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Marie George et la Laïcité

(D.C.O) 

  Le Communisme face au Républicanisme et ses concepts

 

                                      

 

 LA LAICITE
 

Dans un article de 2004 sur " Marie-George Buffet et la Laïcité ", j'essayais d'approfondir ma réflexion sur les concepts qui font l'unité du camp progressiste, au stade de l'unification du prolétariat et de l'extension des droits. Issus pour leur immense majorité du républicanisme conséquent, ils présentent des limites qui ne peuvent être ignorées pour qui cherche la voie de la disparition des classes sociales et l'extinction de l'Etat. Un ensemble de contradictions à surmonter pour parvenir à ouvrir une unité de représentation du chemin qui conduit au communisme.
le républicanisme du Front Populaire et ses concepts, tout comme le social-démocratisme du Front-Unique et les siens, constituent des stades historiques incontournables, mais il faut aujourd'hui considérer qu'ils doivent devenir dépassables, sinon nous continuerons de stagner dans le démocratisme de la délégation, dans la reproduction de l'institutionnalisme, dans le juridisme de l'activation d'un sujet tout puissant. Il faut donc reprendre l'interrogation et l'approfondissement des concepts qui fondent l'imaginaire collectif du républicanisme et du social-démocratisme en les questionnant sur leur dimension résiduelle bourgeoise. Car c'est en s'attaquant à ce qui fonde la personnalité bourgeoise que nous pourrons nous en prendre à ce qui produit le capitalisme. Vouloir s'attaquer sérieusement au capitalisme, un siècle après la seule révolution anticapitaliste qui ait été vraiment tentée, c'est s'attaquer jusque dans ces racines masquées à ce qui fonde l'individualité bourgeoise.  
 

Le concept de Laïcité fait naturellement partie de celles-ci. Je sais et j'assume le fait que mon point de vue, ne sera pas partagé et qu'il déclenchera j'en suis sûr une tempête d'indignations dans un certain nombre de milieux, au premier rang desquels celui des enseignants " communistes " dont beaucoup aujourd'hui syndicalistes, à travers une F.S.U en recherche de sens, se raccrochent aux concepts républicains comme ultime rempart pour faire face aux coups portés par l'Etat capitaliste. C'est pourquoi ils sont aux avant-postes de l'opération " Jaurès ", d'un pédagogisme humaniste s'adressant à " chaque " enfant" et d'un retour posthume du garaudisme: "L'humain d'abord ", dont la plupart ignorent sa présence historique dans le P.C.F et l'existence de ses thèses comme l'une des causes de son affaiblissement idéologique historique, prélude à son affaiblissement politique.

Marx et Lénine ont eu à l'égard de la question religieuse des attitudes très contradictoires. Quelle position politique peut-on tirer d'une formule comme " la religion c'est l'opium du peuple " et d'une assertion politique affirmant que "l'école confessionnelle doit rester privée parce que la religion est d'ordre privée et qu'elle n'a rien à voir avec la politique " (Position défendue à un moment par Engels à la question qui lui était posée " Que faire de l'école confessionnelle ? "). Une chose est sûr, ce n'est pas en tant que " Laïcs " que les penseurs révolutionnaires communistes, ont conçu leur rapport à la question religieuse, mais en tant que matérialistes athées. Ce n'est donc pas fondamentalement à travers les catégories qui fondent le républicanisme, même s'ils ne nient pas que le communisme soit le produit, la suite logique, du républicanisme conséquent et du socialisme qui lui ont succédé, qu'ils ont construit leur représentation du monde.
Seul Jaurès, pense la dialectique de son apport théorique au mouvement ouvrier à travers ces catégories, et c'est pourquoi la pensée jauressiste est pour nous une pensée qui correspond à une phase du mouvement ouvrier qui est dépassée. Elle l'est depuis 1914, depuis l'avènement du capitalisme de monopole et l'ère de l'impérialisme. Vouloir ressusciter Jaurès, ce n'est pas développer un positionnement d'avenir, c'est vivre la réalité actuelle dans une représentation du monde désuète, même si nous ne nions pas qu'en son temps elle fut progressiste.

 

 

 

La « Laïcité »

 

Depuis la société antique, un Laïc désigne celui qui est extérieur à l’ordre religieux, il désigne aussi par conséquent celui qui est extérieur à « l’esprit » et à sa transmission. La transmission de l’esprit est donc la question centrale de toutes les sociétés déistes (en particulier les sociétés précapitalistes), pour ces sociétés c’est par l’esprit que vient la connaissance et elle n’est satisfaisante que si l’esprit de l’individu devient le calque de l’esprit divin. C’est pourquoi toutes les sociétés de hiérarchies et d’ordres            "naturelles", veulent une correspondance entre les lieux d’apprentissages du divin et les autres lieux d’apprentissages humains. Comme le rappel l’article l’encyclopédie Wikipédia, assez juste sur ce sujet :

« En droit, la laïcité est le « principe de séparation dans l'État de la société civile et de la société religieuse » et elle est aussi un principe « d'impartialité ou de neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses ». Le mot désigne par extension le caractère des « institutions, publiques ou privées, qui sont indépendantes du clergé et des Églises »

La laïcité s'oppose à la reconnaissance d'une religion d'État. Toutefois, le principe de séparation entre l'État et les religions peut trouver des applications différentes selon les pays. etc. ».

 

En conformité à cette définition nous savons que La république française n’est pas une théocratie, c’est pourquoi elle a séparé les lieux de transmissions des savoirs profanes des lieux religieux. Même dans les écoles dites « privées » religieuses, les cours d’enseignements généraux sont séparés des cours d’enseignements religieux, sinon ces écoles seraient exclues des aides de l’Etat.

 

La Laïcité est donc l’idéologie centrale de l’Etat Républicain, c’est une idéologie juridique.

 

Comment se positionnent, les 3 ordres humains d’expression idéologique, vis-à-vis de cette question : les religieux : leurs personnels et ouailles, les agnostiques : leurs personnels et « ouailles », les athées matérialistes : leurs « personnels » et « ouailles ».

 

 1) - Le personnel religieux (le clergé), mais aussi les paroissiens (des églises, des temples, des mosquées, etc.) et leurs associations ne sont pas laïcs, ils croient, pour eux Dieu existe.

 2) - Le personnel agnostique, les directions et agents de la fonction publique, les directions d’associations laïques, comme la Franc-maçonnerie, la Libre Pensée, les associations de cultures populaires, caritatives non confessionnelles, etc. considèrent que la connaissance ne nous permet pas de déterminer si Dieu existe ou non. Il peut peut-être exister, mais pas forcément dans la forme que lui donne les lieux de cultes dans le monde, il est plus vraisemblablement dans la science (la Franc-maçonnerie), dans la nature, etc. d’où la nécessité dans tous les cas de conserver, une libre pensée, permettant à chacun de s’informer et de choisir.

 

Les fonctionnaires de la transmission des connaissances de l’école républicaine et laïque sont tout à fait dans cet état d’esprit, quand ils transmettent leurs connaissances. En philosophie, en histoire, etc. Un élève peut considérer que Dieu existe à la seule condition qu’il accepte dans discuter (philosophiquement, historiquement, etc.) les conditions d’existence, et aussi qu’il puisse, tout aussi librement, parler de sa non existence, comme discuter d’un possible doute sur le sujet. Ce qu’on lui demande c’est de connaître tous les points de vue, leurs causes et conséquences.

 

- Le « personnel » athée et matérialiste, voilà une catégorie qui est très intéressante. Car de personnel comme de lieux ("églises" divers, associations etc.) il n’y en a plus. Depuis le refus des partis communistes d’assumer cette mission, transmettre les bases et développement de la pensée matérialiste athée, au nom de l’unité « œcuménique » avec tous les exploités, ceux qui veulent exprimer cette tendance ont pratiquement disparu des radars idéologiques (peut-être certains groupes d’extrême-gauche le font ils encore, mais comme c’est dans ces groupes que l’islamo-gauchisme est le plus fort, j’en doute fortement). Et puisque plus d’organisations et encore moins d'institutions et de personnel pour porter le message, pratiquement plus « d’ouailles » pour entendre. Quand on parle de ces questions dans le milieu communiste, aujourd’hui, on donne l’impression d’arriver d’une autre planète, un zombi archaïque qui n’aurait en tête que de diviser le mouvement populaire, en particulier d’introduire une scission d’avec les masses du tiers-monde. Bien entendu, tous les militants islamo-compatibles, sont incapables d’expliquer pourquoi nous devrions accepter de la religion musulmane ce que nous n’avons jamais accepté de la part de la religion chrétienne. Pourquoi tous nos acquis, tous nos combats pour l’indépendance entre politique et religion, devraient être jetés par-dessus bord, sous prétexte que des salariés exploités originaires du tiers-monde considèrent que dieu est la solution. C’est la question.

 

Les croyants comme les incroyants « progressistes » ont décidé de passer un "contrat du vivre ensemble", qu’ils placent volontairement sous les auspices de la laïcité de l’Etat Républicain, autrement dit de l’agnosticisme ontologique. Chacun à la liberté de croire ou de ne pas croire à la condition de l’exprimer dans l’espace privé (communauté, lieux de cultes etc. ou associations, cercles, cellules etc.), c’est ce qui fait le vivre ensemble de la nation française devenant par là même : Etat-Nation français, par Institutionnalisation de cette catégorie juridique et philosophique.

 

 

Là où cela ne va plus, c’est quand des « communistes », partant de ce point de vue, oublient inconsciemment ou volontairement leur point de départ, être des matérialistes athées. Car on voit immédiatement l’effet calamiteux que ce point de vue développe.

 

Le premier qui est celui le plus fréquent, c'est d’idéaliser et rendre impérissable l’Etat. En effet, quand on se place du point de vue de la laïcité, on devient incapable de sortir de la catégorie de sujet de droit et de ce qui le rend impérissable : l’Etat. C’est particulièrement le cas de nombre de fonctionnaires en particulier de l’Education Nationale, qui oubliant qu’ils sont des communistes, n’interviennent plus que comme des « Républicains » et donc ne pensent plus les contradictions que dans ces valeurs et principes (liberté, égalité, fraternité, laïcité etc.). Or, ce qui fonde le point de vue communiste, n’est pas essentiellement concentré dans la superstructure étatique, mais dans l’infrastructure économique. Si la doctrine communiste appelle à la disparition de l’Etat, ce n’est pas pour le fait qu’il soit laïc ou non, mais pour le fait qu’il engendre une bourgeoisie, une bourgeoisie de nature particulière, une bourgeoisie publique (par opposition à la bourgeoisie privée de la société civile), C'est particulièrement le cas du personnel chargé d'incarner l'Appareil Répressif d'Etat (Juges, Avocats, policiers, militaires etc.), chargé de faire vivre l'Etat de droit. On ne peut donc pérenniser l’Etat et ses valeurs. Dès lors, ne pas ou ne plus s’inscrire dans les catégories qui fondent le sujet de droit devient central pour tout point de vue communiste. Le matérialisme athée marxiste ne présente donc pas l’unique qualité (ou défaut) d’être antireligieux, il est aussi et de façon concomitante anti-étatiste.

On peut comprendre l’inquiétude des payés (et non des salariés) que sont les fonctionnaires quand ils se placent du point de vue de la doctrine communiste : qu’allons nous devenir, si notre avenir se tient dans notre disparition ?

 

Les communistes ont, à juste titre, répondu que cette question n’est pas pour aujourd’hui. Qu’entre le capitalisme de l’Etat bourgeois Républicain et la société communiste sans Etat existe toute une période historique appelée : Etat socialiste Républicain, où précisément cette question doit être résolue, par un plus ou moins long déclin de l’Etat « bourgeois », au moyen d’abord d’une disparition de la propriété privée, puis sous le socialisme de la propriété publique, au profit de la propriété collective sous le communisme. Mais aussi d'une disparition- extinction des Institutions et un bouleversement des statuts des fonctions et des rôles que les agents d'Etat y occupent, ceci sur le modèle de la Commune de Paris.

 

Alors que les anarchistes prétendent à la suppression de l’Etat immédiatement après la révolution, supprimant ou confondant socialisme et communisme. Nous, nous considérons qu’il existe une phase de lutte entre ce qui doit mourir et ce qui doit naître, cette phase s’appelle le « socialisme », mais notre objective c’est le communisme : société sans classes et sans Etat. A la différence des anarchistes pour nous l’Etat s’éteint, alors que pour eux l’Etat doit immédiatement disparaître. Mais, dit Lénine, nous avons le même but que les anarchistes (i.e : les communistes libertaires) : la société sans Etat, nous divergeons seulement sur les moyens (l’existence d’une phase de transition : le socialisme).

 

Nous savons, et tous nos articles sur notre site y font références, que cette question de l’ extinction/ disparition est au cœur de la crise du marxisme actuelle. Lénine a été par moment extrêmement clair sur la question, en particulier dans son ouvrage central « l’Etat et la Révolution » et à d’autres moments extrêmement confus. Il est confus quand jeune marxiste, il doit surtout incarner et faire vivre le point de vue de la gauche social-démocrate, il redevient confus, quand devenant Chef de Gouvernement, il doit faire vivre le projet de construction d’un Etat Socialiste, dans nombres de ses textes il donne l’impression qu’il cesse de faire vivre l’idéal communiste, là encore au profit de la gestion social-démocrate. Dans ces conditions il est compréhensible que des fonctionnaires « communistes » puissent confondre le statut de fonctionnaire avec l’idéal type de l’actif productif du projet communiste. (existence d'un statut apparaissant superficiellement comment produit d'une non marchandisation des rapports économiques qui s'y déploient).

 

Si on peut comprendre l’inquiétude des petits et moyens fonctionnaires, que dire quand la secrétaire nationale d’une organisation qui se dit « communiste »,Marie-George Buffet, en vient à encenser l’Etat au nom de la défense de la république et tout ce qui en constitue les présupposés philosophiques et politiques. Son texte devant la commission de la laïcité est de ce point de vue innommable, c’est une catastrophe idéologique. On a l’impression qu’elle n’a jamais ouvert un seul ouvrage marxiste voire de Lénine de toute sa vie. Comment a- t’elle pu devenir Secrétaire nationale d’un parti qui se prétend communiste sans jamais faire référence à aucun des fondements de cette doctrine, quand il s’agit d’aborder la question centrale de l’Etat, de ses valeurs, sa perpétuation ou non.


 
Voici donc le texte de 2004 revu et remanié.

                                           
Marie-George Buffet et la laïcité

La Secrétaire nationale de notre parti a présenté le 19 septembre 2003, devant la Commission sur la laïcité [1], le point de vue du groupe dirigeant actuel du parti sur cette question. Son intervention nous semble intéressante à plus d'un titre. Elle témoigne en effet du degré d'abandon total de tout positionnement  marxisme pour traiter d'un sujet de société aussi important que la question laïque, son rôle et ses effets dans le système scolaire.
 
Qu'on en juge, dès les quatre premières phrases, on assiste à un florilège de lieux communs et de poncifs, dignes de la meilleure tradition du " socialisme " républicain utopique, voire chrétien ou pré-marxiste.

1ère phrase, premier paragraphe : 
   
       " La laïcité est le principe social et politique qui permet à notre peuple la cohésion dans la pluralité. "

Autrement dit, elle est un tuteur sur lequel s'appuie pour se reproduire de façon hégémonique, l'idéologie dominante. Comment une "marxiste" peut-elle prétendre défendre tout concept, toute représentation du monde, qui ne met pas en avant que notre société est au contraire divisée, profondément clivée, y compris quand ces faits sont masqués derrière une idéologie qui prétend affirmer une unité de point de vue, une unicité de représentation dans l'unique but d'assurer la stabilité d'un régime. Le républicanisme bourgeois est certes reconnaissance de droits, pour tout sujet de droit pour tout citoyen, mais il est tout autant masque de la réalité vécue, en tant que contradiction de classe et luttes de classes, c'est  pourquoi une révolutionnaire digne de ce nom devrait au-delà des apparences faire surgir la réalité comme contradiction en acte, et non pas tenir des discours lénifiants à base de concepts issus de l'humanisme mou, pour assurer une prétendue "cohésion" nationale.
Cela ne semble nullement choquer notre Marie-George, qui ne voit là aucune contradiction. Comment une personne qui prétend vouloir " dépasser " le capitalisme, peut-elle se réclamer d'une valeur qu'elle reconnaît elle-même comme étant placée au cœur du dispositif de l'idéologie bourgeoise, puisque, nous le rappelons pour ceux qui l'auraient oublié (et ils semblent nombreux à la direction du P.C.F) nous vivons sous la dictature de la bourgeoisie. A moins bien sûr que son prétendu " dépassement " ne soit le masque d'une théorie de l'adaptation.
Certains répondront : quelle question absurde ! Car enfin, depuis quand le PCF se préoccupe-t-il de combattre l'idéologie dominante ? Depuis quand le PCF se préoccupe-t-il de savoir pourquoi " L'École capitaliste en France "[2], celle de Jules Ferry, chantre du colonialisme et de l'impérialisme, a-t-elle inscrite sur ses frontons " Liberté, Égalité, Fraternité ", qui sont comme le concept de " Laïcité " de purs produits de l'idéologie "radicale" bourgeoise ? [3]
" Liberté ", pour qui ? Pas pour les milliers de mômes des milieux populaires qui se retrouvent sur le trottoir sans diplômes et sans formation. " Égalité ", la seule que nous connaissions est celle des taux de profit après péréquation. " Fraternité ", en dehors des Petits Frères des Pauvres, qui y croit encore ?

2ème phrase; premier paragraphe : 
       
          " Elle découle directement de l'affirmation fondamentale des droits universels de l'être humain ".

Si ce n'est pas un bel impératif catégorique, ça ! Certes, pour un retour à Kant, ça a de la gueule, c'est généreux en diable. Nous voilà affublés de l'idéologie des Droits de l'Homme Universels comme moderne conception du monde, et projet révolutionnaire à construire. Notre Rosa Luxemburg peut se réjouir, l'utopisme humaniste bourgeois et ses impératifs catégoriques ont encore de beaux jours devant eux [4]. Quant aux autres, nous les renvoyons au bilan historique des organismes de secours mutuels créés par l'ONU, pour amuser la galerie, comme L'UNESCO, L'UNICEF ou la CNUCED, véritables maisons de retraites du show-biz en mal de reconversion, usines à produire des fonctionnaires et de la bureaucratie budgétaire, alors que la misère et le chômage ne cessent d'augmenter dans la majeure partie du monde.

Il y a fort à parier que quand elle était petite, le rêve secret de notre Marie-George n'était pas de prendre la tête d'un parti révolutionnaire, non, son rêve secret était de remplacer le secrétaire général de l'ONU. Depuis, elle essaie en vain de transformer notre organisation en Croix Rouge du capital.

 
3ème phrase, premier paragraphe : " Ces droits ne sont pas liés à l'appartenance à tel ou tel groupe social, ils ne sont pas non plus liés à telle ou telle opinion qu'elle soit politique ou religieuse ".

Oui camarades, vous ne rêvez pas, vous l'avez bien lu, le fond du fonds, le renoncement total à tout point de vue de classe, a été atteint. Un droit idéaliste surgi de nulle part tient lieu de socle idéologique et de valeur suprême à l'actuelle Secrétaire nationale du PCF. Marie-George communique directement avec des valeurs (les Droits Naturels) qui sont au-delà de la société. Nous dirions dans un vocabulaire un peu compliqué que notre Marie-George "transcende", elle est au-dessus des classes, et de l'histoire de toute société. Son " Dieu " s'appelle " Khofhi ", son église " l'ONU ", son message " le droit de l'hommisme ". Impérialisme est un mot que Marie-George ne connaît pas, exploitation, non plus.

4ème phrase, premier paragraphe : 
 
                        " Ces droits sont assortis de façon inaliénable à la condition de l'être humain ".
 
Nous connaissons maintenant les références idéologiques de notre Marie-George, elles ont pour noms Sartre et Camus. Son " credo " doit lui être fourni par une lecture régulière de la revue Esprit, ou par les revues d'Educations Populaires du christianisme social (Sangnier et ses continuateurs). Arrivé à ce stade de lecture du document, quatre phrases, quatre perles humanistes de trans-classisme, digne d'une vraie démocrate chrétienne, tout militant communiste digne de ce nom peut légitimement se demander s'il est bien utile de continuer. Cela n'aurait qu'un intérêt anecdotique et symptomatique, s'il n'y avait ces jours-ci la possibilité de se souvenir, qu'il y a trente ans, un même débat avait déjà eu lieu alors que se mettait en place toutes les conditions qui allaient conduire à la destruction orchestrée du Parti communiste, faisant passer le parti de 20 % de l'électorat à moins de 6 %, divisant par six le nombre d'adhérents. On se souviendra que sévissait alors à la tête du parti, le " camarade " Marchais (Celui là même qui a fait Roi le "camarade" Hue ).
En ce temps-là, un certain Louis Althusser répliquait à un frère en humanisme bourgeois de Marie-George, le philosophe " communiste " anglais John Lewis, (l'un de ceux sans doute, dont la brillante présence au sein de ce parti a conduit à le faire pratiquement disparaître à l'époque) :
" Le bonhomme de J. Lewis est un petit dieu laïc qui est comme tout le monde, je veux dire comme tous les êtres vivants, dans le bain, mais qui est doté d'un formidable pouvoir de liberté de sortir à chaque instant la tête hors de l'eau et de changer le niveau de l'eau, un petit dieu sartrien en situation dans l'histoire, doté du pouvoir inouï de dépasser toute situation et de dominer toute situation toute servitude de résoudre toutes les difficultés de l'histoire et d'aller vers les surlendemains qui chantent de la révolution humaine et socialiste… "[5]​

Marie George n'en est même plus au niveau de J. Lewis. Pour elle, il s'agit de faire des enfants des milieux populaires des enfants dociles, parce que mieux intégrés aux " valeurs de la République ". On pourra toujours lui demander : quelles " valeurs " et quelle " République " ? Mais c'est une question qui doit dépasser son niveau d'entendement.  
On peut, par contre, soupçonner le véritable auteur de cette prose de savoir, lui, ce qu'il veut exactement. Si Marie-George l'avait écrite directement, elle aurait sûrement fait plus attention à ne pas oublier la dimension " sociale " car nos brillants dirigeants, quand ils ne savent plus quoi dire, n'oublient jamais d'entonner le refrain du " social ", sans doute pour mieux cacher leur reniement d'un processus conduisant à la révolution socialiste.

 
Louis Althusser poursuit : 
                       " L'homme (de J. Lewis) est par essence un animal révolutionnaire parce qu'il est un animal libre" .
 
Une thèse voisine est présente dans le texte de Marie-George, par son incessant recours au terme ""d'individu". qui est la reprise de celui d'animal pour désigner l'espèce chez les hommes.
 
C'est un concept dont nous avions l'innocence de croire qu'il avait disparu du vocabulaire des militants communistes. En effet, depuis 1966 et le Comité central d'Argenteuil, qui vit la victoire du courant centriste représenté à l'époque par Lucien Sève et son concept de " personnalité ", l'accord des centristes et des droitiers de la direction (le tristement célèbre Roger Garaudy, partisan à cette époque de " l'humanisme total ", le véritable maître à penser des actuels nègres du Secrétariat national avec la reprise à peine transformé de ses concepts  " l'Humain d'abord ! "), se fit aux dépens de la gauche du parti.

La gauche soutenait la thèse althussérienne de " l'assujettissement ". Pour rappeler rapidement les enjeux, nous dirions que cette thèse nie que dans une société capitaliste, même constituée d'individus " s'interpellant " en sujets libres, ils aient la moindre chance de l'être vraiment (ce que sont venues confirmer les études sociologiques de Pierre Bourdieu et de son équipe sur des thématiques aussi variées que; le choix des couleurs, le choix du conjoint etc. (Revue Acte de la Recherche en Sciences Sociales). A l'opposé la thèse de " l'individu ", issue du comportementalisme et du biopsychologique, était à l'époque encore très marquée par " ses récupérations " par les systèmes policiers russes et américains (notamment le darwinisme eugéniste américain, et le pavlovisme russe). Le Philosophe G. Canguilhem disait de la psychologie de cette époque, qu'elle "fleurait bon la préfecture de police". En effet, la systématisation des études de psychologie individuelle a été en partie le fait des commandes des services de police, avec la mise en place des fiches anthropométriques et morpho-psychologiques, la police c'est bien connu, n' interpellant jamais que des " individus ", (indiquant par la même, que pour l'appareil d'Etat capitaliste, le doute n'est pas permis, c'est bien lui qui fixe la personnalité par attribution (assujettissement) d'un "nom" par état civil. de même en est-il, de l'enfermement psychiatrique par ses institutions que sont les hôpitaux cherchant à la demande des pouvoirs publics à prévenir la société des débordements " d'individus " jugés dangereux (voir toute l'œuvre de Michel Foucault).
Apparemment, cette histoire là, notre Marie-George l'ignore ; pas de passé = pas d'histoire.

 
C'est pratiquement tout le livre d'Althusser qu'il faudrait reproduire pour répondre à notre Marie-George. Mais je ne peux résister au plaisir de vous citer encore quelques perles présentes dans son intervention :

 

  - " L'affirmation d'une laïcité ouverte est la condition d'une république vivante et dont les citoyennes et citoyens se sentent partie prenante et propriétaires." (p. 4)
 
           L'idéal de notre profonde "philosophe" est l'idéal bourgeois du citoyen - propriétaire.

 

 -" La laïcité fait de la république un espace accueillant toutes les représentations du monde dès lors qu'elles ne contestent pas son principe "
 
            Vive donc la laïcité garante de toutes les idéologies, de l'ordre et de la stabilité bourgeoise !
 
         -" La Laïcité, légitime l'existence (par sa reconnaissance) des corps intermédiaires "
 
    Autrement dit, vive la société civile libérale bourgeoise, l'institutionnalisme et ses corps constitués ! etc., etc.
 

Face à un tel déferlement de valeurs, inspirées des meilleures intentions " humanistes " et petites- bourgeoises du monde, et recopiées d'une conception idéologique qui ne correspond plus à la réalité, un peu d'histoire et de pédagogie s'imposent.

 
La Laïcité, comme tous les impératifs catégoriques humanistes bourgeois (Liberté, Égalité, Fraternité, Citoyenneté etc.), ont eu leurs heures de gloire durant la Révolution française ainsi que dans toutes les révolutions bourgeoises depuis 1789, en 1830 comme en 1848. Nous ne ferons pas l'injure de rappeler à nos brillants dirigeants que, depuis la Commune de Paris de 1871 (première révolution authentiquement prolétarienne), pour tout militant marxiste conséquent, nous avons changé de période ! Nous n'en sommes plus à assumer les tâches libérales bourgeoises, mais au contraire à montrer que derrières chacun de ses mots d'ordre se dissimule la réalité de la dictature de la bourgeoisie "libérale". Voilà pourquoi, un certain Karl Marx décida dans sa préface célèbre de (1872), de rectifier son texte, Le Manifeste du Parti Communiste.
Avec la commune de Paris, qui démontra, qu'au nom de la liberté d'entreprendre et la liberté de posséder (inscrites dans les constitutions de 1789, 1791 etc.), la férocité du capital existe, et qu'il sait la déchaîner pour sauver son système, depuis cette période, il n'existe qu'une seule réponse qui vaille, celle de la liberté du prolétariat d'exercer sa dictature.


 

Toute l'œuvre de Lénine est basée sur cette rectification, et sur le fait que le passage du capitalisme libéral concurrentiel, au monopolisme impérialiste, change fondamentalement la nature du système et donc la nature du combat à mener dans les métropoles impérialistes, car elle change totalement la personnalité du sujet économique dominant, en en faisant pour la classe ouvrière un sujet pluriel : le travailleur collectif. 

 

Les tâches démocratiques sont derrières nous, combattre pour restaurer les valeurs individualistes du 18ème siècle (le fameux siècle des Lumières), c'est développer une idéologie tournée vers le passé, et donc jouer un rôle à tout le moins conservateur, et quand la remise en selle de ces valeurs sert à nier la nécessité de la révolution, c'est jouer un rôle réactionnaire ! C'est ce que dit très clairement Lénine dans son ouvrage : " La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky ". Il réaffirme son choix, à propos de deux autres impératifs catégoriques, " la Dictature " et " la Démocratie ". Pour lui, il faut toujours se poser la question : pour qui ? Et non opposer de façon idéaliste des valeurs entre elles, comme le fait Karl Kautsky, dans son ouvrage " La dictature du prolétariat ", qui constitue la véritable source d'inspiration des tenants du 22ème Congrès de notre parti, ouvrage dont le parti n'a jamais parlé et pour cause tout le discours de Marchais en est un pur plagiat. Nous sommes donc habilités à traiter Marie-George de " renégate-révisionniste ", C'est le terme utilisé par Lénine dans ce livre pour désigner Kautsky, qui pourtant produit là un texte d'une tout autre qualité que la bouillie idéologique que nous ont servi les dirigeants du parti de l'époque.
Pour notre malheur, un certain Staline a utilisé cette invective à toutes les sauces, mais avouons qu'il y a, parfois, pas de mal à se faire du bien.


                                                                                  P. M.
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[1] Disponible sur le site officiel du Pcf.

 

[2] " L'École Capitaliste en France " de Baudelot et Establet (coll. Maspéro, 1971) : est un ouvrage qui garde encore toute son importance pour qui veut comprendre le mode de fonctionnement du premier appareil idéologique d'État, celui qui joue un rôle central dans l'inculcation des valeurs bourgeoises : " l'Ecole ".
 
[3] l'idéologie "radicale" bourgeoise s'exprime pour sa forme la plus progressiste de la façon la plus transparente, à travers le courant politique moderne qu'est le jauressisme, forme socialisante du républicanisme et du droit de l'hommisme. Dans les courants politiques c'est sans doute, le vieux Radical-Socialisme qui en est l'expression la plus transparente. Avant de fusionner avec les guesdistes, les jauréssistes formaient une tendance social-démocrate de droite proche de ce point de vue. C'est un courant qui reste extrêmement intéressant à analyser, il a joué et joue encore un rôle important dans l'histoire de notre pays. Il survit aujourd'hui et connaît même un second souffle dans le courant dit " souverainiste ". Diabolisé par Trotski, au moment du Front Populaire, qui y voit l'idéologie de toutes les trahisons (" pas d'alliance entre mouvement ouvrier et courant démocratique bourgeois "), il est aujourd'hui porté par un courant au sein de la mouvance trotskiste, Le P.T (aujourd'hui P.O.I), qui 40 ans auparavant s'était spécialisé dans la chasse aux Radicaux de Gauche, comme symboles de toutes les turpitudes et de toutes les trahisons de l'Union de la Gauche. Encore l'un des nombreux exemples, du parcours pour le moins sinueux de " l'étrange " monsieur Lambert, qui n'hésitait pas dans le même temps à faire entrer ses militants au sein de la franc-maçonnerie ou encore de La Libre Pensée, hauts lieux de concentration, s'il en est, de socialistes et de radicaux, tous excellents républicains, démocrates, sociaux.
 
Nous rappellerons pour mémoire aux camarades " laïcs " que les militants communistes appliquent non seulement les 21 conditions d'adhésion à l'Internationale Communiste, définies par Lénine, mais aussi la 22ième spécialement conçue pour nous, par lui : " pas de francs-maçons chez nous ", pas de Laïcité, mais soutien total au matérialisme athée !
 
L'idéologie du " citoyen " Robespierre, assassin de l'aile gauche de la révolution (Les hébertistes), combattant acharné des philosophes matérialistes, partisan d'un dieu sans " Dieu " (le culte de l'être suprême) et de son triangle déiste des francs-macs, cette idéologie petite-bourgeoise, a joué au stade du développement concurrentiel du capital, un rôle révolutionnaire éminemment progressiste, reconnu comme tel par Lénine. Depuis 1848 et l'opposition entre le drapeau bleu-blanc-rouge et le drapeau rouge (refusé par Lamartine comme drapeau national), et surtout depuis l'écrasement de la commune de Paris en 1871, avec l'aval d'une partie du socialisme bourgeois, dont Louis Blanc, George Sand etc. tel n'est plus le cas.

[4] Nous ne pouvons que renvoyer ceux que cela intéresse à sa critique de Rosa Luxemburg dans « L'autonomie et la question nationale » (Temps des Cerises éditeur), qui contient de bonnes références sur les pseudo- courants socialistes et ce que tout marxiste doit penser des impératifs catégoriques, mais aussi de la pseudo défense des "droits" et de la catégorie de sujet de droit. Voir sur ce site Luxemburg et le sujet de droit.

[5] Voire l'extrait joint de Louis Althusser, " Réponse à John Lewis " coll. Théorie Maspéro, 1973 - p26
 
" J.Lewis : " L'Homme fait l'histoire en " transcendant " l'Histoire "
Le Marxiste - Léniniste : " La Lutte des classes est le moteur de l'histoire " (Thèse du Manifeste communiste " 1847). Ici les choses deviennent extrêmement intéressante. Car le M.L met en pièces le système philosophique de J. Lewis. Comment ?
J. Lewis disait : " C'est l'homme qui fait l'histoire " le M.L vient de répondre " ce sont les masses. "
Mais si on en reste là, on a l'impression que le M.L donne une réponse différente, mais à une même question. Cette question c'est qui fait l'histoire ?
Cette question présuppose donc que l'histoire est le résultat de l'action (faire) d'un sujet (qui ?) Pour J. Lewis, ce sujet c'est " l'Homme ".Pour le M-L ce sujet ce sont les masses.
Oui et non….
Un sujet, c'est un être dont on peut dire " c'est lui ! ". Le " sujet " masses comme faire pour dire " c'est lui " ?
Justement la Thèse du Manifeste : " la lutte des classes est le moteur de l'histoire " déplace la question, elle nous met face à un problème (et du principe de sa position juste, donc de sa solution). Ce sont les masses qui " font " l'histoire, mais c'est la lutte des classes qui est le moteur de l'histoire. A la question de J. Lewis : comment l'homme fait pour faire l'histoire ? Le M-L répond en faisant disparaître les catégories philosophiques idéalistes de J. Lewis pour en faire apparaître d'autres.
Plus question de l'homme on le sait, mais dans " la lutte des classes est le moteur de l'histoire " plus question de " faire " l'histoire. C'est-à-dire plus question du sujet de l'histoire, qu'est- ce qui " fait " l'histoire?
( notre commentaire : L. Althusser nous dit que, le marxisme n'est pas un psychologisme, ce n'est pas l'individu qui fait l'histoire - P. M. -)

Le M.L nous dit autre chose : c'est la lutte des classes (nouveau concept) qui est le moteur (nouveau concept) de l'histoire - qui meut, qui fait avancer, " bouger " l'histoire : et accomplit les révolutions. Cette thèse est d'une très grande importance : parce qu'elle met au premier rang : la lutte des classes
Dans la thèse précédente : " ce sont les masses qui font l'histoire " on met l'accent :
1) sur les classes exploitées groupées autour de la classe.
2) sur leur puissance de transformation révolutionnaire des rapports sociaux. C'était donc les masses qui étaient au premier rang.
Dans la thèse du Manifeste ce qui vient au premier rang, ce ne sont plus seulement les classes exploitées etc. mais la lutte des classes. Il faut bien voir que cette thèse est décisive pour le marxisme-léninisme. Car elle trace une ligne de démarcation radicale entre révolutionnaires et réformistes. Je vais simplifier les choses à l'extrême, mais je ne trahis pas l'essentiel.
Pour les réformistes (même s'ils se déclarent marxistes) ce n'est pas la lutte des classes qui est au premier rang : ce sont les classes. Prenons un exemple simple supposons qu'il n'existe que deux classes en présence. Pour le réformiste, les classes existent avant la lutte des classes,

(notre Commentaire : Louis Althusser nous rappelle que chercher à représenter les classes sociales, avant de s'intéresser à leur éventuelle conflictualité, nourrit le réformisme. Ceci signifie que le sociologisme est le produit du réformisme, que le sociologisme a bien pour fonction de traiter d'un point de vue bourgeois de la lutte des classes. Emile Durkheim, Père de la sociologie ne s'en cachait d'ailleurs pas, Il voulait que cette " science " soit une réponse au marxisme, Max Weber aussi - Le marxisme n'est pas un sociologisme - P. M.)


 
Pour les révolutionnaires au contraire, on ne peut séparer les classes de la lutte des classes. La lutte des classes et l'existence des classes sont une seule et même chose. Pour qu'il y ait des classes dans une " société ", il faut que la société soit divisée en classes : cette division ne se fait pas après coup, c'est l'exploitation d'une classe par une autre, c'est donc la lutte des classes, qui constitue la division en classes. Car l'exploitation est déjà lutte de classe. Il faut donc partir de la lutte des classes, pour comprendre l'existence et la nature des classes. Il faut donc mettre la lutte des classes au premier rang.
note de bas de page
[La thèse de la reconnaissance de l'existence des classes sociales et la lutte des classes qui s'ensuit n'est pas le propre du marxisme-léninisme : car elle met les classes au premier rang, et la lutte des classes en second.
Un peu comme deux équipes de rugby existent, chacune de son côté, avant le match. Chaque classe existe dans son propre camp, elle vit dans ses propres conditions d'existence : une classe peut même exploiter l'autre, mais ce n'est pas encore la lutte des classes. Un jour, les deux classes se rencontrent et s'affrontent, et alors seulement la lutte de classe commence. Elles en viennent aux mains, le combat devient aigu et finalement la classe exploitée l'emporte sur l'autre : c'est la révolution - ou succombe dans la lutte : c'est la contre-révolution. Qu'on retourne la chose comme on voudra, on trouvera toujours la même idée : les classes existent avant la lutte des classes, indépendamment de la lutte des classes et la lutte des classes existe seulement après. 
La thèse marxiste-léniniste au contraire met la lutte des classes au premier rang. Philosophiquement, cela veut dire : elle affirme le primat de la contradiction sur les contraires qui s'affrontent, qui s'opposent.
La lutte des classes n'est pas l'effet dérivé de l'existence des classes qui existeraient antérieurement (en droit et en fait) à leur lutte : la lutte des classes est la forme historique de la contradiction (interne à un mode de production) qui divise les classes en classes". Louis Althusser - Réponse à John Lewis.

 

(D.C.O) 

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