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(D.C.O)


      Jalons pour la renaissance d'une Education Populaire Révolutionnaire

 Au fond, toute cette histoire se résume à 2 représentations de l'imaginaire collectif progressiste,  ou on affuble une auréole à Korczak pour sanctifier sa défense de " L'Enfant " en général, incarnée dans son expérience de la République des Enfants,  ceci au nom de leurs droits inaliénables préalablement " naturalisés ", comme le fait Andrzej Wajda dans le film qu'il lui consacre, ou on se souvient qu'il est entré à Tréblinka , entouré de son groupe, sa " République autonome d'enfants ", marchant vers les chambres à gaz en chantant la Varsovienne. 

La question de l'Ecole du Travail

Introduction :
Nous avons dans un précédent texte publié sur notre site (1), ainsi qu'en différents paragraphes d'autres articles, souligné ce qui pour nous, produit la spécificité de la crise de la transmission des connaissances, ainsi que la crise du sens existentiel et des valeurs qui lui sont afférentes, sous la domination du système capitaliste. Nous avons indiqué que la crise de l'Education Nationale n'avait pas, pour nous, son objet dans l'Education Nationale elle-même, mais dans la crise de l'Education Populaire, et plus particulièrement, pour la partie qui nous intéresse, dans la crise de l'Education Populaire Révolutionnaire. " Pour la partie qui nous intéresse ", en effet nous ne prétendons pas faire œuvre de recherche académique sur le sujet. Il existe des universités, des centres de recherches et des laboratoires, sans parler des séminaires tenus en maintes occasions par le Mouvement d'Education Populaire, réuni pour une fois en une belle unanimité, pour produire un discours " rationnel " fort documenté sur le sujet. Autrement dit, nous n'intervenons pas en " spécialistes " sur ces questions, mais en militants politiques. Parce que nous considérons que ce qui nourrit la crise de la société, de ses institutions dont l'école, c'est la crise de la  politique. Plus fondamentalement encore la crise de la " politique " au sein de l'Education Populaire, et pour ce qui concerne l'Education Nationale, plus frontalement, la crise politique d'éducation populaire qu'elle produit à travers le modèle d'acquisition des connaissances qu'elle propose. Les milieux populaires ne se reconnaissent plus dans le type de développement humain que les producteurs " idéologiques " de sens, au sein de ces institutions, fournissent, y compris pour sa frange progressiste. La perte du positionnement de classe, au profit d'un " tous ensemble rassemblés " pour des valeurs " humanistes ", les renvoit à des valeurs idéalistes qui font certes la joie de tous les prêcheurs de la rédemption de la personne par " amour " de l'humanité, mais qui n'offre une fois confrontées à la réalité, aucune aide pour se positionner dans une société toujours plus soumise aux contradictions de classes, à leurs antagonismes, et donc au sens des valeurs que leur groupe d'appartenance véhicule.

Il n'y a pas crise des techniques et des méthodes éducatives, particulièrement au sein de l'Education Nationale qui en regorge, donnant lieu à chaque remaniement de gouvernement à un changement de programme basé sur les écrits du dernier " gourou " à la mode ; il  n' y a crise des prétendues valeurs universelles de l'Education Nationale, précisément parce que ces prétendues " valeurs universelles " (dont " le droit de l'hommisme " n'est qu'un exemple) n'existent pas. C'est une idéologie chargée de faire " passer la pilule " dans un monde qui lui tourne diamétralement le dos. Nous ne ferons pas l'injure de rappeler à tous nos " progressistes " que pour qu'une valeur devienne universelle, il faudrait que son expression soit en rapport avec la situation du vécu matériel de la population. A valeurs universelles, stade de développement universel. Tant que les classes existent, n'existe qu'un stade de développement particulier, dans lequel les valeurs et les sens se confrontent et s'opposent. La question n'est donc pas d'universaliser des valeurs abstraites, mais de rechercher des valeurs de classes à promouvoir. La contradiction en " générale " du sens d'une valeur n'existe pas, il n'y a de contradiction que singulière et particulière. La " Liberté ", c'est toujours la liberté singulière que le déterminisme de classe imprime à un sujet particulier. La liberté bourgeoise, n'est pas la liberté prolétarienne, et ces deux libertés ne s'opposent pas à une " Liberté " en générale, qu'il s'agirait de déceler derrière deux conceptions fausses parce que partielles. En réalité, c'est par la singularité de leur expression que ces 2 assertions sont vraies. Elles sont vraies, beaucoup plus vraies que toute définition généraliste idéaliste, parce qu'elles sont singulières dans leurs formes, et contradictoires dans leurs fonds. La liberté du monde actuel est la liberté bourgeoise, forme de représentation idéologique par laquelle la bourgeoise exerce " sa " dictature. A la " liberté " bourgeoise sera substituée la liberté " prolétarienne ". Car tant qu'existe la politique et ses institutions, la seule liberté " matériellement " existante est la liberté conforme aux intérêts d'une classe, la classe dominante, qu'exprime matériellement son Etat et ses Institutions ( les moyens qu'elles mettent en oeuvre, les programmes qu'elles réalisent pour asseoir la domination de classe).

Le jour où la liberté en générale existera, L'Etat, la politique, ses Institutions, son droit, n'existeront plus. Ce stade de développement s'appelle : le Communisme.
Mais le communisme n'est pas un stade de développement abstrait, qu'il s'agirait d'idéaliser en considérant qu'il est le produit d'une table rase (Communisme humaniste, éthique, laïc ou religieux, trouvant dans les valeurs humaines en " générale " l'explication du " paradis " perdu)
Le communisme sort du ventre de la dernière phase des sociétés de classes, le socialisme, où une classe exerce sa dictature par l'universalisation de ses conditions et l'universalisation de ses valeurs. C'est parce que la classe ouvrière (l'ensemble des actifs productifs au sens marxiste du terme) est ontologiquement l'avenir de l'humanité, que cette classe ouvrière peut prétendre, comme la bourgeoisie du 18 siècle l'a fait au stade premier de son hégémonie, à ce que ses valeurs deviennent universelles.

Quelles sont les valeurs du prolétariat, et plus fondamentalement quelles sont les valeurs de la classe ouvrière, c'est ce que de façon inconsciente des milliers de jeunes des milieux populaires veulent connaître. C'est ce que le système scolaire ne peut pas produire, même si par le méritocratisme il fournit une porte de sortie, une porte tronquée, puisque son unique objectif est de reproduire l'élite de la classe dominante en élargissant sa base de recrutement. Où trouver nos valeurs, où et comment créer  " nos élites " sans reproduire les inégalités, voilà la question qui sourd de la révolte généralisée des banlieues. Sortir de l'isolement, se penser " classe " agir en " classe " voilà ce que les bandes, les groupes, les foules recherchent, ce qui faisait bondir le psychologue réactionnaire Gustave Le Bon qui lui insistait pour que se maintienne l'élitisme.

Le collectivisme apparaît aujourd'hui crûment pour la classe ouvrière et ses enfants comme une nécessité absolue, alors que les vecteurs de cette conscientisation sont en plein recul idéologique, les syndicats, les partis " ouvriers " ont abandonné toute velléité de favoriser l'émergence de ces questions. Cependant, la conscience de classe ne surgira pas spontanément de la classe, elle a besoin d'instruments pour conduire cette recherche, le stade des partis politiques comme des syndicats est nullement dépassé. La classe ouvrière a surtout besoin de comprendre ce que représente le socialisme comme " stade contradictoire " comment elle doit mener sa lutte de classe dans un système où il lui faut assurer son hégémonie, ceci en vivant des conditions d'existence, qui par beaucoup de côtés ressemblent encore à l'ancien système.
C'est pourquoi, les valeurs de classe du groupe hégémonique sous le socialisme, sont des valeurs contradictoires, ce sont celles du prolétariat et non encore pleinement celles de la classe ouvrière. C'est de cela dont traite la controverse dont nous rendons compte dans cet article : Comment faire émerger les valeurs de la classe ouvrière, durant la dictature de l'Etat prolétarien. C'est ce qui oppose indirectement Lounatcharski à Kollontaï, même si par ailleurs ils s'inspirent tous les deux largement du positionnement de " Gauche ". Le premier essaie d'incarner le nouveau cours qu'a fixé Lénine et la seconde (qui ne polémique pas directement avec lui, mais dont la brochure aborde indirectement les mêmes thèmes) met en garde contre les limites de construire sans garde- fous un " Etat " Prolétarien, s'il ne se pense Pouvoir Ouvrier.
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((1) Crise de l'Education Nationale ou crise de l'Education Populaire
 

1er Jalon : L'éducation par l'école                 

" De quelle école un Etat Prolétarien a t'il besoin ? "
Reproduit in " A propos de l'Education " Edition du Progrès. Lounatcharski -4 décembre 1922

" Lorsque fût annoncé le sujet de la réunion contradictoire, certains camarades m'ont demandé : est-ce qu'il y aura une discussion sur le thème " De quelle école le prolétariat a -t'il besoin ? ". Il n'y a qu'une petite différence de formulation. Etat prolétarien ou prolétariat.
Je ne veux pas dire qu'il y a 2 courants de pensée, mais cependant ces derniers temps on voit se dessiner comme un petit penchant sur lequel il convient, probablement, d'attirer votre attention, tout d'abord pour éclairer comme il convient les thèses fondamentales que j'essayerai de développer devant vous.
Ces derniers temps, certains rapports, certains commentaires sur ces rapports, certaines résolutions et comptes rendus, par exemple faits au Congrès des Komsomols, semble laisser l'idée qu'il faut s'occuper en priorité et peut-être même (vu les moyens limités) exclusivement, de l'école pour les prolétaires et que l'idée du monopole de l'instruction entre les mains de la classe assumant la direction et la dictature serait peut-être dans notre pays la politique la plus économe et la plus logique en matière d'instruction.

Je répète : je ne saurai citer aucun nom, je ne saurai indiquer aucun groupe qui s'en tiendrait à ce point de vue. Il n'existe qu'une faible tendance, qu'une velléité, qu'un soupçon d'une telle interprétation, d'une telle formule que nous devons d'emblée condamner comme une hérésie découlant, peut-être de sentiments forts respectables et de considérations fort sensées, mais néanmoins comme une hérésie de la juste formulation de l'objectif pédagogique

Si quelqu'un développait maintenant cette approche, cette théorie et disait : vous avez très peu de bons enseignants, vous avez très peu de réel matériels scolaires, vous savez que l'école du travail dont vous rêvez ne peut être vraiment organisée qu'en liaison organique profonde avec la fabrique et l'usine, et vous avez des centaines de milliers d'enfants et d'adolescents prolétariens dont beaucoup, de loin, ne voient pas garantir pour le moment une instruction normale-alors pourquoi ne concentrez vous pas toute vos forces pour cette avant-garde, pourquoi la génération montante qui prendra notre relève n'absorberait-elle pas toute votre attention et toutes les ressources dont vous disposez ? Si, actuellement, quelqu'un formulait ainsi le problème, il serait dans l'erreur, erreur qui aurait peut- être pu se justifier par notre situation pendant la guerre, mais qui maintenant viendrait directement à l'encontre du principal courant de notre pensée politique.
(Résumé : Vladimir Illich a, au moment du IV congrès de l'I.C, fixé la nouvelle ligne). Que dit-elle :

 

" Extérieurement, en voici la brève formule : Alliance avec la paysannerie, dont l'avancée, peut-être ralentie, mais d'autant plus inexorable que le prolétariat, en tant qu'avant-garde du peuple russe, entraine toujours plus la masse fondamentale des travailleurs : la paysannerie. Et si nous approfondissons et développons davantage cette formule, nous voyons que l'objectif du prolétariat est de développer son Etat prolétarien avec les éléments qu'il trouve dans le pays, réservant à chacun d'eux sa place, utilisant chacun d'eux au nom de l'objectif commun. Si le prolétariat se détachait de la masse, s'il se détachait du reste de la population, se transformerait en un camp isolé d'individus, même individus plus disciplinés et ayant une idée plus nette de leurs buts, plus progressistes? ce serait là une politique suicidaire. Et le plus grand souci possible du gouvernement prolétarien envers le pays tout entier, envers l'ensemble de l'économie et avant tout, certainement envers la paysannerie-premier fondement de l'économie de la Russie et du développement ultérieur de notre peuple-, Là seulement est l'unique politique prolétarienne authentiquement juste, et cela au sens profond du terme.
C'est pourquoi nous devons, naturellement formuler correctement notre thème actuel, comme problème de la meilleure école, pour l'Etat prolétarien, c'est-à-dire pour un Etat dirigé par le prolétariat dans l'esprit de l'idéologie prolétarienne qui tend à supprimer complètement les classes et qui est bénéfique pour tous sauf pour les exploiteurs et les réactionnaires.
Je pourrais maintenant, en cette cinquième année de la révolution, parler en termes, disons des idéaux marxistes plus ou moins révolutionnaires dans la sphère de la pédagogie. De quel école l'Etat a-t'il besoin ?.... du moment que nous parlons de l'école de l'Etat prolétarien, il s'agit déjà de l'école d'une période transitoire. "

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Notre analyse :
Dans cet article qui sert de point de départ à notre réflexion, Lounatcharski pose très bien l'enjeu du débat et de la contradiction : Faut-il une école au service du prolétariat, voire à son unique service où une école au service de l'Etat Prolétarien ? La question qu'il pose est concomitante de la période de la N.E.P qui fait suite au communisme de guerre, où la gauche du parti a espéré trouver le moyen d'instaurer rapidement le communisme en passant directement à une répartition en nature, basée sur une démonétisation de l'économie. D'où des tentatives de mises en œuvre d'une comptabilité nationale en temps de travail. Au moment où Lounatcharski écrit son article, Lénine à imposer la N.E.P avec un retour à l'économie de marché. La situation économique s'est améliorée mais des inégalités profondes sont réapparues. Les tendances de gauche au sein du parti refont surface et ruent dans les brancards.

Sur la méthode :

 Le discours d'A.L est un discours à tiroirs. Il faut se souvenir qu'A.L a fait partie de la Gauche du parti avec son gendre Bogdanov. Lénine a combattu leur position philosophique dans un ouvrage resté célèbre " Matérialisme et Empiriocriticisme ", Lénine y dénonce ceux qui veulent boycotter la Douma (le parlement Russe) en se basant sur une opération de bouleversement intellectuel qui conduirait à un rapprochement entre idéalisme et matérialisme. Devenu commissaire du Peuple à l'Instruction Publique, A.L est chargé de justifier le nouveau cours politique en l'illustrant.
Les " ceux " dont-il ne connaît pas le nom, les groupes qu'il est incapable " d'identifier ", mais qui ont le malheur d'être des " hérétiques ", il les connaît parfaitement. Ce ne sont pas les anciens partisans des " constructeurs de Dieu ", dont il faisait partie, mais bien plutôt les tenants de ce qu'il reste de l'Opposition Ouvrière et des divers groupes qui se sont inquiétés de la remise en selle du Capitalisme d'Etat et de la défense absolue de " L'Etat " Prolétarien.

L'Ecole de l' "Etat " prolétarien:
La révolution prolétarienne institue donc un " Etat " prolétarien, qui a pour charge de défendre ces valeurs. Il le fait par l'inculcation idéologique et par la coercition, ce qui reste deux techniques propres à tous les Etats, qu'ils soient bourgeois ou prolétarien. C'est la mise en œuvre de l'Etat de " droit " ; qui, sous domination bourgeoise ou sous domination prolétarienne, s'y oppose, s'oppose à l'Etat de droit, viole la " légalité ". C'est pourquoi, il est essentiel pour la survie de tous les Etats, que le groupe dominant qui en détient l'appareil donne bien l'impression de s'occuper de tous " ses " ressortissants. L'Etat a pour fonction d'assurer les droits de " tous " ses citoyens, il doit donc produire une représentation de lui-même où les valeurs qui sont données comme exemplaires s'adressent à tous. L'appareil juridique doit donc produire une idéologie qui tende à rassurer tout sujet " sujet de droit " sur sa reconnaissance. Ceux-ci forment ce que l'on appelle les fameux droits de " l'être " humain. L'Homme à des droits et c'est encore mieux, si on arrive à prouver qu'ils sont d'autant plus fondés qu'ils sont " naturels ". Le Droit Naturel devient le lieu fondateur de l'historicisme des droits (Droit public, Droit du Travail, Droit des Personnes, de la Famille etc.). Le Problème est que quand on ne cherche pas simplement à naturaliser l'Etat, comme dans les sciences politiques bourgeoises, c'est-à-dire à en faire un pur instrument technique chargé de servir indifféremment tous les individus, comment justifie - t'on au contraire, l'hégémonie en son sein d'une classe ou d'une fraction de classe ? Il faut montrer que cette classe " porte " bien les valeurs de toute la société. Mais dans un système qui aspire à la disparition des classes, peut-on " porter " sans "Etre " toute la question est-là !

L'Etat bourgeois est en adéquation avec les valeurs qu'il incarne. L'Etat est un instrument technique neutre, parce que dans la société qu'il exprime n'existe que des individus qui n'ont que des intérêts individuels à faire valoir. La société bourgeoise, pour l'idéologie bourgeoise, est fondamentalement une société sans classes. Une société de " classement ", oui peut-être, cela fait la joie de la sociologie, mais une société de classes, basée sur la conflictualité de ces classes, sûrement pas. C'est pourquoi cette idéologie, cherche sa justification dans le biologique, la personne " bourgeoise " est bien le calque de l'individu, sujet singulier de l'espèce, à qui ne manque que le supplément d'âme de la reconnaissance par l'assujettissement, comme sujet de " droit " ; phénomène qui ne veut pas dire soumission, puisque la majorité de nos concitoyens pensent, en droit, y souscrire par adhésion. Cette merveille d'adéquation est redoublée par le fait, que la personnalité bourgeoise si elle est " a-productive ", est essentiellement marchande. Le droit bourgeois ne s'intéresse pas à la façon dont les choses sont produites, ce qui l'intéresse, c'est la façon dont elles circulent et dont on peut se les approprier, les faire reconnaître ou non comme sienne. L'appropriation est consubstantielle  à l'essence même du droit, c'est pourquoi elle doit être sécable, c'est-à-dire permettre la division afin d'assurer toute séparation préalable, base de l'idéologie de l'échange,et le biologique n'est utilisé qu'à cette fin. D'où l'incarnation de l'essence générique de l'universalité humaine dans son mots d'ordre " Liberté, Egalité, Fraternité ". Liberté de circuler, pour " sa " personne, " ses " biens, et " ses " idées. L'Unique est sa propriété, tout sujet est le clone de l'Unique, la somme des " Uniques " ouvre à l'universalité. Egalité des " valeurs "humaines et donc des biens et des sujets qui les portent, autrement dit " incarnation " de la marchandise, au premier rang desquelles la monnaie qui fait signe et sens par sa capacité inégalable de " validation " transfiguratrice d'un sujet en objet et vis et versa. Enfin Fraternité, (là, il y a un petit problème) en effet le Droit Naturel s'il reconnaît à l'objet " individu " un droit commun, lui reconnait aussi des capacités qui ne le sont pas, (tout cela en se servant du biologique, " l'inégalité " des individus). L'Etat trouve ici sa justification protectrice et sociale, les capacités des individus étant inégales, une certaines justice doit exister pour autant qu'elle ne bride pas et ne décourage pas les " capacités " individuelles. Le sens dans tout cela ? Le sens est dans les valeurs. Si vous vous posez encore la question affligeante, " pour quel avenir ? ", la société bourgeoise à toujours la béquille de vous proposer une recherche de sens dans un changement de paradigme, en passant de la réalité de l'ordre spirituel bourgeois, à l'ordre spirituel religieux. Il se trouve hasard des hasards que le sens est le même, pas les valeurs, mais le sens. Le Tout Puissant lui aussi vous interpelle en sujet, il s'adresse à vous individuellement. Voyez comme les choses sont bien faites, Lui aussi ne vous appelle pas à lui en groupe, mais individuellement. C'est vous qui serez jugé et pas la société qui vous a fait, ni la classe à laquelle vous appartenez.

Pourquoi ce long aparté, sur la nature de l'Etat bourgeois, parce qu'il nous semble que la déviation de droite dans le Mouvement Communiste vient de loin, qu'elle est profonde, et que si on ne retourne pas au cœur du problème on ne trouvera pas la porte de sortie de la contradiction, dans laquelle le mouvement communiste s'est englué. A.L pose très bien la question, il a saisi le cœur de la contradiction. Ecole prolétarienne ou Ecole de l'Etat prolétarien.

Le petit mot c'est " Etat ", tout vient de là. Peut-il exister un " Etat " prolétarien, c'est le problème. A.L dit bien que nous avons un devoir vis-à-vis de toute la société, dès lors nous ne pouvons reconnaître les exigences d'une classe, fût-elle classe hégémonique, si ses valeurs ne sont pas des valeurs qui peuvent s'incarner dans un " Etat ". Si l'on prend le sens de " prolétariat " comme catégorie exclue de tous les droits et noyau dur de la classe ouvrière, tel qu'A.L semble le faire dans son article, alors il est en effet " schizoïde " de vouloir " incarner " par l'Etat créateur-producteur du droit, des valeurs de non-droit porté par la figure du "Prolétaire". A moins d'éterniser l'Etat comme producteur- fournisseur de droits pour ceux-qui n'en n'ont pas. C'est au fond ce à quoi aboutit sa pensée, mais c'est aussi la pensée actuelle de nombre de partis communistes, particulièrement du P.C.F. On voit donc que considérer L'Etat, comme l'Etat du prolétariat, (i.e. : les sujets définis par l'exclusion absolue de l'accès au droit) revient à le conduire sur la pente dangereuse de son éternisassion. C'est la première déviation.

La seconde déviation tient à la nature même de l'Etat. Peut-il exister un Etat du " Prolétariat " au sens que lui donne A.L et au sens où l'entend traditionnellement le marxisme (i.e. : noyau dur de la classe ouvrière) ? Pour qu'un tel Etat existe il faudrait que ce soit le prolétariat lui-même qui exerce les missions de l'Etat. Or comment un agent de l'Etat, comment un fonctionnaire, qui, dans la pratique de sa profession, est sans doute l'actif salarial et social le plus soumis au droit qui soit, pourrait-il en être dépourvu totalement. Pour être fonctionnaire dans tous les pays, vous devez être de " nationalité ", " prêter serment ", " faire respecter " le droit et la loi, etc. C'est l'incarnation inverse du statut de prolétaire.

Troisième déviation: le prolétariat dans cette acceptation, se définit comme cœur du cœur de l'exploitation. Les missions de services publiques mises en œuvre par les fonctionnaires sont-elles des missions soumises à exploitation ? Des missions productives, pour certains peut-être (Les ouvriers du service public, services techniques communaux ou départementaux), mais ils ne sont qu'une infime partie de la fonction publique, des missions exploitées sûrement pas (nous ne traitons pas ici des entreprises industrielles ou commerciales sous statut public). Il faudrait qu'elles soient vendues et donnent lieu à un service marchand, ce qui n'est le cas pour aucun fonctionnaire ou du agent public (C'est ce que veut faire Sarkozy), Confronter à cette difficulté, vous le savez camarades, Débat Communiste considère que la seule solution est de redéfinir les catégories et concepts de façon à permettre leur juste résolution, dans l'avancé vers le communiste, dont nous ne cessons de rappeler qu'elle se veut société sans classes et donc, société sans mécanismes qui permettent de les reproduire, voir de les recréer, comme on l'a vu dans la dernière période historique, et donc essentiellement, sans Etat.

Un Etat Prolétarien peut exister à la condition de considérer que " Prolétaire " signifie personne humaine exclue de la propriété des moyens de production (mais pas de la qualité " privée " individuelle de sa force de travail) Ce n'est donc pas par rapport au statut de producteur, qu'un tel Etat se définit, mais vis-à-vis du statut de propriétaire. C'est pourquoi il s'incarne en " droit " par la propriété publique comme propriété nationale.
Définir un Etat comme Prolétarien ce n'est donc pas porter de jugement sur la façon donc la société organise sa production, mais le définir par rapport à la nature de la propriété des forces productives. Dès lors, le fait qu'il puise exister ou non des catégories d'actifs non productifs, ne remet pas en cause la nature privée ou publique de la propriété. La propriété de l'Etat Prolétarien est publique dans sa forme mais aussi collective, dans son fond par la socialisation objective des moyens de production. Si le statut juridique du salariat devient lui aussi, public, sa nature reste individuelle tant que le travailleur ne passe pas au statut de membre du " travailleur collectif ". Or dans la doctrine communiste tout comme les moyens de production, la force de travail doit connaître elle aussi une socialisation objective et elle ne peut le faire que par un bouleversement dans sa capacité à faire disparaître l'un de ces pôles, le pôle de son improductivité, si elle ne veut pas aboutir au maintien d'une bourgeoise de fait. C'est pourquoi, Le salarié productif, productif de surtravail, continue de vendre sa force de travail dans la mesure où le surplus qu'il produit sert économiquement à élargir la capacité productive de la société, mais aussi à reproduire les actifs improductifs (qui ne se confondent pas avec les inactifs naturels : retraités, enfants, malades etc.) chargés d'exercer les missions publiques liées au fonctionnement de l'appareil d'Etat . Dans une telle société on voit donc que l'on aboutit à éliminer le capital et les capitalistes, mais pas les bourgeois, ni la fonction capitalistique de l'accumulation de survaleur qui ne s'incarne plus dans le capital privé, mais est reprise par le capital public. Maintient du capital et maintien de la bourgeoisie, on peut donc parler de capitalisme d'Etat et de bourgeoisie " rouge " produit générique du fonctionnement de cet Etat.
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Si on en reste là, on voit bien que le système est bloqué, il tourne en rond. Si on désire avancer sur la route du communisme, il est impératif de résoudre la question de l'improductivité par la mise en œuvre du travailleur collectif. Il faut donc procéder à une révolution culturelle portant sur la manière de produire. Faire disparaître le travail improductif. Mais comment le faire disparaître si on maintien l'organisation professionnelle tel que l'Etat Prolétarien (tout comme l'Etat bourgeois) la reproduit dans ses missions. Et comment promouvoir auprès des salariés improductifs le statut de travailleur productif (autrement dit de membre de la classe ouvrière) si on n'en connaît pas les " valeurs " ou si on ne cherche pas à les amener à jour, aux seins d'institutions réservées à cet effet : Syndicats, organisations de jeunesses, partis politiques.

Ce sont donc bien 2 missions différentes, qu'il faut dialectiquement organiser. Créer une école de l'Etat prolétarien sous le socialisme, mais aussi mettre en œuvre une école pour la classe ouvrière (et pas seulement une école prolétarienne) pour ouvrir la voie du communisme. Dans la façon dont A.L pose la question et dont les opposants qu'il décrit, la défendent, les 2 aboutissent à une impasse. Tant que l'Etat existe, l'Etat est habilité à se poser la question : de quelle école avons-nous besoin ? Car par le simple fait de son existence, existe un groupe salarial improductif et donc bourgeois. Mais pas seulement, l'Etat existe sous le socialisme, parce que la question de la production d'un travailleur nouveau n'est pas encore résolue, de même que la question de la socialisation matérielle et juridique de l'ensemble des moyens de production. Seule le communisme représente par essence la socialisation objective des forces productives et des rapports de production, c'est-à-dire la socialisation des moyens de production et de la force de travail.

Au moment de la N.E.P, il y a un retour en arrière avec la restauration du capitalisme privé. La gauche du parti critique cette situation, elle estime que le communisme de guerre qui l'a précédé était plus favorable au passage rapide au communisme tout court, dans la mesure où il entretenait l'illusion, comme dans le communisme primitif, d'une société sans rapports marchands. La valeur de la force de travail était " rémunérée " par des bons de ravitaillement quand ce n'était pas directement des livraisons en nature. Mais Lénine fait très justement constater qu'il s'agit en fait d'un " communisme " de pénurie et qu'il faut impérativement restaurer l'ordre marchand pour restaurer l'accumulation des forces productives. Les bolchéviks veulent construire un Etat moderne producteur d'une société " d'abondance ", pas un socialisme (voir un communisme) de pénurie.

Dès lors sous le socialisme l'hétérogénéité de la force de travail entrainant l'hétérogénéité des besoins de formations. L'Etat est habilité à assurer la diversité de l'offre.
Mais si l'on veut passer au communisme la question sous tendue par la Gauche redevient essentielle. De quelle école la classe ouvrière a-t-elle besoin ? Autrement dit les valeurs qui unifient les producteurs en un " travailleur collectif unique " siègent-elles dans l'école telle que l'Etat l'a organisée ?
On voit bien que non, Lounatcharski le reconnaît d'ailleurs puisqu'il affirme : " du moment que nous parlons d'une école de l'Etat prolétarien, il s'agit déjà de l'école d'une période transitoire " Autrement dit " l'école de l'Etat " c'est forcément l'école de la période socialiste, période transitoire, pour passer à autre chose, il faut une autre école.
Le bouleversement des classes nécessaire au passage au communisme, ne peut venir d'une institution qui a pour mission sinon de les reproduire, tout au moins de les modifier aux marges. Si le sens du système à produire ne provient pas de l'école d'où peut-il surgir ?

  2ième Jalon : L'éducation par les Organisations d'Education Populaire.
 (Pas de bouleversement Institutionnel sans bouleversement pédagogique)

C'est le rôle de l'Education Populaire Révolutionnaire de fixer un sens et de chercher les valeurs du groupe qu'elle entend affirmer. Elle doit chercher où se trouvent chez lui les valeurs qui peuvent être universalisables de façon à définir la " personnalité " humaine qu'elle entend promouvoir. Fixant un sens à la destinée des peuples ou des classes. Pour tendre vers le communisme, il convient, nous semble- t'il, comme dans les sociétés de classes, capitaliste et socialiste, d'approcher la personnalité par son statut, ses fonctions et ses rôles. Mais dans le socialisme (s'il est bien sous domination conceptuelle communisme), les rapports en sont inversés. Ce n'est plus en partant du statut que sont attribués rôles et fonctions, mais au contraire c'est en partant des bouleversements de ceux-ci que la catégorie de statut en vient à dépérir. Etre propriétaire (statut) et donc patron (rôle) donneur d'ordres (fonctions) ne peut être remis en cause dans son essence que si je suis : travailleur manuel et intellectuel (fonctions), tantôt pécheur, tantôt chasseur ou tantôt peintre(rôles) sans jamais avoir à m'approprier le fruit de la pêche de la chasse ou de la peinture (statut : de non propriétaire, de prolétaire).
Les valeurs passent donc par la façon dont un regard extérieur à la division du travail, et donc à la division des techniques et des matières mais aussi au sens social de leur utilisation, peut être trouvé. Ceci dans le but de produire une collectivité unique capable de s'assujettir : nature, biens et services, en vue non pas essentiellement de les posséder, mais de les créer ou reproduire, pour les offrir, voir tout simplement les contempler. Il est essentiel de comprendre que le communisme ne s'approprie pas, sinon dans les phases d'apprentissages, et le socialisme est précisément une phase d'apprentissage ; le communisme, regarde et crée pour rendre ou donner, c'est la nature de la reproduction de la force de travail qui s'en trouve bouleversée, dès lors le " droit " qui n'est jamais qu'une tentative de rationnaliser " l'appropriation " peut dépérir.

En matière d'Education Populaire, la Pédagogie Institutionnelle a bien porté ses valeurs avec Oury, Lobrot et Fonvieille, à travers la remise en question des fonctions de direction ou des rôles de l'encadrement qualifié, par exemple au sein de l'école et des institutions éducatives.
D'autres ont cherché à faire surgir la figure du créateur comme producteur d'un acte neuf.

C'est le cas du camarade Henri Bassis et de son groupe d' Education Nouvelle : le GFEN. Créer est un acte que tous les enfants peuvent acquérir. Si l'on veut obtenir une nouvelle société, il faut donner les moyens à ceux qui s'en sentent le moins pourvus d'être des acteurs actifs de leurs propres conditions de vie. Dès lors le procès de connaissance peut s'identifier au procès de production, construit sur un bouleversement complet du procès de travail. En son sein l'objet de travail " La matière à travailler " peut se présenter dans sa forme brute, mais se sont les moyens de travail qui doivent être l'objet de toute l'attention du formateur. Il doit favoriser leur autoproduction par le producteur lui-même (l'élève) et ne pas les donner comme des vérités intangibles qui ne doivent pas être remises en cause (cas des manuels scolaires). Comment produire, produire du sens, sans questionnements imposés préalables. L'animateur s'efface (cela ferait le plus grand bien au Parti ! Mais s'effacer ne veut pas dire disparaître, tout au contraire, " effacer pour conduire " est le projet le plus difficile qui soit au monde, cela signifie que chaque membre du parti doit connaître parfaitement le chemin qui mène au communisme, non pas comme un dogme mais comme une épistémologie scientifique, comme un ensemble d'instruments à manier collectivement par une classe qui n'en a pas une claire conscience ) et facilite la prise en charge par le producteur lui-même d'une logique de possibles, Bassis forme sa classe à l'autonomie comme le parti et les syndicats devrait le faire avec la classe ouvrière.

Pour l'Entreprise comme Institution (ou ce que le jargon psychosociologique appelle : (l'Organisation) voici ce que Kollontaï nous en dit dans sa brochure :                 

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L'Opposition Ouvrière. 1920 -10ième Congrès du P.C.R (B)- Alexandra Kollontaï

" Pourquoi les syndicats étaient-ils alors seuls à défendre avec opiniâtreté le principe de la direction collective, même s'ils ne pouvaient apporter aucun argument scientifique en sa faveur ? Et pourquoi les " spécialistes " au même moment défendaient-ils le principe de la     " direction par un seul " ? La raison est que dans cette controverse, même si des deux côtés on niait qu'il s'agissait d'une querelle de principe, deux points de vue historiquement inconciliables s'opposaient. Le principe de la " direction par un seul homme " est un produit de la conception individualiste de la classe bourgeoise. La " direction par un seul homme " est dans son principe la volonté libre illimitée et isolée d'un seul homme séparé de la collectivité.

Cette conception se reflète dans tous les aspects de l'activité humaine : depuis la nomination d'un souverain à la tête d'un Etat, jusqu'au directeur tout-puissant d'une usine. C'est la sagesse suprême de la pensée bourgeoise. La bourgeoisie ne croit pas au pouvoir d'un corps collectif. Pour elle les masses ne sont qu'un troupeau obéissant à fouetter et à mener là où elle le veut. "
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3ième Jalon : L'éducation productrice d'une révolution Pédagogique nécessaire à l'apparition du " Travailleur Collectif "

Solidarité, entraide, partage, coopération, sont des valeurs qui définissent un collectif. Le travailleur seul est peu de chose, en groupe il développe des qualités naturellement collectivistes. Comment faire pour qu'elles deviennent créatives ?

Lounatcharski et Kollontaï partagent des valeurs communes propres à la pédagogie de l'Ecole du Travail Soviétique, mais le premier sous influence de Lénine introduit une déviation scientiste-productiviste, bien moins présente chez la seconde.
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Lounatcharski: L'Ecole Unique et polytechnique du Travail
In " De quelle école un Etat Prolétarien a t'il besoin ? "

"En effet, L'Etat prolétarien a-t-il besoin d'une école du travail et polytechnique ?      Examinons d'abord la première partie de la question : Un Etat Prolétarien a-t'il besoin d'une école du  travail ? Là, un très grand nombre de voix nous semble acquises- du moins, tout un groupe de nos camarades communistes ou pédagogues sympathisants. Les travailleurs de l'instruction qui parfois ne sont pas d'accord avec nous pour le passage à l'école polytechnique, sont nos partisans inconditionnels en ce qui concerne l'école du travail. C'est-à-dire qu'ils sont comme nous persuadés que l'école doit être celle du travail, mais les gauches d'entre eux croient qu'elle doit être professionnelle dès le début.

Je m'arrête d'abord sur le principe de l'école de travail. Que l'école doive être celle du travail, les éléments prolétariens et les pédagogues qui leurs sont proches n'en doute pas. Le prolétariat est lui-même une classe laborieuse, pratique sachant parfaitement apprécier la portée éducative et sociale d'un travail scientifique organisé, fondé sur la science appliquée et par son intermédiaire, sur la science fondamentale. Mais il peut y avoir des gradations et si nous avions de l'école laborieuse la même idée que les responsables scolaire en Allemagne, ou en Amérique surtout, le cercle de nos partisans s'en trouverait davantage élargi.​​

….C'est que le pas suivant vers l'approfondissement de l'école du travail, ce n'est plus l'enseignement à l'aide de processus imitant le travail social, processus actif (auxquels participent tout l'organisme et non seulement la mémoire, le cerveau) mais déjà l'enseignement du travail lui-même, en tant que technique sociale- et un enseignement pratique, de surcroît. Les processus de travail admissibles sont ceux par lesquels l'enfant ne devient jamais un travailleur exploité, mais effectue toujours tout travail précisément au nom et à des fins de son développement psychique et physique. C'est aussi l'idée que se faisait Karl Marx du rôle éducatif du travail. Et c'est là une des idées les plus lumineuses, les plus importantes, fondamentales dans le domaine de la pédagogie prolétarienne. Et comme cette thèse peut-être acceptée sans réserve en ce qui concerne l'industrie, le " self-service " (c'est-à-dire les travaux ménagers : le faire fendre du bois, d'apporter de l'eau, de cuisiner, de nettoyer les pièces) a gagné aux yeux de nombreux pédagogues en tant qu'un certain stade préparatoire, celui de l'école primaire au travail futur et qui est très proche de ce dernier.

Je ne nie nullement que, dans les activités d'enfants à l'école, une certaine place puisse être réservé à ce self-service mais il faut si prendre avec le maximum de prudence. Et certainement, dans les premiers temps, vu surtout la pauvreté des écoles et l'impossibilité d'embaucher du personnel technique, de grande erreurs ont été commises dans ce sens. On a méconnu que seul est éducatif le travail d'un certain type : celui qui sert à acquérir de nouvelles aptitudes utiles, à les acquérir et les fixer et qui chemin faisant- du fait que l'enfant travaille- enrichit notablement ses connaissances.

Lorsque Dewey décrit comment il faut préparer la nourriture et comment on peut donner ainsi d'excellentes leçons de chimie et de physique, de botanique et de zoologie, d'hygiène et de physiologie, il a profondément raison. Bien qu'on m'ait objecté à ce propos que, si l'on parle autant en préparant le dîner, quelque chose va s'évaporer, quelque chose va brûler, etc. Je crois toute fois que cette approche est plus ou moins la bonne. Si l'on s'y prend de cette manière, alors bien entendu cela aura une valeur pédagogique. Mais si les enfants fendent du bois, préparent le déjeuner, portent l'eau aujourd'hui, et qu'ils fassent la même chose demain et après-demain, cela ne contribue pas tellement au développement intellectuel, ni même physique. C'est alors un travail obtus.

Nous les communistes, cherchons par tous les moyens à le supprimer complètement. Notre idéal est d'épargner ce travail assommant à la femme et à l'enfant qui est obligé de l'aider, cette lessive, cette cuisine, cette vaisselle, en remplaçant tout cela, dans un grand service ménager collectif, par une large industrialisation de toutes ses fonctions. "
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