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8 Mars « Journée internationale des femmes »

les deux initiatrices sont au premier rang

 

C’est suite au congrès de Copenhague de 1910 que les camarades Zetkin et Kollontaï proposèrent la date du 8 Mars pour créer une « Journée Internationale des Femmes », elle devait marquer les progrès de la lutte pour l’égalité des droits.  

 

  Elle est en suite clairement devenue la "journée des droits des femmes" sous l'égide de l'O.N.U après la seconde guerre mondiale.

 

 

Féminisme et communisme 

 

Le féminisme est-il une lutte communiste et en quoi peut-il le devenir ?

 

1) Le féminisme «asexué» [ i.e : a-reproductif] est essentiellement une lutte pour le républicanisme et le "droit de l'hommisme".

 

 1789 déclaration des droits de l’Homme (i.e : déclaration des droits humains), dont tout le monde se souvient de l’article premier :

 

                                              « Les hommes naissent libres et égaux en droits » (i.e : les être humains)

 

 Donc, on peut affirmer sans aucun risque de se tromper que depuis 1789 la constitution n’est ni appliquée ni respectée, en particulier pour les femmes (mais pas seulement, pour les jeunes, pour les vieux, pour les habitants des campagnes vis-à-vis de ceux des villes, pour les montagnards vis-à-vis des habitants des plaines, pour les colonisés et les colonies, etc.).

 

 

2) Ce féminisme républicain génère du social-démocratisme :

 

         Le républicanisme en ce qu’il pose la figure du sujet de droit et sa liberté ne définit ni la nature de sujet qu’il veut affirmer, ni le type de société économico-sociale à laquelle il renvoie. Le républicanisme ne pose que la question "du" sujet, sans spécifier son environnement en dehors de sa place dans le cadre institutionnel, même si le fait de lier la personnalité sociale à sa capacité appropriative (propriété privée) encourage la forme capitalistique et bourgeoise du type de société que cette constitution entend promouvoir.

 

 Le féminisme « asexué » parce qu’il découle de l’égalitarisme républicain, devient une lutte pour le social-démocratisme autrement dit pour la mise en œuvre d’une égalité juridique du partage. Droits sociaux, droits sociétaux etc. Incarné dans le fameux slogan : " à travail égal, salaire égal".  Mais aussi pour le partage des tâches éducatives et ménagères etc. etc.

 

 

Où est le communisme dans tout cela ?

 

Dans sa spécificité, pour le moment, dans ce que nous venons de dire, il n’y en a pas (société sans classes parce que sans Etat, sans Etat parce que sans classes). Sauf que, pour mettre en œuvre un tel projet, le communisme, il faut que les tâches républicaines et social-démocrates soient pleinement réalisées. Donc et seulement donc quand une organisation communiste entend "diriger" une révolution pour aboutir au projet communiste, elle doit veiller à ce que les projets républicains et sociaux- démocrates soient bien respectés et mis en œuvres durant la phase de transition appelée « socialisme », il ne peut pas y avoir d’instauration du communisme, si les tâches incombant à la phase de transition n’ont pas été pleinement développées et mises en œuvre.

C’est pour cela que Lénine n’avait pas hésité à affirmer les tâches et rôles suivants : « Pourquoi pouvons nous entreprendre la révolution socialiste sous le Tsarisme ? Tout simplement parce que la bourgeoisie qui aurait dû lui succéder est aujourd’hui incapable de mettre en œuvre de façons conséquentes ses propres valeurs (y compris les sociaux-démocrates), c’est donc aux communistes, de reprendre ses valeurs et ses principes pour les mettre en œuvre au sein de l’Etat de dictature du prolétariat, au sein de l’Etat socialiste ».

 

Mais, il ne faudrait pas aujourd’hui aboutir à une inversion de cette nécessité qui reste toujours actuelle, ce n’est pas parce que le féminisme (et toutes les questions de genre : sexes, âges, races, régions etc.) relève d’abord des tâches républicaines et social-démocrates et que le stade capitaliste devenu historiquement réactionnaire est incapable aujourd’hui de les satisfaire, qu’il faut réduire le communisme à ces deux phases, même pour la question féministe. Car s’il existe un féminisme bourgeois [ asexué] et un féminisme de lutte des classes, c’est que le républicanisme et le social-démocratisme sont insuffisants à réduire cette contradiction.

Au sein du mouvement féministe, les féministes communistes ne fondent pas le sens de leur lutte sur un partage sexué de la division en classe, mais sur le principe de division du travail et de l’exploitation capitaliste, qui segmente pour diviser et surexploiter en se servant de la question des genres, en vue de reproduire le système. La question de l'abolition du salariat passe donc par celle de la reproduction de la force de travail et le rôle que tient la question des genres dans cette reproduction.

 

Autrement dit, pour tout (e) véritable communiste, la bourgeoise n’est pas l’alliée de la prolétaire, c’est son ennemi ; la femme de l’exploité n’est pas exploitée par lui, elle n’est pas la prolétaire du prolétaire. Elle est surexploitée dans sa fonction de ménagère par ceux qui attribuent un salaire à son conjoint, qui doit reproduire la force de travail, non pas du seul salarié, mais aussi de la cellule familiale. Quelle est la tâche de la ménagère d’une famille ouvrière, c’est de faire correspondre le salaire nominal au salaire réel, c’est donc de lutter contre la paupérisation de la famille. Le salaire réel, c’est ce qui est historiquement nécessaire à la reproduction de la force de travail (familiale). Le salaire nominal c’est le pouvoir d’achat qui est distribué au seul salarié dont l’entrepreneur cherche à tout prix à ne considérer que sa seule personne (et c’est aussi pourquoi une majorité de conjointes sont aujourd’hui obligées de travailler).

 

L’économie politique marxiste est très claire sur ce sujet. Un revenu distribué ne devient capital que s’il donne lieu à marchandisation. Or le salaire de l’ouvrier n’est jamais capital, il ne participe donc nullement à l’exploitation de la conjointe. Pour qu’il devienne capital, il faudrait que le propriétaire de ce salaire revende les produits que l’activité domestique de sa compagne génère, y compris à elle-même. En réalité, le salaire part socialisé de la force de travail familiale, sert à reproduire celle-ci, l’activité non marchande générée par la conjointe, permet de lutter contre la paupérisation qui disjoint le salaire nominal du salaire réel. Si la ménagère de milieu populaire n’enrichissait pas la « matière première » nécessaire à la reproduction de la force de travail familiale, elle devrait l’acheter toute faite sur un marché (plats cuisinés, heures de ménages etc.) et ceci lui coûterait beaucoup plus cher, y compris pour elle-même. De la même manière, par la division sexuelle du travail (de moins en moins) les heures de bricolage et de travail gratuit fournies par le conjoint et destinées à toute la famille et pas seulement à lui-même ne transforme pas, les week - end, l’ouvrier en prolétaire de la prolétaire.

 

Dans l’unité économique familiale moderne, la division sexuelle du travail est de plus en plus remise en cause dans l’accomplissement du travail gratuit, les femmes bricolent, les hommes cuisinent et pouponnent. Surtout et en conformité avec le projet communiste, c’est dans la reproduction socialisée de la force de travail (achats extérieurs) que la cellule familiale cherche le possible gain de temps libre, mais comme ces produits sont plus chers, ils créent un phénomène d’entrainement dans la salarisation de la conjointe, qui doit à son tour se soumettre à l’exploitation. L’exploitation capitaliste produit donc un effet de « libération » de la force de travail féminine, mais paradoxalement en externalisant puis en marchandisant le travail gratuit, elle produit un effet de désolidarisation de la cellule familiale comme base de la reproduction de la force de travail. [ moins de temps passé ensemble, moins de travaux gratuits fournis conjointement, se traduisent par l’augmentation du nombre des divorces], c’est le développement d’une nouvelle unité économique, la famille monoparentale, famille dont l’unité économique est particulièrement fragilisée par la faiblesse des revenus qui la constituent.

 

Au regard de la doctrine communiste qui met au cœur de la contradiction la division du travail comme coeur de la reproduction du système, on voit donc que la libération du sujet à travers l’affirmation des seuls droits (républicanisme) n’a pas forcément des effets égalitaristes dans les conditions de vie, cela peut être tout le contraire.

 

En individualisant la force travail, au nom de la libération du sujet et de ses droits, le féminisme bourgeois, même celui qui se dit « marxiste » en vient à soutenir une thèse réactionnaire et révisionniste. Il nie que le salaire soit l’expression de la force de travail familiale (au nom de l’anti-familialisme, d'un transgenrisme asexué dont il fait son archétype, pour réduire le genre féminin à une pure instance idéologique inculquée). 

 

En posant comme cœur de la contradiction la dichotomie : genre sexué versus reproduction, alors précisément que le marxisme affirme la forme salariale comme reproduction de la force de travail familiale, et fait donc de la question du sexe et du genre une question de couple, une altérité, le féminisme bourgeois (même quand il est républicain voire social-démocrate) rate l’apport du point de vue communiste qui est de placer la division comme coeur de la reproduction collective au centre de sa problématique, aux premiers rangs desquels, la reproduction des rapports de production, la reproduction de la force travail.

 

Le féminisme bourgeois développe donc une analyse de la contradiction homme/femme sur les seules bases de l’idéalisme. Soit comme pure produit idéologique issu de l’inculcation, soit comme résultant d’une pure logique pulsionnelle (lecture psychanalytique du féminisme), les deux étant totalement déconnectés du processus de reproduction biologique et économique. Car chez ces féministes (asexuées), la vie ( pulsion de vie, pulsion de mort) pour se reproduire n’a pas « besoin » d’enfants, par plus qu'elle n’a « besoin » d’énergie physique pour mettre le salarié au travail. Pour elles, dans la société moderne, tout est symbolique, car tout est pulsionnel, l'homme "veut" le pouvoir, l'homme "est" pouvoir. 

 

En rejoignant l'économie politique du signe, qui place le "désir" en opposition au "besoin" comme distinction, comme "barrière et niveau" , le féminisme de la "pulsion" fait de l'ouvrier un agent objectif des intérêts bourgeois, via la masculinité.

 

 Ce "communisme" féministe de l'anti-pouvoir est encore trace de la déviation de droite, qui veut que le socialisme soit lutte pour l'abolition des classes "en générale" afin de retrouver "enfin", l'être humain singulier, et non une lutte pour l'affirmation légitime des droits et donc du pouvoir de la classe ouvrière, comme dernière classe dominante, classe régnante.

 

Pour ces féministes, le communisme n'est pas ce qui est émerge du ventre (des valeurs, des principes) de la dernière classe survivante, et qui doit rester la seule, mais réconciliation des classes entre-elles, par la mise en place d'un pur sujet de droit, droit qui en s'absolutisant, en se généralisant disparaîtrait. En ce sens, l'insuffisance de la ligne léniniste, par le maintien du républicanisme et du social-démocratisme, qu'il lie à l'existence du socialisme d'Etat et le fait qu'il n'est pas posé clairement ce qui fait rupture dans ce socialisme avec le capitalisme d'Etat, réintroduit "l'égo" du sujet comme moteur de la libération, au dépend du collectif.

 

 Or, précisément, le communisme c'est le collectif, ce que n'est pas le "public" qui n'est qu'une expression particulière du privé (agrégat d'individualités). Le travailleur collectif, unité de production et de reproduction des rapports de production, la famille, unité collective de consommation et de reproduction de la force travail (y compris par sa descendance).

 

Il est pour le moins bizarre de voir des camarades féministes utilisées le concept de "patriarcat" concept qui renvoie à une unité collective "la famille" pour aboutir à une représentation où c'est le sujet et sa toute puissance liée à son unicité ( "La" femme opposée à "L'" homme) qui est survalorisé, de même y a- t-il escamotage de l'étymologie du mot, car dans "patriarcat" il y a "père" qui pose la question de la reproduction de cette unité, la famille et de son mode de gouvernance et de division du travail. C'est précisément ce que met Kollontaï en avant, pour s'opposer au féminisme bourgeois. 

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