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(D.C.O)

L'Opposition Ouvrière et le Communisme par les syndicats

 actualité révolutionnaire de la pensée d'Alexandra Kollontaï.

 

" Rassuré et conciliant, l'ouvrier de base ne dira pas en vain: Ilitch (Lénine) réfléchira, nous écoutera et décidera d'orienter le parti sur la ligne de l'opposition. De nouveau Ilitch sera avec nous. "      
                   Alexandra Kollontaï - L'Opposition Ouvrière                              _________________________________________________________________________
 
 
Il nous a semblé intéressant de mieux faire connaître aux communistes, la position de cette militante communiste originale que fut Alexandra Kollontaï. En pleine crise du 10ième Congrès du PCUS (b), dans l'URSS des années 20, elle y affirme le rôle majeur que peuvent tenir les syndicats dans l'avènement du communisme sur leurs lieux d'implantation, l'entreprise, par le lien organique qu'ils développent avec la production. Sa brochure célèbre : " L'Opposition Ouvrière " s'inscrit dans la filiation de la pensée communiste qui tente en partant d'une institution, ici les syndicats, d'articuler dépérissement de l'appareil d'Etat et transmission aux travailleurs du pouvoir réel sur leurs moyens de production. Elle prend donc place au côté des Communistes des Conseils comme productrice d'une réflexion sur l'articulation: pouvoir direct des travailleurs et dépérissement de l'appareil d'Etat. Sa réflexion s'inscrit donc dans la cadrature de la réflexion communiste:
 
-Communisme par le Parti : Amedeo Bordiga,
-Communisme par les Conseils : Gauche Germano-Hollandaise,
-Communisme par les syndicats : Opposition Ouvrière et Communistes Libertaires,
-Communisme par l'Idéologie : Lénine (Staline, Mao), Trotski, Luxemburg.
 
3 branches partent d'une structure institutionnelle : Le Parti, les Conseils, les Syndicats pour articuler le triptyque : Classes-Etat-Communisme. Une branche choisit l'Idéologie, pour maintenir un rapport d'externalité à l'institutionnalisme.
 
Certains de nos lecteurs trouveront qu'il est exagéré, de considérer que pour le 4ième groupe, Lénine et ses commentateurs (Staline, Mao) ne penchent pas malgré tout, fortement, du côté du Parti, et qu'à l'opposé Luxemburg penche fortement, elle, plutôt du côté de la classe (d'où la tentative d'appeler le spontanéisme de classe : "Luxemburgisme").
 
Pourtant si on y regarde de plus près l'ensemble de ces positionnements, on se rend compte que la prise de " Parti " chez Lénine est d'abord un phénomène de rectification et de démarcation idéologique. Lénine dans " Que Faire " pose comme tâche politique fondatrice la création du journal propagandiste, d'un journal organisateur. C'est ensuite autour de lui, que le parti pourra se construire. S'il sait fixer la juste ligne idéologique, le parti impulsera la juste ligne pratique. C'est pourquoi " Que Faire ", est construit comme un ouvrage sur la défense de l'organe central de presse du parti, comme organe principal de la construction du parti, face à la presse " feuilles volantes " des entreprises(anarcho-syndicalistes), ou encore face au journal conçu comme la centralisation de l'état d'esprit des membres du parti ou de ses sympathisants comme expression de la classe, cas du "Nache slovo".

 

 

Après avoir modifié sa première position définie dans "Nos tâches politiques", qui est un ouvrage qui critique Lénine sur un positionnement assez proche de Rosa Luxemburg, Trotski, qui fut l'un des principaux animateurs de ce journal, essayera de construire un " mixte " entre Lénine et la grande révolutionnaire germano-polonaise. Cependant qu'au moment du 10ième congrès, il choisit une position, qui ne lui est pas habituelle, et qu'il ne conservera pas, de penser le communisme par étatisation. En tout état de cause, au moment du 10ième congrès, il y a ceux qui demandent aux nouvelles formes institutionnelles (les soviets) qui constituent le nouvel Etat, de s'engager dans la résolution des contradictions (Trotski), ceux qui considèrent que comme les Soviets sont déjà fortement bureaucratisés, la seule institution indépendante de classe qui reste se sont les syndicats ( cas de L'opposition Ouvrière) et le reste du gouvernement, Lénine en tête, qui maintient qu'il convient d'analyser la situation comme on le ferait de n'importe quel pouvoir d'Etat; en laissant à la classe ouvrière perçue comme une " corporation ", les moyens de se défendre. Il faut donc comme dans la société capitaliste conserver l'autonomie des formes institutionnelles charger de défendre cette même classe, vis-à-vis de cet Etat, par exemple les syndicats. Cet Etat qui se définit pourtant comme : l'Etat des ouvriers, ce qu'affirme le gouvernement soviétique. Si l'Etat est ouvrier, alors il convient, d'étatiser toutes ses organisations, le parti mais aussi le syndicat, c'est la position de Trotski. On voit à quel point chaque mot compte, et à quel point une transition mal perçue peut avoir des effets désastreux sur les mesures à prendre.
 
 
La position d'Alexandra Kollontaï, le communisme par les syndicats, n'est pas particulièrement nouvelle, puisqu'elle était déjà défendue par une branche de la 1ère Internationale l'A.I.T, qui maintenue après la création de la seconde Internationale social-démocrate, ne représentera plus que les anarchistes. Cette filiation se poursuit aujourd'hui avec les C.N.T (notamment la F.A.I), elle  a nourri cette sensibilité particulière du communisme, le syndicalisme révolutionnaire qui en France s'est incarnée dans le courant de Monatte et Rosmer " La révolution Prolétarienne ", mais aussi dans la mise en place d'un conseillisme fédéraliste allemand " A.A.U.D.E " refusant la centralité du parti (K.A.P.D) tout autant que celle des conseils (A.A.U.D), ce qui rapproche son point de vue de l'autonomisme et du localisme syndical. Alexandra et ses camarades se servent donc du levier " syndical " pour résoudre la contradiction. Le syndicalisme est une institution très classique de l'expression et de la représentation du mouvement ouvrier, c'est même la plus ancienne. Les partis venant ensuite et les conseils en étant les dernières formes. Dans la présentation de son texte paru aux éditions du Seuil (1974), le commentateur et la critique, reprenant la thèse des conseillistes, attirent l'attention sur le fait que les syndicats ont toujours été aussi bureaucratisés que les partis politiques. De là à affirmer qu'Alexandra Kollontaï aurait souhaité voir s'imposer une bureaucratie à la place d'une autre, il y a un jugement que nous ne partageons pas et auquel l'esprit du texte s'oppose totalement. Kollontaï cherche quelle est la structure intermédiaire, la mieux à même de représenter toute la classe et de la mobiliser dans le processus productif. Pour elle se sont les syndicats. La critique faite au communisme syndical par le communisme des conseils, dont l'esprit est très présent dans l'ouvrage agio-critique sur l'Opposition Ouvrière, publié par le Seuil, oublie que ce courant peine, lui aussi, à produire un modèle sociétal à l'abri du bureaucratisme. Les Soviets russes avaient déjà perdus à l'époque leur caractère " conseilliste " pour devenir de purs instruments étatiques. Kollontaï et ses camarades, ne pouvaient donc plus se tourner vers eux pour espérer un redressement de la situation, seuls restaient les syndicats.On pourra toujours arguer que cette situation était le fait du parti russe qui les avait transformés en l'un des instruments de domination du point de vue bolchévik, il n'en reste pas moins vrai que même présenté dans son idéalité conceptuel, le conseillisme ne nous parait pas être, à lui seul, capable de se prémunir du bureaucratisme ( voir notre analyse de cette sensibilité sur ce site). L'intérêt du communisme par les syndicats est qu'il présente encore aujourd'hui un caractère de haute modernité puisque, ce qui se maintient le mieux, dans la crise actuelle de la politique, c'est l'expression des intérêts de la classe ouvrière à travers sa forme syndicale. C'est pourquoi l'évolution de la C.G.T cherchant à tout pris à rompre avec l'expression la plus conséquente du point de vue ouvrier, le point de vue communiste, nous parait dès plus inquiétante. L'autosatisfaction répétée à l'antienne de la séparation du syndicat d'avec l'influence du parti, masque en fait une volonté très nette de rompre avec toute réflexion sur la rupture avec le capitalisme et l'avènement d'une société collectiviste. L'abandon historique des fondamentaux de ce syndicat de classe, rappelé à juste titre par Jacky Olmer à Avignon, ne peut trouver nulle justification, dans les errements politiques des lignes successives du P.C.F. Que la C.G.T se méfie de ce " communisme " là, ne saurait justifier le renoncement à la société sans classe, et le fait que le communisme soit une nécessité absolue, qui ne peut s'obtenir sans socialisation des moyens de production. Cet objectif affirmé dans la charte fondatrice de la C.G.T (1895), n'explique pas, en quoi un parti né en 1920, pourrait par ses échecs historiques,  en justifier la suppression des statuts historiques de ce même syndicat. A moins, à moins de constater, que la direction actuelle du syndicat se sert de la crise du P.C.F pour régler son sort à l'idéal communiste en général. Ce en quoi en prétendant qu'elle s'éloigne de la direction " communiste " du P.C.F, elle en applique au contraire, strictement la ligne. Il est très stupéfiant de voir des " communistes " encartés P.C.F, Thibault et Le Duigou, mettre autant d'acharnement à réduire l'influence de cet idéal (exprimé dans la diversité de ses expressions au sein du syndicat, extrême gauche, contestataires communistes, syndicalistes révolutionnaires etc..) sinon que c'est bien à travers cet idéal que se reconnaissent ceux qui dénoncent un syndicat de plus en plus tourné vers le compromis, le renoncement à la lutte des classes et la transformation réelle de la société. Pour combattre un tel phénomène, La pensée d'Alexandra Kollontaï nous parait toujours d'une saisissante actualité. Elle part du fait syndical pour résoudre la question du collectivisme, son positionnement affirme que : Le syndicat, dans la diversité de ses secteurs et branches d'activités, est porteur de la personnalité sociale moderne " Le travailleur collectif ". A travers la mise en place et la défense des métiers et statuts dans des conventions collectives, il donne statut de droit à la personnalité du travailleur salarié. Il est une des sources de la construction de la personnalité des individus, en sujets sociaux. Il est donc à côté de la famille et de l'Etat, une branche essentielle du troisième pilier (les Institutions) de l'assujettissement de l'espèce humaine sous forme individuel en " Personnalité ", c'est-à-dire en forme structurée du biologique (l'individu) par le social. Mais à la différence des 2 autres, il n'est pas figé. La personnalité sociale productive peut être modifiée, elle peut évoluer : En " intensivité ", par son évolution professionnelle (l'Ecole comme institution, mais aussi la formation permanente sont ici essentielles) ; en " extensivité ", par la reconnaissance du salarié comme solidaire du projet de groupe de l'acte productif, par la place qu'il occupe dans la division du travail au sein du travailleur collectif. C'est pourquoi on ne peut, selon nous, sous-estimer le poids du fait syndical, dans l'avancée et la résolution des contradictions sur la voie du communisme. C'est pour résoudre les contradictions en lien avec la production, sa diversité, son renouvellement, sa créativité, qu'Alexandra Kollontaï s'intéresse aux syndicats. Ni l'Etat, ni le Parti, ni les Conseils, ne peuvent prétendre être mieux placés que les syndicats pour résoudre ces contradictions. : Prendre des initiatives pour produire de nouveaux biens ou services. Qui mieux que les syndicats peut se situer au plus prêt de l'acte productif, pour essayer de coupler production et épanouissement humain ?
 
 
" Lénine estime que le principe créateur du communisme dans le domaine économique peut se manifester par le canal du parti. Est-ce bien vrai ? Avant tout, comment fonctionne le parti ? D'après Lénine " Il englobe l'avant-garde du prolétariat révolutionnaire ". Et c'est lui, ensuite, qui disperse cette avant-garde à travers les administrations d'Etat, en en restituant une partie aux syndicats.-privés de tout champ d'action dans la direction et l'organisation de l'économie nationale, et là ces communistes bien éduqués, dévoués et peut-être même pleins de talent, sont étouffés et pourris par l'atmosphère générale de routine et bureaucratie dont sont pénétrés les organes qui président à la " créativité économique ". L'influence de ces camarades est effacée affaiblie, leur initiative s'éteint. Il en va tout autrement dans les syndicats : ici le contenu prolétarien est plus dense, les éléments sont plus homogènes, le but collectif est étroitement lié aux intérêts du travail et de la vie quotidienne des producteurs, membres eux-mêmes des comités d'usine, des directions d'usine ou des bureaux syndicaux.L'initiative créatrice, la recherche de nouvelles formes économiques, de nouveaux motifs d'intensification du travail, tout cela ne peut naître qu'au sein de cette collectivité naturelle de la classe prolétarienne. L'avant-garde de cette classe peut accomplir la révolution, mais la classe toute entière, dans la pratique quotidienne de sa vie de classe, est seule capable de créer la base économique de la nouvelle société. ". in "Le Rôle des syndicats dans une économie de transition" 
 
Alexandra Kollontaï ne se contente pas de défendre l'autonomie de la classe vis-à-vis du parti, elle prend aussi parti pour le modèle d'éducation populaire et de pédagogie susceptibles de nourrir la créativité de la classe. Autrement dit, elle réfléchit sur le modèle pédagogique qu'il convient de valoriser :
 
" De l'avis de Lénine, les syndicats, c'est-à-dire la véritable organisation de la classe ouvrière, ne sont pas du tout les créateurs de l'économie communiste, " ils font la liaison entre l'avant-garde et les masses, par leur action quotidienne, ils convainquent les masses " etc. Ce n'est pas la trique de Trotski. Ce n'est plus le Ménagier du Pope Sylvestre (Traité d'économie domestique destiné aux mères de familles). C'est le système à l'allemande Fröbel-Pestalozzi, l'enseignement par l'exemple. Les syndicats ne font rien d'essentiel dans la vie économique, mais ils convainquent les masses, et ils leur servent de liaison avec l'avant-garde de la classe, le parti, lequel à son tour, remarquez-le bien, n'administre pas lui-même en tant que collectivité et n'organise pas la production, mais institue des administrations économiques de composition mélangée, où sont versés aussi des communistes…Quel est le système le meilleur, cela serait à discuter. Celui de Trotski a en tout cas plus de relief et de réalité. Avec des prescriptions ou bien avec l'exemple des  " bons élèves ", on ne fera pas progresser l'art pédagogique. C'est une vérité qu'il ne faudrait pas perdre de vue.Le groupe de Boukharine occupe une position intermédiaire, ou plutôt il essaie de combiner les deux systèmes d'éducation ; remarquez que ce groupe lui non plus ne reconnaît pas aux syndicats le droits d'agir de façon indépendante dans les questions économiques. D'après Boukharine et son groupe, les syndicats " remplissent un rôle double " : d'une part ils sont " une école du communisme " un intermédiaire entre le parti et la masse sans parti (cela est pris de Lénine) un appareil déversant les masses dans la vie active (remarquez - le ,camarades : dans la vie active et non pas dans la création de nouvelles formes économiques, non pas dans la recherche et la mise au jour d'un nouveau système de production)… "
 
Elle dénonce, 3 ans avant Trotski ( et son ouvrage " Cours Nouveau " 1923), le poids et le danger de la bureaucratie, une bureaucratie qui semble déjà être largement présente et gangrener le jeune Etat soviétique :
 
" Combien de camarades, à la suite de Trotski, répètent : " Si nous souffrons, ce n'est pas d'avoir adopté les mauvais côtés de la bureaucratie, mais de ne pas avoir adopté ses bons côtés " (phrase issue de l'article de Trotski : " Vers un Plan Economique Unique ").La bureaucratie, c'est la négation directe de l'initiative des masses. C'est pourquoi celui qui fonde le système administratif dans la république des travailleurs sur le principe de l'encouragement des initiatives des masses à cette administration, est obligé de ne distinguer dans la bureaucratie ni bons ni mauvais côtés, et de repousser purement et simplement le système bureaucratique comme pernicieux, absolument.La bureaucratie n'est pas un phénomène surgi de notre misère, comme l'assure Zinoviev, et ce n'est pas non plus un reflet de cette habitude d'aveugle subordination empruntée à la vie militaire, comme disent d'autres : le phénomène est plus profond. Il vient de la même source qui enfante notre politique instable et double à l'égard des syndicats : l'influence grandissante sur notre appareil gouvernemental par des groupes sociaux étrangers d'esprit non seulement au communisme, mais même aux aspirations et aux buts élémentaires du prolétariat. "
 
Elle traite du phénomène de délégation de pouvoir, et des effets bureaucratiques qu'il génère, propos d'une saisissante actualité pour tout militant communiste :

 

 
"…. Le principe de nomination est admissible à titre d'exception, dans des cas spéciaux, alors qu'en fait il est devenu la règle. La nomination est le trait caractéristique de la bureaucratie ; or elle est devenue le fait universel, reconnu, légal. La nomination crée une atmosphère malsaine dans le parti, en violant les relations d'égalité et de camaraderie ; elle nourrit le carriérisme, elle offre un terrain favorable au favoritisme et à toutes sortes d'autres phénomènes fâcheux de notre pratique dans le parti et dans l'Etat. La nomination ôte de son sentiment de responsabilité à celui qui est désigné d'en haut pour commander les autres, et élargit l'abîme entre les sommets et les échelons inférieurs. Le bénéficiaire de la nomination se trouve en fait hors de tout contrôle, car d'en haut on est incapable de suivre ses actes et d'en bas on est privé du moyen de le rappeler à l'ordre et de le remplacer s'il n'est pas à la hauteur de ses tâches. Autour de lui se crée une atmosphère " officielle ", pleine d'ambitions et d'intrigues, qui contamine les collaborateurs et discrédite le Parti.Le principe de nomination nourrit l'absence de responsabilité. La nomination d'en Haut doit être abolie et remplacée par l'élection sur toute la ligne. "
 
Alexandra Kollontaï, comme Trotski, considère que le meilleur moyen de lutter contre la bureaucratie, est de respecter démocratiquement la différence de point de vue dans le mouvement ouvrier, entre partis révolutionnaires, mais aussi au sein même du parti. Le droit de tendance est aussi une expression de la démocratie !
 
" Enfin, la condition indispensable pour assainir le parti et pour chasser l'Esprit bureaucratique, c'est de revenir à l'ancien état de choses, où toutes les questions essentielles de la vie du Parti et de la politique de l'Etat étaient examinées par la base avant que la somme de cet examen soit le fait des sommets. ……,Une large publicité, la liberté d'opinion, la liberté de discussion, le droit de critique à l'intérieur du Parti, et parmi les membres des syndicats, voilà la méthode décisive pour abolir le système bureaucratique. La liberté de critique, la reconnaissance aux diverses tendances du droit de se manifester librement dans les assemblées du parti, le droit de discussion, tout cela à déjà cessé d'être réclamé par l'Opposition Ouvrière seule. "
 
Alexandra Kollontaï dénonce déjà les effets pervers de la Division Technique du Travail et sa réutilisation a-critique dans l'Etat en transition, elle témoigne de la part du courant communiste révolutionnaire, de l'existence, déjà à l'époque, d'une résistance au productivisme scientiste, dont le stalinisme se fera le chantre, mais elle le fait non pas en partant d'une vision écologiste, mais tout simplement des fondements mêmes du communisme.
 
"L'opposition Ouvrière n'est pas ignorante pour faire fi du grand rôle que joue la technique et la science. Elle n'a pas du tout la prétention de constituer un organe de direction élu des producteurs et de disperser ensuite les conseils d'économie nationale et bureaux centraux. Elle se présente les choses tout différemment : elle veut subordonner ces bureaux centraux indispensables, techniquement nécessaires à sa direction, leur donner des directives théoriques, les utiliser de la même façon qu'autrefois les fabriquant utilisaient les techniciens spécialistes à leur solde pour réaliser les plans imaginés par eux. Les spécialistes peuvent apporter énormément comme améliorations techniques, ils peuvent faciliter les recherches du prolétariat, ils sont nécessaires et indispensables comme la science elle-même et son progrès sont nécessaires à toute classe montante.
 
 Mais les spécialistes bourgeois, même si l'étiquette communiste leur est accolée, sont incapables et moralement impuissants pour ce qui est d'augmenter les forces productives dans un Etat non-capitaliste, de découvrir des procédés nouveaux d'organisation du travail ou de trouver des stimulants nouveaux pour intensifier l'effort. Ici, c'est la classe qui doit parler, c'est-à-dire son expression la plus marquée et la plus distincte, les syndicats. "
 
C'est tout le livre d'alexandra Kollontaï qu'il faudrait reproduire, il est une source inépuisable de dénonciation de la bureaucratisation naissante du jeune Etat soviétique, bien avant Bronstein (Trotski), mais il est aussi une réflexion incontournable sur les sources de développement du projet communiste par ceux qui créent les richesses réelles, les producteurs et qui ne se contentent pas de simplement les "gérer". 
 
 
 
" L'Opposition Ouvrière a répété ce qui a déjà été écrit par Karl Marx et Engels dans le " Manifeste Communiste " et qui sert de base à notre programme, à savoir que le communisme peut-être et sera l'œuvre des masses ouvrières seules. La création du communisme appartient aux ouvriers. "
 
Société sans classes et sans Etat. - P. M
 
C'est pourquoi, l' étude de l'ouvrage de Kollontaï et sa diffusion devrait être l'objet d'une attention particulière, par ceux qui combattent pour l'avènement du communisme. 
 
La brochure de l'Opposition Ouvrière est présente sur le site marxism.org

 

 

 

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