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Le Marchaisisme (1972-1994)

 

Crise de la forme française du Néo-Centrisme communiste

A l’origine il y a le rochétisme qui incarne la représentation d’une droitisation « libérale » démocratique du communisme français. Ce cours libéral s'inspire du Khrouchtchevisme comme courant, lui-même s’imposant à l’échelle internationale dans tout le Mouvement Communiste International excepté en Chine et en Albanie.

 

Quelle en est la nature profonde, il s’agit de réhabiliter le stade du Républicanisme, comme pleine période de défense et d’extension de la catégorie de sujet de droit, cœur de la citoyenneté d’Etat (Jauressisme). Ce qui caractérise, cette période victorieuse d’une forme d’expression de la « droite » communiste, c’est sa claire volonté de s’opposer aux excès « antidémocratiques » des révolutions socialistes, aux moyens pour cela d’un rétablissement de la « légalité » socialiste ( que le stalinisme aurait violé). Il faut défendre et faire respecter l’état de droit dans les systèmes socialistes, état de droit qui protège les citoyens des excès ou des abus du pouvoir en place ou de certains de ses représentants. Pour cela il s’agit de conforter et renforcer le pouvoir judiciaire (les catégories qui font vivre les droits de l'Homme) dans son autonomie vis-à-vis du pouvoir politique. La réhabilitation des thèses de Jean Jaurès dans le P.C trouve sa source ici, et cela se fait au dépend de Lénine et son appel au dépérissement de l'appareil d'Etat. Derrière ce retour au républicanisme, il y a la claire volonté de ne pas faire décliner l’Etat, car l’Etat n’est de classe, pour cette problématique, que parce qu’il sert les intérêts d'une fraction dominante, sinon c’est essentiellement un lieu de contractualisation des intérêts des citoyens qui en assurent la permanence, il est un lieu neutre, un pur instrument technique, permettant la réalisation pratique et effective du "droit de l'Hommisme".

L’idéal d’une constitution « démocratique » s’impose, et bien entendu celle que l’on connait et que l’on idéalise c’est la constitution de l’URSS de 1936 (mais pour les français aussi, les deux constitutions de 1791 et de 1793). Dans tous les cas il s’agit de protéger le citoyen en reconnaissant ses droits naturels, en luttant contre la violation de la légalité socialiste. L’Etat de droit socialiste devient le garant de la protection des citoyens (certains citoyens) face aux excès de la révolution (ou d’abus du groupe dominant au pouvoir protégeant ses intérêts). Ce qui conforte l’aile droite communiste, c’est que Staline lui-même a confirmé, au moment de la rédaction de cette constitution, que la lutte des classes avait cessé en U.R.S.S, car il n’existait plus dans ce pays, selon lui, de classes sociales, mais seulement des catégories sociologiques. Donc que les mesures juridiques ne concernaient plus des groupes antagonistes, mais uniquement des contradictions de nature sociale ou sociétale concernant uniquement chaque citoyen soviétique, ou alors de façon plus antagonique, mais marginale, impliquant quelques individus, ou des résidus des anciennes classes. (les trotskistes comme représentants du "parti de l'étranger").

Suivant le modèle que nous avons développé, on voit mieux où pour l'aile droite du communisme, reprenant en cela les valeurs de la gauche du Républicanisme, gît le problème. Nous l'avons vu, sur l'axe du Républicanisme la droite extrême tend vers l' absolutisation du pouvoir personnel, le bonapartisme, le césarisme. Avec le culte de la personnalité dans les Etats socialistes, la droite communiste considère que le mouvement communiste se retrouve atteint d'un phénomène identique, qui représente un véritable danger, puisque ainsi il concourt à remettre en cause les valeurs du Républicanisme et donc à fragiliser l'Etat de droit, qui constitue un idéal-type, un stade indépassable car contenant les deux autres (le socialisme et le communisme). Tant que l'égalitarisme républicain n'a pas développé tous ses effets, pour le courant social-démocrate et la droite communiste, il est vain de vouloir passer au socialisme et illusoire d'atteindre le communisme.

 

Ce n’est pas la première droitisation de l’organisation communiste française, puisque avec l’interview de Maurice Thorez au Times en 1946, celui-ci reprend et réaffirme que la droitisation stalinienne du « parti-Etat » de Staline vis à vis de Lénine, ne peut en occident que connaître une seule résolution, le plein retour au Républicanisme de Gauche. Cette vision qui fait que depuis 1936 (la mise en place de la stratégie de Front Populaire en Europe de l’Ouest), il apparaît évident que dans le cadre de la coexistence pacifique, la seule voie possible réside dans la participation à la gestion de gouvernements progressistes mais où les communistes n’occuperont pas la première place. La situation se présente donc de la façon suivante : à l’Est le parti unique, la constitution d’un Etat Socialiste et d’une citoyenneté fixant le démocratisme socialiste. A l’Ouest, l’union de la gauche et les garanties de la mise en place d’un Etat de droit social, les deux déclinants deux formes d’expression du Social-Démocratisme, mais un Social-Démocratisme s’inscrivant pleinement dans les rails du Républicanisme.

 

Waldeck Rochet d’origine paysanne (salarié agricole) devient secrétaire générale du parti entre 1964 et 1969.

 

Poulain de Khrouchtchev, car comme lui issu du monde paysan, il est naturellement sensible aux politiques d’union avec les milieux non prolétariens. La chute du dirigeant soviétique affaiblira Rochet vis-à-vis des luttes internes du M.C.I. Il est, pour la France, favorable à l’Union de la Gauche, en particulier à la candidature Mitterrand. C’est lui qui fera adopter la ligne : « il faut sauver la S.F.I.O » pour permettre la réalisation d’un gouvernement d’Union de la Gauche, et pour cela il n’hésitera pas à « offrir » un certain nombre de communes précédemment communistes au nouveau parti socialiste qui émerge de la décomposition de la vieille S.F.I.O.

 

Constatant l’émergence des catégories intermédiaires (I.C.T) le gonflement des catégories employés et cadres moyens, etc, il veut un redéploiement du travail du parti en direction de ces catégories. Il conduit également une politique libérale de création artistique favorable aux intellectuels et aux créateurs (qui eux aussi connaissent une explosion démographique). Il est pour leur accorder une plus grande place dans le parti et un plus grand rôle dans la production idéologique (création de nombreuses revues et cercles de réflexions en économie, sociologie, histoire, pratiques pédagogiques, mais aussi pratiques artistiques et intellectuels etc.), mais même s’il favorise le débat et la recherche, il est opposé à la gauche du parti. Il conduit une politique d’épuration des jeunesses communistes, surtout des étudiants communistes, au nom de la lutte contre le gauchisme. S’il favorise un comité central sur le problème de la culture et des idées à Argenteuil en 1966, c’est pour laisser libre court aux haros sur la gauche du parti, représentée par la figure de Louis Althusser qui n’a pas l’autorisation de répondre à toute la série de textes qui sont présentés et qui lui sont si défavorables  que la direction elle-même demande qu’on les réécrive, pour donner l’illusion que ce n’était pas contre la gauche du parti que ce C.C a lieu.

 

Pourtant Althusser lui-même appréciait Waldeck Rochet, les efforts que cet autodidacte de milieu populaire avait faits pour s’ouvrir à la culture et en particulier à la philosophie. Certes, comme homme politique Rochet n’avait pas les qualités d’un Togliatti et sa capacité à penser le parti comme intellectuel organique, mais lui aussi a cherché à penser l’avenir du mouvement communiste ouest-européen vis-à-vis de l’Union Soviétique et du bloc de l’Est.

Il est incontestablement un précurseur de l’Eurocommunisme.

 

 En 1968, la crise tchécoslovaque précipite ce dirigeant dans une angoisse psychologique intenable entre sa fidélité « idéaliste » à l’URSS et la politique concrète conduite par un système où domine un capitalisme d’Etat, engendrant une catégorie de privilégiés qui ne veulent pas céder le pouvoir. Malade, il doit remettre son mandat et être remplacer par un nouveau secrétaire général. 

 

                       

 

 

 Le Marchaisisme ou l’impossible stabilisation de l’histoire

 

 

Ce qui caractérise la période de direction de Georges Marchais, c’est un balancement de la ligne politique, entre la Droite et le Centre de l’idéologie communiste.

 

Quand il reprend la direction du parti à Waldeck Rochet, la majorité du groupe dirigeant du PCF, suite à l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie et suite aux politiques de répressions vis-à-vis des dissidents et des intellectuels, s’est éloignée de la direction du Kremlin. Au départ Marchais a le soutien de la vieille garde (Jeannette Vermeersch, les anciens du bureau politique et le groupe, notamment des philosophes(Kanapa , Cogniot etc.) chargés de produire la ligne idéologique) ceux-ci espèrent que ses origines de classe (origine ouvrière) mais aussi son histoire personnelle durant la seconde guerre mondiale , ce qui rapproche sa situation délicate du cas Thorez, contribueront à l’obliger à s’appuyer sur Moscou pour combattre l’aile droite du parti mais aussi son aile gauche.

 

Mais Marchais est le produit de l’aristocratie ouvrière française et ce qui caractérise cette aristocratie, c’est qu’elle pratique une fuite en avant pour maintenir ses relatifs privilèges, elle cherche absolument à échapper au procès de prolétarisation qui attaque frontalement ses conditions d’existences. Bien qu’elle s’en défende, elle se sent peu solidaire des catégories exclues et peu qualifiées de la classe ouvrière ( où s’impose de plus en plus un salariat d’origine immigrée), et ne voit d’avenir qu’en se tournant vers la petite- bourgeoisie non propriétaire, qui est la catégorie sociale la plus proche et immédiatement supérieure (en qualifications et en revenus). Or ce qui définit cette dernière catégorie, c’est son attachement viscérale au seul capital qu’elle possède, le capital culturel ( pas de capital économique et peu de capital social pour reprendre les distinctions sociales introduites par la problématique sociologique de Pierre Bourdieu) et celui-ci résulte en grande partie du système méritocratique scolaire républicain, mais aussi du contre-système méritocratique produit par les organisations de l’éducation populaire en particulier les syndicats et les partis politiques ouvriers. Pour toute une partie de cette aristocratie, la C.G.T et le P.C.F vont devenir les lieux de contre-culture qui lui permettent une relative ascension sociale.

 

La situation historique Française, jusqu’au début des années 80, semble donc donner raison à cette alliance de l’aile petite-bourgeoise et de l’aristocratie ouvrière. Cette alliance voit dans le procès de requalification- surqualification, d’une partie de la main d’œuvre, en même temps que l’arrivée d’une société de services prenant la place de l’ancien tissu industriel ( l’économie française ayant le grave défaut d’accorder trop d’importance au travail peu qualifié plaçant la France dans une situation instable car directement attaquable par des économies à bas coûts, alors que l’Allemagne au contraire c’est historiquement spécialisée dans le haut de gamme et la main-d’œuvre qualifiée) :

 

- 1)  le moyen d’échapper à la broyeuse capitaliste.

 

- 2) Le moyen de s’extraire d’un rapport direct avec la production pour se réfugier dans les niches de gestion (gestion syndicale ou gestion des collectivités locales),

 

- 3) le moyen de revivifier le mythe bien français (depuis la révolution des lumières), d’une science et d’une technique au service de la libération du genre humain et apte à résoudre tous les problèmes.

                          (Car qui la produit cette science et qui la met en exercice concret ? La petite - bourgeoisie intellectuelle, et l’aristocratie ouvrière.).

 

Malheureusement, exception faite de certains secteurs comme l’aéronautique, la réaction de la bourgeoisie capitaliste française est trop tardive, la France entre dans un cycle de désindustrialisation, qui finit par s’attaquer au dur du salariat qualifié après les années 90, c’est-à-dire à l’aristocratie ouvrière et à la petite - bourgeoisie elles-mêmes. C’est la situation à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés et le P.C.F y est extrêmement mal préparé.

 

Durant toute cette première partie de la gouvernance Marchais, en gros jusqu’à la crise des années 75-80, le secrétaire général donne l’impression de contrôler les choses. Il est persuadé que la « modernisation » de la société sert le projet d’une possible révolution scientifique et technique du pays et donc sert aussi les catégories sociales qui bénéficient de ce procès de surqualification, il faut donc s’inscrire dans la continuité de la période de Waldeck Rochet. Libéralisme, ouverture à la culture, travail culturel et intellectuel en direction des catégories qualifiées, rapprochement avec le courant qui porte une partie de ces valeurs le nouveau parti socialiste. La ligne de droite triomphe : « abandon de la dictature du prolétariat » en 1976, car le groupe central sociologique que valorise le parti ne se considère pas comme faisant partie du prolétariat, mise en œuvre de l’Eurocommunisme, renforçant l’idée que le changement progressiste (non violent et purement électoral) en Europe de l’Ouest ne suivra pas le même chemin que la révolution russe et la mise en place de démocraties populaires en Europe de l’Est.

 

Mais la crise du P.C.F ne peut être endiguée, l’aile droite à le vent en poupe, elle en veut toujours plus, la crise des intellectuels organiques (à travers les revues et journaux du parti) ne cesse de rebondir. Crise de « La Nouvelle Critique », qui voit la majorité de ses rédacteurs passer au P.S,  crise de « France Nouvelle » devenant d’abord « Révolution », puis ensuite « Regards » qui finit par rompre avec le parti, pour incarner le nouveau mouvementisme proche de la F.I . Crise de L’Institut MauriceThorez d’Histoire où tout un bloc rejoint le P.S avant de finir à droite( Adler et consorts). Crise de la revue Economie et Politique, qui après avoir mis sous le boisseau, tous les économistes (notamment de gauche) en désaccord avec la ligne Boccara et sa lecture du C.M.E, finit par éclater entre un bloc droitier représenté par Philippe Herzog, et le petit noyau resté fidèle à Boccara. Crise des militants devenant ministres, ceux du gouvernement Mitterrand, les quatre incarnant la ligne de droite :

- un « institutionnaliste » Le Pors, correct et honnête, certes, mais droitier et totalement bouffer par l’idéologie de l’Etat souverain et ses corps constitués, via le fonctionnariat.

- Des gestionnaires locaux, Rigout devenant « Rénovateur » et Fiterman passant carrément au P.S.

- Enfin un représentant de la ligne « défense » de la culture et donc des catégories sociales qui en vivent, autrement dit un pur produit du rochetisme, très compétent en son domaine et grand séducteur de ces mêmes catégories, Jack Ralite, mais qui n’hésite pas, en bon droitier qu’il est à refiler la direction municipale de la mairie d’Aubervilliers au P.S pour empêcher l’aile gauche du parti d’y accéder

 

( Et comme une première fois ne suffit pas, il y aura un rebelote sous la gouvernance ministérielle de Lionel Jospin de 97-2000 et sous la direction du P.C.F par Robert Hue, où une nouvelle fois on assiste à l’arrivée de l’aile droite du PCF aux affaires pour ensuite assister au départ du parti, d’un certain nombre d’entre eux, Gayssot, Hue etc).

 

 

                                      Le Marchaisisme triomphant s’est appuyé sur 3 piliers qui en ont assuré l’exercice hégémonique.

 

-  1) Le groupe des philosophes-psychologues sous direction du directeur des éditions sociales Lucien Sève qui dirige la maison d’édition du P.C.F et en              surveille la production.

 

- 2) Celui des historiens de l’Institut Maurice Thorez, avec notamment Roger Martelli, chargés quant à eux de produire une histoire officielle du parti.

 

- 3) Enfin le groupe des économistes rassemblés autour de la revue Economie et Politique et que contrôle le groupe de Paul Boccara.

 

    L’effondrement droitier du Marchaisisme, c’est l’histoire de l’effondrement de 2 (les deux premiers) de ces 3 piliers, il faudrait pour cela relater le récit concret de chacun des lieux, les Editions Sociales, l’Institut Maurice Thorez, La revue Economie et Politique. Dans chacun de ces organismes on va s’efforcer «d’éliminer » tous ceux qui ne pensent pas totalement comme le groupe dominant, en particulier l’aile gauche.

 

C’est au moment du comité central d’Argenteuil en 1966 que le courant qui soutient le néo-centrisme au niveau philosophique, mais aussi idéologique et politique, emporte le morceau. Cela se fait contre le groupe Garaudy-Aragon qui incarne les intérêts de l’aile droite et sur le dos de l’aile gauche qui n’est pas présente à ce C.C, car très peu présente dans la ligne hiérarchique, depuis les épurations de Thorez à la libération, ou bien qui est en rupture de ban depuis que la Chine c’est mise à contester la droitisation du cours Khrouchtchévien. Paradoxalement c’est dans la jeunesse, en particulier dans l’Union des Etudiants Communistes, que les idées de la gauche sont entrain de devenir majoritaires, c’est ce que disent bon nombre des intervenants lors de ce C.C d' Argenteuil, qui sont eux-mêmes des enseignants, qui se plaignent de cette situation.

 

L’effondrement du Marchaisisme, la seconde période de sa direction :

 

Après le départ des ministres communistes du gouvernement Mitterrand en 1983, l’aile droite du parti se désolidarise de plus en plus de la direction et commence à sortir du parti, c’est la pleine période des : refondateurs, reconstructeurs, rénovateurs etc.. face à cette contestation, le balancier idéologique de la ligne du parti commence à repartir dans l’autre sens. Déjà en 1980 l’intervention en Afghanistan des soviétiques avait vu Georges Marchais venir les soutenir et déclarer aux yeux du monde entier, à la télévision, que le bilan du socialisme était globalement positif. La révolte des polonais à l’été 80 et la création de Solidarnosc place la direction du parti dans une situation difficile, faut-il adopter la même ligne que sur la question tchécoslovaque et soutenir franchement ce nouveau mouvement, ou faut-il au contraire déjà y voir le poids d’une église et d’un clergé réactionnaire qui annonce le développement ultérieur des valeurs de la société polonaise. Quoi qu’il en soit cela effrite sérieusement l’idée d’un bilan globalement positif du socialisme Est-Européen. Le parti entre en déclin durable et n’arrive plus à endiguer son recul électoral et militant.

 

 

 

Mon analyse de la période Marchais et ses effets actuels :

 

L’honnêteté intellectuelle oblige à dire, que le déclin militant et électoral du PCF tient beaucoup de la diminution de l’électorat traditionnel du P.C.F. La désindustrialisation de la France a vu disparaître des millions d’emplois ouvriers et employés, ainsi que de paysans pauvres. Je ne suis pas sûr que le PCF aurait pu éviter de se retrouver dans la situation dans laquelle il se tient aujourd’hui. C’est d’ailleurs tous les grands partis communistes occidentaux qui ont décliné, il y a donc un phénomène objectif extérieur aux enjeux internes des partis communistes. Mais la situation idéologique d’un parti est un facteur important, il peut jouer un rôle aggravant ou au contraire positif, base d’espoir d’une possible renaissance. 

 

Je considère Georges Marchais comme largement responsable de la situation idéologique actuelle du parti, c’est lui qui a choisi de porter à la tête de notre organisation, son aile droite via son représentant Robert Hue. C’est lui qui dans une opération de pure communication publicitaire et par pur opportunisme a décidé de faire abandonné en congrès la théorie de la Dictature du Prolétariat, théorie sans laquelle tout le restant ne devient chez Marx que platitude réformiste. Par là même, il nous a définitivement séparés des couches populaires et ouvrières.

 

 

Par son incapacité à aider à la rénovation révolutionnaire de l’idéologie communiste, autrement dit, à procéder à une analyse de classe des Etats Socialistes, comme de la situation des états capitalistes, il nous a coincés dans un jeu pervers et impuissant entre droitisation ou centration de notre cours politique.  Bien sûr son centrisme n’a rien à voir avec le pur stalinisme (centrisme), seulement avec un néo-centrisme, autrement dit une représentation qui maintien un rapport idéaliste à la révolution scientifique et technique, un rapport idéaliste à la forme de domination étatique aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest, tout en maintenant l’idée réformiste que seule la victoire électorale offrirait un débouché au projet progressiste en France.

 

Ayant été incapable de rénover la dimension révolutionnaire du marxisme, le marchaisisme apparaît comme une stagnation historique (de ce point de vue comparable au brejniévisme russe). Dès lors pour un grand nombre de militants, le dernier théoricien qui flirte encore avec l’idéal communiste devient ou redevient Staline. C’est pourquoi on voit resurgir aujourd’hui un néo-stalinisme, en particulier dans l'aile orthodoxe déjà sortie du P.C.F.

Conclusion :

Le marchaisisme a débouché sur une droitisation appelant à la disparition franche du parti (le hueïsme), puis voyant que cela ne marchait pas, les militants refusant cette éventualité, le reste de la direction nationale a appelé à la fusion du parti dans un pôle de radicalité à gauche, ou une aile « éthique » post ou pré-léniniste pourrait survivre (le buffétisme). Enfin le dernier représentant de ce cours ( Pierre Laurent) a essayé de faire revivre l’idéal d’une nouvelle version de l’Union de la Gauche sans qu’il y ait aujourd’hui de partis suffisants et nécessaires pour la porter. Mais toujours en maintenant l’idée d’un « sauvetage » de l’organisation par effacement, sauf pour les élus qui resteraient les seuls a « témoigner » que quelque part il doit encore exister un « parti » communiste, en maintenant ainsi l’idéal d’une forme « parti » pour la course aux strapontins.

 

                                                                                                           Le 38ème congrès et les forces en présence :

 

Comme en Italie, la situation produit de plus en plus une situation à 3 pôles, auquel il convient d’ajouter ceux qui veulent nous faire disparaître et qui sont dans leur immense majorité déjà sortis (hueïstes).

 

Les Mouvementistes : En Italie, Refondation Communiste, en France, les partisans de Buffet (plate-forme1) auquel il convient d’ajouter ceux qui ont déjà rejoint la F.I et qui veulent comme dans Die Linke constituer un pôle éthique communiste, luxemburgisme voire anté ou post léniniste.

 

Les Institutionnels : En Italie, le Parti Communiste Italien, les nostalgiques de Berlinger, en France ceux qui viennent d’imposer la plate-forme « Le manifeste », les marchaisiens, et que nous analysons plus en profondeur plus loin.

 

Les Orthodoxes : En Italie, Le Parti Communiste (et divers groupuscules marxistes-léninistes), en France, ils sont essentiellement sortis du P.C.F ( P.R.C.F ; R.C.C ; « Communistes » ; etc.), mais il existe quelques sympathisants dans le P.C.F notamment dans la jeunesse communiste.

 

 

Les derniers marchaisiens entre néo et post :

 

Le marchaisisme est un néo-centrisme, autrement dit un retour du balancier de la ligne politique vers le Centre (défense de l’URSS, défense du marxisme-léninisme) après la droitisation du rochetisme ( ligne de l’humanisme théorique, du droit de l’hommisme, de la lutte contre le culte de la personnalité) critique adressée par le PCF au PCUS. Mais comme à l’époque la crise du bloc socialiste ne s’arrête pas : Pologne, Vietnam (Boat-People), Afghanistan etc. des à coups à droite de plus en plus rapprochés se produisent : abandon de la Dictature du Prolétariat, adoption de la ligne de l’Eurocommunisme, etc., et il finit par la mise au pouvoir d’un franc courant droitier le hueïsme. 20 années de dominations de cette ligne poussent les anciens compagnons de direction de G. Marchais à réagir. Pourquoi les anciens compagnons de Marchais ? Parce qu’il n’y a plus d’anciens compagnons de Rochet et encore moins d’anciens compagnons de Thorez, et des quelques uns qui restaient, beaucoup sont déjà sortis du parti, pour renoncer à la vie politique ou constituer d’autres organisations communistes.

 

  Il y a 3 blocs chez ces marchaisiens :

 

1) les tenants de l’ « économisme » version Boccara c’est eux qui ont fait adopter la ligne du : « tout vient de la finance et uniquement de là ! » s’y sont adjoints une fraction des tenants du pouvoir régional (élus du nord ou du centre de la France) (Roussel-Bocquet et Chassaigne). Représentants de la ligne :  Vive l'Union Populaire, vive la petite agriculture et les PME !

En gros, ils incarnent le centre droit du parti, ligne qui poursuit la politique de Rochet, mais de façon moins droitière. C’est sous Rochet que se construit ce groupe et qu’il connait un âge d’or idéologique, avant d’asseoir son pouvoir sous Marchais, et finir par subir les affres des variations de sa ligne politique. Ils représentent la tendance de droite de la plate-forme du « Manifeste ». 

 

2) Les tenants de Maxime Gremetz (Une forme d’expression du courant Perlican, sans Rolande, qui est sortie du parti pour construire un parti indépendant ( « Communiste(s) » i.e : le parti c’est moi !), auquel c’est jointe la section du 15ème arrondissement de Paris (les anciens partisans de Moroni, animateur à son époque d’une célèbre revue prosoviétique dogmatique : ici radio Moscou ! Les vrais bolchéviks parlent aux bolchéviks !)), ils incarnent aujourd’hui l’armature de la plate-forme « Vive le P.C.F ». Ils constituent l’aile gauche du marchaisisme, mais une aile gauche dogmatique, qui n’est pas très loin des orthodoxes, mais comme chez Perlican, pas de compromis, pas d’accords avec les autres.

 

3) Les tenants d’André Gérin, ancien député de Rhône-Alpes et ex-maire de Vénitieux lui-même produit de la fraction syndicaliste du parti ( la fédération de la métallurgie, mythe du tayloro-fordisme des 30 glorieuses, capable de fixer les C.S.P, l’indice des prix, et les négociations collectives, excusez du peu !) devenant de plus en plus un électron libre (effet de l’âge ?!), sur la mer immense d’un souverainisme et d’un républicanisme intransigeants.

 

Ses « anciens » camarades, avec qui nous avons des valeurs partagées, et qui constituent l’armature de la plate-forme F.V.R (et dont l’adage peut se résumer ainsi : le Communisme, c’est le parti, le parti ce sont les collectivités locales, pour sauver tout cela, il faut accepter des compromis, sinon à quoi cela sert d’être dans le même parti ! ? C.Q.F.D). Ils constituent le centre- gauche du marchaisisme, ils ont par leur non dogmatisme la capacité de fédérer bon nombre de petites sensibilités de l’aile gauche du parti. C'est grâce à cette sensibilité, qui a sacrifié l'indépendance de son point-de vue, qu'un début de changement de rapport de forces a pu avoir lieu à la tête du parti.

 

Et puis le reste, isolés, petits groupes de section autonomes, petits regroupements (marxistes-léninistes, léninistes, etc. etc.) qui survivent tant bien que mal et suivent plus ou moins le radeau « F.V.R » sur leurs petits pneumatiques en chantant « Que será, será, Whatever will be, will be, The future's not ours to see, que será, será » et dont l’auteur de ces lignes fait partie, comme bon nombre de rescapés de l'ex- Gauche Communiste du P.C.F

 

 A gauche encore, nos amis de la « Riposte » étant isolés, car idéologiquement trop lié au trotskisme entriste. Ayant en particulier la capacité de multiplier les adhésions, comme les pains, au moment des votes de congrès, ce qui fait qu’ils sont difficilement défendables devant la direction nationale, qui leur refuse l’accès au vote du congrès. En fait, comme la petite sensibilité des amis de Bernard Friot , ils sont proches du Mouvementisme.

 

Enfin un regroupement autonome qui a eu son heure de gloire, « Les Rouges Vifs », des communistes localistes, qui se sont autonomisés des autres mais aussi d’eux-mêmes, dans une région, proches des Mouvementistes , ou des groupes sortis du P.C.F, dans une autre proches des Institutionnels, etc.

 

 On a à peu près la répartition suivante, sur les votes et les identifications du Centre et de la Gauche dans le PCF :

 

- entre 15 et 20 % s’identifiant à la plate-forme de l’A.N.R (Action-Novation-Révolution)

- entre 10 et 15 % s’identifiant à la plate-forme de F.V.R (Faire Vivre et Renforcer le P.C.F)

- entre 5% et 10% s’identifiant aux informels du centre -gauche et de la gauche du P.C.F

 

On obtient bien ainsi les 42% du choix du « Manifeste », au premier tour de vote du parti. Basé essentiellement sur le compromis (A-N-R/ F.V.R).

 

- « Vive le P.C.F » avec ses 5% à 10%, ayant décidé de se réfugier dans l’abstention,

 

- Tout comme la « Riposte » qui représente ente 1 et 5%, de vrais militants du parti et 15% ( ! ) d'effet magique :« Quand par un prompt renfort, nous nous vîmes 15% en arrivant au port ! » lors d’un précédent congrès.

 

En fait si l’on veut bien regrouper le centre et la gauche du parti, on se rend compte que ces deux tendances sont potentiellement majoritaires, mais qu’elles ont en fait beaucoup de mal à se rassembler. En général cela ne rigole pas chez les cocos, on est dans une case du tableau et également à droite ou a gauche dans cette case, mais aussi souvent, dans l’épaisseur du trait qui sépare deux cases entre-elles. C’est normal et cela serait plutôt sain (pour tout vieux coco, c’est la ligne théorique qui fixe la ligne programmatique, alors que pour tout vieil opportunard c'est l'inverse), si cela permettait au moins aux courants, qui ont toujours existé dans le parti, de se cristalliser en tendances ( la fameuse "bande des 3" si rependue aujourd'hui en Europe, et donc sans doute nécessaire), sans virer au sein de la même organisation à des fractions, qui se tirent dans les pattes.

 

Là aussi mon constat est plutôt désabusé, sur la chance de survie du nouveau compromis historique au sein du P.C.F

 

Le compromis, passé entre néo et post marchaisiens pour faire face aux effets délétères des continuateurs de la politique de Robert Hue, a t'il dès le départ la puissance nécessaire pour redresser un cours politique trop avancé dans la décomposition. Ce n’est pas en glaçant un statut-quo pour sauver les meubles de l’organisation que l’on peut redresser la déviation de droite, qui veut que ce soit par et dans la politique électorale que se tienne la solution à toutes nos difficultés. Taire nos divergences pour se rassembler autour de possibles candidatures atteint là ses limites.

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