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Manifeste pour un Renouveau Communiste par hégémonie de la classe ouvrière

1) Analyse du déroulé historique
 

Le Courant communiste est un courant aussi riche et divers que l’ont été ou le sont encore ceux du libéralisme, du socialisme, des religions voire de la laïcité etc. Rien à nos yeux ne justifie, la capitulation devant l’objectif humain de construire une société sans classes et sans Etat.

Il existe suffisamment de ressources au sein même du communisme pour que l’on puisse comme pour les autres conceptions politiques du monde, procéder à une rectification des procédés dévoyés contraires à ses finalités ceci sans en quitter les valeurs.

Un communiste peut toujours décider de réévaluer de façon critique et révolutionnaire l’apport d’une autre sensibilité du mouvement (libertaire, conseilliste, maoïste, trotskiste, etc.). Aujourd'hui après la crise du socialisme «ayant réellement existé», et sa lecture stalinienne dogmatique du déroulé historique, doit s’ouvrir la page d’une réévaluation des autres apports révolutionnaires pour déboucher sur une possible réunification du mouvement communiste.

 

Les camarades qui se sont posés des questions communistes en rapport avec une finalité communiste constituent ce que l’on appelle traditionnellement l’extrême-gauche. En ce sens nous nous revendiquons de l'extrême- gauche, et nous considérons que le parti communiste doit être une organisation d'extrême-gauche, c’est-à-dire un regroupement qui combat la délégation permanente de pouvoir, que justifie l'institutionnalisme. Participé à des élections est une chose, ne concevoir le changement qu'à travers les élections en est une autre.

 

 

A l'opposé, rien n’a surgi du courant « communiste » institutionnel qui a cherché des solutions sur sa droite en se tournant, par exemple, vers une réévaluation des sensibilités socialistes, ou encore vers la remise en scelle de l’État « Républicain ». L’avancé maximale, que cette sensibilité ait atteinte, est de nous rappeler que la question de l’État de droit et des droits de l’Homme sont fondamentalement imbriqués. Si ces questions sont essentielles, elles ont cependant la particularité de constituer un rempart à l’avènement du communisme, en éternisant l’État en neutralisant les Institutions, ses principes, ses valeurs, et les catégories chargées de les servir et de les faire vivre.

 

Les expériences de socialisme menées au 20ième siècle ont dans la majorité des cas dévoyées leurs buts révolutionnaires et dévoyées la construction du communisme. A cette déviation, les sociaux- démocrates qu’ils soient à l’intérieur du Parti Socialiste ou à l’intérieur de notre parti, répondent qu’il n’y a désormais comme seule réponse que l’éternisation des Institutions et de l’État, pour, enfin, mettre en œuvre des principes que jusqu’ici ceux-ci ont si mal incarnés.

 

Autrement dit, on nous demande de courir après le mirage du démocratisme bourgeois. Chimère rédemptrice de tous les humanistes bourgeois, avant qu’ils ne nous envoient pour les faire « respecter », les « représentants » "casqués et boucliers" de l’Etat de droit. Nous préférons, nous, renouveler notre pratique aux contacts des apports inspirés de la Gauche Communiste Historique ou du Communisme syndicaliste, apportant notre pierre à l’émergence de ce que l’on peut appeler le Communisme par hégémonie ouvrière.

 

Il y a débat au sein du Mouvement communiste pour savoir quel type d’alternative et de renaissance du Mouvement Communiste International doit surgir de l’après disparition du socialisme "ayant réellement existé".

 

Un grand nombre de nos camarades cherchent à reconstruire le Marxisme - Léninisme, mais pour nous, vouloir reconstruire des organisations Marxistes-Léninistes, revient à considérer que ce n’est pas le Marxisme -Léninisme qui a généré la crise des formations sociales de l’Est, que c’est essentiellement son dévoiement.

De cette idée on ne peut que conclure, qu’il aurait existé un âge d’or du Marxisme - Léninisme. Si l' on excepte la période où vécut Lénine et qui ne peut-être caractérisée comme Marxiste - Léniniste, puisque ses concepteurs affirment que l'originalité de cette représentation du monde se construit contre tout un pan du courant marxiste et révolutionnaire, qui exerçait conjointement avec Lénine le pouvoir politique (Trotski, Boukharine, Zinoviev, Kamenev, les membres de l'Opposition Ouvrière, etc., tous exécutés)  cet âge d’or ne peut donc correspondre qu'à la seule période d’exercice du pouvoir par Staline. Nous avons avec cette vision une divergence de fonds, il s’agit pour nous en fait bien plus d’un âge de coercition contre toute une fraction du mouvement communiste lui-même.

 

La domination stalinienne a conduit le mouvement communiste, non seulement à accepter les exécutions sommaires et la dictature dans ses rangs, mais il a aussi conduit le mouvement dans une impasse.

Ce fameux « âge d’or » a permis la mise en place dans la société, d’une bourgeoisie rouge exerçant un véritable chantage parmi les travailleurs et envers l’ensemble de la population. A l’exercice direct de la démocratie par les travailleurs eux-mêmes, a été substituée la domination d’un parti-Etat. « Le Socialisme ayant réellement existé » n’a en fait qu’incomplètement quitté le stade du capitalisme d’État mis en place pour partie par Lénine, et le type de socialisme d’Etat implanté à la fin des années 20 et aux débuts des années 30, par la déviation étatiste stalinienne, les procès de masses, la collectivisation forcée, n’a fait que renforcer le poids de l’Etat et a tué les embryons de socialisme qu’il contenait.

 

Tout ceci c'est terminé, plus tard que ce que les « gauches historiques» avaient prévu, mais en conformité avec ce qu’elles avaient annoncé, par la restauration du capitalisme privé, sans que les masses se sentent concernées, et ne cherchent à défendre cette société. Cet Etat, n’a jamais été perçu comme étant leur Etat, sinon elles se seraient révoltées. C’est ce qui s’est passé en URSS et c’est peut être le même aboutissement qui menace aujourd’hui, la Chine populaire et demain notre chère Cuba.

 

2) D’où nous vient le Marxisme-Léninisme ?

 

L’idée de fonder un Marxisme-Léninisme est née au moment du 5ième Congrès de L’I.C, avant il n’avait jamais été question que de Marxisme- Révolutionnaire. Zinoviev avait certes lancé l’idée qu’il existait désormais un « léninisme » représentant l’apport de Lénine à l’expérience concrète des révolutions. Mais avant ces propos, à l’époque de Lénine, il n’avait jamais été question de créer un point de vue unifié cherchant à construire une orthodoxie de représentation et de pratiques, issues de l’expérience russe, ceci en vu de l’étendre au monde entier. Tous les révolutionnaires du début de la révolution d’Octobre cherchaient d’abord à défendre l’aile révolutionnaire des partisans de Marx et la nécessité de l’extension mondiale de la révolution.

 

Lénine n'a jamais affirmé construire un « Modèle » dans l’expérience qu’il menait, son talent se situe essentiellement dans ses capacités d’analyser et conduire, le processus révolutionnaire dans un sens qui soit conforme aux intérêts du prolétariat.  De leur côté, les partisans mondiaux de la révolution d’Octobre des origines, apportaient un soutien à l’expérience révolutionnaire russe, nullement à un « Modèle » russe.

 

A l'opposé s’il y a une spécificité de l’après 5ième Congrès et de la création du Marxisme - Léninisme, c’est bien la volonté de transformer, l’expérience en « Modèle » et le « Modèle » en théorie unifiée, d’où la création d’une Orthodoxie. La prétention à créer et mettre en place une orthodoxie Marxiste - Léniniste, qui se fixe les objectifs d’« exposer » le sens de lecture de l’histoire, mais aussi le sens du déroulé de l’histoire, permettait aux dirigeants d'asseoir leur autorité et à la bourgeoisie d'Etat qui les " a servi" d'assoir sa domination.

 

Sous le stalinisme, qui ne respectait pas cette orthodoxie devenait un déviationniste en puissance et se voyait exposé au risque de purge. Le Stalinisme a bien été cela, un parti schizophrène tenant des discours encensant la classe ouvrière, mais mettant en pratique une politique d’État, qui par essence lui tournait le dos.

À quoi aboutit la volonté aujourd'hui de refonder des partis Marxistes-Léninistes ?  À affirmer que la classe ouvrière a vocation à constituer une classe dominante, et pour cela à conquérir l’appareil d’État, mais sans analyser ce que la simple existence d’un État produit contre la classe ouvrière elle-même. La coupure que tout Etat instaure et présuppose entre moment politique et moment économique, entre gestion et production.

                                                                                                                                                                

Ce n’est pas par déviation « anarchiste » que nous tenons aujourd’hui ces propos, c’est par constat et bilan de la simple vérité historique. Les partis communistes au pouvoir se sont transformés, sous domination idéologique du stalinisme, en instrument de domination contre les classes ouvrières et les peuples. D’où le retour en leurs seins du nationalisme et des pratiques bourgeoises de la politique, d’où la crise finale et la restauration du capitalisme privé dans ces pays. Car le Capitalisme d’Etat, lui, y existait depuis bien longtemps.

Jusqu’à preuve du contraire, n’en déplaise aux historicistes absolus du Marxisme- Léninisme actuel, qui font de la restauration du capitalisme privé un pur produit des circonstances historiques du moment, ce sont bien des apparatchiks présents depuis fort longtemps dans le parti, et non apparaissant comme par miracle au dernier moment, qui ont restauré la propriété privée pour leur plus grand bénéfice.

Or la restauration du capitalisme privé ne peut venir, et n’a jamais été historiquement le produit, que d’un courant bourgeois dominant. Où étaient les sources de production de cette bourgeoisie, qu’elles en étaient les mécanismes, dans quelles formes particulières d’échange des marchandises, de propriété, de procès de production de domination et d’exploitation, tout ceci a-t-il pris naissance ?

 

Les PC officiels n’ont développé aucune analyse de classe de la dégénérescence soviétique, et celle développée par les camarades Marxistes-Léninistes nous parait aujourd'hui insuffisante et incapable en son fondement même de dépasser le capitalisme d’Etat.

 

De nombreuses traces convergentes, nous font aujourd’hui conclure que la restauration du capitalisme a été préparée de longue date, sans doute dès la fin des années70.

La mise en œuvre de l’Eurocommunisme, l’arrivée à la tête des P.C d’hommes aux passés douteux, mais aux missions précises, contre l’avis même des figures historiques comme les anciens résistants du parti [qui pour beaucoup (en France notamment) avaient été exclus des directions à partir de 1952]. Ce qui pour nous indique la complicité entre les tenants du capitalisme d’Etat, ceux du socialisme par en « haut » de la libération soviétique des zones de l'Est, et le refus de son extension à l’Ouest partagé à Yalta, font que ce n’est pas pour rien que ce sont partout des figures droitières de direction qui ont succédé aux grandes figures staliniennes des partis Occidentaux (Thorez , Thälmann, Togliatti et Ibarruri)

 

Tout ce que nous connaissons d’eux et ce qui sur le fonds les rassemble, c’est leur volonté de défendre l’ordre, l’ordre du droit, (bourgeois ou prolétarien), peu importe, mais l’ordre de l’État, contre la classe ouvrière révolutionnaire et son avant-garde.

 

À quelle Orthodoxie veulent revenir nos camarades organisés dans ces groupes?

 

À une vision albanaise, une vision chinoise, une vision russe ?

Tous excellents marxistes-léninistes.

 

C'est précisément contre ce type de marxisme-léninisme que :

 

- Fidel Castro a dû mener une lutte, en particulier contre l'ancien PC cubain, pour empêcher que le modèle russe devienne une norme bureaucratique imposée.

 

-Tito a dû lui aussi conduire une lutte pour que l'expérience autogestionnaire puisse être mis en œuvre contre le courant stalinien.            

 

- Les Vietnamiens ont également conduit un combat contre les directions chinoises et russes qui voulaient les mettre sous contrôle en un imposant leurs modèles de développement ou de stratégie militaire.

 

Plus fondamentalement, que peut nous proposer le retour à des fondamentaux issus d’une nostalgie déifiée, de la réécriture d’une pureté historique momifiée, s’il nous prive du nécessaire bilan de la période écoulée. Il y a eu restauration du capitalisme privé dans les formations sociales de l’Est et nous ne tarderons pas à savoir si le « socialisme » chinois est en période de N.E.P, ou si nous assistons sans le comprendre, à la restauration complète du capitalisme dans ce pays.

 

La restauration du capitalisme privé est-il le produit d’une trahison de la pensée et de la pratique de Staline, ou Staline a-t’il favorisé son possible retour en détruisant la capacité de la classe ouvrière russe et plus généralement du peuple russe, à résister aux mécanismes conduisant à cette restauration ?

 

Par la mort de la démocratie, la déformation de la formation politique des militants et de la classe ouvrière soviétique, nous estimons, nous, que Staline a contribué à saper les capacités immunitaires des révolutionnaires soviétiques, et favorisé la restauration de l’idéologie bourgeoise dans les rangs du Mouvement Communiste International.

 

En substituant les tribunaux, le droit, les juges, la police politique à l’action des masses et à la libre confrontation des idées sous hégémonie ouvrière, il a démantelé la conscience politique et sa pratique de masse, pour la transformer en une communion religieuse autour des dirigeants, et a substituer à la classe ouvrière les agents de l'Etat dans la résolution des contradictions de classes.

 

Ce qui sort toujours renforcé de tous les procès staliniens, c’est l’Etat, or c'est cette superstructure qui assure la coupure définitive entre activités improductives et base productive.

 

Quand on dit qu’il a existé un ouvriérisme stalinien, et que l’on nous brandit les propos de Staline sur la classe ouvrière, pour affirmer que l’ouvriérisme est un danger, permettez-nous d’affirmer que c’est une contre-vérité historique. Staline n’a jamais été du côté de la classe ouvrière contre sa bourgeoisie de gestion, il a cherché au contraire à en accentuer la différenciation, la coupure, en rompant tous les liens que les uns pouvaient avoir encore avec les autres.

S’il terrorise la fraction du parti présent dans l’appareil d’État, c’est pour mieux se la soumettre.

Il veut que l’origine ouvrière de la plupart d’entre eux soit complètement niée et oubliée au profit d’un statut de "fonctionnaire rouge", d’une caste qui contrôle et dirige. Mais il utilise le discours, l’idéologie « ouvriériste » pour masquer la réalité de mécanismes qui tournent objectivement le dos à l’ouvriérisation réelle de la société.

D’où le stakhanovisme, le productivisme, la glorification artistique de l’univers ouvrier, pour mieux masquer qu’il lui tourne le dos.

Maintenir la démocratie n’est pas seulement nécessaire pour des raisons humanistes et droits de l’ hommiste. Maintenir et développer la démocratie ouvrière, c’est s’assurer que le rôle, les fonctions et les statuts de l’ordre capitaliste et de l’ordre bourgeois, ne se retrouveront pas assumés par ceux-là mêmes qui entendent les combattre. Car dès lors, conduire une juste politique de résolutions des contradictions devient impossible.

Comment incarner à la fois les valeurs ouvrières et celles d’un État prolétarien, lui-même employeur chargé de reconstruire un pays sur une base productive soumise aux normes d'une industrie moderne, aux normes d’exploitation tayloro-fordistes ?

Qui a engendré Solidarnosc ? Sinon le parti Polonais lui-même, dans son incapacité à représenter la classe ouvrière contre l’Etat. (Nous n’oublions pas ici l’action du Vatican, mais qu’aurait pu Saint-Pierre, si la classe ouvrière polonaise avait soutenu son "État" comme contre-pouvoir).

 

Tout nous fait aujourd’hui penser, que « le bloc du secret » avait décidé depuis longtemps, la chute du bloc « socialiste » et la disparition de ses défenseurs extérieurs. C’est ce que confirme Gorby quand il se lâche par mégarde sur le déroulé de toute cette affaire (voir le site Voix du Prolétariat en Suisse). Ce qui peut d’ailleurs avoir été secrètement conçu dans une optique « révolutionnaire », mise en œuvre pour déstabiliser le capitalisme lui-même, la chute du glacis conduisant à la reprise des processus mondiaux de révolutions et de contre-révolutions, que notre environnement actuel ne fait que constater. Nous n’avons pas beaucoup d’illusion sur nos capacités à découvrir un jour toute la vérité sur l’histoire du recul des années 90, mais avec l’expérience du retour au capitalisme dans les formations de l’Est, nous continuerons de maintenir de grandes exigences sur la façon dont doit être conduite la lutte des classes pour parvenir a la société communiste.

Nous constatons que la dépossession des processus politiques pour les masses elles-mêmes, les transforment en jouets à manipuler, ceci au dépend de la démocratie et de l’avancée vers le communisme qui exige un haut niveau de conscience collective. On ne manipule pas les masses même si c’est pour leur « bien », car on contribue alors, le plus sûrement, à les dépolitiser. Or le bilan du stalinisme et des décennies suivantes, c’est précisément la dépolitisation des masses, la confusion sur les fins du communisme.  Aujourd’hui, même si le mouvement communiste est encore de la partie, quelle orientation prend-il ? Et dans quel état ! !

 

Nous ne contestons pas complètement l’attitude de la direction réformiste française actuelle qui se bat pour les droits démocratiques, la vertu d’un tel combat est qu’il offre la possibilité à chacun d’intervenir, quel que soit son niveau de conscience. Mais nous savons fort bien que ce retour aux vertus « sociales » de la démocratie, se fait également par une domination et une soumission complète à l’idéologie social-démocrate. Que les directions actuelles aient décidé, une fois de plus sans l’exprimer, une fois encore et à notre goût une fois de trop, que : la seule solution était de s’insérer dans le jeu « démocratique » occidental », on peut l’entendre, même si nous ne l’acceptons pas !

Ce qui, pour nous, est inadmissible est que cela nous conduise à nous soumettre aujourd'hui de façon « éternelle » à la domination du capital privé et à n’offrir qu’un pâle jeu de l’alternance politicarde, alors que la situation actuelle du capitalisme mondialisé pousse à l'obligation d'ouvrir une alternative socialiste à orientation communiste.

C’est pourquoi une aile gauche du communiste est aujourd’hui en renaissance dans le PCF et à l’extérieur du PCF. Ce que les masses attendent c’est que cette gauche soit capable, à la différence de tous les gauchistes d’hier et d’aujourd’hui, d’ouvrir la voie de la révolution socialiste.

 

Créer un programme pour la sensibilité que nous représentons, voilà ce qu’il conviendrait à terme de produire. Mais ce programme existe déjà en filagramme à travers tous les combats que le Communisme comme expression révolutionnaire de la classe ouvrière conduit, en France et ailleurs, dans la diversité de ses représentations et ce n’est pas en créant un groupuscule de plus que nous résoudrons la question.

 

Ce qu’il nous paraît plus important de réaffirmer, c’est que la lutte des classes est tendancielle, elle ne s’exprime clairement que dans de trop rares occasions, là toutes les tendances communistes en France savent se mobiliser. La majeure partie du temps, il faut la chercher derrière de fausses apparences pour l’extraire et la conduire dans une optique qui ne peut être que tendanciellement juste. C’est pourquoi la lutte des classes est rectification, pôle antagoniste au sein de la contradiction. Elle tient souvent de la serpe plus que de la dentelle. Puisque qu’exprimer un tel positionnement est ce que nous savons faire le mieux faisons-le, et supportons de reconnaître que s’il n’est que peu dialectique, il est d’abord fruit d’une volonté de redressement d’une déviation qui exige que : « L’on torde violemment le bâton dans l’autre sens » (Louis Althusser).

 

3) Pour l’autonomie et pour l’hégémonie de la classe ouvrière, vers le Communisme Ouvrier :

 

En mémoire de ceux de l’Opposition Ouvrière, Kollontaï et Chliapnikov (Ce vétéran du parti lâchement assassiné en 37, par cette crapule de Staline),

 

Nous réaffirmons :

 

Le Communisme appartient à la classe ouvrière,

- L’émancipation des travailleurs ne peut être que l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

- Le moment politique voit d’abord la victoire du prolétariat,

- Le moment économique prépare la construction hégémonique de la classe ouvrière.

- La Dictature du Prolétariat est d’État, dirigée par les organisations ouvrières mais aussi contestée par ces mêmes travailleurs avec leurs organisations,

- Elle se substitue à la Dictature du Capitalisme Privé, à son État, sous lesquels nous vivons aujourd'hui.

- L’Hégémonie ouvrière, qui lui succède se construit sur les ruines de l’Hégémonie bourgeoise,

Cependant l'Hégémonie ouvrière qui se construit contre la dictature du prolétariat qu’incarne l’Etat Prolétarien, ne se transforme pas en pouvoir d'Etat, à la différence de l'hégémonie bourgeoise.

Si au cour d'un processus révolutionnaire concret (exemple: la révolution russe) le mouvement ouvrier et la classe ouvrière conquière l'Etat, alors elle ne peut déboucher que sur un type d'Etat qui n'est pas essentiellement ouvrier, nous le qualifions de prolétarien, précisément parce que les missions de l'Etat ne relèvent pas de la classe ouvrière.

 

L'Etat Prolétarien est une superstructure redistributive sociale, L'Etat Prolétarien est un état de droit de défense de la nation qu'il chapote. L'Etat prolétarien est un exploiteur collectif, par le maintien du salariat, de la loi de la valeur, de la production monétaire qu'il contrôle, et qui n’est pas une simple unité de compte.

 

En ce sens, L'Etat Prolétarien n'est absolument pas marqué par une caractérisation ouvrière. Ses missions essentielles sont de redistribution et non de production. Les agents qui les assument ont statut de fonctionnaires (c’est-à-dire qu'ils doivent être impérativement de nationalité du pays, ils sont tenus par la Loi et doivent la faire respecter encore plus strictement que tout citoyen. Ils ne sont donc pas "Prolétaire" au sens marxiste du terme qui assimile ce statut à la part de la classe ouvrière la plus exploitée et la plus dépourvue de droits. Le fonctionnaire membre et agent de l'Etat Prolétarien en est donc la figure inversée, il ne fait donc pas partie de la classe ouvrière. Si en terme assujettissement juridique, le fonctionnaire n'est pas un ouvrier prolétarisé, il ne l'est pas non plus en terme sociologique, ni en terme économique. Il n'est pas exploité, sa rémunération n'est pas un salaire, son activité n'est pas vendue sur un marché et elle ne rapporte pas de profit etc. etc.

 

Comment a- t'on pu caractériser l'Etat Soviétique d'Etat Ouvrier, comment une telle aberration a-t-elle été rendue possible ?

 

L'Etat Soviétique n'est pas un Etat Ouvrier dégénéré, l'Etat Soviétique est un Etat bourgeois à caractère social, donc le statut juridique est basé sur la disparition de la propriété privée au profit de la propriété publique (collective), en ce sens la propriété d'Etat transforme cet Etat de propriété publique (Etat Prolétarien) en exploiteur collectif. L'Etat dans sa forme de structuration, dans son essence même, s'oppose à l'avènement de la nation ouvrière. Pour assumer l'Hégémonie, "la dictature", de la classe ouvrière, il faut faire disparaître la bourgeoisie, qui en constitue le pôle antagoniste, son pôle opposé dans la contradiction sociale. Or l'Etat est un grand créateur de statuts bourgeois, non seulement dans la société civile ou il les protège à travers les catégories du droit, mais dans son mode de fonctionnement même, dans son mode d'existence.

 

 La Dictature est représentée par L’État, mais l’hégémonie de la classe ouvrière se construit par le contrôle puis la disparition de cet État.

 

Le Socialisme est une phase de transition entre le capitalisme et la société communiste.

Le socialisme étatique marxiste est un capitalisme d’État démocratique (nationalisation), se socialisant par l’action ouvrière qui le déconstruit, par disparition des missions de fonctionnariat, au profit du collectif des producteurs Il doit aboutir à la construction d’une société communiste sans classe et sans Etat.

 

Le Parti au pouvoir construit son déclin, il s’auto-saborde en transférant le pouvoir de l’avant-garde à toute la classe. Il est extérieur à l’État, il utilise les formes spontanées d’organisation du prolétariat, les Conseils et les Syndicats, devenant au fur et à mesure prolétariat-ouvrier, pour transférer le pouvoir réel d’une minorité à toute la société.

- Il annihile la propriété privée des moyens de production, il supprime les capitalistes.

- Il détruit la division du travail, il fait disparaître la bourgeoisie.

 

La bourgeoisie rouge ne peut être évitée, tant que l’État existe, et l’État existe parce que son rôle économique de redistribution, de planification, de création de biens et services socialisés dans des proportions inimaginables, dépasse largement ce qu’une unité volontaire d’entreprises pourrait produire. Mais il ne peut y avoir d’avancée vers le communisme tant que cette bourgeoise d’État n’a pas disparu.

Faire disparaître les rôles, les fonctions, les statuts, conduisent à ouvriériser cette ancienne classe. C’est une nécessité, donc pas de demi- mesure dans les actes, pas de demi-mesure dans le vocabulaire.

 

Nous combattons pour la Nation contre l’État, Pour l’Internationalisme contre le supra-étatisme (celui de l’U.E en particulier).Pour la diversité culturelle internationale, contre le multiculturalisme abstrait ("l’anglais des affaires" entre autre).

 

4) Le marxisme et la question nationale

 

Par exemple et par rapport avec l’actualité européenne :

En tant que nous considérons la question nationale d'un point de vue léniniste et luxemburgiste, il nous parait aberrant que les belges ne parlent pas les 2 langues obligatoires (voire les 3 avec l'allemand). Donc nous sommes contre le monolinguisme régionalisme monarchiste réactionnaire. Nous sommes pour que les suisses parlent les 4 langues (allemand, français, italien, roman) obligatoires (et cessent dans de nombreux cantons, aujourd’hui, de les considérer comme des langues étrangères, moralité tout le monde se met à l’anglais pour échanger (C'est ce que des amis suisses alémaniques, nous ont rapporté, il est plus intéressant pour eux de se mettre à l'anglais, que de chercher à apprendre le français !) Bern de ce point de vue est une honte de pseudo capitale. Bern, ne respecte pas le multilinguisme national, notamment sur ses panneaux officiels ou communaux, Bern est un chef lieu de canton, pas plus !

 

Nous sommes donc contre le fédéralisme et le cantonalisme petit-bourgeois. Le fédéralisme, le régionalisme, le cantonalisme, monarchistes (Belgique) ou féodaux (Suisse) sont traces d’un républicanisme tronqué et trahi. C’est parce que la Belgique (qui n’en est pas une) et la Suisse (qui en est une fausse) ont trahi l’idéal républicain, en n’implantant pas le républicanisme le plus conséquent, la centralisation la plus résolue (jacobinisme), que ces pays connaissent une telle dérive et retournent en arrière.

or si la Belgique ne s’est pas construite en République et si la Suisse en présente une vision tronquée, c’est pour défendre l’ordre bourgeois. Les traces de monarchisme ou de fiefs linguistiques féodaux traduisent la hantise historique des bourgeoisies réactionnaires de ces 2 pays de voir advenir le socialisme.

De tout temps elles ont voulu empêcher qu’au républicanisme conséquent, succède le socialisme centraliste. C’est sur ce terreau contre- révolutionnaire que l’extrême- droite régionaliste fait son miel. C’est sur ce modèle de démantèlement des États-Nations que se construit la base arrière de la contre-révolution en Europe, l’U.E, la politique des régions n’a d’autre fonction, que de détruire les bases nationales et tout ce qui en constitue le droit au premier rang duquel, le droit du travail, ses diplômes, ses conventions collectives, ses salaires minimaux.

L’ordre de la Réaction, nous a brillamment démontré Rosa Luxemburg ("L'autonomie et la question nationale" Le Temps des Cerises éditeur), gît dans le monarchisme régionaliste, le fédéralisme dont la réaction royaliste française fut le brillant support durant tout le 19ième siècle. Les flics eurocrates bruxellois n’ont pas d’autres sources d’inspiration.

 

Nous sommes contre l’Europe des trusts et du capital, pour l’Union des États Socialistes Souverains en Europe et ailleurs.

 

Nous combattons :

 - Pour la victoire du prolétariat sur les capitalistes et donc contre la propriété privée des moyens de production et d’échanges.

- Pour la victoire de la classe ouvrière contre la bourgeoisie et donc contre l’exploitation improductive et la division technique et sociale du travail.

- Pour la transformation du prolétariat en classe ouvrière et donc pour le déclin de l’État et du droit.  - Pour la constitution de la classe ouvrière en classe dominante et donc pour les valeurs qu’elle incarne comme formes modernes de patriotisme national (et non de patriotisme d’État).

- Pour l’Ecole Prolétarienne Publique contre l’école privée bourgeoise.

 

- Pour l’Ecole Ouvrière du Travail contre la spécialisation, la division du travail bourgeoise,

(notamment ses grandes écoles, par exemple HEC, etc.).

 

- Contre l’égalité des chances et le méritocratisme bases du renouvellement de la bourgeoisie ayant pour fin de freiner sa transformation en caste au seul profit de son maintien en classe.

 

- Pour la renaissance de l’Education Populaire Révolutionnaire, contre l’étatisation des valeurs éducatives.

 

- Pour la renaissance d’une conscience de classe de l’enfance, contre l’infantilisation débilitante des âges de la vie : enfance, jeunesse,

adolescence (machines à produire du sociologue, du psychologue et de l’assistance sociale, dont Makarenko a tout dit).

 

- Pour l’exigence de travail contre le marché du travail. Pour la fin de la division du travail contre l’explosion incontrôlée des métiers.

 

- Pour l’obligation d’assurer des fonctions électives courtes, contre la professionnalisation des élus.

 

- Pour l’obligation d’assurer des fonctions de gestion courtes contre l’existence de patrons de droit divin.

 

- Pour l’exigence de droits prolétariens contre l’existence des droits capitalistes.

- Pour l’obligation de devoirs prolétariens contre l’imposition des devoirs capitalistes.

 

- La liberté bourgeoise c’est la contrainte bourgeoise par le profit.

- La liberté prolétarienne c’est le devoir prolétarien envers la collectivité.

 

Les phases de l’avènement du communisme.

 

-Une première phase progressiste porte sur les nationalisations, (essentiellement sur la socialisation et surtout pour la disparition de la propriété privée, la socialisation elle a lieu tout au long du processus et elle se présente sous des formes différentes), des grandes entreprises, les banques, les grandes sociétés marchandes, la sortie de l’Europe capitaliste.

Cette phase devant comporter des transformations de la représentation démocratique avec : Des élections à la proportionnelle, l’abolition du « Sénat », la suppression de l’élection du Président au suffrage universel, la constitution d’une chambre de représentants des salariés (élus pour de courtes périodes), organisée sur la base des collèges ouvriers/employés comme lors des élections professionnelles.

Cette première étape permettrait de passer à la naissance de l’État socialiste.

 

- L’étape du socialisme : Pratiquer sur le plan économique un développement national de l’industrie et des services avec sa répartition sur le territoire, poursuivre l’appropriation des entreprises et les socialiser en transférant les compétences de directions aux travailleurs, s’attaquer à la division sociale et technique du travail, mettre en place de nouvelles formes d’organisation sociale etc.

 

Enfin la société communiste verra le rôle de l’État s’amoindrir jusque disparaître ne subsistant que des fonctions (L’’État veilleur de nuit d’A. Gramsci), assurées par courts mandats délégataires par des travailleurs issus du monde du travail. Dans cette société débarrassée du profit, mais pas du travail nécessaire, une classe ouvrière universalisée ayant réconcilié travail manuel et travail intellectuel se soumettra les processus scientifiques en vue de créer par exemple des biens de production. De façon non à les subir, mais à les orienter vers la réduction du temps de travail, l’élimination de la pénibilité, mais aussi vers le plein exercice des capacités individuelles. Alors le travail deviendra le premier besoin de l’homme. Alors le produit du travail ne sera plus de la marchandise, mais le fruit d’une œuvre individuelle et collective.

 

3/ Conclusion : Nous avons exposé ce qui peut être envisagé pour parvenir à nos fins et nous avons montré que ce chemin passe par la pleine appropriation de notre avenir par les travailleurs (manuels, intellectuels et paysans travailleurs) c’est cette orientation que nous nommons «  Communisme ouvrier ou Communisme à hégémonie ouvrière »

Nous défendons cette orientation au sein du parti communiste et au sein de sa gauche (interne ou externe), pour en reconstruire la base révolutionnaire, Si nos thèses correspondent à vos orientations rejoignez nous, militons ensemble pour faire aboutir ces idées.

 

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39ème congrès- Pour un retour à Tours

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