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Du Marxisme - Léninisme au Communisme Ouvrier.
Nous souhaitons retracer ici le cheminement qui nous a conduits du Marxisme - Léninisme de gauche, à la réévaluation critique de l'apport du Communisme Ouvrier comme sensibilité politique. Tout ce pourquoi nous souhaitons aujourd'hui que cette interprétation de la voie qui mène au communisme, retrouve sa place dans cette marmite en ébullition d'idées et de confrontations que constitue le P.C.F. actuel.
La décomposition du Marxisme - Léninisme sous sa forme soviétique et chinoise après 1968, l'insuffisance du marxisme - révolutionnaire constitué (trotskistes, Gauche Communiste (historique) etc.) comme réponses pertinentes, nous a poussé à entreprendre une relecture de l'histoire, mais aussi des concepts, qui ont construit le Mouvement Communiste actuel. Dans cette aventure, nous ne sommes pas partis sans filiations, nous avons bénéficié de l'avancé que les M.L antistaliniens ont fait faire à la doctrine ( principalement le courant althussérien en France). Nous reconnaissons donc que la critique du stalinisme est aussi le produit d'un certain marxisme - léninisme, nous affirmons donc qu'il existe une filiation entre une branche du marxisme -léninisme et notre vision du Communisme Ouvrier.
C'est évident sur la question nationale, c'est évident sur la question de l'Etat et son dépérissement etc. Mais se définir aujourd'hui comme marxiste-léniniste, pose à nos yeux plus de problèmes que d'avantages théoriques, ne présente plus d'intérêts pratiques sinon celui de se subordonner encore une fois à la sortie de crise des partis communistes de l'Est européens, qui semblent incapables de remettre en cause leurs erreurs, pour frayer la voie d'un communisme du 21ième siècle, qui lui a besoin de renouveler considérablement ses bases théoriques.
I) La crise du Marxisme - Léninisme :
Au milieu des années 70, le marxisme- léninisme entre en crise, la conceptualisation et l'incarnation de la pensée révolutionnaire par L'URSS se révèlent obsolètes et deviennent un frein à l'extension mondiale de la révolution. Les gouvernements soviétiques successifs deviennent des gérontocraties incapables d'impulser les réformes nécessaires et ils bloquent toute évolution, dans un sens réformiste régressif, comme dans un sens révolutionnaire.
Une perversion de l'internationalisme prolétarien :
Le stalinisme comme le post-stalinisme, produisent une politique de soutien au mouvement révolutionnaire (Vietnam, Afrique, Cuba) mais c'est aussi une politique d'interventions conservatrices pour défendre une zone d'influence transformée en glacis, où la politique est directement fixée par Moscou ( exemples : Allemagne de l'Est, Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie pour finir par l'Afghanistan).
Les interventions se multiplient sans participation des peuples aux décisions prises, et souvent contre eux. Le socialisme doit se réduire au modèle russe que l'on entend généraliser sans s'occuper s'il correspond à l'expérience historique de sociétés différentes.
Un développement erroné du matérialisme historique :
La prépondérance du rôle des forces productives dans l'histoire y est absolutisée, "La technique " est sensée décider de tout, elle conduit à une surestimation du rôle des moyens de production sur la force de travail dont le lien fondamental avec les rapports de production est sous-estimé. De là découle mécaniquement la ligne " Les cadres décident de tout ", qui externalise la question de la résolution de la division du travail, la contradiction entre travail manuel et travail intellectuel. La résolution est reportée à l'extérieur du lieu de production dans le système d'enseignement qui doit permettre une élévation du niveau des connaissances, mais sans que la conflictualité de la division du travail soit vécue sur le lieu même de sa production, et donc que le collectif de travail  puisse constituer l'armature centrale de la remise en cause de cette division.
Les rapports de production sont réduits à la forme juridique de la propriété, sans se soucier de la réalité de la possession effective. La confusion règne entre étatisation, nationalisation, socialisation. Les travailleurs sont sensés être possesseurs des moyens de production, en réalité, ils ont le sentiment légitime de ne rien posséder du tout, et d'être confrontés à une bourgeoisie d'Etat, qui ne se sent pas impliquée dans sa responsabilité sur l'état exact du développement social et sociétal. Gâchi de forces productives, gâchi de marchandises, irresponsabilité à tous les étages, puis répression féroce contre " les traitres et les saboteurs " dès qu'il s'agit de payer les pots casés.
Une négation de la lutte des classes et une perversion de la Dictature du Prolétariat :
Staline ,l'affirme il n'y a plus de classes sociales en URSS, il n'y a plus que des catégories sociales formant un peuple unique, dès lors, l'Etat n'est plus comme le marxisme l'a toujours affirmé l'expression d'une domination de classe mais celle du " peuple tout entier ". S'il n'y a plus de classes, l'Etat ne peut se justifier que par rapport à une menace extérieure qui devient si déterminante, pour conforter le stalinisme, que seule la police politique et les services de renseignements peuvent mener cette lutte, c'est la judiciarisation des rapports politiques. Juges, flics et militaires conduisent la lutte des classes. Les dénonciations et les procès se multiplient (beaucoup sont truqués) la vieille garde bolchévique est décapitée, des millions de déportés envahissent les camps. La dictature du système stalinien devient la ligne justificatrice d'une prétendue " Dictature du prolétariat ". En réalité c'est la dictature sur le prolétariat qui s'impose et le substituisme " Le Parti est la classe " devient la ligne politique générale.

La destruction du marxisme, la social-démocratisation des P.C du reste du monde:
De pensée créatrice avant le stalinisme (Marx, Engels, Lénine, Trotski, Gramsci, Luxemburg etc.) le marxisme va s'ossifier et devenir un instrument de commentaire des dernières décisions prises au Kremlin. Aucun grand théoricien ne surgit de la représentation idéologique que constitue le système stalinien, excepté en Asie (Mao, Ho Chi minh) où en réalité derrière une prétendue fidélité on assiste à une puissante remise en cause du cœur de la doctrine sur une base de critique de gauche. L'imposition de ligne de partage du monde nourrit à l'intérieur des P.C occidentaux les lignes droitières qui vont se trouver confortées dans leur refus d'impulser une vraie stratégie révolutionnaire. Le partage du monde voulu conjointement par Staline et ses successeurs justifie les lignes droitières des P.C, devenant les honorables partenaires de la gestion alternée de gauche des Etats capitalistes. La ligne de défense absolue de l'URSS devient la ligne d'interdiction d'action de tout ce qui peut remettre en cause " la coexistence pacifique ", seuls les asiatiques osent si opposer, il faut attendre la mort de Staline pour qu'en Afrique reprennent corps des lignes d'indépendances nationales et des guerres de libérations qui y sont liées.
Défense du stalinisme? :
Comment peut-on être stalinien à notre époque avec un tel bilan ! Comment peut-on croire qu'il puisse sortir une régénération de la pensée communiste par la réévaluation a - critique d'un tel personnage! Dès lors nous estimons qu'on ne peut plus se dire marxiste-léniniste. Le Marxisme - Léninisme fut la représentation du monde qui a prévalu depuis Staline et le 5ième congrès de l'Internationale à la chute de l'URSS. En réalité ce fut la mort concrète du marxisme et du léninisme, leurs ossifications.
Nous sortons à peine d'une telle période, ce qui a remplacé cette ligne c'est le social-démocratisme honteux (mais le stalinisme est encore derrière cette ligne, il en est l'armature théorique) qui aujourd'hui gouverne une majorité de P.C. particulièrement en Occident.
Le bilan du léninisme :
Nous considérons qu'il convient également de se poser des questions sur l'origine de la déviation stalinienne et ce qui dans la représentation de Lénine nourrit un tel phénomène. Nous pensons que le substituisme produit d'une surévaluation de la dimension institutionnelle du rapport à la politique et d'une sous -estimation du rapport économique à la classe, conduit à un tel résultat. Dès lors, chez Lénine l'essentiel du rapport à la politique passe par le parti et la classe ne devient plus, au mieux, que le lieu d'expression d'un trade-unionisme incapable de dépasser le niveau des revendications matérielles.
L'affirmation reprise du marxisme que se sont des intellectuels bourgeois qui ont donné naissance à la pensée révolutionnaire, simple constat historique, est absolutisée de façon synchronique (i.e : à travers le temps). La classe ne joue plus que le rôle de polarité antagoniste vis-à-vis de la bourgeoisie pour aboutir à une société sans classes.
 
Elle se transforme en un simple réceptacle d'une pensée politique qui s'élabore en dehors d'elle. L'avènement de la classe ouvrière comme classe dominante, se réduit à l'avènement du parti, comme parti dominant.
L'expression des valeurs de classe, n'est plus que l'expression des identifications politiques du parti. Or, pas plus que les partis bourgeois ne fixent les valeurs et l'activité de la bourgeoisie (C'est au contraire l'inverse qui est vrai) on ne peut considérer que les valeurs des partis " ouvriers " soient le reflet immédiat et mécanique des valeurs et des pratiques de la classe ouvrière. Quelles sont les valeurs de la classe ouvrière, ses valeurs révolutionnaires? C'est ce qu'un rapport juste à libération de cette classe devrait aider à révéler, c'est ce qu'une Education Populaire Révolutionnaire devrait porter, or aucun travail dans ce sens n'est plus entrepris.
Le "léninisme", en survalorisant le point de vue de parti, aboutit à favoriser la multiplication des organisations pour régler des contradictions inhérentes à la classe. L'affirmation idéaliste de l'existence en soit d'une ligne juste de parti, " reflet " immédiat des intérêts de classe, conduit à la multiplication des groupes sectaires prétendant la porter. La négation de la lutte des classes comme lutte tendancielle, favorise l'illusion idéologie d'une expression directe des contradictions de classes. L'illusion de la transparence nourrit le dogmatisme et le manichéisme. Ce que nous enseigne au contraire le matérialisme, c'est que la confrontation de classe échappe en partie à la conscience de classe, et que son résultat nécessite une réappropriation critique entrainant une modification de la pratique, une modification du travail révolutionnaire et qu'en ce domaine comme dans le procès de production, aucun procès de travail qu'il soit matériel ou idéologique n'est neutre.
 
Dans la vision stalinienne et manichéenne du léninisme, l'affirmation du " vrai " nie la portée réelle de la rectification et de l'autocritique, celles-ci deviennent l'objet de toutes les manipulations, aucun bilan " réel " n'est plus possible. Il suffit de voir aujourd'hui l'état des discussions sur la force réelle du parti, ses effectifs, tout devient sujet à " dissimulation " et à omission. Le parti ayant  " toujours raison " tout devient justifiable, du filtrage des représentations politiques, en passant par le bourrages d'urnes pour faire adopter une ligne contestée, sans parler de l'escamotage de décisions sans discussions (adhésion au P.G.E, abandon des outils etc.)
Que peuvent les néo-staliniens actuels face à un tel dégât idéologique. Il n'y a qu'une seule solution à l'affirmation idéaliste d'une restalinisation théorique, c'est l'avènement prévisible d'un stalinisme pratique. Ces camarades avec qui nous avons un passé commun, auront demain les chefs, ou " le " chef, qu'ils méritent. De quoi pourront-ils alors se plaindre, puisque c'est cette réalité -ce rapport pratique à la politique- qu'ils auront idéalisé.
II) Faire advenir l'expression révolutionnaire de la classe, faire advenir le Communisme Ouvrier
La restauration du Capitalisme privé fruit du capitalisme d'Etat:
La restauration du capitalisme en Russie et dans toute l'Europe de l'Est, aujourd'hui également en Asie (bien qu'existe encore des gouvernements " communistes ") clôt à nos yeux définitivement le débat. Il y a eu restauration du capitalisme privé, il y a eu contre-révolution, non comme produit d'un épiphénomène, ou comme produit d'une invasion extérieure, mais comme résultat, comme conséquence, d'une ligne de liquidation de l'idéal communiste conduite au plus haut niveau des Etats " socialistes ". Cette ligne ne s'est d'ailleurs pas imposée que dans les Etats socialistes, elle a largement triomphé aussi, au sein même du mouvement ouvrier des Etats capitalistes. Cela ne peut signifier qu'une seule chose, la déviation n'est pas le produit de circonstances, la déviation est au cœur de la doctrine même, où gît-elle, comment peut-on l'extirper, comment peut-on reprendre le chemin de l'idéal communiste ?
Rendre à la classe son autonomie, forger son unité :
Le Communisme Ouvrier comme résultat pratique de la crise du socialisme "ayant réellement existé", c'est l'affirmation de l'autonomie de la classe et l'affirmation du rôle de ses valeurs dans son avènement comme classe dominante. C'est la reconnaissance de son droit à incarner l'expression moderne de la nation et de la culture, dans chaque formation sociale concrète et non sa caricature gauchiste : une acculturation transnationale attendant la vaine utopie d'une révolution mondiale. C'est la volonté clairement affirmée de faire advenir partout le point de vue communiste, dans l'éducation, dans le syndicalisme, dans la forme " parti ". C'est encourager et réfléchir aux formes modernes d'organisations qui favorisent l'extinction de l'Etat et la transmission du pouvoir effectif aux salariés organisés en classe dominante.
La classe ouvrière est divisée, profondément divisée, autant que la bourgeoisie. Il faut l'aider à réduire ces divisions, mais pas se substituer à elle dans la résolution de ses contradictions. Si elle se détourne de la politique c'est que trop de gens parlent pour elle. Le rôle du parti est d'aider à la diffusion et à la vulgarisation du marxisme révolutionnaire comme outil pour qu'elle forme sa conscience de classe. L'échec de la marxisation de la classe ouvrière est l'échec du travail révolutionnaire qu'aurait du entreprendre le parti. La classe ouvrière ne pense pas sa pratique et son existence quotidienne dans une représentation du monde marxiste, à la différence de la bourgeoisie qui, elle, se reproduit en conformité d'essence avec son idéologie.

L'internationalisme prolétarien, la construction des partis révolutionnaires, la défense de l'Etat-Nation :
La mise en concurrence du salariat exploité pousse à vouloir lui substituer des travailleurs d'origines étrangères, il faut lutter contre les divisions de la classe ouvrière, mais il ne faut pas non plus nier le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. L'exacerbation de la mise en concurrence pousse à l'exacerbation de l'immigration, un sentiment d'envahissement submerge aujourd'hui les travailleurs de France, ce n'est pas en niant la réalité que nous les aiderons à renforcer leur sentiment d'appartenance de classe. Le parti " révolutionnaire " doit retrouver le chemin de l'organisation des minorités en groupe ethniques ou de pays, il doit les organiser par rapport à leurs pays pour forger les organisations révolutionnaires qui développeront dans chaque pays le projet révolutionnaire. La solution à l'immigration s'est le développement généralisé, et l'extension de la révolution politique et sociale sur toute la planète. Le devoir de tout révolutionnaire c'est d'engendrer d'autres révolutionnaires, et non pas de perdre son temps dans une vaine politique sociale caritative d'assistanat consistant à construire une représentation du monde entre pauvres et riches (nations ou peuples) et devenir une O.N.G pratiquant un impérialisme honteux par bonne conscience humaniste. Le débat pauvreté-richesse est un substitue caritatif anarcho-religieux, au débat exploitation-improductivité, il n'est pas marxiste. Nous ne pouvons non plus considérer, comme le sous-tend le néo-léninisme de la révolution informationnelle, que le travail complexe généralisé inondera de ses biens faits des civilisations arriérées attendant, sans produire, les marchandises de la révolution technologique en Occident ( Ce qui réintroduit un néocolonialisme honteux).
Le co-développement est la solution, mais il ne peut pas y avoir de vrai développement tant que subsiste dans les pays sous-développés des bourgeoisies compradores qui transforment les politiques d'aide en tonneaux des Danaïdes. Il faut aider au surgissement de classes ouvrières dans les pays en développement, il faut les aider à se transformer en classe dominante, en classe régnante. 
Dans ce combat la pensée de Rosa Luxemburg, d'Alexandra Kollontaï, d'Anton Pannekoek etc. sont des aides précieuses, mêmes si ces auteurs ne sont pas non plus exempt de critiques.
Dans la mesure où nous pensons que la crise du communisme ne peut être résolue que par un approfondissement de la théorie communiste, l'étude et la mise en œuvre du chemin qui conduisent les sociétés au communisme, nous ne pensons pas que le social-démocratisme " radical ", le socialisme " révolutionnaire ", soient des solutions d'importances équivalentes. C'est pourquoi nous ne considérons pas que Trotski représente une solution efficiente, de même qu'une partie de l'œuvre de Rosa Luxemburg, mais c'est un débat que nous avons entre nous, au sein de notre sensibilité (Gauche Communiste du PCF). L'histoire de la social-démocratie de gauche, n'est ni le passé unique, ni l'avenir programmé, de l'idéal communiste.
Il n'en reste pas moins vrai qu'il n'y a aucun rapport entre le jugement éthique et politique que nous pouvons porter sur Trotski et le trotskisme, et le bilan de la terreur stalinienne. Cela ne relève pas du tout du même niveau de déviation, de la même appréciation historique sans parler d'éthique et de morale totalement absentes de la pratique stalinienne.
Il faut approfondir la doctrine communiste, il faut l'épurer de toutes ses scories social- démocrates, c'est cette volonté qui manque aujourd'hui à la direction du PCF, mais cela n'a rien à voir avec un quelconque refus de l'unité. Le Front de Gauche peut être utile, mais qu'est-ce qu'un Front de Gauche utile au projet communiste ? C'est un projet qui doit titiller la stratégie et l'idéologie social-démocrate pour l'interroger, la questionner, et amener tout militant à se poser la question : sur quelle base un militant communiste peut-il s'en extraire pour avancer vers la société communiste?
Qu'est-ce que l'idéologie social-démocrate ? Pourquoi ce moment important de l'histoire du mouvement ouvrier ne peut constituer une solution d'avenir, tout comme ne peut plus l'être son grand ainé le républicanisme conséquent (et donc encore moins cette tentative de fusion des deux, par l'aile droite de la social-démocratie française, que constitue " le jauressisme " comme représentation du monde), voilà ce dont devrait se servir une direction authentiquement communiste, pour conduire une unité de combat, un jiujitsu d'idées et de pratiques, avec sa source historique : le social- démocratisme de gauche.
Dans la phase actuelle nous ne sommes d'aucune utilité et d'aucune efficacité face à la crise de la social-démocratie, car la direction du P.C.F ne sait plus où elle va, sa seule obsession c'est de se débarrasser de ce qu'elle juge être aujourd'hui un fardeau, elle n'a plus qu'une obsession (surtout M.G Buffet) transmettre le flambeau et se laisser absorber, c'est un groupe fatigué. Au moins, la droite du parti se respecte t'elle. Asensi, Braouezec, et Fraysse se sont mis en " F.A.S.E " avec leur représentation du monde, reconnaissons leur cette sincérité, tout comme nous reconnaissons d'ailleurs la qualité à Roger Martelli d'avoir une représentation du monde qui justifie le retour au pôle social-démocrate de gauche, et à cet honnête homme qu'est Lucien Sève, d'y parvenir philosophiquement en toute bonne logique humaniste. Tout ce regroupement est beaucoup plus productif, beaucoup plus intéressant que la bouillie idéologique de notre direction, et la crispation sectaire des nostalgiques du grand Joseph.
Quant à la Gauche du parti, si l'on excepte les trotskistes de la " Riposte " qui ont eux une logique mondiale de construction au sein de leur internationale, nous n'avons pas beaucoup avancé toutes ces dernières années, nous continuons de stagner dans la faible animation d'une minorité qui peine à s'élargir et de quelques délégués au congrès qui semblent se satisfaire de cette situation. Si on veut que le P.C.F ait de nouveau un avenir il va falloir vraiment réagir.
A l'extérieur, il y a au sein de la mouvance marxiste-léniniste issue du P.C.F des sensibilités qui ne sont pas très éloignées de nous, les R.C.C, le P.R.C.F, mais nous ne pouvons plus acceptés cette idéalisation de la période stalinienne qui gèle toute possibilité d'identification des racines de la déviation opportuniste, mais aussi totalitaire, que constitue le stalinisme. Dans  un excellent numéro 16 " d'Etincelle " la revue théorique du P.R.C.F consacré au stalinisme des propos très proches de ce que nous disons à la Gauche Communiste et au sein de Débat Communiste Ouvrier sont tenus, alors quels intérêts peut-il y avoir de ce définir encore comme marxiste-léniniste.
Beaucoup de nos camarades ont l'illusion que cela les aidera à se faire reconnaître comme seuls rassemblements capable d'être reconnus par le Mouvement Communiste International. Nous considérons nous qu'il faut au contraire tenir un discours ferme face aux tendances pro-staliniennes, notamment dans les anciens pays de l'Est. Nous voudrions finir par un exemple inquiétant de ce que peut produire ce retour à Staline qui resurgit un peu partout.
Il s'est constitué en Pologne un Parti Communiste Polonais qui idéalise sur son site Staline et le stalinisme, le site va jusqu'à dire que le P.C.P est né en 45, c'est-à-dire qu'il nie l'existence d'un grand parti communiste polonais avant guerre, il nie tout ce que la glaciation stalinienne n'a pas engendré. Aucune page n'est consacrée à ce passé, aucun dirigeant n'est cité ou rappelé de façon sérieuse, c'est la même logique mortifère que l'élimination des indésirables sur les photos du régime soviétique. Comment ces " camarades " espèrent-ils combattre l'idéologie bourgeoise et anti-communiste en Pologne avec de telles références, nier sa propre histoire pour se transformer en simple organisation issue des valises de l'armée rouge, c'est une insulte au passé glorieux du Parti Communiste Polonais, à tous ces militants ouvriers obligés de fuir leur pays, venus travailler dans nos mines ici même en France, avant guerre, aux résistants de la M.O.I qui n'ont pas attendus Staline pour se battre. Mais c'est aussi le plus sûr moyen de ne pas rendre compte de l'attitude de Staline vis-à-vis de la Pologne, la disparition de nombreux militants ouvriers après l'interdiction du parti, après le partage du territoire polonais entre l'Allemagne nazi et la Russie stalinienne. Pas une référence à Rosa Luxemburg, pas un mot sur Léo Jogiches etc. à croire que la Pologne n'a engendré aucun grand dirigeant révolutionnaire en dehors des apparatchiks staliniens. Comment pourrions- nous avoir envie de militer dans la même organisation mondiale que cette caricature de parti.
Enfin et pour mieux souligner notre point de vue, attirons l'attention sur le fait que ce n'est pas un parti communiste qui est né en 45, mais la fusion forcée des communistes et des socialistes, le POUP en Pologne, tout comme d'ailleurs le S.E.D en Allemagne de l'Est, sont le résultat des exigences de Staline de créer 2 partis " Etat "( par fusion des anciens partis communistes (ce qu'il en restait) et des sociaux démocrates) et il ne se trompait pas en formulant une telle exigence, car c'est bien une représentation du " pouvoir " ouvrier comme pouvoir étatique qui a fait le lien entre les deux, et a soumis ces partis à la toute puissance du social-démocratisme.
Quand la crise et la chute du mur vont survenir, aucuns des 2 partis n'y résisteront, les 2 finiront par disparaître dans des partis néo-travaillistes, le parti socialiste polonais et le Die Linke allemand. Toute l'histoire de leur chute est contenue dans l'histoire de leur conception. Ces 2 partis sont dès le début , POUP et SED, des partis de gouvernement et c'est pourquoi le social-démocratisme resurgira aussi facilement dès la fin du pseudo régime " communiste " (en fait du vrai socialisme d'Etat). Leurs cadres sont des hommes de " pouvoir "; penser la disparition de l'Etat leur est congénitalement impossible, le statut d'apparatchik est déjà dans la fondation même de ces partis fourre-tout de l'après Yalta, ils sont là pour " gouverner " ou plus exactement pour " contrôler ", pas pour anticiper " leur mort " en transmettant le pouvoir à la classe ouvrière, ou en cherchant à faire  s'éteindre l'Etat, comme la doctrine communiste nous l'enseigne. Quand nous disons que le stalinisme est la continuation autoritaire du social-démocratisme, c'est dans ce type de réalité que nous confortons nos certitudes et c'est pourquoi nous le réaffirmons : la crise des deux socialismes d'Etat : (travailliste à l'Ouest, stalinien à l'Est) est la crise finale du social-démocratisme dans ses 2 formes.
Elle témoigne de la limite de la représentation prolétarienne de l'expression révolutionnaire, telle que nous l'avons redéfini pour lui permettre de sortir de ses incohérences théoriques (le prolétariat défini comme catégorie rassemblant l'ensemble des non propriétaires des moyens de production), de sa crise aggravée quand elle ne trouve pas le chemin nécessaire de l'avènement d'une ère ouvrière(entendue comme classe sociale et non comme catégorie socio professionnelle), seule extension de statut et de situation apte à faire décliner l'Etat et les Institutions et remettre en cause la division du travail qui engendre les classes sociales.    
P. M. (Juillet 2011)

(D.C.O)

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