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Les 3 phases du progressisme (partie 2)

   Républicanisme, Social-Démocratisme, Communisme

Aux origines du Néo-Centrisme Communiste (1970-2000)

 

Une Histoire du P.C.F (première partie) 

 

Depuis sa création notre site largement consacré à l’histoire, a souhaité mettre au centre de sa problématique les enjeux et luttes historiques qui ont eu lieu entre les 3 courants internes qui structurent l’histoire longue de notre parti : sa gauche, son centre et sa droite. Ceux-ci présents dès la création du parti s’affichent de façon claire dans l’expression de tendances, voire de fractions, jusqu’au milieu des années 30, puis, avec la victoire du Centrisme stalinien et de son expression française « le thorézisme », s’impose leur interdiction. Les 3 courants, qu’aucune décision administrative n’a jamais pu réduire, vont continuer pourtant de s’incarner mais cette fois-ci principalement à travers des individus. Les courants en se diluant se subjectivisent. Soumis au principe du centralisme démocratique, un unanimisme de façade s’impose qui masque mal les divergences d’interprétations et d’applications tactiques derrière une ligne officielle affichée. La lutte, se traduit durant toute une période par des purges à répétition dont la grande masse des militants ont le sentiment de peu y comprendre et surtout de ne rien contrôler.

 

A) La crise du Centrisme et la seconde droitisation :

 

A la mort de Staline en 1953, une droitisation du M.C.I  a lieu sous le contrôle de Khrouchtchev. En France, elle est principalement mise en place par Waldeck Rochet s’inspirant à distance de l’exemple du modèle de Togliatti en Italie. Pourtant cette droitisation ne surgit pas comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, elle a été précédée d’un premier tournant à droite du courant Centriste* stalinien lui-même. Staline a hésité durant toute une période de sa vie entre la gauche et la droite du parti bolchevik, il est connu historiquement pour avoir repris un certains nombres d’idées à ses adversaires dans le parti en même temps qu’il les éliminait. Il avait déjà procédé de la sorte, en utilisant le point de vue de gauche, représenté sur cette question par Trotski (via Preobrajenski), pour mettre en place la collectivisation de la campagne, dans le même temps qu’il le chassait du pouvoir et l’obligeait à l’exil à la fin des années 20. Avec Boukharine, il fait de même, c’est au moment où se tient son procès, que Staline met en place la constitution soviétique de 1936 où il ouvre un débat sur la fin des classes sociales en URSS. Ce n’est pas la seule trace de droitisation de la problématique stalinienne, s’y ajoute un peu plus tard l’affirmation de l’existence et du maintien de l’Etat y compris sous le communisme, thèse défendue dans un autre texte historique de 1939 (les deux textes sont présents dans son ouvrage majeur « Les questions du léninisme » :- 1 « Sur le projet de constitution de l’URSS », -2 « Rapport  Présenté au XVIII Congrès » et nous avons déjà traité ce thème sur le site Débat Communiste Ouvrier.wix). On peut donc affirmer, sans risque d’erreur, que la droitisation idéologique est déjà en place avant guerre, droitisation stalinienne qui annonce le Khrouchtchevisme et en exprime des jalons significatifs en matière idéologique, même si au niveau économique Staline préfère le clair capitalisme d’Etat centralisé à l’autonomie des entreprises que mettra en place son remplaçant, la guerre va simplement en retarder la mise en œuvre. En France aussi dans l’après-guerre une première droitisation se produit, elle se traduit par une intégration du P.C.F au jeu électoral. Il devient de plus en plus un simple parti de gauche, pour ne plus incarner qu’une des composantes d’un possible pôle progressiste de gouvernement, conformément à l’interview de Thorez au journal britannique « Times » de 1946. Ce nouveau cours indique que Thorez, lui-même, est prêt à s’inscrire dans le jeu de l’alternance du démocratisme bourgeois. Ce qui avait été rejeté dans l’esprit de la résistance qui souhaitait une rupture de régime profonde, surtout chez les F.T.P, revient avec les combinaisons de la 4ème République, que favorise le partage de Yalta. C’est de ce coup de balancier à droite que surgit la vague d’exclusions des années 5O, qui voit le groupe thorézien se débarrasser d’un certain nombre d’anciens résistants (affaire Marty- Tillon), qui eux voulaient continuer d’incarner l’esprit démocratique insurrectionnel des Fronts- Populaires d’avant-guerre, en particulier sur le modèle du Front-Populaire Espagnol, mais aussi de la résistance (affaire Guingouin).  

 

Par la suite et à la fin de sa vie, Thorez confronté à la droitisation de plus en plus marquée du M.C.I, par un nouveau coup de balancier, redeviendra le clair porteur du Centrisme stalinien (affaire Servin-Casanova). On peut dire que ce qui caractérise le Centrisme stalinien, même se droitisant, c’est qu’il refuse de partager son pouvoir avec d’autres fractions du mouvement progressiste républicain (Socialistes, Radicaux-Socialistes, Souverainistes, etc.). En fait ce courant aspire plutôt à en occuper la place, en les absorbant, et à incarner en un parti unique, à la fois tout l’arc de la droite du mouvement ouvrier, qu’exprime le Républicanisme, en même temps qu’il veut continuer d’être l’émanation du Social-Démocratisme le plus conséquent, celui propre au courant Centriste-stalinien du Communisme. Il s’agit sur le modèle de l’Europe de l’Est de mettre en place un « Parti-Etat » unique, de gouvernement, parfois avec le maintien de partis représentant l’arc républicain mais sans pouvoirs réels (exemple de l’Allemagne de l’Est qui a maintenu un multipartisme de façade).  En effet, dans l’esprit d’une bonne partie des dirigeants du M.C.I, en particulier du bloc de l’Est, il n’est pas question que la nouvelle bourgeoisie d’Etat, qui résulte de la mise en œuvre du projet stalinien, renonce à son pouvoir et à ses avantages.

 

B) La nature profonde du Centrisme ou Social-Démocratisme :

 

Le Centrisme se caractérise par une absolutisation de l’expression étatique de la rupture révolutionnaire. Il s’agit de s’emparer de l’Etat capitaliste pour le transformer en Etat socialiste. Le Centrisme, dans le mouvement ouvrier, exprime les intérêts de ceux qui ne veulent pas voir disparaître l’Etat, ici et prioritairement dans sa fonction Social - Démocrate, et pas simplement Républicaine, c'est-à-dire pour ses capacités de répartition et d’affectation, que favorise son contrôle sur la reproduction générale d’ensemble. Cette représentation est fortement présente dans le mouvement socialiste de la période classique qui voit dans la mise en œuvre d’une économie publique la solution à la crise organique et anarchique du capitalisme. Il s’agit de réguler pour contrôler. La planification, l’aménagement du territoire, l’économie administrée en sont les principaux moteurs, ce qui place les agents de l’Etat comme catégorie centrale de la construction de ce type de société. Tous ces présupposés sont repris et transmis au nouveau courant qui nait de la scission socialiste, après la première guerre mondiale, le courant communiste. Il ne faut pas oublier que c’est parce que la social-démocratie s’est droitisée sous l’effet du conflit mondial que l’aile gauche quitte l’organisation, mais beaucoup de ceux qui la quittent et qui vont constituer la droite et le centre de la nouvelle organisation communiste, le font parce qu’ils considèrent qu’ils sont les véritables continuateurs de la social-démocratie d’avant guerre. Pour eux ce qu’il s’agit de réaliser c’est la construction d’un Etat « socialiste » et ce socialisme est la pleine réalisation du projet profond du Social-Démocratisme. En matière publique, la nationalisation est le moyen par lequel la propriété privée des moyens de production se trouve abolie, et la nationalisation, qui est l’expression de ce moyen, tient sa force du pouvoir étatique. Le Centrisme essaie de construire le socialisme comme une période historique ayant une logique propre, tout comme le capitalisme a la sienne. C’est la tentative de construire un « Mode de production Socialiste » auquel Staline se réfère et auquel il veut donner une consistance. Cette représentation va perdurer, après sa mort, sous la seconde droitisation (déstalinisation) jusqu’à la période du néo-centrisme, autrement dit en France : du rochetisme au marchaisisme. C’est ainsi qu’un économiste du parti, Maurice Decaillot, a écrit un ouvrage sur le sujet aux Editions Sociales dans les années 70, dans lequel il se revendique totalement de cette représentation des choses, ceci en accord de la direction du parti, il s’agit pour lui de construire, en France, un Mode de Production Socialiste. Même si le cœur de l’explication qu’il fournit a rompu avec l’orthodoxie du modèle soviétique de fonctionnement de l’économie mondiale (Le C.M.E version soviétique) et le modèle orthodoxe de rupture socialiste qui en découle, pour adopter une lecture française du C.M.E.

 Nous l’avons vu, le Centrisme a pour modèle d’agent économique, le payé fonctionnarisé et pas l’exploité salarié. Dans la lecture économique que produit ce type de représentation l’agent de l’économie administrée ne produit plus de marchandise, de valeur marchande d’échange, mais uniquement de la valeur d’usage, puisque sa rémunération, qui n’est pas un salaire, mais une part socialisée (via l’Etat, via l’impôt) de la richesse sociale globale produite, est déconnectée de sa réalisation par un marché. Elle est déconnectée de la loi de la valeur. En conformité avec cette idéologie, tout le débat animé par Staline va donc porter sur la question de savoir si la loi de la valeur joue encore un rôle dans l’économie soviétique. Pour Staline la réponse est essentiellement, non, le système mis en place via la planification et la nationalisation, permet une reproduction d’ensemble du système qui contrecarre largement les mécanismes du marché, sauf pour les résidus de propriété privée existant encore, et surtout, sauf pour le commerce extérieur, où là ils se font encore sentir. C’est pourquoi, selon lui, il n’existe plus de classe ouvrière au sens marxiste du terme en URSS, mais seulement une catégorie ouvrière (sociologisme), qui prend place au côté des deux autres que sont les paysans et d’une nouvelle catégorie qu’il essaie d’imposer « les intellectuels ». Voilà les 3 catégories sociologiques, que la première droitisation issue du centrisme stalinien produit. Nous avons vu que tout le travail idéologique de Staline consiste à masquer et à dénier le rôle de classe que la division technique et la division sociale du travail produit en URSS. L’appareil d’Etat comme l’appareil productif, en matière politique, militaire, administrative, et surtout économique ne produisent plus, pour la hiérarchie de commandement et de direction, que des « intellectuels », simple catégorie sociologique.

 

C) La nature profonde du Droitisme ou Républicanisme :

 

Dans d’autres textes publiés là aussi par notre revue Approches Marxistes ou sur le site théorique « D. C. O. Wix », nous avons montré que le premier des progressismes historiques, le Républicanisme, avait pour fonction de poser la société comme le résultat d’un contrat social passé entre ses membres, d’y exprimer la nature profonde de l’Etat, comme la structure institutionnelle qui en contrôle l’harmonie et permet sa reproduction générale d’ensemble. L’égalité de droit du citoyen-sujet républicain est basée sur le fait, qu’il n’existe aucune différence autre que le mérite et la vertu qui puisse justifier l’existence d’une catégorie extérieure, supérieure, aux autres. Ceci le différentie du féodalisme, et de son expression moderne le monarchisme, qui lui voit dans une désignation divine, l’existence d’une caste spécialisée dans la protection militaire et policière de la nation, la noblesse. Mais dans le Républicanisme, l’existence de catégories ne conduit nullement à la reconnaissance de l’existence de classes au sens marxiste du concept. Pour tous les droitiers, il n’existe que des catégories sociales, essentiellement produites par une division naturelle du travail, basée sur les qualités (dons) et compétences « naturelles » des individus, d’où l’idée de rattacher cette réalité à l’existence d’un droit naturel de l’individu qui en codifie l’existence.

 

[ Rappel : Il convient de faire attention à l’utilisation du concept de Classe, le courant sociologique et le courant économique (l’I.N.S.E.E en France) utilisent l’expression « classe » en référence au concept de Classement. Il s’agit en fait d’établir une hiérarchie de critères (économiques, sociologiques, culturels etc.) pour définir la nature d’un agent économico-social, c’est cette spécificité de nature qui crée une opposition (ex : un ouvrier n’est pas un employé, un rural n’est pas un citadin, etc.) mais pas un antagonisme de classe. Pour le marxisme, au contraire, l’antagonisme provient d’un combat pour l’appropriation d’une nature (une essence) qui n’est pas contenue dans les critères mêmes de différentiations retenus par la sociologie, la psychologie et l’économie «non- politique » bourgeoise. Le concept central qui crée la polarisation de nature antagoniste est celui d’Exploitation. C’est l’Exploitation qui crée la polarité et non le Classement, c’est pourquoi cette polarité (contradiction) est un antagonisme et pas seulement une contradiction. Tout le travail de Marx dans son œuvre majeure « le Capital » consiste donc à reprendre les catégories descriptives sociologiques pour voir comment l’Exploitation agit sur leur Classement, et transforme la contradiction en antagonisme.]

 

Vis-à-vis de la polarisation qu’exprime la Science Politique et qui définit au sens marxiste le concept d’Histoire, pour le point de vue de Droite, le Républicanisme, les catégories sociologiques peuvent avoir des intérêts contradictoires, qui justifient parfois des luttes, mais certainement pas des intérêts antagonistes qui nécessitent la disparition d’une de ces catégories. Dans la mesure où le Républicanisme se définit comme la meilleure expression du sujet en société, du sujet sociétal, il exprime aussi le besoin d’une structure qui chapeaute ce collectif, cette société. Au cours de l’histoire cette structure est plus ou moins importante et divers, ses fonctions de même. Le Républicanisme de la cité antique ou médiévale n’a pas les mêmes prérogatives, ne représente pas le même espace, etc., que le Républicanisme mis en œuvre, par exemple, dans l’Etat français. Cependant et dans tous les cas, vis-à-vis du sujet de la communauté, il lui permet, dans un cas comme dans l’autre, de se définir comme sujet de droit. Faire partie d’une communauté, d’une société, oblige chaque individu à en accepter les règles et de ces règles découlent des avantages et des contraintes, codifiés juridiquement. La particularité du républicanisme étant qu’il considère que c’est le sujet de droit lui-même, et pas une autorité extérieure, qui donne pouvoir à la structure (i.e. : à l’Institution) de le définir. C’est pourquoi le Républicanisme se veut expression du sujet conscient. La liberté de conscience détermine la liberté d’action dans un cadre « librement » contraint, qui en fixe les règles de droits.

 

Ce Républicanisme tout comme le Social-Démocratisme et le Communisme connaît, lui aussi, un phénomène de polarisation entre une aile droite, un centre, et une gauche.

 

- La Droite, on la connaît, elle représente les intérêts de la bourgeoisie, qui cherche à réduire le sujet sociétal à l’individu biologique. Les capacités du sujet, sont issues de ses dons dont le pourvoit la nature. Le sujet de droit (sociétal) est en adéquation avec un sujet de justice (social) pour autant que celle-ci soit basée sur ses capacités individuelles. Ce n’est pas l’Etat de droit qui fixe les capacités, c’est la nature qui les attribue au sujet. Plus l’Etat est « léger » moins il intervient, moins il risque de brider ses mêmes capacités. La République c’est donc le moins d’Etat possible (à la différence, par exemple, de la royauté à travers son système féodal), c’est au contraire la valorisation de la communauté comme expression du lien sociétal qu’exprime le contrat, la relation de face à face, par quoi est défini le sujet de droit. De là l’expression politique de cette sensibilité qui voit dans l’Etat fort et ses forces coercitives tout ce qui permet à l’Etat de droit de fonctionner. Cependant vouloir étendre l’Etat à d’autre fonctions ou missions que celles de l’Etat répressif, l’Etat gendarme, par exemple, en mettant en place un Etat encadrant et reproduisant la force de travail, l’Etat social, c’est forcément entrer en conflit d’intérêt avec le sujet et ses capacités.

 

- Le Centre républicain, lui aussi reconnaît les mêmes prémisses à la définition du sujet droit.  Un sujet sociétal entrant en relation par acceptation contractuelle, mais il constate que les capacités naturelles peuvent être perturbées ou réduites chez certains sujets (maladies, âges de la vie, problème des genres et leurs discriminations, etc.) ou du fait de circonstances échappant à la volonté du sujet (situation régionale, situation sociétale, etc.). Il y a donc nécessité d’une certaine intervention de l’Etat pour redresser ses insuffisances, l’Etat sociétal devient de ce fait en partie un Etat social, pour combler un manque, mais il ne doit pas dépasser le principe d’égalité des chances que fixe le droit naturel expression du biologique, c’est pourquoi la méritocratie est son archétype.

 

- La Gauche, elle, si elle reconnaît que le sociétal fixe le sujet de droit, ne part pas des capacités du sujet pour le fixer comme sujet social (justice), mais du fait que c’est le social qui fixe les conditions du sociétal, les capacités du sujet ne dépendent plus de ses attributs, ses dons ou capacités biologiques, mais de la façon dont la collectivité organise ses fonctions et les reproduit aux moyens de sujets. Elle part donc du sociologique et de l’économie pour constater l’écart entre sujet de droit (sociétal) et sujet de justice (social). Elle veut faire coïncider les deux, par là, elle met en place des catégories qui ouvrent au Social-Démocratisme.

 

Quand nous parlons du Républicanisme comme courant progressiste, aujourd’hui, du point de vue Communiste, c’est de cette aile gauche dont nous parlons. Elle est l’aile gauche du Républicanisme, en même temps que l’aile centriste du Social-Démocratisme, et l’aile droite du Communisme. Le théoricien type des valeurs de cette aile est Jean-Jaurès. Si Jaurès, qui n’est pas marxiste, se revendique d’un certain égalitarisme communiste, c’est au nom de l’égalité des sujets de droits (sociétal), qui ne peuvent avoir d’autres fondements qu’un certain égalitarisme des sujets de justice (social), mais c’est un égalitarisme éthique.

 

Si nous cherchons maintenant à donner une représentation de « la » politique, via les partis, du Politique, au moyen des 3 pôles historiquement progressistes représentés dans les Sciences Politiques : le Républicanisme, le Social-Démocratisme, le Communisme. Nous voyons que :

 

 - La Gauche du Républicanisme est principalement représenté par le courant « radical » au sens politique (Radicaux-socialistes [Jean-Moulin, Pierre Cot], Radicaux de Gauche etc.), il a pour archétype la défense du sujet de droit, des institutions « démocratiques », de la souveraineté individuelle et nationale. Ce que l’Histoire longue nous apprend, c’est qu’en général cet entre-deux ne dure pas, ou il penche vers le mouvement ouvrier ou il rejoint la bourgeoisie, aujourd’hui  il est peu présent en France sauf à travers quelques souverainistes qui veulent poursuivre cet équilibre de l’ancien type, ex Jean-Pierre Chevènement qui lui-même évolue vers le Centre, dans sa volonté de défendre le sujet de droit, fait le lien avec l’aile libérale de la droite Républicaine,  que l’on appelle par abus de langage les partis « centristes ».

 

- La Droite du Républicanisme comprend elle-même 3 fractions :

 La droite « libérale » : les partis, très mal nommés « centristes » sur l’échiquier politique. En réalité une alliance contre nature de la finance et de la boutique, les représentants du pôle « américain », les thuriféraires de la « libre circulation des hommes et des capitaux », les concepteurs de l’Union Européenne, etc.

La droite « conservatrice » : agricole, industrielle, et aujourd’hui moins financière et commerciale (qui préfère désormais, les centristes). Archétype : les deux cents familles des années 30, les gaullistes de 40 à 1990.Ce courant est aujourd’hui en perte de vitesse, au profit des libéraux et des réactionnaires.

 

La droite « réactionnaire », elle, est le point extrême du républicanisme, puisqu’elle peut aussi bien s’allier au fascisme au nom de l’Etat fort, comme elle peut être tentée de regarder vers l’arrière (le Monarchisme), toujours dans cet état d’esprit. Elle cherche toujours à imposer son modèle : Celui du pouvoir personnel, du sauveur suprême. Mais il peut se décliner de multiple façons Ex : la Monarchie présidentielle républicaine (droite conservatrice), le Césarisme républicain ou non (fascisme),  voire Monarchie constitutionnelle, les louis-philippards ( car il y a ceux qui « naturellement », biologiquement, possèdent un « sang bleu » de nature divine, ce qui en fait des dominants en leur attribuant des dons naturels et donc une prédilection à organiser et contrôler la société, à gouverner). C’est pourquoi et malgré tout, le Républicanisme a quelque chose d’anti- naturel pour le conservateur mais surtout pour le réactionnaire. On le supporte, faute de mieux.

 

Si l’on poursuit dans ce type de découpage qui ne prétend à autre chose que de rendre accessible au militant politique, que nous visons à travers notre revue, de façon pragmatique et quelque peu empirique, au moyen d’une « théorie » de moyenne portée, le champ de la politique à travers le Politique (définit par une majuscule accompagnant le Concept*).

 

Historiquement nous savons que le Républicanisme, qui est la catégorie « méta », a bien engendré le Social-démocratisme qui lui-même a accouché du Communisme.

Un simple tableau à double-entrées respectant notre grille d’analyse permet de le visualiser.

​Ceci se vérifie à l’exception des deux pointes extrêmes, la droite du Républicanisme dont nous avons vu que les réactionnaires et une partie des conservateurs le remettent en cause et la gauche du Communisme qui elle n’est pas une émanation de la social-démocratie organisée, mais aussi du Social-Démocratisme conceptuel. Ceci se vérifie quand on étudie le communisme utopique, le communisme libertaire et la Gauche Communiste Historique (Bordigistes et Conseillistes) qui effectivement n’ont jamais appartenu historiquement à cette mouvance, à la différence des partis communistes traditionnels qui sont tous nés d’une scission de gauche de la social-démocratie.

 

Si l’on reprend les fondements du Républicanisme et sa devise comme catégorie méta, on peut parallèlement établir une analogie entre l’aile libérale (D), l’aile solidaire et redistributive (C) et l’aile égalitaire (G) : Liberté, Fraternité, Egalité. (même si la devise historique n’est pas exprimée dans cet ordre)

Si maintenant nous nous intéressons, suivant ce découpage au pôle de l’Egalité sensé représenter le point de vue communiste dans ses 3 états. Nous pouvons voir que :

 

  - Ce qui caractérise la droite Communiste, l’essentiel de la social-démocratie, son centre, (souvent son parti), c’est le Républicanisme (de gauche), autrement dit l’égalitarisme du sujet de droit (sujet sociétal).

- Ce qui caractérise le centre du courant Communiste (l’essentiel du parti), tout comme l’aile gauche de la social-démocratie, c’est le Social-Démocratisme, autrement dit l’égalitarisme de la répartition en fonction de l’affectation (sujet social).

 

- Enfin, ce qui caractérise la gauche du Communisme, c’est l’égalitarisme du sujet producteur (Homo-faber) face à la division du travail technique et sociale.

 

D) La nature profonde du  « Gauchisme » ou Communisme 

 

Ce n’est pas tout à fait par hasard, si suivant ce principe de découpage on aboutit à appeler « Gauchisme » le point extrême du courant Communiste. Il suffit de développer l’axe syntagmatique du Politique (Les Sciences Politiques), sa grammaire interne avec sa logique propre, son découpage interne en 3 pôles eux-mêmes découpé en trois fractions, pour aboutir aux représentants du Communisme « pur » qu’exprime son aile gauche. Car comme le Républicanisme et le Social-démocratisme, le Communisme se divise lui même en 3 courants.

 

 

Dans les 3 positionnements majoritaires du Communisme, l’individu est placé au cœur de la problématique, excepté une petite aile gauche, dont l’auteur de cet article se revendique, qui elle considère que le marxisme doit être envisagé comme un antihumanisme théorique. Cependant que la caractérisation d’essence chez les 3 n’est pas la même, comme nous l’avons vu.

L’aile droite du Communisme s’exprime dans des expressions et des comportements qui tiennent compte de l’histoire longue du P.C.F mais elle est aussi à la jonction de la mouvance communiste, avec l’aile centriste du Social-démocratisme, et l’aile gauche du républicanisme. Si on s’intéresse aux valeurs profondes portées par ces 3 états, on se rend compte des analogies qui les sous-tendent. Tous survalorisent le rôle du sujet individuel, mais essentiellement comme sujet sociétal, c’est le grand courant de l’humanisme, qu’exprimera en 1966 à la conférence d’Argenteuil le groupe Garaudy-Aragon. A la différence de la droite et du centre républicain, ce n’est pas l’individu que la gauche républicaine valorise mais sa personne. Ce n’est pas la part biologique (éthologie) de la socialisation que cette sensibilité retient comme fabricant principalement une norme de groupe. L’homme est plus, et surtout différent, d’un animal. Tout le travail des psychologues, des pédagogues, ethno-anthropologues etc. de gauche, aura été historiquement d’insister sur ces différences. C’est pourquoi à la différence des deux premiers courants, la gauche républicaine est attentive dans la relation de l’individu au groupe à ce que ce soit bien la société qui lui fixe des valeurs et pas seulement sa parentèle (éthique éthologique), il s’agit d’aboutir dans la confrontation entre milieu et environnement à la production d’une individuation et pas au simple individualisme (biologique) de la personne. Mais comme l’ensemble du courant Républicain et largement du courant Social - Démocrate (dans lesquels l’aile droite et centriste du communisme prennent leurs arguments) c’est bien l’individu socialisé, l’être humain, qui construit la société en établissant un « contrat » avec l’ensemble des membres de celle-ci, et cette fonction contractante aboutit à la production d’instances institutionnelles (L’Etat) pour les reproduire.

 

C’est donc bien, plus ou moins, une vision fonctionnaliste (la fonction crée l’organe, le sujet crée l’objet, le sujet de droit crée l’Institution) qui explique la relation de l’individu à la société, relation qui le transforme en « sujet », mais avec « son » accord. C’est pourquoi l’aile droite, mais aussi l’aile centriste du courant Communiste accuseront, la petite fraction de l’aile gauche du Communisme qui se dit antihumaniste, et dont l’auteur de cet article se revendique, d’être des « structuralistes », en ce qu’ils affirment eux l’opposé. Pour les communistes qui se réclament de la pensée de Louis Althusser, c’est la structure (Institution, Appareil d’Etat) qui assujettit, qui crée, « produit » un sujet et on est toujours, comme « sujet » le produit d’un système. Autrement dit pour le courant althussérien le fait d’être tenu par un système n’est pas contre- nature, c’est la nature même de toute société, la nature d’un système économique dominant. Car il n’existe pas d’individu hors- système (la robinsonnade n’est qu’une fiction idéologique). Le Communisme ce n’est pas la lutte de l’individu singulier contre le système, contre tout système (anarchisme), le communisme n’est pas une lutte de libération individuelle, le communisme est une lutte de libération collective pour imposer un autre système, porteur d’autres valeurs et d’autres croyances (idéologies) et pas pour produire un individu hors croyances, hors valeurs et hors idéologie. Le libéralisme, qui construit l’essentiel de la problématique républicaine à ce défaut majeur de courir après le mythe de la transparence de la société, ou l’individu « Roi » pourrait tenir les tenants et aboutissants de tout ce à quoi il aspire, de ce point de vue la psychanalyse a dit des choses essentielles sur le mythe que constitue ce « Graal ».

 

Comme l’aile Social - Démocrate, l’aile Républicaine est psychologisante, elle fait du sujet « maître », le tenant et l’aboutissant du fonctionnement de la société. Or pour l’aile gauche du Républicanisme et surtout pour l’aile Social- Démocrate, que nous analyserons dans un troisième article de façon plus approfondie, en échappant à la « conscience » de l’individu, la société échappe à son action, elle se transforme en système. La société n’est plus gouvernée par des relations mais par des rapports. C’est un système et la particularité d’un système c’est d’échapper à la volonté individuelle. C’est pour tous ces courants, y compris pour la part majoritaire de la Gauche Communiste (historique) ce qu’il faut combattre. En effet même l’aile gauche du communisme dans sa justification de l’existence de l’homo-faber, le fait au nom de l’anthropologie et d’une ontologie portant sur les « besoins » de l’homme, dont elle estime que le premier est celui de sa réalisation par le travail. L’individu s’hominise en devenant un fabricant d’outils. Le représentant le plus conséquent de cette sensibilité est George Lucas dont une partie de l’œuvre a été publiée aux éditions Delga.  

 

C’est cette thématique déclinée que nos lecteurs trouveront dans la majorité des textes mis en discussion pour notre congrès de 2018. Et ce à quoi nous nous « opposons ».

 

 

Résumons donc l’essentiel de la déclinaison du sujet « roi » politique que défend l’aile droite du Communisme.

 

Elle peut s’exprimer sous la forme d’une défense absolue de l’aile gauche du républicanisme : le Souverainisme de l’Etat-Nation qui fixe le sujet « sociétal » comme citoyen conscient près à mourir pour sa patrie, c’est-à-dire au nom de la souveraineté de son Etat-Nation. Aujourd’hui, donc, principalement des souverainistes, mais aussi des thuriféraires de la toute puissance du sujet, ceux qui considèrent que dans l’analyse concrète de la situation concrète ce qui est surdéterminant, c’est l’Impérialisme, et ses effets de développement inégal d’accès au Républicanisme (sujets de droits). Donc ce dont le monde à besoin, c’est de la pleine application du Républicanisme à tous les citoyens de la terre. Comme le Républicanisme est institutionnaliste (Etatiste) ce que ce courant valorise ce sont les organismes internationaux, la justice internationale, plus exactement le droit international, etc., portés par des organismes internationaux (O.N.U, la cours européenne des droits de l’homme, etc.) Son modèle d’égalitarisme est celui du sujet de droit « sociétal » qui reprend les catégories pré-républicaines contenues dans la question des genres (sexuels, ethniques, religieux, géographiques (indépendantistes, régionalistes, etc.) et les travaille à l’aune du juridisme républicain pour permettre l’égalité entre eux de tous les sujets de droits. Grâce à cette réalisation d’accès aux droits (Chartre des droits universels), par exemple entre hommes et femmes : « le Communisme est déjà là ». Autrement dit le communisme d’un sujet « libéré ».  

 

Elle peut s’exprimer, sous la forme de la justice sociale individuelle résultant de ce même souverainisme qu’incarne l’Etat, ici plus seulement Républicain mais aussi Sociéto-social que porte le courant Centriste du Social-Démocratisme. Il devient important pour le sujet de pouvoir reproduire sa force de travail et donc d’avoir accès à une sécurité « sociale » au moyen d’un Etat qui maintient les garantis pour tous ses citoyens.

 

Enfin dans son expression Communisme, qui regarde la situation d’un point de vue où l’Etat a disparu, reste le contrat social entre les individus qui doit normalement leur éviter de perdre leur indépendance, c’est l’absolutisation du sujet sociéto- social face à tous les systèmes. L’absolutisation d’un sujet «  roi », qui doit se libérer de ses aliénations, s’il veut vivre sa pleine « souveraineté » existentielle et qui oblige donc qu’on lui reconnaisse un droit «naturel». L’aile droite du communisme se retrouve ainsi à porter les mêmes valeurs « libérales » que l’aile droite du Républicanisme, où la liberté du sujet s’oppose à l’existence d’une superstructure, si celle-ci n’est pas pensée comme participant pleinement à la libération du sujet dans la reconnaissance et souveraineté de ses droits « naturels ». L’idéologie « droit de l’hommisme », fait du contrat social entre les individus, la base du fonctionnement de l’Etat. Un Etat qui n’assujettit pas, mais qui libère, d’où ce phénomène particulier de tout le courant de l’aile droite du communisme, qui s’oppose aujourd’hui à la disparition de l’Etat, puisque du point de vue libéral celui-ci n’incarne plus que le contrat.

 

 

 Si on s’intéresse maintenant à l’aile centriste du Communisme , qui constitue le gros des forces communistes (appareil, associations etc.) et dont l’idéologie principale a été construite au moment de la direction de Staline, ce qui est central c’est la construction du Socialisme et donc celle-ci considère que ce qui est surdéterminant c’est la pleine réalisation du projet de l’aile gauche du Social-Démocratisme, autrement dit le plein exercice de l’Etat « Social », qu’exprime la nécessité de sa reproduction. A quoi sert l’Etat en dehors de sa mission coercitive (Républicanisme), à reproduire la force de travail (Etat social) (Social-démocratisme). Quelle est la meilleure façon de la reproduire, c’est de l’envisager comme force socialisée ou à socialiser et donc de mettre en œuvre ses formes juridiques d’expressions : la nationalisation, la coopération, etc. dans tous les lieux de son exercice. La justice d’affectation et de répartition en constitue le fondement, toute la main d’œuvre doit avoir un emploi et pour un travail égal doit être perçu un salaire égal. Son modèle d’égalitarisme est celui du sujet social du fonctionnariat (la mise hors marché), qui fixe des missions, des statuts sur les besoins sociaux et non sur la nature des sujets, le biologique, les dons, voire les genres, car le statut de la fonction publique accorde à tous ses représentants les mêmes droits et devoir et s’obtient dans la justice des concours. (Cependant on perçoit déjà ici, le danger de droitisation contenu dans cette égalitarisme abstrait qu’est le méritocratisme, car qu’est-ce qui fait qu’un candidat est reçu au concours de la fonction publique, ses capacités, ses dons, on retombe donc dans les présupposés de la droite et du centre du Républicanisme.). Là aussi tout comme dans le Républicanisme, l’Etat ne peut pas, ne doit pas disparaître. Où alors l’Etat « s’éteint » au sens philosophique du terme, car tous les agents économiques en font partie. Si tous font partie, aucune autre partie ne se distingue, et donc faire partie n’est plus signifiant. Le Social-Démocratisme comme courant politique et idéologique est à la jonction du gros de la mouvance communiste, et de la gauche Social-Démocrate.

 

Maintenant si on regarde du point de vue de l’aile gauche du Communisme, elle est la seule a exprimé la pure expression de son fondement. Qu’est-ce qui est surdéterminant pour cette aile gauche, la fin de la division sociale et de la division technique du travail, ceci tant dans l’économie, la société civile, comme dans le Politique, l’Etat (la fonction publique et les institutions). C’est pourquoi le communisme comme système économique et sociale se définit comme : une société sans classes ni Etats.

Il s’obtient par une remise en cause de la division technique et sociale du travail dans toutes les institutions (la famille, l’entreprise, l’armée, l’Etat, le Parti, etc.), qui doivent être bouleversées de fond en comble.

 

 

L’Etat disparaît ou l’Etat s’éteint :

 

Lénine est à la jonction des deux points de vue, en tant que membre de l’aile gauche de la social-démocratie mais aussi après 17 en tant que Responsable du gouvernement chargé de construire le socialisme, il développe une représentation où pour lui l’Etat s’éteint. Ceci avec toute l’ambiguïté de ce positionnement. Il est donc le clair défenseur du Social-Démocratisme le plus conséquent. C’est la tache historique auquel il est confronté, il doit construire l’Etat social. D’autre part et durant une courte période qui précède la Révolution et au moment de la révolution, il est anti-étatiste, il collabore avec la gauche communiste contre le parlementarisme, il écrit « L’Etat et la Révolution » où il affirme clairement : « nous avons le même but que les anarchistes ». Le problème c’est le manque d’une œuvre théorique où il affirme clairement comment il entend passer de l’un à l’autre de ces états.

 

Pour les communistes d’aujourd’hui, il s’agit donc de construire une approche politique et théorique où ils expliquent comment nous entendons passer de l’un à l’autre. De la construction d’un Etat Socialiste (Social-démocratisme) respectant les droits individuels démocratiques (Républicanisme) pour aboutir à une société sans classes ni Etats : Le Communisme.

 

Pour notre projet de reconstruction :

Dépasser le stade capitaliste de la société marchande

 

1) Défense de l’Etat-Nation (le général est dans le particulier.)

 

Il me semble important de réaffirmer que nous sommes pour la sortie du capitalisme dans le cadre de l’Etat-Nation. Nous nous opposons à tout ce qui contraint la volonté populaire de pouvoir entreprendre de construire une autre société dans son espace nationale. C’est sans conteste aujourd’hui l’Union Européenne, telle qu’elle existe et est construite, qui constitue le principal carcan de notre lutte, par ses directives et traités elle pèse sur notre peuple et réduit très fortement sa capacité d’initiative.

 

Pourquoi avons-nous besoin de l’Etat-Nation, parce qu’il s’agit tout d’abord de socialiser l’économie, de nationaliser, et il n’y a de nationalisation que dans le cadre de l’Etat -Nation. Pour le moment le projet de transnationalisations expression d’une souveraineté européenne, est inenvisageable. Ne regarder la question de la socialisation qu’à travers la toute puissance des forces productives mondiales ou européennes, comme l’envisage le projet trotskiste, favorise certes la diffusion des technologies et une certaine unification du procès de production mais ne résout absolument pas la question de la place de l’entreprise dans la nation. L’équilibre régional et local des emplois, avec des régions riches et des régions qui se désertifient dans le même espace national, ce projet ne peut que conduire à la concentration des populations et des activités dans quelques métropoles et au désert européen partout ailleurs.

 

Dans son modèle « social-démocrate », c’est-à-dire le socialisme tel qu’il est proposé et construit par le projet communiste, il y a nationalisation, parce qu’il a aussi nécessité « d’encadrer » la force de travail, la soigner, la former et la protéger (Hôpitaux, écoles, appareils répressifs d’Etat). Mais surtout, il y a besoin d’un rapport étatique à l’unité de production économique, pour aménager le territoire et planifier la production, ceci avec un regard bien plus large que ce qu’est capable de produire une simple unité de production « entreprise » fût-elle autogérée.

 

Imaginer une socialisation qui n’accepte pas le stade contradictoire (capitalisme d’Etat) de la phase d’une « nationalisation », c’est à mes yeux reproduire l’illusion du modèle anarchiste (coopératives ou communalisme) ou celui qui lui est très proche de la gauche communiste « historique » sans parler de celui des trotskistes, qui envisage de recourir au supra-étatisme (L’Europe) pour faire décliner les Etats-Nations (voir le texte de Lénine pour sa réponse au mot d'ordre sur les Etats-Unis d’Europe).

 

Pour les deux premiers courants, il n’existe qu’un seul univers géographique « le monde » dont dépendent des unités de productions, le reste est billevesée. En conséquence ils sont pour la disparition immédiate de l’Etat. Si nous, nous sommes pour son déclin, c’est que nous savons que la vie économique et sociale ne comprend pas que des unités de production, mais des routes, des écoles, des hôpitaux et même un armement etc. etc. D’où la question vitale du : qui les finance, qui les construit ?

 

J’estime que la phase de transition sous la forme d’un Etat-Socialiste ,ne peut pas voler par-dessus son époque, mais c’est ensuite au sein même de l’Etat-Socialiste qu’il faut entreprendre une révolution culturelle pour le déclin de l’appareil d’Etat, le turn-over des mandats et des élus, la défonctionnarisation des activités d’encadrement et de reproduction de la force de travail.

 

Tout Etat Socialiste est par nécessité à son moment premier « capitalisme d’Etat » et ce n’est qu’ensuite par une lutte âpre et prolongée qu’il peut devenir socialisme d’Etat puis communisme sans Etat, mais ce qui ne signifie pas sans nation. L’Erreur historique des anarchistes et de la Gauche Communiste est d’avoir confondu Etat et nation, mais c’est aussi le résultat me semble t’il d’une approche qui est restée confuse chez Marx où il a fait du phénomène national l’origine de l’existence des Etats, alors que pour moi il existait chez lui un concept plus performant pour articuler cette histoire, celui de Formation -Sociale*.

 

Il a existé dans l’histoire des nations sans Etats ( il y en a encore) moi qui suis membre de France-Palestine, si je demande la création d’un Etat Palestinien sur les 22 % de la Palestine historique que les accords et l’ONU reconnaissent de droit, je sais et j’espère qu’il y aura un jour lutte pour son déclin et sa disparition d’un point de vue communiste., mais pas de la nation palestinienne.

 

Je rappelle aux camarades l’origine de l’idéal du déclin de l’appareil d’Etat que Marx, Engels et Lénine n’ont cessé de défendre.

 

Les missions assurées par l’appareil d’Etat engendre de la bourgeoisie (mais pas des capitalistes) Tout fonctionnaire est bourgeois, il ne touche pas un salaire mais un traitement. Il n’est pas exploité, il est rémunéré par des impôts et non par la vente de ses activités. Activités qui ne produisent pas de profit car elles ne sont pas vendues sur un marché. En conséquence de quoi, les fonctionnaires ne produisent pas de plus-value.

 

Je rappelle aussi aux camarades, que contrairement aux antilibéraux, les communistes sont des anticapitalistes, autrement dit qu’ils ne luttent pas d’abord pour sortir de la société marchande, une société ou existe le profit forme monétaire d’expression du surplus. Le profit existe depuis que le marché existe, c’est-à-dire depuis les sociétés antiques (mésopotamiennes, etc.), depuis l’apparition des bourgs et des premières villes par l’existence du profit « commercial ». Ce en quoi la théorie de l’aliénation, via la marchandisation des rapports humains, n’est que l’écume de la contradiction, comme l’a fort brillamment démontré le courant « antihumaniste ». Mais que le cœur de cette même contradiction c’est l’exploitation, et donc que la tâche des communistes est de sortir de la dernière des sociétés de classes (au pluriel), ou l’exploitation d’une classe engendre l’existence d’une autre classe. Ce qui ne veut pas dire sortir de l’économie, sortir des sociétés de dégagement du surplus et leurs nécessités.

 

Cela veut dire ouvrir la question du quoi (?) après la société de classes :

- la société du : pas de classes ( ?)

- la société du : une seule classe ( ?)

 D’où toute la discussion qui nous traverse aujourd’hui et que les pères fondateurs ont posé (Marx, Engels, Lénine), mais à mes yeux (actuels) mal résolus.

 

Pour sortir de la dernière société de luttes des classes, il faut, nous disent-ils, assurer la victoire d’une classe, la classe ouvrière. Mais par cette victoire, cette classe deviendrait inutile et réaliserait donc le miracle d’aboutir à une société sans classe. Ce que nous montre l’existence sur un siècle du « socialisme ayant réellement existé » c’est que cela ne se passe pas du tout comme cela.

 

D’ où l’ambiguïté totale du concept de dictature du prolétariat au regard du changement de période qu’il est censé incarné. La dictature du Prolétariat concerne t' elle une phase extrêmement courte, de passage du capitalisme au socialisme, socialisme qui lui-même est une phase où les classes sociales ont disparu ? Rapporté à l’histoire réelle du « socialisme ayant réellement existé », le socialisme n’y était et n’y est pas une phase courte. Cela dure depuis 1 siècle et les pays qui y sont, sont toujours dans cette période historique dont on ne sait quand ils en sortiront. La dictature du prolétariat n’a absolument pas fait disparaitre les classes sociales, elle a juste modifié leur rapport à la propriété. Dans les phases où la propriété privée a disparu, car aujourd’hui elle réapparaît dans tous les Etats Socialistes, elle n’a pas supprimé l’existence d’une bourgeoisie ceci au regard même de sa définition marxiste. Cette bourgeoisie s’est réfugiée dans l’appareil d’Etat et elle s’en est servie pour se reproduire.

 

Cela pose donc la question de la dictature du prolétariat et sa signification, au regard de ce que l’existence réelle du socialisme l’oblige à incarner. Dictature du prolétariat, par quels moyens, et mise en exercice effectif par qui ? Les ouvriers ( ?), c’est dans leur exercice professionnel que se tient le concept de dictature ( ?), ou dans « leur » « pouvoir » « politique », mais alors où s’exerce ce pouvoir et par qui est-il mis en œuvre ( ?), un fonctionnaire ( un militaire, un policier, un agent des services de renseignement, un juge, etc. etc..) sont ils des « ouvriers » ? Qui plus est des ouvriers, les plus exploités, les plus dépourvus de droits, autrement dit des « prolétaires ». Le statut de fonctionnaire en est l’expression la plus opposée, on voit donc, au contraire, que dans les pays socialistes « dictature du prolétariat » ne signifiait pas dictature de la classe ouvrière et encore moins dictature de sa fraction la moins pourvue de droits.

 

 

Aujourd’hui, j’estime qu’il faut revoir l’ambiguïté de la position de Marx, Engels, Lénine quant à cette histoire d’Etat-Ouvrier, qui en même temps ne serait pas un Etat, et où la classe ouvrière serait au pouvoir tout en n'étant pas une classe. Ceci alors que la fonction économique continue d’exister et la nécessité de dégager un surplus de s’imposer. Car alors reste entière la question qu’est obligée de se poser toute société humaine : Qui le produit ce surplus et dans quelle condition ?

 

 

2) Pourquoi sommes- nous pour le déclin et la disparition de l’appareil d’Etat ?

 

 

« Nous avons le même but que les anarchistes, mais nous n’utilisons pas les mêmes moyens »dit Lénine, dans son ouvrage central « L’Etat et la Révolution », là encore j’estime que Lénine se trompe, ce n’est pas avec les anarchistes, mais avec les communistes-libertaires que nous partageons un but commun, mais que nous discutons sur les moyens. Car les anarchistes, peuvent être de droite, je n’ai rien à dire à Cohn-Bendit, hier gauchiste, aujourd’hui droitier, précisément parce que c’est un anarchiste, un thuriféraire de la liberté « absolue » du sujet, luttant contre les monopoles (particulièrement les monopoles publiques) au profit du petit propriétaire bourgeois et de sa libre concurrence, ce qui l’a transformé en européiste convaincu.

 

Parce que toute institution et tout phénomène d’institutionnalisation engendre de la bourgeoisie. Créer du supranationalisme (U.E) engendre de la bourgeoisie, tout comme défendre l’Etat- Nation bourgeois (« Tout Etat est bourgeois » Louis-Althusser).

 

Donc un Etat - Prolétarien, synonyme d’Etat - Ouvrier (i.e : comme fraction ouvrière la plus exploitée : les prolétaires) sous le socialisme, ne peut pas exister (voir tout mon site : Débat Communiste Ouvrier.wix). On peut concevoir d’appeler un Etat Socialiste : Etat « Prolétarien » à la condition d’admettre que ce concept renvoie à la non possession des moyens de production (mais pas à la non possession de sa force travail).Donc les fonctionnaires, comme les ouvriers, mais aussi tous les payés (ce qui n’est pas du tout un concept équivalent à celui de salarié), ne sont pas propriétaires de deux moyens de production sur trois : les moyens de travail et les objets de travail. mais comme ils sont propriétaires de leurs force de travail, ils ne mettent pas fin à la contradiction salaire-profit. Puisque par le fait que les payés non-exploités s’accaparent une partie de la plus-value (le reste étant investi dans le renouvellement et l’élargissement des moyens de travail), ils contribuent à faire jouer la loi de la valeur et donc à imposer la nécessité d’une économie monétarisée et des rapports marchands, et donc une opposition salaires-profits.

 

Durant toute la phase de transition la loi de la valeur continue de jouer, il y a donc exploitation du salariat (travailleurs productifs ou « ouvriers » au sens du marxisme). En conséquence l’appareil d’Etat socialiste est occupé par une bourgeoisie d’Etat. Bourgeoisie « rouge » nécessaire et indépassable, par existence d’une division du travail, basée sur une compétence qui doit décliner et s’éteindre au profit des exploités. Donc il faut contrôler la bureaucratisation, produit non pas par le comportement psychologique des individus mais par l’effet structural de l’appareil d’Etat, qui produit ce résultat sur le type de personnalité qu’il engendre.

 

Imaginer un système où on pourrait par miracle échapper à la loi de la valeur est une utopie, que nourrit le courant libertaire et catholique de gauche (l’idéologie du gratuit, du non-marchand est une idéologie humaniste de nature religieuse ou libertaire, elle, provient des ordres monastiques, et de la confusion que ceux-ci entretiennent entre sociétés marchandes et sociétés de classes). Pour Marx les sociétés de classes sont un progrès historique, être exploité est un progrès historique, qui permet d’engendrer et d’enraciner définitivement la nécessité de sociétés de surplus. Ce n’est donc pas aux sociétés du surplus qu’il faut mettre fin, mais au fait qu’il existe une catégorie sociale qui se l’approprie pour se reproduire, la bourgeoisie. Il faut donc mettre fin à cette catégorie sociale qui crée le capital : capital privé et capital public. Et c’est pour reproduire le capital que l’Etat existe. L’Etat est public, sa bourgeoisie est publique même quand elle sert les intérêts de la bourgeoisie privée pour qu’elle devienne capitaliste privée.

 

C’est pourquoi dans le débat sujet-objet, je reste du côté de ceux qui pensent que c’est l’objet structure qui détermine le sujet ; qui l’assujettit. Dans son ouvrage « Tel père, tels fils » paru en 1982, Claude Thélot, sociologue statisticien, alors responsable à l’INSEE et haut membre de l’appareil d’Etat capitaliste posait le fondement de sa thèse comme l’antithèse de celle défendue par Nikos Poulantzas. Ce dernier rappelait « … il est évident, que même dans la supposition absurde où, du jour au lendemain (ou d’une génération à une autre), tous les bourgeois occuperaient les places des ouvriers et vice et versa, rien d’essentiel ne serait changé au capitalisme car il y aurait toujours des places de bourgeois et de prolétaire, ce qui est l’aspect principal de reproduction des rapports capitalistes. ». Claude Thélot, opposé à cette thèse, affirmait : qu’une société avec mobilité ou sans mobilité, n’est pas la même, et donc que c’est de la flexibilité et de la malléabilité des structures qu’il convient d’attendre le changement, tout autant que du brassage des populations, ceci par des « réformes » mais non une révolution.

 

Pour moi, et en défense de la position de Nikos Poulantzas, j’estime que l’existence de l’URSS et sa fin a prouvé que le brassage des populations ne suffit pas, de même que la mobilité ascendante des milieux exclus. Car c’est le poste qui crée sur longue période, la nature du comportement de l’agent qui l’occupe. Ce sont biens des fils et filles de milieux populaires qui avaient historiquement bénéficié de cette mobilité, devenue par effet de postes de l’appareil d’Etat, une bourgeoisie d’Etat, qui au nom de la défense de leurs postes ont restauré le capitalisme privé.

 

Si je dis que je mets en place une « dictature du prolétariat » expression d’un pouvoir d’Etat en opposition à une autre dictature, celle de la « bourgeoisie » exprimée au moyen elle-même d’un « Etat », je ne fais qu’opposer deux expressions publiques d’une domination. On doit objectivement se demander, laquelle ?

 

Comment le fonctionnariat pourrait-il mettre en exercice une dictature, par exemple privée, si lui-même n’avait pas un rapport avec cette dictature (si c’était un agent neutre sans caractéristique, ou même pire dans la vision réformiste de notre parti, si c’était un salarié exploité !).

 

La seule position tenable et juste est d’admettre que l’exercice d’Etat (C’est-à-dire « public ») de la dictature, qu’elle soit exercée au nom du capitalisme privé ou au nom du capitalisme public (i.e: d’Etat), est tel, c’est-à-dire une dictature, parce que tout Etat est bourgeois. Le fonctionnariat transforme l’Etat en capitalisme d’Etat. C’est pourquoi aussi, dans les Etats « Socialistes », la bourgeoisie d’Etat trouve aussi facilement à ressusciter la bourgeoisie privée, puisque elle est elle-même produit de la division du travail mais n’a jamais trouvé le moyen de céder sa place aux exploités de la société civile (et en générale n’en exprime pas du tout le désir).

 

 3) Rectifications nécessaires après 1 siècle de socialisme réel :

 

Etat socialiste ne veut pas dire fin de la lutte des classes. Il veut dire fin de la lutte contre le capital privé, si tout a été nationalisé, ou mis en forme « sociale » (coopératives, tiers- secteur etc.)

 

Une dernière lutte doit avoir lieu entre la « bourgeoisie d’Etat » et la société civile exploitée.

La bourgeoisie, produit de la division du travail, doit être remise en cause, par une remise en cause de cette même division du travail. Ceci horizontalement dans le procès de travail et de production et verticalement en faisant disparaître « s’éteindre » la structure qui produit une bourgeoisie d’Etat. Dans le modèle stalinien et post-stalinien, cette contradiction aurait un caractère non-antagoniste, ce que nous révèle la fin du « socialisme ayant réellement existé », c’est qu’au contraire elle a un caractère antagoniste.

 

 4) Rectification de l’erreur léniniste :

 

Le passage au socialisme n’a pas pour fonction de faire disparaître les classes sociales, mais de faire parvenir au pouvoir une ultime classe sociale : la classe ouvrière. Il faut donc connaître les valeurs de la classe ouvrière qui ne se confondent pas avec les valeurs du parti, institution « appareil idéologique », qui souffre d’un biais, n’envisager la politique que du point de vue institutionnelle.

 

C’est le passage au Communisme qui a pour fonction de faire disparaître toutes les classes sociales au moyen de la disparition de l’Etat qui se sera éteint, comme toutes les institutions dont le parti.

 

Sous le socialisme, ou existe un « Etat », le parti, qui n’est pas la classe, a pour fonction de transmettre le pouvoir d’Etat à la classe et donc de le faire disparaître. Pourquoi, parce ce que ce qui fait fonctionner l’Etat est une classe, une bourgeoisie « rouge ». Bourgeoisie nécessaire momentanément par effet de compétence, compétence qui doit être transmise à la classe ouvrière, pour qu’elle devienne une classe « politique », qu’elle gère un « non-Etat » sur le modèle de la commune de Paris.

 

L’erreur de Lénine est d’avoir confondu le parti et la classe, et donc d’avoir considéré que par là, l’Etat devient « ouvrier ». Y compris à la fin de sa vie où dans son ensemble de textes : « les lettres de loin », pour lutter contre la bureaucratisation, il continuer de proposer de faire « monter » des ouvriers issus de l’appareil productif dans l’appareil d’Etat. Alors qu’il aurait fallu faire l’inverse, faire descendre le pouvoir politique de l’appareil d’Etat dans les unités de production.

 

La vision de Lénine confrontée à l’histoire devient ainsi intenable. Dans « L’Etat et la Révolution » il appelle à confondre « dictature du prolétariat » et « hégémonie de la classe ouvrière », autrement dit l’Etat doit disparaître immédiatement, donc le socialisme est une affaire de quelques mois, voire, d’à peine quelques années (En fait, ça a duré (et dure encore !) un siècle !)  Et avec lui, tous les gauchistes disent : « Vive « l’Etat et la Révolution » ! Puis Lénine se rend compte que c’est l’inverse qui se présente à lui. Il a besoin de l’Etat et donc de la compétence de la bourgeoisie qui le fait fonctionner et qu’il doit renouveler au moyen de l’élargissement de sa base de recrutement (système méritocratique de promotion d’anciens ouvriers ou paysans qui deviennent les nouveaux cadres fonctionnaires de l’appareil d’Etat), mais comme le fonctionnariat, n’est pas un salariat exploité, l’ Etat que Lénine construit, mais surtout Staline, ne peut échapper à la loi de la valeur et aux effets de la marchandisation.

 

Staline pratique la fuite en avant, au nom du contrôle, d’une fonctionnarisation de tous les mécanismes économiques au nom d’une régularisation d’ensemble. Ceci marche tant qu’on en est au Take - Off, au démarrage, et tant que ce n’est pas la consommation particulière que l’on a à satisfaire. Pour construire des usines d'industrie lourde et des chars d’assaut, la quantité peut être déterminante, mais dès qu’on va chercher à satisfaire la population (dans les années 60) cela ne marche plus. Les gens veulent du choix, (on n’a pas besoin de choix chez les militaires ou les industriels, on a besoin d’efficace), et comme ils veulent du choix, ils veulent de l’obsolescence sociale et pas seulement de l’obsolescence physique ( La population veut du choix, elle veut la consommation par désir versus l’ancienne situation qui se contentait de l’ « usure » celle des usines et chars d’assaut, par besoin), ils veulent choisir entre plusieurs produits et donc en disqualifier certains, ils veulent donc l’application des lois du marché.

 

C’est donc, à tort ou à raison, qu’ils jugent cette société comme une société sans choix, une société monocolore, d’autant plus que ce n’est pas seulement dans le marché de la société civile qu’ils n’ont pas le choix, c’est aussi dans la société politique avec le parti unique.

 

Là, encore confondre Etat et parti comme on a confondu Etat et classe ou classe et parti introduit une déviation de droite, dont nous ne sommes toujours pas sortis :

 

- La classe est au pouvoir via le parti, mais que sont les militants qui ne sont pas membre de la classe ?

- Le parti est au pouvoir via l’Etat, mais que sont les fonctionnaires qui ne sont pas membres du parti ?

 

- L’Etat exprime les intérêts de la classe ?  Peut-être au niveau politique, mais certainement pas au niveau économique, on ne peut confondre un fonctionnaire touchant un traitement et un ouvrier touchant un salaire.

 

La seule solution c’est de faire descendre l’Etat au niveau de l’unité de production, où là les exploités pourront exercer les missions de l’Etat par intermittence au cours de leur vie productive ou non (retraités).

 

Cela évite de sortir de la société marchande, cela évite de sortir de la société du surplus, cela permet le choix et un certain consumérisme (à contrôler, mais qui est inévitable et même souhaitable), mais cela oblige à « liquider » la bourgeoisie et tout ce qui l’aide à se reproduire la propriété privée et la propriété publique. Dans la société civile comme l’Etat.

 

 

Nous, reviendrons dans un prochain article sur cette confusion entre : classe, parti, Etat. A travers la lecture d’un ouvrage de Grégory Zinoviev « Le léninisme » écrit en 1926, qui pose assez clairement cette question, mais pour défendre totalement ce choix. Pour lui le léninisme incarne l’idée que la classe ouvrière est au pouvoir, via le gouvernement, et est donc dans l’Etat, car le parti c’est la classe ouvrière. Pour cela il faut totalement épuré le parti, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que des ouvriers.

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* Le concept de Formation Sociale permet de relier la question de l’Etat à celui de Mode de Production, et au sein du Mode de Production de distinguer au moyen d’une topique, la différence entre infrastructures et superstructures, l’Etat relève des superstructures qui fonctionnent dans une autonomie relative, avec des logiques propres qui les régulent, ce sont des « appareils » appareils répressifs ou appareils idéologiques. Les infrastructures elles mêmes reproduisent ce schéma de régulation dans l’autonomie, mais les infrastructures jouent un rôle déterminant en dernière instance, car le rapport qui les lient en un tout cohérent est essentiellement le rapport économique. Ce sont donc les forces productives (de l’infrastructure) qui en dernière instance agissent sur les rapports de production (de la superstructure). L’Etat a pour fonction de surveiller la reproduction générale de ce système, ceci au profit de la classe dominante, elle-même contrôlée par sa fraction dominante.

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