au moyen des camps de déportation en Sibérie, ". Là  les millions de travailleurs déportés ont pu juger des biens fait de la révolution scientifique et technique au moyen d'un encadrement compétent.
Mais ce que ne savent peut-être plus les militants communistes actuels c'est que Staline a aussi écrit :
" Les cadres décident de tout " et c'est cette partie qui a profondément influencée le P.C.F.
Cette idéologie de l'encadrement tout puissant couplé à une manne scientifique et technique répandant de façon indifférenciée ses bienfaits sur toute la société est le produit de l'idéologie des lumières. La science est progressiste en soi, moyennant quoi se sont bien des scientifiques de gauche qui ont créé la bombe atomique.
La maîtrise de l'atome est un immense progrès, surtout quand on ne s'interroge pas sur son utilisation, son entretien (dont Günter Walraff dans son livre " Tête de Turc " nous a montré que ceux qui supportent le contact réel  " au plus près " de la matière fossile ( par exemple ceux chargés d’entretenir les centrales nucléaires et d’évacuer les déchets, ont des couleurs et des origines, qui n'ont rien à voir avec nos brillants  «  techniciens », qui se contentent de " concevoir " la science pour la faire " appliquer " par d'autres) ses effets à long terme, sa production de déchets etc. etc. Tchernobyl ça ne concerne que le ciel des autres, car ça s'arrête, esbaudi, au dessus de la patrie des lumières.
Et une fois encore, le couplet des biens faits du socialisme se traduit par l'unique solution d'une réduction du temps de travail et donc l’exclusion du travailleur d’avec le procès de travail, sans résolution des contradictions.
Autrement dit l'objectif est d'augmenter la productivité. Comment ? En accroissant les forces productives aux moyens de grandes entreprises qui accentuent la substitution du capital au travail, par la mécanisation toujours plus poussée, la robotisation, la révolution informatique ou " informationnelle " selon Boccara et consort, etc.…
Où est la différence avec le système de révolution industrielle actuelle engendré par le système capitaliste ?
Il n’y en a pas !
La seule chose que l'on puisse attendre, c'est une redistribution, plus " sociale " des fruits de cette croissance. D'où l'augmentation "si possible " du pouvoir d'achat, d'où la diminution " si possible " du temps de travail. Mais l'épanouissement du travailleur par son travail professionnel, par son travail social (et non son hors temps de travail) passe à la trappe.
Tous, heureusement, n'ont pas la mémoire courte, voyons maintenant comment le Marxisme -Léninisme déstalinisé (i.e: désocial-démocratisé) envisage le rapport des sciences et des techniques aux masses. Nous nous référons ici, à l’œuvre de Marta Harnecker  et son ouvrage "Les principes élémentaires du Matérialisme Historique" aux éditions Contradictions et chez l'Harmattan.
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chapitre « Le Rôle de la science dans le développement des Forces Productives »  p 65.

« Mais si les connaissances scientifiques jouent un rôle très important dans le développement des forces productives, il est erroné de chercher en elles la cause fondamentale et déterminante du développement des forces productives .Le développement de la science dépend de la façon dont une société donnée produit ses biens matériels.     
Dans une lettre à B.Borgius du 25 janvier 1894, Engels écrivait :
" Si comme vous dites, la technique dépend pour une grande partie de l'état de la science, celle-ci dépend encore beaucoup plus de l'état et des besoins de la technique. Lorsque la société a des besoins techniques, elle impulse plus de science que ne le font dix universités. Toute l'hydrostatique (Torricelli, etc.) est sortie du besoin vital de réguler les torrents de montagne en Italie au XVI et au XVII siècles. Nous ne savons quelque chose de rationnel sur l'électricité que depuis que l'on a découvert son utilisation technique. Mais malheureusement en Allemagne, on à pris l'habitude d'écrire l'histoire des sciences comme si elles étaient tombées du ciel " (F.Engels).
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Notre analyse du texte:

Il n'y a pas que dans l'Allemagne du 19ième  siècle que l'histoire des sciences semble " tombée du ciel ".
Une telle représentation a surtout été présente en France. Elle est la formation sociale qui est à l'origine de ce sentiment et qui a " éclairé " l'Europe de sa révolution philosophique et industrielle, en produisant des philosophes vulgarisateurs des sciences et des techniques via  une Encyclopédie.
La " connaissance " devait révolutionner le monde et étendre ses biens faits à tous, aux moyens d'une révolution, définissant le sujet par ses facultés particulières (la connaissance) à s'approprier les biens et les idées. Pour cela il fallait qu'elle puisse " circuler ",
"La libre circulation ", favorisant la diffusion de la " lumière " scientifique et celle-ci devenant désormais terrestre, le ciel ne serait désormais plus seul à éclairer. "l'homme prométhéen ayant arraché le feu, source de lumière, à la forge de Vulcain". Enfin " libre " l'homme tout puissant, pouvait espérer développer ses facultés auxquelles ne s'opposaient plus que les forces de la nature. Il devenait important de les domestiquer, les dominer, les soumettre à la toute puissance de " l'Homme " agissant.
 
L'idéologie du progrès scientifique est née de cette volonté et de cette histoire là.
Constatons cependant que cette représentation n'est pas l’idéologie historique de la classe ouvrière, C'est celle d'une bourgeoisie révolutionnaire au moment où elle émerge du ventre du féodalisme. Cette idéologie  s’interroge beaucoup sur la circulation, un peu sur la répartition (c'est pourquoi elle combat la misère comme une injustice et non comme le fruit naturel d'un mode de production) mais jamais sur la production et ses conditions. C’est pourquoi elle est le lit commun où se vautrent le fermant de la pensée bourgeoise progressiste et son petit frêre le social-démocratisme.

Pourquoi cette représentation, après avoir connu son apogée avec le républicanisme Social-démocrate de Jaurès, est-elle devenue l'idéologie du P.C.F ?
Qui s'en souvient encore ?
Qui se souvient que nous avions une autre vision du monde, avant 1936 ?
Qui se souvient pourquoi Thorez nous a fait adopter cette représentation avec l'aide de Georges Politzer (voir son ouvrage « La philosophie et les mythes ») ?
La défense du républicanisme, de l'idéal des lumières, au nom de l'antifascisme, la lutte contre les ténèbres, toute cette représentation " humaniste " a joué un rôle progressiste indéniable durant la résistance, mais qui peut aujourd'hui nier qu'elle n'a pas fait de dégâts idéologiques dans les rangs communistes et ouvriers ? Qu'avons nous laissé en route ? Certainement l'indépendance idéologique de classe, mais encore ?

La restauration du républicanisme, celui de la déclaration des "droits" de l'homme, dans le contexte de l'antifascisme, n'a pas seulement gommé le débat (déjà) effectué entre aile droite et aile gauche du social-démocratisme (Jaurès versus Guesde), portant sur la question, pourquoi et comment était - on passé du républicanisme au socialisme en France, dans le mouvement ouvrier. Il a aussi totalement détruit toute réflexion sur : pourquoi devient-il aujourd'hui aussi nécessaire et urgent de passer au communisme ? 
Ce que l'on a appelé la "bolchévisation" du PCF ( que les trotskistes ont attribué à Staline, mais qui en réalité provient de Zinoviev), cherchait à obliger les militants du jeune parti communiste à quitter l'implantation municipale et son esprit électoraliste d'essence social-démocrate, pour créer des cellules d'entreprises et s'intéresser aux conditions de production et de reproduction des rapports de production au sein même de l'entreprise.

En réalité l'implantation du léninisme en France a été un échec. Il a été saboté, par le courant de l'aile gauche du social-démocratisme, très présent à la direction du parti, qui voulait laisser la question de l'entreprise aux syndicats mais dans un esprit réformiste. Quant au slogan "Des Soviets partout !". Il n'a jamais rencontré la moindre tentative d'exécution dans les entreprises.  Ainsi donnait- on des gages verbaux à Moscou, mais c'était pour mieux poursuivre une politique de positionnement à gauche de la social-démocratie. C'est ainsi que le parti d'opposition révolutionnaire qu' était le PCF devint grâce au républicanisme sans rivage, le possible parti de gouvernement d'après-guerre, bien évidemment à la condition de renoncer au premier rôle. Ce qui est conforme à la volonté de Yalta de partage du monde.
Ceux qui veulent comprendre comment tout cela s'est traduit, et comment cette ligne devient majoritaire après guerre doivent lire l'ouvrage d'André Marty ("l'affaire Marty"), ils verront comment le stalino-réformisme se débarrasse de l'opposition de gauche interne au parti de l'époque.
Ce que nous constatons, aujourd’hui, se sont les effets de la dérive réformiste d’une telle représentation du monde. La direction actuelle du P.C.F, n'a pas vu venir la restauration du capitalisme en U.R.S.S, pas plus qu'elle ne l’a vu en Chine, et si elle n'a pas pu les anticiper, c'est qu'elle n'a pas vu les dégâts idéologiques d'une collusion de représentation du monde commune avec des valeurs bourgeoises, aussi démocratiques soient-elles, et qu'elle partage aujourd'hui largement.

Elle n’a jamais saisi, et encore moins appliqué, l’essence du bolchevisme. La rupture profonde avec le modèle de sujet économique que le capitalisme moderne génère. L'explication par Lénine du passage du capitalisme concurrentiel au capitalisme de monopole et sa conséquence impérialisme sur la disparition de la figure du travailleur individuel, sa place comme sujet dans l'histoire, au profit du travailleur collectif. Cet ouvrier "masse", l'ouvrier taylorisé, puis fordisé, produit de la réalité d'une militarisation de la production, d’un Craonne exterministe de 17, libérateur de toutes les illusions petites bourgeoises sur les « droits de l’Homme » et véritable terreau de l' exterminisme de masse qui lui survivra avec sa logique des « camps », indiquant sans fioriture que désormais c'est la masse qui "fait" l'histoire, masse de marchandises, masse de producteurs . Ceci fait qu’ aujourd’hui parler de la toute puissance du « sujet » ou bien est le fruit d’une méconnaissance totale de la réalité, ou bien est le résultat volontaire d’une déformation de la réalité historique tendant à « éterniser » l’idéologie humaniste bourgeoise, pour rendre l'existence de l'Etat, ses institutions, et ses délégations de pouvoir, éternels et indestructibles, parce que nécessaire.

En continuant à soutenir cette idéologie, les directions successives se sont donc faites les idéologues inconscients de la petite bourgeoisie " techniciste ", de l'aristocratie ouvrière, autrement dit de la social-démocratie.
Le stalinisme et son avatar le post-stalinisme, ne sont que des variantes de social-démocratisme.
C'est à dire et in fine, le moyen par lequel, la bourgeoisie essaie de s'opposer au passage au socialisme, et la petite bourgeoisie au communisme, en constituant un rempart qui empêche les travailleurs exploités d'accéder réellement au contrôle de leurs moyens de production, ceci en les rendant incapable de concevoir et de réaliser des biens ou des services, au nom de la division du travail qui en ferait des incompétents par " nature ".
Car c'est précisément ce qui manque au texte de cet économiste soviétique. (Lev Leontiev)
Comment passe t'on de l'étatisation des moyens de production à leur socialisation effective ?
Comment passe t’on au collectivisme ? On ne le saura jamais.
Comment mettons nous fin à la division du travail?
On ne le saura pas plus.
D'ailleurs, cette dernière idée se présente à la fin d'un paragraphe de Leontiev, comme une évidence, sans qu'elle soit articulée à aucune démonstration conduisant à sa mise en œuvre. Autrement dit, il colle ça dans son texte pour ne pas se faire accuser de ne pas avoir abordé le problème.
Pour lui, l'élévation du niveau général des connaissances va résoudre d'elle même la contradiction ! Sans blague !
L'élévation du niveau générale des connaissances dans un système inégalitaire accentue les inégalités !
L'écart entre un scientifique d'aujourd'hui et un péquin lambda est encore plus important que celui qui existait entre un paysan du 18ième siècle et Diderot !
C'est pourquoi le « volontarisme » d'une vraie Révolution Culturelle, portant sur la remise en cause de la division technique et de la division sociale du travail, n'est pas, contrairement à ce qu'affirment les idéologues de l'aristocratie ouvrière, " gauchiste " en soi (témoignant d'une véritable haine de classe vis-à-vis de la Révolution Culturelle Chinoise, qui elle, pour notre plus grand malheur, fut conduite de façon gauchiste). Tout dépend de la volonté et de la connaissance que l'on a de résoudre cette question.

Malheureusement pour les membres du Parti Communiste Français, l'arme essentielle de cette volonté a été abandonnée au 22ème congrès du P.C.F. La Dictature Du Prolétariat, après avoir été travestie ( C'est-à-dire : non pas mise en relation à la question de la disparition de l’Etat, non pas mise en relation avec la nécessaire émergence de l’Hégémonie ouvrière, mais beaucoup plus fondamentalement « liquider » pour asseoir la domination et l’éternisation de l’Etat, c'est-à-dire pour asseoir définitivement la domination de la bourgeoisie d’Etat, la domination de l’aristocratie ouvrière. 
La Dictature du Prolétariat, représentation centrale du projet communiste, après avoir été vidée de sa substance par l'expérience russe, a été jetée dans les poubelles de l'histoire par des idéologues qui aujourd'hui demandent à conduire le parti au Père Lachaise, ( Les Sève, et autres Martelli, comme tous les thuriféraires du 22ème Congrès, ces 2 théoriciens de ce révisionnisme honteux, producteurs du tristissime « Les communistes et l’Etat » aux Editions Sociales, véritable ineptie théorique et contre vérité anti-léniniste, comme notre texte : "Sur la Dictature du Prolétariat", présent sur notre site, le démontre aisément).
C’est pourquoi, nous ne cesserons de le marteler, toute cette opération, cette prétendue  « déstalinisation » (i.e "La liquidation du parti "), est et reste stalinienne, c'est-à-dire dans son essence même : social-démocrate:

1)      Dans son idéologie : Elle ne retient que la partie conservatrice et petite- bourgeoise de la pensée soviétique ( Éterniser l’Etat, idéaliser les dirigeants, refuser de remettre en cause la délégation de pouvoir, refuser de s’attaquer à la division du travail etc. etc.) et elle abandonne par contre, habilement toute la partie révolutionnaire de l’histoire concrète de la révolution russe, basée sur l'expropriation des exploiteurs, le pouvoir des soviets, la démocratie directe.

 

2)      Dans ses méthodes : Elle assoit définitivement la domination de l’aile droite du parti, afin d’empêcher la gauche du parti d'accéder au congrès et aux responsabilités ( par des méthodes d’asservissements bourgeois, certes plus « softs » mais qui dans leurs essences n’ont rien à envier à celles du grand Joseph).

                                                                                              P. M.

 

 

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