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Penser un Communisme Ouvrier d'inspiration léniniste c'est s'obliger à articuler avènement d'une ère ouvrière et déclin de l'Etat prolétarien. C’est aussi s'interroger sur les catégories du droit qui fondent la démocratie révolutionnaire, pour réfléchir aux conditions possibles de leur extinction.

 Le Prolétariat, le concept et ses contradictions :

Le prolétariat est une catégorie sociale qui se définit essentiellement par rapport à l'Etat, ceci depuis l'antiquité. L'acceptation classique, en donne la définition suivante " le prolétaire est le citoyen de la dernière classe du peuple, exempt d'impôt et ne pouvant être utile à l'Etat que par sa descendance. Proles : la lignée, la descendance". (Le Robert). Autrement dit, traditionnellement au début des sociétés de classes, l'expression désignait, la fraction des hommes libres (les non - esclaves) qui n'étant pas en capacité de posséder, ne pouvaient affirmer leur état de propriétaire, et donc prétendre au statut de citoyen. Leurs luttes politiques, comme fraction de la plèbe, leur avaient permis de se faire reconnaître comme aptes à fournir à la nation en compensation de leur non- imposition, eux-mêmes ou leur progéniture, pour en cas de danger, devenir soldats. Cette reconnaissance d'un " droit " leur assurait la liberté et la citoyenneté et permettait d'échapper au risque de se voir réduit en esclavage, comme les non- autochtones, les "barbares" étrangers.

Cette catégorie sociale du monde gréco-romain fut reprise par Marx pour l'articuler de façon contradictoire à sa construction du concept de société de classes, ceci en vue d'affirmer les droits historiques d'une classe productive, la classe ouvrière, à advenir comme dernière représentante des sociétés de classes.

Aujourd'hui, cette définition classique générale, aurait tendance dans le réagencement conceptuel moderne du marxisme, à correspondre plus au concept de lumpen - prolétariat ou prolétariat "en haillons" puisque la dépossession totale de toute forme de propriété y compris celle de sa force de travail rend compte d'un état de très grand précarité (vagabonds, clochards etc..), situation assez répendue à l'époque de l'antiquité dans la construction des grandes cités, avec l'arrivée d'ouvriers agricoles ou de petits paysans chassés de leurs terres par l'extension des latifundia et le développement d'un esclavagisme qui lui était afférent.

Autre différence marquante avec le concept des origines, le concept marxiste de prolétaire s'articule essentiellement à la seule propriété des moyens de production et non à l'ensemble des formes de propriétés. Par conséquent, il n'ouvre pas ou peu, à des réflexions sur les formes de propriétés autres que productives, par exemple des investissements portant sur des biens de consommation.

 

La catégorie de prolétaire c'est souvent substituée chez Marx à celle de membre de la classe ouvrière, ce qui a produit des flottements dans son raisonnement et des imprécisions dans les populations statistiques qu'elles recouvrent. C'est ainsi, que si le concept de prolétariat désigne les catégories sociales qui sont exclues de toutes propriétés et donc de tout droit, il ne peut renvoyer aujourd'hui en gros qu'à la seule fraction des chômeurs non indemnisés, en effet l'indemnisation est encore trace de propriété sur la part du salaire socialisé, celui que les cotisations de l'ex- salarié chômeur ont contribué à créer.
C'est pourquoi, il nous a paru important dans le cadre de cet article, de chercher à approfondir en rapport avec la représentation marxiste de l'économie politique, ce que peut recouvrir chacun des concepts sociologiques posant l'existence d'une classe comme classe productive ou non.

Ce que le concept marxiste de Prolétariat ne peut selon nous, recouvrir :

Le prolétariat, n'est pas l'équivalent du concept de classe ouvrière. Le prolétariat renvoie à un rapport de possession et de dépossession, donc à ce qui est lié à l'appropriation et non à l'acte de production. Concernant la classe ouvrière, ce rapport nourrit un mécanisme au sein de cette classe qui lui est propre. Il lie ainsi le procès de salarisation, au procès de prolétarisation. Selon Marx et à la différence de la représentation de l'école classique économique  de Smith ou surtout de Ricardo, qui  eux considèrent que l'ouvrier soit : loue sa force de travail, soit qu'il vend son travail, pour Marx, l'ouvrier vend sa force de travail, ce qui signifie qu' il en est propriétaire. Marx, considère que le marché est le lieu de confrontation des propriétaires entre eux, sinon le marché ne pourrait être un lieu effectif de réalisation et de validation. Cette définition s'oppose aussi à d'autres représentation du marché comme l'école de l'Economie Politique du Signe, pour qui le marché est un lieu de réalisation fictive, il ne s'y joue que de l'échange de signes, pour tous ses courants il ne peut exister d'autres formes de profit que les profits engendrés par le déséquilibre entre offre et demande, et non pas comme l'affirme la théorie marxiste, un profit résultant d'une exploitation. Une exploitation non pas du travail, mais de la force de travail.

Pour Marx, l'accès à la propriété du travailleur " libre " de sa force de travail est ce qui distingue le stade du salariat du stade du servage ou de l'esclavage. Cependant, durant le processus productif l'ouvrier connaît une dépossession totale de sa force de travail, un procès de prolétarisation, sa force de travail ne lui appartient plus comme puissance à produire de la survaleur. C'est pourquoi le travail est dit exploité mais aussi productif, il rapporte à l'un des 2 propriétaires de cette échange plus de valeur qu'il en a avancée (le propriétaire des moyens de production), l'autre (l'ouvrier) se voit extorquer une capacité créatrice de valeur, car il est incapable de la faire validé étant dépossédé à la fois de l'outil et de l'objet de travail.

Pour la théorie de la location qui a aujourd'hui des partisans modernes, notamment l'école des économistes radicaux de Grenoble, Marx se serait trompé, l'ouvrier n'est pas dépossédé de sa force de travail, puisqu'il est capable de reproduire continuellement cet acte de vente. Il s'agirait en fait d'une location (Ricardo). Dans l'acte de location, il n'y a pas désappropriation il n'y a pas procès de prolétarisation, puisque que le loueur reste propriétaire, il y donc essentiellement usus, aliénation, mais pas abusus, destruction. Le travailleur comme source physique ne disparaît pas dans la consommation productive. Il reste donc une capacité toujours réalisable.
Nous considérons nous, que l'école de la location, continue de confondre rémunération du travail et rémunération de la force de travail.
L'école de la location ne s'intéresse pas dans l'acte de réalisation à la partie qui porte sur l'accroissement de production de valeur, c'est à dire au fructus, à la plus value, mais uniquement à l'acte de "location" de la force de travail. Ils ont donc tendance à ne s'intéresser qu'au seul profit, en ignorant la part de plus value qui entre dans sa constitution. 

 

Toutes les lectures réformistes ont cette tendance commune qui est celle de ne considérer l'approche économique  que sous l'angle du marché, l'angle de la réalisation et de réduire la lutte des classes à un combat pour la répartition. La lutte des classes porterait sur l'opposition Salaires/profits. Dans cette vision réformiste et révisionniste, la plus- value et sa spécifitée - être le fruit de la production et de la division du travail- sont escamotées. Il n'y plus, d'un côté, que des capitalistes  et de l'autre côté des salariés en "général".



Cette déviation du marxisme considère que si le concept de classe sociale doit être jugé pertinent, il ne peut renvoyer qu'à un "salariat" en général, tous les vendeurs de travail formant une même classe sociale, ceci indépendamment du fait que le travail fourni  soit ou non un travail productif. Une classe dont l'essence est d'être aliénée puisqu'elle ne bénéficie plus de la pleine jouissance de la propriété de sa force de travail, mais pas une classe exploitée et donc une classe dépossédée, une classe prolétarisée, par la production d'une marchandise. Marchandise qui incorpore une partie du pouvoir de production de l'ouvrier : sa force de travail cristallisée.

Le concept de Prolétariat recouvre donc une double réalité, sous un processus commun, la dépossession.

 

- 1) Pour les propriétaires des outils de travail et des objets de travail, ainsi que du capital - argent, être prolétarisé signifie se voir privé de la part de propriété capable d'assujettir la force de travail et de la faire disparaître de façon productive dans la marchandise, c'est donc perdre son statut de capitaliste. Seconde définition , le capitaliste se voit privé de son revenu, le profit, qui lui permet de renouveler son statut: être bourgeois.

 

- 2) Pour l'Ouvrier être prolétarisé signifie soit qu'il est exclu du marché du travail, et donc ici aussi privé de son revenu, son salaire, soit qu'il connaît un procès d'exploitation transformant sa salarisation en un travail productif. Un travail productif de marchandise, un travail exploité.

Le salariat marxiste et la classe ouvrière

Pour Marx, qu'est ce que le salaire ? C'est la part du capital avancé qui une fois la plus-value exprimée, c'est-à-dire l'accroissement de valeur engendré par le seul travail, sous la forme particulière du profit de marchandise, sert à la reproduction de la force de travail. La particularité de cette force est que comme travail cristallisé, elle crée plus de richesse (de marchandises réalisées) qu'elle n'en consomme. Le salaire n'est donc pas la simple rémunération monétaire d'un travail donné. Toute rémunération n'est pas salaire, toute paie n'est pas salaire. Il n'y a de salaire avancé (forme particulière de capital) que s'il y a au bout du processus, paie exploitée. La paie qui n'est pas exploitée, comme capital avancé, est forme de rémunération d'un non membre de la classe ouvrière. Pour le marxisme, de part l'analyse fournie du procès de production, seules 2 catégories existent au bout du processus de production capitaliste : Ceux qui sont exploités et ceux qui ne le sont pas.

 

Toutes les formes de rémunérations, paies, émoluments, traitements etc., qui ne deviennent pas un salaire au sens marxiste du terme, restent des expressions de la forme revenu. Qui n'est pas exploité est rémunéré par un revenu.
Dans les entreprises, il s'agit essentiellement de la part de profit consacrée à la consommation non productive, chez les particuliers essentiellement des paies (que par abus de langage on a pris l'habitude d'appeler salaire, mais ce n'est pas du salaire au sens marxiste de ce terme), il n'y a donc aucune création de valeur (valeur d'échange).

Qui ne fait pas partie de la classe ouvrière en étant soumis à la salarisation exploitée, fait donc partie de la bourgeoisie, autrement dit est rémunéré par du profit ou de la paie (un revenu) et non  part une avance de capital salarial.

L'ouvrier prolétarisé par l'acte productif fait partie de la classe ouvrière. L'ouvrier prolétarisé par le marché du travail (son exclusion) ne fait plus partie de la classe ouvrière, son indemnisation est un revenu et non du capital productif. Même si l'on considère que ce revenu est engendré par solidarité par un autre salarié (principe de la sécurité sociale), le salaire devient un revenu à partir du moment où il est destiné à la consommation et plus à la production comme capital avancé. 

  

On appelle classe dans le marxisme un groupement économique qui a même origine de rémunération

                                                      ou revenu ou capital salarial

 

 

Classe ouvrière, car c'est dans la catégorie sociale des ouvriers que se rencontre la prolétarisation la plus massive et la plus conséquente. Mais un ouvrier qui n'est pas exploité ne fait pas partie de la classe ouvrière, il n'est pas considéré comme productif au sens marxiste du terme. C'est ce que démontre très clairement l'extrait ci-dessous du Capital de Marx qui produit aussi d'intéressants raisonnements à contrario.

Théorie sur la Plus Value (livre IV du Capital) Tome 1:

Extraits :...

"Théories sur le travail productif et le travail improductif"

"  1 le travail productif, au sens de la production capitaliste, c'est le travail qui produit de la plus-value
le travail productif au sens de la production capitaliste, c'est le travail salarié qui en échange de la partie variable du capital (de la partie du capital déboursé en salaire), non seulement reproduit cette partie du capital (ou la valeur de sa propre puissance de travail), mais produit en outre de la plus value pour le capitaliste.

C'est la seule façon de convertir de la marchandise ou de l'argent en capital, de produire de la marchandise en tant que capital.

Seul est productif le travail salarié qui produit du capital.

...parmi ces ouvriers productifs il faut compter naturellement tous ceux qui collaborent d'une manière ou d'une autre à la production de la marchandise, depuis le travailleur manuel, jusqu'au manager, engineer, (directeur, ingénieur) (pour autant qu'ils sont différents du capitaliste)..


(D.C.O) : Tous font donc, pour Marx, partie de la classe ouvrière, car tous effectuent, pour autant que l'on puisse le démontrer, un travail productif c'est à dire un travail salarié exploité soumis à la logique du capital, Marx dit clairement un manager exploité, est un ouvrier !)

...Par là est établi aussi de façon absolue ce qu'est le travail improductif .c'est du travail qui ne s'échange pas contre du capital, mais immédiatement contre du revenu. donc [contre] du salaire ou du profit.( et naturellement contre les divers éléments, tels l'intérêt et les rentes, qui participent au profit du capitaliste en qualités de copartners [associés]
...Ces définitions n'ont donc pas pour origine la détermination matérielle du travail (ni la nature de son produit ni la détermination du travail comme travail concret
[DCO : travail manuel]...
Mais une forme sociale déterminée, les rapports sociaux de production dans lesquels le travail s'accomplit réellement.

Un comédien par exemple un clown même, est un travailleur productif (DCO : Il fait partie de la classe ouvrière, il fait partie de la classe exploitée ) du moment qu'il travail au service d'un capitaliste (entrepreneur) à qui il rend plus de travail qu'il n'en reçoit sous la forme de salaire

Tandis qu'un tailleur qui se rend au domicile du capitaliste pour lui raccommoder ses chausses, ne lui fournit qu'une valeur d'usage et ne demeure qu' un travailleur improductif.
(DCO : bien que travailleur manuel, Il ne fait partie de la classe exploitée, il ne fait pas partie de la classe ouvrière)

Le travail du premier s'échange contre du capital, le travail du second contre du revenu. le premier crée de la plus-value; dans le second cas c'est un revenu qui est consommé.

... Ici
|[ Pour Marx] le travail productif comme le travail improductif sont donc considérés du point de vue du possesseur de l'argent, du capitaliste et non du point de vue du travailleur. C'est ainsi que s'explique l'idiotie qu'on trouve chez Ganilh et d'autres auteurs qui n'entendent rien au problème au point qu'ils se demandent si le travail, le service ou la fonction de la prostituée, du valet, etc. rapportent de l'argent.
Un écrivain est un travailleur productif non parce qu'il produit des idées, mais dans la mesure où il enrichit l'éditeur qui publie ses écrits ou encore s'il est travailleur salarié capitaliste".


On voit donc que jamais Marx n'a confondu la nature de la marchandise travaillée, bien ou service, et le caractère productif ou non du travail effectué. Pas plus qu'il ne fait référence à un métier ou à la nature des tâches, pour en caractériser la nature productive ou non. Si certains ont voulu voir dans la catégorie d'ouvrier d'usine travaillant sur des biens matériels, l'unique catégorie désignée par Marx sous le vocable de membre de la classe ouvrière, ils se trompent. Si Marx traite de la sociologie ouvrière pour reconstruire l'histoire du procès de production, qui sert de démonstration à l'écriture du Capital, c'est que outre cette catégorie est pratiquement exploitée dans sa totalité, c'est aussi dans cette catégorie que l'exemplarité de la division du travail devient la plus significative et la plus parlante, en transformant de façon significative les instruments de production, d'outils manuels en machinisme. Et c'est de l'outil de travail de sa conception comme de son organisation au sein de la division sociale et de la division technique que nait la possibilité d'intensifier l'exploitation (plus-value absolue et plus-value relative)

 Aujourd'hui, donc,  une même histoire pourrait être écrite concernant l'écrivain "exploité" qui irait du crayon à papier, au stylo en passant par la machine à écrire jusqu'à l'ordinateur. En quoi ces technologies, dans leur développement historique ont-elles contribué par leur agencement, leur organisation (mais aussi et de plus en plus dans leur conception même) à généraliser le statut d'écrivain " exploité " (Pour autant qu'il le soit), dans la mesure, par exemple, ou l'informatisation réduit le temps d'écriture et le temps de transmission du produit fini à la maison d'édition.

 

On voit que l'informatisation des activités de services  favorise et contribue clairement à instaurer l'extension d'une telle situation, l'exploitation. Employés, enseignants, intellectuels etc. sont grâce à la généralisation d'un procédé technique commun, mis en concurrence, aujourd'hui beaucoup plus facilement qu'hier, il est clair que l'informatisation permet facilement le développement du travail productif dans des catégories qui hier n'étaient pas concernées par un tel phénomène.

Marx est essentiellement un philosophe, qui développe une branche particulière de l'épistémologie, l'analyse dialectique et matérialiste de l'Histoire. Il prend une science particulière (très souvent l'économie) et il l'étudie au regard de ses propres assertions. Mais en même temps, il fait montre à l'égard des sujets qu'il étudie de l'humour propre à la tradition philosophique, qui consiste à se moquer de sa propre pensée en construction. Il se permet de nous mettre, de façon jubilatoire, sur des pistes iconoclastes, ici aussi, dans ce court extrait cité. On sait qu'il aimait pousser ses raisonnements jusqu'à l'absurde, ainsi avait-il écrit un passage fort célèbre dans ses " Théories sur la Plus-value " sur l'économie du crime, démontrant que sans voleurs et délinquants il n'y aurait pas de juges, de policiers, pas de prisons, le crime est donc source de profit, non seulement pour ceux qui les commettent, mais aussi pour ceux qui les combattent etc..


Il introduit dans notre court extrait et sans y toucher un aparté sur Ganilh, et ouvre une possible réflexion bien peu humaniste à propos de la prostitution. Car par extension, nous voilà conduit malgré nous à affirmer : Une prostituée qui travaille à son compte, n'est pas productive, ne fait pas partie de la classe ouvrière. Une prostituée qui a un souteneur et qui lui rapporte, fait partie de la classe ouvrière. Conclusion la classe ouvrière étant l'avenir de l'humanité : vive les maquereaux !
Cela c'est l'humour à la Karl Marx, il ne dit rien, il nous pousse par petites touches à "logiquement" poursuivre son raisonnement en nous indiquant des catégories, les valets, les prostitués etc. mais il ne développe pas, il nous laisse faire.

Le Prolétaire - l'Ouvrier- et la production d'une classe révolutionnaire :

Nous venons de voir que la catégorie de prolétaire se pose comme catégorie dépossédée.
Dépossédé du capital et dépossédé des moyens de production, mais si la dépossession du capital et des moyens de production contribuent à définir et caractériser la majorité du salariat aujourd'hui dans notre pays, il n'en est pas de même de la force de travail. La force de travail qui ne trouve pas à s'investir dans un procès de travail productif, productif de surtravail, n'est pas une force de travail dépossédée, prolétarisée. Elle reste improductive au sens marxiste du terme, ce n'est pas une force de travail exploitée.

Un prolétaire qui n'est pas membre de la classe ouvrière, voit sa rémunération provenir non pas d'une avance de capital, mais d'un revenu. Si c'est un revenu, le travail qu'il rémunère ne peut pas engendrer de capital, la forme la plus générale d'expression de la valeur, sa forme la plus socialisée. Cela devient central quand il s'agit d'analyser la place du fonctionnariat dans les rapports de production.

L'Etat et ses agents sont les produits d'une ponction effectuée au moyen de l'impôt, ce dernier pèse sur les revenus, salaires et profits et non sur le capital. (Quand on parle en fiscalité bourgeoise d'impôts sur le capital, on parle de 2 choses. L'impôt sur les biens matériels, les différentes sortes de propriétés, dont les biens des entreprises, on "chosifie" le capital, conformément à l'économie politique bourgeoise que Marx précisément critique dans le Capital, ceci même s'ils ne donnent pas lieu à des revenus (exemples les droits de succession), ou au contraire, on parle des profits (comme formes valeurs avec par exemple l'impôt sur les bénéfices) avant que ceux-ci ne redeviennent pour un nouveau cycle productif "Capital".

 

Il n'y a pas d'impôt sur le capital, mais impôt sur les moyens capitalistiques ou sur les " fruits" du capital.

Créer un impôt sur le capital au sens marxiste reviendrait à mettre à jour les lois de l'exploitation. Cela les capitalistes ne le veulent surtout pas.

Dès lors les personnes qui se trouvent occupés dans l'appareil d'Etat, non seulement ne sont pas productives par absence de mises en marché des activités qu'elles exercent, mais ne sont pas productives par la source de leur rémunération qui n'émanent pas du capital mais de revenus. C'est bien une bourgeoisie qui s'occupe de l'Etat et ce phénomène se poursuit tant que l'Etat existe.

 

Etat prolétarien - Etat Ouvrier - Etat socialiste - Etat Communiste.

Au regard de ce que nous venons de rappeler regardons maintenant les grandes catégories conceptuelles portant sur l'Etat, que le marxisme récupère de la pensée préscientifique social-démocrate et qu'il essaie d'articuler dans une logique conduisant à la société sans classes.

Etat Communiste : oxymore, tant qu'existe l'Etat, le communisme ne peut pas être instauré précisément parce qu'avec l'Etat existe une bourgeoisie de gestion qui le fait fonctionner, l'antagonisme de classe existe toujours. Etat Communiste, cela n'a donc jamais existé, et n'existera jamais.

Etat Socialiste : comme superstructure, il est le reflet d'un mode de production dominant.

 

Il a existé un Etat esclavagiste correspondant au mode de production esclavagiste, un Etat féodal correspondant au mode de production féodal, un Etat capitaliste correspondant au mode de production capitaliste. Le socialisme est-il un mode de production ? Staline l'affirmait, mais est-ce vrai ?

 

Si cela avait été le cas, nous pensons que comme mode de production le socialisme n'aurait jamais pu repartir en arrière. Jusqu'à maintenant, on a jamais vu une société esclavagiste redevenir primitive, une société bourgeoise redevenir féodale etc. ( on a assisté à de pseudo "restauration" de républiques bourgeoises redevenant monarchistes. Mais ces monarchismes, n'ont jamais restauré que des féodalismes d'opérettes, les droits de tous les anciens émigrés, sur leurs "fiefs" trouvant comme par miracle très souvent à se transformer en monnaie sonnante et trébuchante d'indemnisation, vecteur de l'accumulation primitive du capitalisme de grand propriétaire, ce que beaucoup sont devenus en conformité avec le mode de production dominant, qui lui n'est pas retourné en arrière, il est bien resté capitaliste).

 
Le socialisme est donc plus vraisemblablement une phase de transition, s'il est "Etat" c'est qu'il tire encore vers le capitalisme, mais c'est aussi que le socialisme doit rétablir le déséquilibre que la concentration capitaliste a introduite, et il ne peut le faire qu'au moyen du droit et de la loi, de la redistribution et de la planification. C'est pourquoi le socialisme est d'Etat. Il est d'abord Capitalisme d'Etat, puis socialisme d'Etat, enfin Communisme sans Etat. Il s'exprime sous la forme de la nationalisation comme modèle de socialisation du Droit Public, puis par avancée de la socialisation dans la production et fin de la division du travail, comme Droit Collectif, avant qu'à son tour le droit ne s'éteigne.


Etat Ouvrier : Si le terme ouvrier renvoie à une catégorie issue de la nomenclature des métiers il est clair qu'un fonctionnaire n'est pas un ouvrier (exceptés les ouvriers d'Etat (Etat, Régions, communes) qui précisemment comme nous venons de le voir ne font pas partie de la classe ouvrière pour Marx), si le terme ouvrier renvoie au concept de classe ouvrière, un fonctionnaire comme agent non exploité ne l'est pas plus.
S'il s'agit d'une "métaphore" politique : un Pouvoir, un Etat, un Gouvernement au service de la classe ouvrière ... Cela peut faire sans doute illusion (et cela à fait illusion pendant 90 ans, jusqu'à la chute de l'URSS) mais tôt où tard fini par se poser la question : qu'est-ce qu'un Etat Ouvrier qui n'est pas dans son essence, dans son mode de fonctionnement même Ouvrier?

 

La réponse est : C'est un Etat bourgeois qui finit par se conduire en conformité d'essence avec son fonctionnement, c'est-à-dire qui finit à échéance, par rétablir les droits privés de la bourgeoisie.

Etat Prolétarien : Un Prolétaire comme catégorie particulière d'ouvrier renvoie à la contradiction précédente.

 

Prolétaire comme expression juridique de tous les non-propriétaires, peut déboucher sur l'existence d'un Etat, à la condition de considérer que l'on ne peut en rester là, au risque de maintenir au pouvoir une bourgeoisie improductive.

 

L'avenir de tout prolétaire se tient donc dans son statut de membre de la classe ouvrière. Il s'agit donc de prolétariser le dernier maillon des forces productives : la force de travail. Celle-ci est encore sous le socialisme, par existence du salariat, statut de Droit Privé, tant que l'exploitation n'est pas généralisée, c'est à dire tant que ce statut n'acquière pas une dimension universelle. Mais pour représenter cette nouvelle figure du salarié et de personnalité sociale, il faut produire un droit collectif reflet de la reconnaissance du travailleur collectif non comme état figé, mais comme processus remettant en cause la division sociale et la division technique du travail.

L'unification du prolétariat, l'hégémonie ouvrière, et les tâches démocratiques.
    
La lutte de classe du mouvement ouvrier s'est historiquement développée sous la double contrainte de l'existence de la propriété privée des moyens de production et de l'exploitation par le travail salarié. La position consistant à lier mécaniquement les 2 phénomènes a conduit à assimiler la catégorie sociale de prolétaire à celle de membre de la classe ouvrière, ceci a produit deux déviations bien connues du mouvement révolutionnaire.

La première déviation, que l'on peut qualifier de " droite ", considère que la disparition de la propriété privée suffit à régler la question de l'appropriation réelle des moyens de production par les travailleurs. L'Etatisation déboucherait mécaniquement sur la socialisation des forces productives et des rapports de production dans la voie du communiste, sans qu'il soit besoin de mettre en œuvre une révolution dans la révolution, que l'on considère celle-ci comme permanente ou ininterrompue.
Cette déviation, nous venons de le voir, assimile également l'ensemble du salariat à la classe ouvrière, considérant que tout travailleur subit par le salariat l'exploitation et donc qu'à rebours, il fournit un travail productif.
Cette déviation, base de la social-démocratisation droitière du mouvement communiste, aboutit à laisser stagner la phase de transition au stade du Capitalisme d'Etat à y maintenir une bourgeoisie d'Etat, à produire une bureaucratisation improductive de l'économie par confusion et indistinction de la nature des activités produites.

 

La bourgeoisie d'Etat (le fonctionnariat) a besoin pour se reproduire de s'approprier une fraction du surproduit engendré par le salariat exploité. Elle le fait via l'impôt. Elle joue donc au stade du socialisme un rôle conservateur qui sous le joug des contradictions tend à la réaction. Dans la lutte des classes, l'étatisation des contradictions représente le point de vue centriste du mouvement ouvrier, qui porte les valeur de la social-démocratie (L'Etat garant des contradictions sociales). Elle s'oppose au procès d'exploitation et au procès de dépossession qui affectent la classe ouvrière comme une fraction croissante de la bourgeoisie capitaliste. Elle transforme donc l'Etat "technique" en capitalisme d'Etat. Mais ce phénomène grippe l'accumulation et la production de valeur, il bureaucratise la société et la rend inéfficace dans sa production de marchandises (Ce que l'expérience russe, chinoise et aujourd'hui cubaine ont démontré et que les russes et chinois ont contré en restaurant partiellement ou totalement, une bourgeoise capitaliste privée).

 

Le capitalisme d'Etat est d'un point de vue étatique, un capitalisme qui maintient donc une bourgeoise administrative, par le biais d'un impôt s'appropriant une part du surplus engendré. Mais c'est aussi au sein des entreprises nationalisées, un stade historique qui règle la question de la ligne de direction et de la ligne d'organisation dans un sens bourgeois, puisqu'une partie du profit de ces entreprises (même si l'actionnariat et l'appropriation privée n'existent plus) continue d'être accaparé au moyen de rémunérations qui ne sont pas des salaires mais des revenus (paies,traitement etc..) car fruits d'une non - exploitation.

 

L'homme, qui  a symbolisé historiquement la forme autoritaire de cette déviation, est Joseph Staline ; il a substitué à la lutte des classes, la politique administrative et policière de l'Etat " Socialiste ", il a incarné le dernier stade de la filiation social-démocrate au sein de la représentation communiste, en éternisant l'Etat et sa bourgeoisie de fonctionnement.
C'est pourquoi, le stalinisme a mis en place un stade autoritaire d'une forme particulière de socialisme bourgeois.

 

Le post-stalinisme qui lui a succèdé, n'a produit dans ses réaménagements idéologiques, rien de véritablement significatif de ce point de vue, au contraire il a eu plutôt tendance à masquer la voie de la résolution des contradictions en accentuant sa dérive par une réaffirmation des valeurs social - démocrates, même si on ne peut nier son "mérite", qui est de s'être présenté sous le principe de restauration de la démocratie et de l'Etat de droit au travers des concepts petits-bourgeois de "culte de la personnalité", "violation de la légalité socialiste" , "droit de l'hommisme" autant de catégories qui en appellent à l'Etat pour mieux l'idéaliser er l'absolutiser (tribunaux, justice, avocats, assistantes sociales etc. etc.)

La seconde déviation de nature essentiellement gauchiste et anarchiste, a conduit à l'opposé à exiger la disparition immédiate de l'Etat, mais aussi l'abolition immédiate du salariat, sans que les mécanismes concrets de leurs mis en œuvres, par exemple : la nature de la division du travail, la planification, l'aménagement du territoire, les tâches sociales de répartition (éducation, santé, retraite) ne rencontrent d'autres obstacles que la volonté révolutionnaire de la classe ouvrière, il s'agissait de passer immédiatement au communisme.
Ici, Les Conseils ne sont pas une nouvelle forme étatique révolutionnaire se substituant à l'Etat classique bourgeois, comme a tenté de développer le courant léniniste entre 1917-1924, mais essentiellement des pouvoirs locaux chapeautant des groupes industriels, plus proches de ce que l'idéal anarchiste d'un marché sans capital, sous-tend.

A nos yeux, la nécessaire rectification de l'étatisation bureaucratique des tâches, dans un sens qui soit communiste, exige que le rassemblement du prolétariat soit conduit sous hégémonie de l'unification de la classe ouvrière. Détacher du bloc de la classe capitaliste, la fraction des non- propriétaires de la bourgeoisie, oblige à réfléchir à qui doit détenir l'hégémonie au sein du prolétariat : la bourgeoisie non- propriétaire (fonctionnaires, salariés non exploités, cadres d'entreprises) ou la classe ouvrière?

Au stade du capitalisme privé, L'unification de la classe ouvrière ne peut-être que tendancielle et politique, elle s'opère aux moyens du / des, partis révolutionnaires et du / des, syndicats de lutte de classe. Avec l'avènement de la révolution socialiste, elle se transforme de domination politique en domination économique, en se mettant essentiellement en œuvre dans les entreprises et dans les services publics.
Au sein du parti et du syndicat, cette unification s'obtient par l'exercice d'une éducation populaire révolutionnaire de type nouveau, dont la nature et les conditions doivent être mûrement réfléchies. La dialectique imprimée pour conduire cette double tâche ne doit pas masquer, l'essence de la contradiction, la lutte entre extension du droit et/ou son dépérissement, entre les Droits Individuels tels qu'ils existent aujourd'hui sous leurs formes Privées ou Publiques et le Droit Collectif.

L'unification politique du Prolétariat sous domination capitaliste pousse à imposer l'action pour la reconnaissance des droits les plus larges et les plus progressistes par l'Etat. L'Etat Prolétarien ou progressiste devenant le " garant " de l'exercice de ceux-ci pour les individus. Cette unification se construit aussi par l'unification des partis et des syndicats se réclamant du communisme. Elle se construit enfin par la mise en exploitation du prolétariat gonflant le poids de la classe ouvrière et la remise en cause de la division du travail, le travail manuel comme le travail intellectuel.

Les fondements du droit ont pour le marxisme révolutionnaire un caractère objectif (Ils partent des classes et groupes sociaux et sociétaux) que valide et imprime la puissance publique, en reconnaissance le rôle positif des droits progressistes d'expression populaire.
Tous les droits ont pour le marxisme, des formes singulières de mise en œuvres ceci au moyen de lois. Ils impliquent donc un rapport aux pouvoirs publics, locaux, nationaux ou internationaux. En ce sens le marxisme affirme que l'Etat et les Institutions ne peuvent disparaître du jour au lendemain mais ils doivent tendre à l'extinction progressive, ce qu'ont oblitéré dans leurs discours et leurs lectures du marxisme la " Gauche Communiste " (Historique) et le courant libertaire.

En réaffirmant le poids de la puissance publique dans les mécanismes de production du sujet de droit, et dans la nature de l'assujettissement, le marxisme ne considère donc pas que les droits, tels ceux de Genre Humain ou de Droits Universels soient le produit mécanique des droits singuliers de l'Homme, fondement du Droit Subjectif et du Droit Naturel. Ces deux sources des Droits individuels, fruits de la pensée libérale font dépendre la citoyenneté de la volonté commune, comme source de l'intérêt général et de l'expression du peuple. Cette représentation philosophique du droit donne naissance à la Common Law anglo-saxonne, mais aussi à l'aile libérale juridique de la révolution française, Montaigne, Montesquieu, Voltaire, dans une moindre mesure Rousseau, et à Lafayette, Mirabeau, Condorcet qui en incarnent le moment politique.

L'Education Populaire Révolutionnaire doit se construire plutôt sur la résolution des contradictions qui minent le dernier stade des sociétés de classes et l'avènement hégémonique des valeurs de la classe ouvrière. En ce sens elle relève pour nous, d'une nouvelle branche du Droit Collectif à construire.

Le Droit Collectif, dernière forme de conceptualisation progressiste du droit, est apparu avec l'existence de groupes sociaux minoritaires en recherche de reconnaissance et d'accès aux droits. Il est ainsi revendiqué par le mouvement féministe, comme droit à la différence et aux particularismes de genre sexué.
En matière de droits des peuples à disposer d'eux-mêmes, il est revendiqué aujourd'hui par des groupes ethniques ou culturels cherchant à faire reconnaître leurs droits, linguistiques, politiques et nationaux ou religieux. C'est ainsi qu'il a donné lieu à la naissance d'une chartre des Peuples sans Nations. Cette chartre affirme, selon nous à tort, que le fait national ne peut exister sans Etat et donc que toute communauté, minorité ethnique ou linguistique, doit aspirer à se construire en Etat-Nation. L'Etat comme expression du fait nationale à historiquement un caractère progressiste, mais instauré un Etat pour un marxiste ne veut pas dire l'éterniser et bloquer ainsi toute possibilité de faire disparaître les classes sociales.
C'est pourquoi il est bon de se souvenir de ce que Marx en disait dans le Manifeste Communiste.

" On a accusé, les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité.
Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s'ériger en classe nationale, devenir lui-même nation, il est encore national, quoi que nullement au sens bourgeois du mot.
Déjà les démarcations nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de plus en plus avec le développement de la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l'uniformité de la production industrielle et les conditions d'existence qu'ils entrainent. Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus encore. Son action commune, dans les pays civilisés tout au moins, est une des premières conditions de son émancipation.
Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation. Du jour ou tombe l'antagonisme des classes à l'intérieur de la nation, tombe également l'hostilité des nations entre elles. "

 

Ce rappel d'un des passages célèbre du " Manifeste du Parti Communiste " de Marx et Engels, a pour but d'affirmer que seule comme minorité de genre, la classe ouvrière, parce qu'elle est minorité du seul genre universalisable, le genre économique, et seulement économique, par sa dynamique historique propre, à vocation à absorber l'ensemble des actifs productifs et donc devenir un fait majoritaire. Elle affirme son droit collectif, positif, objectif à constituer l'ensemble de la Nation.

Cependant cette Nation, à la différence de la Nation bourgeoise, ne vise pas à construire un Etat, mais bien à le faire disparaître, en ce sens le marxisme affirme le droit légitime de la classe ouvrière à se penser comme fait national sans Etat et donc sans (Lois) droit.

Pour la représentation communiste du monde, affirmer le maintien voire la construction d'un Etat fut-il Etat de droit, implique mécaniquement l'existence et la présence en son sein d'un groupe sociologique antagoniste bourgeois, pour le faire fonctionner, c'est pourquoi appeler à la construction d'un Etat-Nation implique d'embler une possible déviation droitière que seul peut combler la dimension plus ou moins sociale de cet Etat. Etat progressiste, Etat Socialiste, Etat Prolétarien. Mais cette construction enferme les forces révolutionnaires dans la boucle tautologique du droit puisque, en produisant l'Etat, il produit une bourgeoisie d'Etat. Il engendre donc conséquemment, un droit à rémunération de cette catégorie sociale, et ce droit ne peut être fondé que sur la seule répartition du surproduit engendré.

La mondialisation -impérialiste actuelle qui engendre des phénomènes de dominations d'une Nation sur une autre, prend pour le marxisme sa source essentielle dans l'économie comme genre bien avant la culture où d'autres types de conflictualités. La culture comme les genres, nes ont utilisés que comme un dérivatif idéologique afin de détourner les peuples des contradictions économiques et des contradictions de classes qu'elles engendrent. Les dominations culturelles, sexuelles, territoriales linguistiques, voire religieuses, cherchent d'abord à dominer ou aider à dominer des marchés en les segmentant sur des critères extra-économiques en vue d'en abaisser les coûts et favoriser ainsi la reproduction mondiale du Capital, au profit des bourgeoisies. Ce qui peut paraître périphérique : l'occupation, la domination, tous les asservissements apparemment sans logiques propres, renvoient très souvent à des enjeux masqués (géostratégies) où c'est l'économique qui détermine la situation en dernière instance. C'est pourquoi le marxisme affirme qu'il existe un régionalisme, un nationalisme, un féminisme, un culturalisme etc. bourgeois. Il leur oppose le point de vue de la logique de la lutte des classes à l'intérieur même de chacun de ces genres, pour l'unité de la classe ouvrière prolétarisée.

Seul le genre économique a vertu d'universalisation, c'est pourquoi il a prétention à absorber tous les autres. A l'opposé, Le régionalisme, nationalisme, féminisme, communautarisme etc. etc. se construisent sur l'exclusion et l'affirmation délimitative, c'est pourquoi le droit leur est essentiel, la conduite de leur combat tend à éterniser leur situation, même s'ils s'en défendent, par l'imposition définitive de barrières qui fixent en figeant. Pour certains comme le féminisme bourgeois, ils prétendent même introduire la barrière économique entre les sexes au dépend des classes. L'unité de la bourgeoise et l'ouvrière au dépend de l'unité des ouvriers contre la bourgeoisie.
 Toute l'humanité active a vocation à rejoindre la classe ouvrière (c'est-à-dire à devenir active productive). Par contre jamais aucun homme ne deviendra femme (absolument et au sens biologique de ce terme), aucun allemand de langue ne deviendra français, sinon à nier l'allemand comme langue ou culture, aucun blanc, noir et réciproquement etc.

Le trans-genre n'est acceptable que parce qu'il est limité, les tenants de la confusion généralisée, sont incapables d'envisager la reproduction de l'humanité, tout comme les tenants de l'alliénation le sont de la reproduction des rapports de production.

Tous ces petits bourgeois s'en tiennent au marché, à sa circulation, à ses sujets et à leur prétendue "libération" par désaliénation. 
 

De ce point de vue, leurs valeurs se réfèrent au droit naturel " éternel ", au droit singulier du sujet comme seul fondement du droit communautaire, le marxisme est donc habilité à les qualifier de point de vue bourgeois.
Si le Droit Objectif marxiste appelle à la disparition des superstructures qui le créent, ce n'est pas parce qu'à l'image du Droit Subjectif issu de la théorie libérale individualiste, le marxisme considèrerait que la puissance publique bloque l'accès de l'individu à sa pleine souveraineté d'existence et de conscience. L'élargissement de l'accès aux droits pour ceux qui en sont dépourvus, ne peut à notre avis, être mené au nom des valeurs de la représentation du monde bourgeois issue du 18ième siècle. La non-existence de la classe ouvrière, comme classe révolutionnaire, à ce stade de développement, apte à faire advenir son hégémonie culturelle et productive, réduit historiquement cette phase historique à n'incarner comme figure du sujet progressiste, que la forme du sujet appropriateur, du petit producteur, du citoyen- propriétaire.

Le sujet singulier, son individualité juridique, s'y constituent en un rapport dual, à la singularité de ses assujettissements. D'abord, comme catégorie générique d' " Individu ", sujet singulier de l'espèce (matérialisme vulgaire base du droit naturel), puis, vient s'y greffer le supplément d'âme d'un sujet psychologique, fruit de l'appropriation cognitive de son environnement. Le résultat produisant la conscience d'un " Je " sujet, comme rapport immédiat de ses sens avec son milieu, ses capacités appropriatives y constituant de " droit " son patrimoine en propriété (idéalisme bourgeois) pour usus, abusus, etc. base du Droit des Personnes. La pensée cartésienne de ce point de vue est bien l'incarnation au sein de ce dispositif bourgeois, de l'aile rationaliste- progressiste, ou le " je " pensant  y fixe l'existant, par reconnaissance appropriative.

Nous considérons que l'avènement de la classe ouvrière comme classe hégémonique c'est-à-dire comme classe nationale, exige que ses valeurs et ses finalités soient portées par les organisations révolutionnaires ouvrant la porte à un nouvel universalisme, il faut fonder une Education Populaire qui travaille à la mise en place de valeurs collectivistes, même si de façon dialectique nous savons que sous le communisme, ces organisations disparaîtront avec l'Etat et les classes sociales, il ne s'agit donc nullement de les absolutiser.

Au stade de l'impérialisme- mondialisé, du capitalisme de trusts, le bouleversement de la production, modifie substantiellement la nature de l'appropriation. La société par actions fruit de la socialisation de la propriété conduit à séparer un peu plus chaque jour propriété et appropriation. De son côté, l'avènement du tayloro-fordisme modifie le rapport de l'homme producteur à son environnement et ses formes d'assujettissement. Le travailleur parcellisé se retrouve toujours plus séparé de ses outils de travail et de son objet de travail dont il ne devient acteur que sur des segments extrêmement ténus. L'universalisation de la production des moyens de travail (outils et produits) entraine l'universalisation de leur circulation et l'éclatement de leur validation en autant de stations sur des marchés nationaux qu'ils sont amenés à traverser. C'est un travailleur collectif gigogne, un travailleur social qui est ainsi objectivement constitué, tout au long du déplacement spatio-temporel du Capital à travers les Etats-Nations. Ici la figure du citoyen propriétaire du 18ième siècle n'a plus cours, elle n'est plus que la trace d'un monde objectivement révolu, que l'idéologie bourgeoise de l'appropriation individuelle maintient artificiellement pour des raisons idéologiques, justifiant le maintien de la propriété privée, y compris quand elle pense le Droit Public comme une expression particulière de Personnalité Morale (les institutions ou entreprises publiques étant considérées comme des personnalités morales, ce qui permet de rapprocher leur caractérisation juridique du Droit Privé). La Personnalité Morale constitue la quintessence de la fiction idéologique du droit bourgeois. La rupture avec le sensualisme appropriatif s'opère au sein même du procès de production par l'insertion du phénomène informatif en rapport avec les moyens de travail. Elle se double, au sein de la propriété des moyens de production, par la séparation entre activités de gestion, de supervision, et d'appropriation des résultats de l'entreprise qui séparés de façon ultime ne sont plus que de purs produits d'une stratégie patrimonial d'épargne.

Vis-à-vis de l'individualisation de l'activité du travailleur en rapport au droit personnel de propriété. L'objet de travail et l'outil de travail se désincarnent pour ne laisser subsister que le signifiant numérisé de leur trace informatique. L'automation scinde toujours plus le procès de production entre d'un côté, la force de travail conduit par un procès de surqualification -déqualification, entrainant un éclatement de la classe ouvrière et de l'autre, les moyens de travail qui deviennent de plus en plus des traces de l'objectivisme productif, dans un éloignement autant physique qu'intellectuel ceci en vue d'accentuer sa désappropriation du travailleur, la propriété juridique elle, ayant déjà été arrachée depuis très longtemps.

La déviation sociale - démocrate consiste, dans la lutte politique pour la production d'une hégémonie prolétarienne, à refuser de résoudre cette contradiction. Elle revient à accorder dans la lutte des contraires, une supériorité éthique éternelle aux valeurs bourgeoises en maintenant artificiellement le droit au niveau de l'appropriation individuelle et à empêcher l'avènement des valeurs ouvrières comme résultat objectif et reconnaissance d'un travailleur collectif, au niveau local, national et international, vecteur potentiel de la création d'un Droit Collectif International.

Le droit de " l'hommisme " dont sont porteurs toutes les Ligues, à travers une éthique transclassiste, fait du droit de l'Homme en " général ", l'incarnation des droits de tout homme singulier, dont le droit au travail, mais un droit au travail ne s'exprimant jamais qu'à travers un actif individualisé, même si un droit collectif point à travers par exemple les Conventions collectives, pour autant que chaque travailleur soit assujetti à un métier qui le qualifie . Elle rabat donc, comme le dualisme bourgeois, l'expression sociale des droits sur leur incarnation singulière à travers l'individualité générique de l'espèce. Elle place donc le sujet de droit, en rapport direct sous domination de l'Etat de droit, non comme résultat de son produit, mais comme sujet " conscient " appelant à sa constitution et à l'exigence de son maintien. Elle a donc tendance à éterniser la phase prolétarienne en éternisant l'Etat, et à perpétuer le stade de la " Dictature " au dépend de son dépassement dialectique dans l'Hégémonie ouvrière.

LA DICTATURE DU PROLETARIAT ET SON DEPERISSEMENT

La " Dictature du Prolétariat " faisant suite à la " Dictature de la bourgeoisie ", s'exprime tout comme elle, par la mise en œuvre de l'Etat de droit. Qui viole l'Etat de droit, viole la légalité capitaliste ou socialiste. La légalité forme constitutive du droit s'exprime à travers ses institutions et ses appareils répressifs ou idéologiques: l'armée, la police, la justice, chargées de les faire respecter. Quand il s'agit de réfléchir à la légalité et aux sources de sa production, qui crée L'Etat de droit ?

Les prolégomènes idéologiques de ses fondements affirment que c'est la société ou la nation qui se sont données un Droit ?

Mais qui constitue et comment se sont construites cette nation ou cette société ?

La déclinaison des droits aboutit à ce que ce soit toujours un agrégat de sujets individuels, mais jamais des classes sociales qui en constituent l'articulation. L'idéologie juridique bourgeoise affirme que c'est le sujet qui donne " droit " à l'Etat, d'incarner et de représenter ses intérêts. A la justice privée se substitue ainsi une justice de collectivité, mais comme cette collectivité fondée en droit sur l'individualité privée ne dépasse pas le niveau de l'amas agrégatif d'individus singuliers, elle ne peut jamais affirmer complètement être supérieure dans son jugement à ce que pense ce même individu, dont elle fait de la reconnaissance singulière, l'établissement de son fondement. D'où la question des jurys populaires qui ont littéralement envahi le droit anglo-saxon et qui sont aujourd'hui proposé comme panacée par la droite française en mal de répression.

Le marxisme considère que l'hégémonie exprimée sous la forme de droit est " dictature " en ce sens qu'il perpétue l'Etat chargé de l'incarné et de le faire respecter. Il est dictature car il est produit indifférencié, d'un état ou aucune distinction n'est établie entre production et consommation ainsi qu'entre des classes sociales d'essence antagoniste. Qui est le sujet, qui est l'objet de ce droit ? L'idéologie juridique masque la catégorie de validation (un attendu est valide) sous domination de la figure idéologique du sujet de droit comme produit de la " libre " circulation (des hommes et des capitaux), ceci suffit-il à fonder en " égalité " l'Etat de droit. Qu'en est-il de la " libre " production, est-elle créée en " égalité " par tous les sujets, y compris au sein même du droit ?

L'Etat dans sa nature masque de façon indifférenciée ce qui est productif de ce qui est improductif. Le droit lui-même résulte d'activités qui ne sont pas jugées productives par le marxisme : le législateur et l'appareil judiciaire. L'Etat maintient donc en son sein des actifs improductifs, et donc bourgeois, au regard même du marxisme. Ceux -ci sont chargés de produire le " droit " qui par essence renvoie à l'existence de l'inégalité. Tant que le droit existe, il est trace de l'inégalité, le jour ou l'égalité existe, le droit disparaît. Or qu'elle est la base première de l'inégalité dans les sociétés de classes, c'est l'exploitation et donc l'existence en miroir de catégories d'actifs qui en vivent. L'Etat producteur de droit maintient donc en son sein même, les catégories sociales qui en empêchent le déclin. C'est pourquoi l'Etat est " dictature ", il a tendance à se perpétuer lui-même.

 

Sous hégémonie bourgeoise (privée), il est " Dictature de la bourgeoisie ", sous hégémonie prolétarienne, il est " Dictature du Prolétariat ". La " Dictature du Prolétariat " incarnée par l'Etat Prolétarien existe donc tant que se maintien l'Etat.
 

La démocratie véritable exige l'Hégémonie ouvrière, c'est-à-dire la disparition de la forme étatique de son expression, incarnée par la forme publique comme forme singulière d'expression privée (la personnalité morale des institutions et entreprises publiques) en non propriété individuelle. La propriété publique reste une fiction idéologique bourgeoise, qui masque ontologiquement la nature de l'acte productif en l'indifférenciant et donc qui dissimule la césure entre propriété et appropriation.
Dans l'idéal communiste, le prolétariat se transforme en classe ouvrière, par extinction du dernier lieu où s'incarne les valeurs bourgeoises, à ce stade les valeurs bourgeoises des improductifs non-propriétaires, aux premiers rangs desquelles l'appareil législatif et l'appareil judiciaire. Ceci au profit de la fin de la division du travail entre travail manuel et travail intellectuel, mais aussi au sein du travail social entre : production, gestion et circulation, sur la base du mandat impératif délégataire de courte période (Commune de Paris), d'une justice collective et d'une force de " répression " constituée de " milices " ouvrières.  

Dans la déviation de gauche, les traces du social-démocratisme bourgeois prend la coloration gauchiste-droitière des catégories " d'aliénation " et de " réification " issues du jeune-marxisme, scories du travail antérieur de Marx à l'écriture du Capital, traces d'une réappropriation " a - critique " de la filiation communiste issue de l'utopisme et du subjectivisme révolutionnaire.


Au sein de l'économie politique révolutionnaire cette déviation petite-bourgeoise, prend la forme d'une surévaluation des fonctions d'échanges et de circulation, au dépend de la catégorie d'exploitation comme force constituante, comme cœur masqué des conditions de production et de reproduction des rapports de production, et donc en dernière instance, comme phénomène surdéterminant de la validation.

Travail productif et classes sociales

(D.C.O)

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