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     Le marxisme et les droits :

  naturels, privés, publics, collectifs

Le droit collectif est la dernière branche historique apparue du droit. Il se veut prise en compte de l’expression des droits d’une communauté, d’une minorité ou d’une collectivité. Il recouvre jusqu’ à ce jour, le droit des peuples sans Etats, des minorités de genre sans pouvoir(s) (sexuels, régionaux, linguistiques, culturels, etc.), ou des dominés aux seins des lieux de production, droits des travailleurs (conventions collectives, etc.).

 

Certains auteurs assimilent parfois à du droit collectif  le « droit-créance » qui prend en compte l’intervention des pouvoirs publics au bénéfice de catégories, groupes, minorités, en situation de fragilité ou d’impossibilité d’exercice d’un « droit- liberté », droit subjectif, qui s’adresse essentiellement aux individus.

 

 

En tant que le marxisme se définit comme expression politique d’une classe sociale, la classe ouvrière, pour un projet commun, celui de devenir classe régnante et pour cela dominante, il est légitimement fondé à revendiquer, pour cette classe, un droit qui en exprime les intérêts historiques. La source de ce droit peut-être trouvée dans la dernière branche historique du droit, le droit collectif, dépassement dialectique des droits publics, droits- créances, droits des minorités ou « collectivités », posant ainsi les fondements d’une propriété collective des moyens de production. A nos yeux, ce nouveau droit Collectif, remanié et reconstruit, doit être aujourd’ hui considéré comme la forme aboutie du projet marxiste, en vue de l’instauration du communisme, société sans classes et sans Etat. Ceci bien que Marx, qui vécu à une période antérieure à ces premières caractérisations, ne se soit intéresser qu’au droit privé ou public comme droits sociaux et sociétaux.

En s’opposant au droit individuel naturel, éternel, garantissant le droit de propriété privée des moyens de production, les marxistes sont intéressés au développement et à l’aboutissement de la mise en œuvre d’un tel droit comme projet social lui faisant suite, de même qu’au droit public dont il peut prétendre constituer un dépassement. Il s’agit en effet d’essayer de poser les conditions d’un droit correspondant à la phase historique du Communisme comme : « Une union de nations, culturellement, sociologiquement, économiquement homogènes, sans Etats ». Autrement dit d’exprimer le mouvement historique qui va de la propriété privée des moyens de production et son droit naturel, à la propriété publique base d’expression juridique du pouvoir d’Etat et du pouvoir institutionnel, puis à son déclin en un droit collectif homogénéisant les différentes catégories sociales, économiques, et culturelles, en une classe unique formant un peuple sans Etat.

 

L’historicisme des droits, fait du marxisme un courant philosophique partisan et défenseur intransigeant du positivisme et de l’objectivisme du droit à travers la catégorie conceptuelle du Sujet de Droit. Le marxisme serait unilatéralement intéressé aux modes d’assujettissements des individus singuliers, en tant que toute l’histoire humaine et sociale est l’histoire des formes historiques de soumission aux normes sociales du groupe comme société. Et donc dans sa forme moderne, aux pouvoirs publics. Cette vision déformée et idéologiquement intentionné de la théorie marxiste, confond volontairement deux choses : son constat, issu de son analyse, et son projet. Rendre compte des formes historiques d’une réalité ne veut pas dire qu’on en devient le chantre ; nous considérons, que le marxisme en est plus fondamentalement l’historien, voire l’anthropologue ou l’ethnologue, bien plus que le thuriféraire. Que le droit émane de la puissance politique, de ses formes d’expressions historiques : le clan, la horde (le droit coutumier) mais aussi de L’Etat et la puissance publique (la Règle de Droit), que tous tendent à mettre en avant la prééminence de la Loi, comme émanation d’une domination, d’un pouvoir, (spirituels ou matériels : Dieu, Roi, ou classe dominante). d’une « Idée » de l’expression communautaire, incarnant l’intérêt commun (une nation, un clan, une ethnie, une catégorie, un genre, qui transcendent l’expression du sujet individuel singulier), c’est cela que le marxisme reconnaît comme opposable au droit naturel, dans sa prétention à être l’unique expression du droit subjectif, tel qu’il s’incarne par exemple dans la Common Law anglo-saxonne. Cependant le marxisme ne nie pas la singularité du sujet de droit, par son unicité il est aussi manifestation d’un droit subjectif, simplement il ne les relie pas à un droit naturel, forme biologique d’expression de l’individualité, mais à la forme particulière que revêt cette dernière en tant que « personnalité », c'est-à-dire comme incarnation de l’ensemble des relations et rapports sociaux, et en particulier du rapport politique à travers cette réalité historique que constitue la citoyenneté. La citoyenneté qui seule permet de définir (inclure comme exclure) par une mise en œuvre singulière d’un acteur-sujet de la cité, en ses divers liens avec un lieu, un milieu ou un environnement, le sujet de droit. Il n’y a de citoyenneté que par concentration de population formant une communauté, au moyen d’un marché, d’une production, mais aussi d’institutions, qui encadrent et contrôlent le tout.

 

 

« Il va de soit que lorsque certaines fonctions et activités sont désignées comme fonctions et activité de l’Etat, comme affaires publiques et comme pouvoirs publics, elles ne peuvent être que propriété d’Etat et non propriété privée. C’est une tautologie.

Les fonctions et les activités de l’Etat sont attachées à des individus (L’Etat n’est actif que par l’intermédiaire des individus), non pas à l’individu physique, mais à l’individu en tant que relevant de l’Etat (staatsindividuum), pris dans sa qualité de membre de l’Etat. Il est donc ridicule que Hegel dise « qu’elles ont un lien purement extérieur et fortuit avec la personnalité comme telle » Elles y sont liées plutôt par un vinculum substantiale (lien substantiel) par une qualité essentielle de l’individu. Cette absurdité vient de ce que Hegel considère les  fonctions et les activités de l’Etat d’une manière abstraite comme si elles constituaient un domaine indépendant (für sich - pour soi) et opposé à l’individualité ; mais il oublie que l’individualité particulière est une individualité humaine et que les activités et les fonctions de l’Etat sont des affaires humaines ; il oublie que l’essence de « la personnalité particulière », n’est pas sa barbe, son sang, sa nature physique abstraite, mais sa qualité sociale, et que les fonctions et les activités de l’Etat ne sont rien d’autre que des modes d’existence et d’activité des qualités sociales des hommes. En ce sens, il va de soi que les individus en tant que représentants des fonctions publiques et des pouvoirs publics doivent être considérés d’après leur qualité sociale et non d’après leur qualité particulière. » p. 64 – K  Marx, critique du droit politique Hégélien- édition Allia 2010.

 

 

Les écrits de Marx portant sur le droit comme « thèses » sont essentiellement issus de ses œuvres de jeunesse. On voit clairement dans cet extrait qu’il établit un lien entre circulation et sujet de droit, donc qu’il définit le droit comme produit des « relations » sociales. A ce stade, il pense donc la possible résolution de ses contradictions, dans les catégories qui fondent le Républicanisme, mais à la différence du libéralisme bourgeois et de son droit subjectif naturel, des catégories qui débouchent naturellement sur le Social-Démocratisme, ce n’est pas le sujet biologique singulier qui l’intéresse mais l’être social. Il ne pose pas encore ici, la question des « rapports » sociaux comme assujettissement et l’inversion du rôle des institutions sur la personnalité du citoyen, qu’ils produisent. La question du dépérissement de l’Etat est donc encore peu présente, celle de la construction d’un droit collectif reste, ici, à construire.

Le marxisme et le droit

face aux 3 phases du Progressisme :

Républicanisme, Social- Démocratisme, Communisme

- Le stade du Républicanisme et l’Etat de  droit sociétal :

 

 L'égalité pré-républicaine, issue de la Révolution française de 1789, instaure un droit pour tous ses citoyens à être égaux devant la loi. Cette égalité de droit modifie l’accès à la définition de la souveraineté pour ses ressortissants, la citoyenneté qui fonde la France comme société ayant un destin commun n’est plus construite sur des Ordres, mais sur les qualités et propriétés personnelles d’individus réunis en un même espace, la nation, gouvernés par une même entité l’Etat. Le sujet du royaume y devient le citoyen d’une nouvelle méta-collectivité qu’il lui reste volontairement à définir et à construire. De cette première constitution, basée sur ce qui constitue la dissolution des ordres anciens et sa justification spirituelle nait un nouvel Etat-Nation français, une République « une et indivisible » [Constitutions de 1791, 1793] formée de citoyens qui doivent à leur tour remettre en cause d’autres ordres  faussement naturels, pré-républicains, les ordres de Genre (1). Il s’agit maintenant de s’attaquer aux divisions géographiques, historiques, ethniques, religieuses, sexuelles, économiques etc. pour aboutir à une véritable égalité de droit (et de devoir) basée sur le respect de la liberté individuelle : les Hommes (i.e : le genre humain) naissant et demeurant libres et égaux en droit.

 

Pour permettre et réaliser une telle définition, cela nécessite que l’Etat, qui est l’expression d’une volonté politique et d’une souveraineté commune sur un même territoire, respecte le principe de neutralité vis-à-vis des contradictions induites par la question des genres, notamment en matière religieuse. L’Etat doit donc appliquer un principe de Laïcité (2).

 

La Laïcité ou principe d’égalité et de neutralité républicaine et juridique, de la part des pouvoirs publics, concerne donc l’ensemble des genres : sexuels, ethniques, religieux, linguistiques, économiques (libre circulation des hommes et des capitaux) etc. Elle permet la mise en œuvre de la démocratie politique, qui oblige au libre mandat électif, principe de gouvernance de la collectivité. Comme principe elle s’applique peu à peu par des victoires populaires et démocratiques, notamment avec la fameuse loi de 1905 qui consacre uniquement la Laïcité appliquée aux faits religieux.

 

Le stade premier du Républicanisme fixe donc le droit comme s’adressant uniquement aux individus. C’est ensuite par leur agrégation, que ces droits individuels, y deviennent communs voire collectifs. Un droit, dit naturel, fixe les relations entre les individus qui se définissent par leur capacité à acquérir une « personnalité » composée de l’ensemble des caractéristiques qui les constituent et qui deviennent leur « patrimoine » [psychologisme]. Mais cette acquisition apparaît comme le fruit de relations naturelles, reconnues ou inconnues, qui certes se différencient et donc par là peuvent dans certaines occasions s’opposer, mais où aucune ne joue un rôle « déterminant » en dernière instance.

 

 

Ainsi l’histoire de la société française apparaît comme une lutte contre le déterminisme et la soumission à une structure d’ordre (les 3 ordres) déterminée en dernière instance par le spirituel et incarnée en une seule personnalité (Le Roi ou Etat). Il y a donc bien un système, basé sur un rapport, une soumission inconsciente à un pouvoir temporel par identification à volonté spirituelle. La liberté de l’individu base du Républicanisme y devient la lutte contre ce type de déterminisme, au profit de son libre choix à établir une relation avec ses égaux.

 

C’est pourquoi selon moi, il convient d’utiliser le concept de « sociétal » (3) comme représentant du courant idéologique qui veut qu’il existe un lien direct entre l’individu et ses institutions, l’existence d’une collectivité en étant la résultante. A l’opposé,  réserver le concept de « social » (4) à la définition qui veut que ce soit la grégarité de l’individu qui l’oblige à rentrer en relations, constituant un ensemble de collectivités, d’organisations, qui pour assurer leur permanence se transforment en Institutions (dont l’Etat).

 

Autrement dit, le premier courant considère que le statut d’agent (économique et social) résulte d’une subordination issue d’un assujettissement produit du fait institutionnel, instaurant ainsi un lien sociétal médié par les places attribuées dans les institutions (Appareils fonctionnels, répressifs, idéologiques, etc., d’Etat).

Le second courant, lui, considère que le statut d’agent est le fruit d’un « lien social », analogon ou calque d’une relation « naturelle » entre individus mais qui ne s’y réduit pas. Ce lien social résulte d’un « socius » qui en favorise l’émergence et en reconnait les qualités (fonctionnalisme) sans jamais toutefois se transformer en systémie. Les catégories ainsi mobilisées sont issues d’attributs de l’individu, sa grégarité, son empathie, tout comme de sa dépendance, sa nécessité (notamment de se nourrir, vêtir, loger, soigner, etc.) qui le font entrer en relation avec autrui. Pour ce dernier courant, c’est dans la psychologie individuelle que se tient le secret des faits de société, et c’est à travers des lunettes psychologiques, qu’il convient d’aborder toutes les questions de sociologie ou d’économie. Cette approche est à l’origine d’une nouvelle théorie « scientifique » la psycho-sociologie ou psychologie sociale.

 

A l’opposé, le premier courant, soit se méfie totalement de tout rapport avec la psychologie pour expliqué les faits sociologiques, culturels ou économiques, soit cherche à inverser le sens de lecture de la détermination en analysant le type de personnalité produit par un type de rapport sociétal issu des institutions. Face à la crise de la psychologie sociale, il a cherché à créer une socio-psychologie.

 

 

Le redécoupage auquel procède cet article, va à l’encontre de l’idée « spontanée », que  l’auteur de cet article a lui-même partagée et que traduisent un certain nombre de textes encore présents sur ce site : le concept de Sociétal porterait essentiellement sur la question des genres, autrement dit de pures catégories ou sociologiques, ou idéologico-culturelles, mais que l’économie n’étant pas un genre, les catégories qui en composent le fonctionnement relèveraient uniquement du Social ( psychologisme).

C’est en essayant d’approfondir ma représentation du Politique, pour mieux armer ma pratique de la politique, que la nécessité de reconstruire une représentation du tout, de la totalité, m’a fait prendre conscience de ce truisme, déjà définit par le courant marxiste et léniniste, mais trop souvent mal explicité. Considérer que l’Economie relève du Social, autrement-dit de la relation « psychologique » des coéchangistes, c’est de « l’Economisme » courant idéologique que dénoncent précisément les communistes conséquents.

 

Or l’Economie n’est un fait social qu’au regard des lois du marché (circulation), car la marchandise « force de travail » est achetée (relation) à sa valeur. Dans le procès de travail, c’est-à-dire sous structuration d’une « organisation », ici l’Entreprise, cette même force travail devient un fait sociétal, une extorsion (rapport) de productivité par soumission à la division du travail. 

 

 

C’est en partant de ce constat, que Marx remet en cause l’illusion bourgeoise du républicanisme individualiste à prétendre qu’au travers de sa constitution et de son droit, celui-ci libère le sujet en en faisant un individu, libre de ses choix et de sa volonté par reconnaissance d’un droit naturel. Le libéralisme permettrait ainsi de faire du sujet sociétal un individu social. Le déterminisme y fait place au hasard et à la liberté. En réalité comme l’ont montré les historiens du droit, la relation juridique est calquée largement sur la relation marchande, ses illusions en reproduisent les effets inconscients. Il n’y aurait plus d’effet sociétal car il n’y aurait plus de détermination en dernière instance par le spirituel comme expression symbolique, du féodalisme et du monarchisme. Certes, ce dernier ne constitue plus un masque de domination, mais comme le montre Marx, c’est le matériel, le temporel, qui via l’économique impose désormais son déterminisme. L’utilisation de la force de travail est le nouveau déterminisme qui transforme le social de la relation marchande, la libre circulation des hommes et des capitaux, fait symbolique de société, en exploitation de l’homme par l’homme, en système capitaliste.  

 

On peut considérer que le courant de la socialisation est à l’origine du « fonctionnalisme ». Le besoin de régulation de la vie des individus en groupe « crée » les institutions, leur besoin de gouvernance « crée » l’Etat et ses dépendances. Inversement, on peut considérer que le courant de la sociétisation débouche sur le « structuralisme » et ses études sur les collectivités, les institutions, leur autonomie, différentiation, hiérarchisation (par exemple entre superstructures et infrastructure) et les marques quelles impriment sur les personnes via le statut d’agent qu’elles leur attribuent.

 

Dans le premier modèle, celui de l’acteur social, la fonction définit un rôle qui crée le statut. Dans le second modèle, celui de l’agent sociétal, la structure attribue un statut, assujetti à des fonctions, qui définissent un rôle.

 

La combinaison entre fonctionnalisme et structuralisme débouchant sur la possible existence d’un « systémisme », à dénoncer, pour le courant des « relations humaines » ou à subvertir pour le courant des « rapports sociaux ».  

 

La droite républicaine cherche à maintenir le droit dans la seule acceptation des relations sociales. Tous les droits doivent être considérés comme des sous-catégories du droit individuel, ou naturel, comportant une forte dimension de subjectivité (intérêt personnel). Ce n’est que dans un minimum de fonctions régaliennes de l’Etat et des pouvoirs publics, tournant autour de la sécurité des biens et des personnes, que celle-ci au contraire fait de la force publique, L’Etat gendarme, un idéal inattaquable. Elles transforment la fonction répressive en un absolu immuable, l’individu doit se soumettre à des institutions. Elle retrouve ici le conservatisme de l’ancien ordre social, le féodalisme. La fonction répressive est idéalisée, par subjectivisation, au moyen d’un vénérer leader, expression d’un pouvoir personnel (Monarchisme, monarchisme républicain), très souvent oint d’une puissance spirituelle (Le tout puissant [théocratie], ou version laïque, la perpétuation de l’Etat-Nation, la perpétuation de la « France », aussi bien assumée par la monarchie que par la république).  

 

La Droite Républicaine : agrège ce que la Science politique a regroupé sous le vocable des 3 droites : La Bonapartiste, la Légitimiste, L’Orléaniste.

Elles constituent un dégradé des principes énoncés ci-dessus, où l’individu par ses seules vertus peut et doit incarner la puissance publique.

Ces droites vont d’une absolutisation de la violence symbolique (et historiquement réelle) du pouvoir d’Etat, à travers la gouvernance d’un seul individu [Bonapartisme], au partage des rôles entre pouvoir personnel, Monarchisme Républicain ou extra-républicain (Monarchie constitutionnelle) et pouvoir de la classe dominante (Bourgeoisie-Capitaliste) [Légitimisme], et dans une troisième forme d’expression, elles préfèrent un rééquilibrage entre expression personnelle du pouvoir d’Etat et gouvernance réelle de la société. Il s’agit là de faire du monarque républicain, l’arbitre de la lutte qui existe entre la classe dominante (la fraction haute de la bourgeoisie -capitaliste) et la classe régnante ( la totalité de la bourgeoisie, au pouvoir depuis 1789), cela se traduit par une tentative d’exercice d’équilibre entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif, afin de faire respecter le principe de libre circulation des hommes et des capitaux [Orléanisme]. L’objectif étant de permettre un renouvellement des élites, entre dominants et régnants, afin que ce système de classe ne se transforme pas en caste.

 

 

Le stade du Social-Démocratisme et l’Etat de droit social :

 

La prise en compte de communautés, collectifs ou de collectivités, qui ne se réduisent pas à un agrégat d’individus, de même que celle du droit des personnes n’entrant pas dans les cases du droit individuel indifférencié entre dans les causes qui voient apparaître un droit social.

 

Le droit social, dont le droit public est l’expression la plus achevée, hésite entre un droit public produit du droit privé un droit public produit du droit collectif.

 

Le concept de catégorie sociale est à la jonction de l’individuel et du collectif. Qu’est-ce qu’un phénomène social, c’est une réalité qui analyse la jonction entre un individu et son environnement.

Elle peut être conçue comme une « relation », en ce cas se sont des mécanismes propres à l’homme, l’individu de genre, qui expliquent son comportement. L’intérêt individuel guide sa rationalité et conduit à un comportement calculateur. Le collectif y devient le produit d’une meilleure économicité des sujets qui le composent en vue d’une plus grande efficacité. Le « public » découle d’une agrégation d’intérêts privés. Le droit public est une forme particulière de droit privé.

 

A l’opposé le sociétal (5) peut-être conçu comme résultant d’un « rapport », ce n’est plus l’individu et ses qualités qui impriment ses marques pour faire société, mais c’est au contraire la société qui produit une individuation de l’être humain à travers le modèle de sujet social qu’elle promeut. Dans ce cas, la société devient un phénomène (produit de sa réalité comme interface entre sa dimension de sujet et d’objet) issu d’un système mis en place pour la reproduire. Et à la différence d’une société envisagée comme résultant d’une situation relationnelle des individus entre eux, la société y acquière une profondeur, où l’impensé des situations conflictuelles ne provient pas du comportement des individus, mais de mécanismes « inconscients » qui si les individus veulent les comprendre, les obligent à changer de paradigme, d’axes de résolutions des contradictions. Ici les « Organisations » deviennent des « Appareils » qui ne sont pas mus par des intersubjectivités, mais les produits d’une rationalité qui échappent aux volontés subjectives : la rationalité économique. Le fonctionnalisme sous l’effet d’une topique structurelle y devient un système : le système capitaliste.

 

Dès lors une ambiguïté et une erreur centrale peuvent s’imposer aux individus en lutte contre le capitalisme. La lutte pour la « libération » des « individus » est-elle une lutte consistant à rompre avec son statut d’agent économique, d’agent social, pour retrouver une rationalité personnelle hors système, ou est-elle une lutte pour passer à un autre système, une autre rationalité « inconsciente ».

 

La définition libérale-bourgeoise considère que nous ne sommes pas dans un système. Dans la société actuelle, n’existe, pour elle, que des relations. (Relations sociales dans la famille, relations sociales dans l’entreprise, relations sociales dans la cité, etc.) . Pour la bourgeoisie, un individu qui affirme lutter contre le « système » ne donne donc aucune solution et ne répond aucunement aux difficultés des relations sociales que traverse la société. Le débat reste bien entre ceux qui veulent changer de système (ou « changer le système », mais ici aussi c’est très ambigüe) et ceux qui ne veulent faire partie d’aucun système, ou qui prétendent qu’il n’y a jamais eu aucun système. C’est pourquoi l’anarchisme est aussi revendiquer par des gens qui sont des thuriféraires du capitalisme, au nom de la toute puissance du sujet face au système. Les anarcho-libertariens (du type Cohn-Bendit ou Onfray).

 

Marx a défendu deux points de vue, dans sa jeunesse il a été partisan d’une représentation humaine comme lutte pour la libération de l’individu vis-à-vis du système capitaliste, mais aussi de tout système. Au nom de l’humanisme, il a cherché à l’extraire de toutes les contraintes de l’exploitation, mais aussi de l’aliénation à travers l’utilisation critique des auteurs qui l’avaient précédé, socialistes et communistes utopiques (gratuité, partage, don). Durant toute cette période il s’est occupé des conditions de la production à travers les catégories de la répartition et de la circulation. C’est surtout sa critique de la circulation qui a favorisé à l’époque sa vision des rapports d’argent et son rapport au libéralisme comme volonté de sortir de ceux-ci. Marx affirme que la société marchande aliène les rapports humains, par le profit quelle rend possible, elle pervertit l’égalité des échangistes. Les rapports d’argent existent dans tous les systèmes de classes qui se sont succédés, sortir des systèmes de classes c’est donc sortir des rapports d’argent et des sociétés marchandes. Il faut faire retour au système qui les a précédés, au système sans classes et sans argent, le Communisme primitif, mais un communisme primitif actualisé aux conditions de notre époque. On a parlé à propos de cette première période de jeune-marxisme, de période libertaire de Marx, ou de marxisme-révolutionnaire.

 

Puis après avoir connu une période doctrinale, d’entre deux, ce que l’on a appelé ses œuvres de la coupure, il est allé vers un positionnement qui a donné naissance par la suite au léninisme. Bien sûr cette dernière période n’est pas ex-ante des traces de son ancien positionnement, il y fait référence d’abord pour garder une cohérence interne à la construction théorique de son œuvre, surtout quand son nouveau positionnement rencontre des difficultés théoriques. Marx l’avoue joyeusement, le recours à la dialectique, qu’il manie avec maestria, vient suppléer aux insuffisances conceptuelles. Comment peut-on résumer cette nouvelle période, on peut parler à son égard de retour du négatif, de machiavélisme du progrès historique [ « L’Histoire progresse toujours par ses mauvais côtés » K.Marx]. Ainsi en est-il, par exemple, de la dialectique des modes de production. Les modes de production de classes, sont tous basés sur le dégagement d’un surproduit. Surproduit nécessaire, que le communisme primitif rendait aléatoire et inexistant, ce qui mettait les populations en grande fragilité. Autrement dit, nous dit Marx en filagramme, c’est le dégagement d’un surproduit qui a permis de faire sortir les populations du règne de la nécessité. Dès lors, est-ce l’exploitation qui permet le dégagement de ce surproduit qu’il faut supprimer, ou le fait qu’il existe une catégorie sociale qui en vit, qui l’imprime chez d’autres et qui cherche à les réduire ici aussi au règne de la nécessité ?

Avec cette interrogation, c’est l’idée même du communisme qui change de nature, faut-il faire retour, retour à une société sans argent, sans capitaux et sans surplus, ou faut-il mettre à la disposition des masses ce dispositif de telle manière que son exploitation ne se retourne pas contre elles mais leur soit profitable. Autrement dit, le communisme est-il une société sans « classe » ou sans « classes ». Dans le premier cas on voit bien comment un certain état de culture fait retour à un état de nature (le droit naturel), le salarié exploité, cesse de l’être à partir du moment où il consomme tout ce qu’il produit. On retrouve ici le principe de l’état stationnaire, qui peut contenir un surplus nécessaire à la reproduction des moyens de production autre que la force de travail, mais à l’identique de la situation initiale, ici toute classe a disparu.

Dans le second cas, on maintient le principe de reproduction élargie qui seul permet la satisfaction de nouveaux besoins nécessitant de nouvelle forces productives vis-à-vis de l’état stationnaire, mais ce sont les classes sociales et leur antagonisme qui se résolvent à travers le maintien et l’existence d’une seule classe sociale universelle : « le prolétariat-productif », les non-propriétaires producteurs d’un surproduit, ou « classe » « ouvrière » en langage marxiste. Ici il n’y a plus besoin de sortir des rapports d’argent, car l’aliénation de sa liberté ne débouche pas sur une extorsion par exploitation. L’exploitation généralisée et consciente de tous les actifs permet et nourrit la reproduction élargie et elle ne constitue plus une extorsion.

 

 Ce second point de vue est très peu défendu, on voit bien la grande difficulté dans laquelle se trouve Marx avec cette nouvelle grille de lecture. Ce second point de vue est « indéfendable » en un triple sens du terme. Il est indéfendable vis-à-vis des premières conceptions théoriques de Marx à qui il tourne le dos. Il est indéfendable vis-à-vis de son grand adversaire, le mouvement anarchiste, qui affirme que : plus le temps passe, plus le théoricien Marx devient un étatiste partisan de l’exploitation généralisée. Il est indéfendable vis-à-vis même de la classe ouvrière qui ne rêve que d’une seule chose en finir avec l’exploitation, en finir avec le travail salarié, retrouver son temps libre, pouvoir revendiquer « un droit à la paresse », tout ce qui la pousse vers la première définition du communisme, son acceptation cristiano-libertaire.

 

En un mot, cette nouvelle conception du communisme est antihumaniste, elle « nie » les aspirations humaines à la liberté en un rabat de l’état culture sur l’état de nature, ceci au profit de l'acceptation d’une servitude volontaire pour faire face au règne de la nécessité.

C'est à ce second positionnement de Marx que l'auteur de site se réfère aujourd'hui pour tenter de résoudre la crise du marxisme et ouvrir à la dialectique de la société communiste, sans tomber dans l'utopisme d'une société hors marché se passant d'une reproduction élargie.

 

 

 

Glossaire :

 

La relation sociale : induit un échange sans effet de structure, elle présuppose une égalité entre les coéchangistes, égalité qui peut- être réelle ou factuelle, mais dont la compréhension relève de facteurs essentiellement psychologiques (mêmes quand ces facteurs se présentent sous des formes sociologiques, culturelles, ethnographiques, anthropologiques etc., c’est toujours la dimension psychologique de ces sciences humaines qui est mis en avant.). Etudier les relations sociales dans une institution (entreprise, école, association etc.), c’est étudier le comportement psychologique d’un individu soumis à une organisation. Autrement dit, c’est étudier l’adaptation, la soumission, la résistance individuelle etc. d’un sujet vis-à-vis d’un objet structurel. L’étude des relations sociales dans les organisations relève de la psychologie-sociale.

 

Le rapport social : induit un échange, sous effet de structure, ce n’est plus la personne qui parle, réagit etc. c’est l’agent, le support de rapport. Etudier les rapports sociaux dans une entreprise, c’est étudier, les effets de la logique induite par un mode d’organisation, sa (ses) finalité(s), sur la personnalité sociale du/des coproducteur(s). C’est étudier l’adéquation du statut et des missions, les effets de l’assujettissement des agents aux missions, etc. On ne peut pas traiter d’une association de pêche à la ligne, comme on traite d’une entreprise privée ou d’une administration publique voire une cellule familiale, tout ceci parce que les 4 seraient des « organisations » au sens de la psychologie-sociale. L’étude des rapports sociaux dans les entreprises relève au minimum de la socio-psychologie.

 

 

Quelques sources de référencements et leurs limites, issues d’encyclopédies sur le net :

 

Le Genre : Le genre est un concept utilisé en sciences sociales pour désigner les différences non biologiques entre les femmes et les hommes. Alors que le type sexuel fait référence aux différences biologiques entre femmes et hommes, le genre réfère aux différences sociales entre femmes et hommes.

 

Peut-on étendre ce concept à d’autres catégories d’études. ?

A l’origine, la question du genre est utilisée en linguistique (Masculin, féminin, singulier, pluriel), il est aussi utilisé comme un équivalent du concept de langue, genres indo-européens ou chamito-sémitiques, romanes, slaves. Il permet d’établir des taxinomies de caractéristiques : Genre urbain ou rural. Genre caucasien ou africain. Il apparait comme une première tentative d’agrégation pour saisir le « socius » des catégories ainsi rassemblées. Il est donc un concept essentiel de la saisie du lien social.

 

Le Sociétal et le Social :

 

« Le mot sociétal s’est répandu dans les années 1970 et les dictionnaires l’ont enregistré sans vraiment marquer la différence de sens avec social (c’est d’ailleurs un problème chronique des dictionnaires généralistes).

Il faut donc s’en référer à l’usage constaté qui me semble explicite :
 

– social reste le mot principal pour tout ce qui touche à la société comme corps organisé ou pour les rapports des personnes et des groupes entre eux.

 

– sociétal s’est spécialisé médiatiquement pour tout ce qui touche aux mœurs, aux institutions et aux règles de ladite société : « La peine de mort est un sujet typiquement sociétal,  les débats sociétaux sont restés au second plan de la campagne présidentielle. »  Il se différencie en cela des sujets économiques, internationaux, techniques ou… sociaux, ces derniers relevant plutôt du monde du travail, du chômage, du niveau de vie, des retraites, etc.

Il a remplacé en partie la tournure « de société » que l’on entendait beaucoup plus auparavant (les problèmes de société étaient un grand classique de la vie politique et intellectuelle dans les années 1980-2000). »

 

Ce court extrait, saisi sur internet est intéressant, car l’auteur ( ?), accepte la différentiation qui s’est opérée entre social et sociétal, ce qui n’est pas le cas de nombreux autres, qui considèrent qu’ils désignent la même chose. On remarquera que pour ces derniers tous renvoient le concept de « sociétal » à un substitut de « social », pour eux, souvent bien moins pertinent tant au niveau lexical que conceptuel. La majorité de ces auteurs défendent une vision socio- individualiste et naturaliste des relations humaines souvent dans une représentation libérale bourgeoise.

 

Alors que l’auteur est, lui, me semble t’il, sur la bonne voie. Social tient bien du subjectif (l’individu et les groupes), alors que sociétal tient surtout de l’objectif (les institutions). La controverse vient des questions portant sur les mœurs, dont on peut avoir l’impression qu’elles sont le produit des individus et des groupes, alors qu’elles résultent des institutions (la famille, l’Eglise, l’Etat), les institutions « secrétant » du comportement (socio-psychologie) c’est particulièrement nette concernant la question « sociétale » de la peine de mort. Si une telle action relevait des faits sociaux, on aurait à faire à crime « légal », c’est précisément un fait sociétal parce que c’est une institution « le ministère de la justice » qui donne ou serait susceptible de donner la mort, non pas au nom de la « justice » individuelle ou de groupe, mais au nom de toute la société.

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