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(D.C.O)

MAO critique de gauche de STALINE

Mao Tsé-toung  « La construction du socialisme en Chine » Editions du Seuil 1974 

 

Dans ce rassemblement de 3 articles Mao Tsé Toung critique le texte de Staline « Les Problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S » et le « Manuel d’Economie Politique de l’Union Soviétique » de l’Académie des Sciences de l’U.R.S.S. Les textes ont été rédigés entre 1958 et 1960 au moment du Grand Bond en avant.Ils portent la marque de ce volontarisme là.

 

 A propos du texte « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S » ou comment marcher sur ses 2 jambes.

 

« Staline ne met en relief que la technologie et les cadres techniques. Il ne veut que la technique et les cadres. Il ignore la politique et les masses. Là aussi, il marche sur une jambe. » p 32

 

« Dans le domaine de l’industrie, il met l’accent sur l’industrie lourde et néglige l’industrie légère, il marche sur une jambe »

 

« Staline n’indique pas non plus l’aspect essentiel de la contradiction. Il met l’accent sur l’industrie lourde, disant que l’acier en est la base et que les machines en sont le cœur. Quand à nous, nous estimons que dans le domaine l’agriculture, la production des céréales constitue le principe directeur et que dans l’industrie lourde c’est l’acier le principe directeur. En considérant l’acier comme le principe directeur, nous procurons la matière première à nos industries et l’industrie mécanique se développe en conséquence » p 33

 

« En Chine se sont la planification, le Grand Bond en avant planifié et le principe de la primauté de la politique qui exerce une activité régulatrice. Staline ne parle que des rapports de production. Il ne parle ni de la superstructure, ni des relations entre celles-ci et la base économique. Chez nous les cadres participent au travail manuel et les ouvriers à la gestion des l’entreprises. Nous envoyons des cadres travailler à la campagne où dans les usines afin de les former. Nous abolissons les vieilles règles et les vieux systèmes. Tout cela touche à la superstructure, c'est-à-dire à l’idéologie. Staline parle uniquement d’économie ; il n’aborde pas la politique. Bien qu’il mentionne le travail bénévole, en fait, chez lui, personne ne veut se sacrifier en travaillant une heure de plus. »

 

« Les soviétiques n’ont pas développé suffisamment les rapports entre intérêts à long terme et les intérêts immédiats. Apparemment, ils ont dû en subir les conséquences. Ils marchent sur une jambe, tandis que nous nous marchons sur les 2 jambes. Pour eux la technique décide de tout, les cadres décident de tout. Ils mettent l’accent sur le côté experts et non sur le côté « rouge », sur les cadres et non sur les masses, ils marchent là aussi sur une jambe. »

 

 Texte III : à propos du Manuel d’Economie Politique de l’Union Soviétique.

 

Pouvoir central ou pouvoir local :

 

« A la page 433 le Manuel parle de l’ « interaction » des rapports de production et des forces productives, mais non de leur contradiction dans le système socialiste. Les rapports de production englobent : le système de propriété des moyens de production, les rapports humains dans le travail et le système de distribution. On peut dire que la révolution dans le domaine de la propriété est une certitude. Après le passage, par exemple, de la propriété collective au système de la propriété unique du peuple entier, et lorsque l’ensemble de l’économie nationale sera transformée en un système de propriété unique du peuple entier se système devra rester en vigueur  pendant une période relativement longue. Mais, même dans les entreprises qui seront la possession du peuple entier, le pouvoir devra t’il être partagé entre les autorités centrales et les autorités locales ? Qui prendra en main l’administration ? Et de quelle entreprise ? Ces problèmes restent des problèmes importants. En 1958, certaines unités de base ont adopté un système d’investissement et de garantie du travail, développant ainsi grandement leur esprit d’entreprise. Les autorités centrales ne doivent pas se fier uniquement à leur propre dynamisme. Elles doivent encourager le dynamisme des entreprises et des autorités locales. Empêcher ce dynamisme de s’exprimer est nuisible à la production

 

A propos du passage du système de propriété collective au passage de propriété du peuple tout entier.

 

«  A la page 438, le manuel dit : «  La différence entre les entreprises d’Etat et les coopératives n’est pas une différence fondamentale… Le système de la propriété publique sous ses deux formes… est sacro-saint et inviolable » la différence entre le système de la propriété collective et le système de la propriété du peuple tout entier n’est pas une différence fondamentale si l’on compare ces 2 systèmes au système capitaliste. Mais si l’on examine le problème sous l’angle de l’économie interne du socialisme, cette différence est alors une différence fondamentale.

Rien n’est éternel. C’est vrai pour la coexistence des 2 systèmes de propriétés. Le système de la propriété du peuple entier a aussi son propre processus de transformation….

 

D’ici un certains nombres d’années, après la transformation du système de la propriété au niveau de la commune populaire en système de la propriété du peuple tout entier, un système unique de propriété du peuple tout entier apparaîtra dans toute la chine, entrainant un grand développement des forces productives. Pendant une certaine période, ce système aura encore un caractère socialiste. C’est seulement après un certain temps qu’il se transformera en un système unique de propriété du peuple entier de caractère communiste. Le système de la propriété du peuple tout entier à donc un processus qui va de « A chacun selon son travail » à « A chacun selon ses besoins » p 106.

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Mao entend par propriété collective la propriété coopérative mis en place par les communes populaires. Pour lui  la propriété du « peuple tout entier » est l’objectif ultime à atteindre.

Sa pensée reste donc conforme au schéma stalinien malgré la tentative de critique vigoureuse dont témoigne cet ouvrage, elle le reste aussi dans sa vision très engelsienne du développement des forces productives. Aux niveau des rapports de production, Le stade ultime de socialisation qu’il atteint est la nationalisation, son approche si elle met bien en avant que la propriété coopérative maintien le statut privé du petit propriétaire en en faisant un propriétaire « associé », ne voit pas que la notion de « peuple » dans l’expression « propriété du peuple tout entier » associe aussi des catégories sociales antagonistes et en particulier, cette forme particulière de la bourgeoisie, produit de la gestion étatique des structures économiques. S’il y a donc bien développement de la socialisation, celle-ci opère un déplacement de l’antagonisme de classe de la contradiction mais non sa résolution.

Il manque à cette critique, ce que tentera de développer la « Révolution Culturelle », une remise en cause de la propriété formelle de la simple nationalisation étatique, par l’appropriation réelle, au moyen d’une liquidation de la division du travail sur les moyens de production par les travailleurs entrainant la suppression de la bourgeoisie de délégation et de gestion, en plus de la réflexion sur le procès de travail (entre travail manuel et travail intellectuel) que les chinois avaient parfaitement assimilé comme une contradiction de classe. Que cette remise en cause ait été conduite sur des bases d’excès « gauchistes » dans les réponses n’oblitère pas le fait qu’elle posait un certain nombre de bonnes questions.

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