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Marx et la luttes des classes 

- Intervention à Avignon

Traiter d'un tel sujet en 20 ou 25 mn ne peut être qu'une gageure. Retracer la relation de Marx et de la lutte des classes nous obligerait à parler durant de longues heures de sa vie et de son œuvre, mais aussi, de celle d'Engels son ami et camarade ainsi que de ses écrits.
 

C'est en effet dans la pratique et dans la théorie qu'il faut chercher chez les deux pères fondateurs du socialisme scientifique la construction pharaonique d'un tel projet :
- Comprendre et analyser l'histoire de la société humaine, comme histoire de la lutte des classes.
C'est alors même qu'ils réfléchissaient et s'essayaient à théoriser ces questions, que les 2 leaders du mouvement ouvrier révolutionnaire ont eu à vivre leurs mises en pratique dans une lutte acharnée, d'abord contre les bourgeoisies européennes de l'époque, mais aussi et parallèlement, au sein du mouvement ouvrier en construction, avec la première internationale puis dans la seconde, qu'Engels a contribué à fonder.

 

Il ne suffisait pas à leurs yeux de comprendre les mécanismes profonds de cette lutte, ils voulaient également donner des bases justes d'analyses au mouvement ouvrier et lui fixer des perspectives historiques de développement.

Depuis une multitude d'auteurs et de leaders politiques sont intervenus sur ce sujet. Je suis certain qu'au sein de notre assemblée, nombreux sont ceux qui seraient tout aussi à même, voire mieux à même que moi d’en faire la synthèse. Je me contenterai donc ici de présenter un point de vue, point de vue forcement partiel et partial, point de vue de militant communiste que je suis, dans une conjoncture très particulière, qui est celle de la sortie de crise du Mouvement Communiste International avec les débuts de sa renaissance révolutionnaire en ce commencement de 21ième siècle.

Au sein de ce mouvement, j'ai choisi dès mon adhésion aux jeunesses communistes, au tout début des années 70, de me ranger volontairement sous la bannière de la filiation de la gauche althussérienne du PCF. Une gauche qui n'a pas fini son travail et qui a disparu trop tôt après ce qu'il faut bien appeler, le calamiteux 22ième congrès du PCF de 1976.

 

Louis Althusser aimait à user de la métaphore suivante " quand on veut redresser un objet on ne se contente pas de l'imaginer droit, on le tord violemment dans l'autre sens ". L'objet parti est aujourd'hui atteint d'une déviation de droite profonde. Cette déviation, ne sera pas redressée avec des bons sentiments ou en cherchant une représentation conciliatrice ménageant la chèvre et le chou au nom de la défense de l'unité. Il est du devoir de chaque militant communiste de se prononcer sur le devenir du parti et donc de se prononcer sur son histoire ; sur l'histoire de son échec : Ne pas avoir trouvé la porte pertinente de gauche pour résoudre la crise de l'histoire du Mouvement Communiste International.

Il est donc impératif, parallèlement, de faire le bilan de l'expérience de la première vague révolutionnaire communiste née avec 1917 et poursuivie après la seconde guerre mondiale. Il n'y aura pas de possibilité d'ouvrir une seconde période révolutionnaire, s'il n'y a pas bilan de la déviation interne qui a abouti à la restauration du capitalisme en URSS. Tous les militants qui veulent maintenir haut le drapeau de l'idéal d'Octobre, le drapeau de la révolution socialiste ouvrant la voie du communisme, doivent aujourd’hui se prononcer, et disposer pour cela des outils indispensables pour le faire.

Travailler à comprendre comment les rapports bourgeois peuvent pénétrer dans le marxisme est, selon nous, l'axe essentiel de la rectification. Quel chemin doit-on prendre pour ouvrir la voie vers le communisme, comment peut-on aboutir à la société sans classes ? En un mot, ce pourquoi nous sommes rassemblés ici, aujourd'hui, ce vers quoi nous voulons tendre.

Nous vous proposons ici de rétablir quelques fondamentaux, qui portent essentiellement sur la doctrine marxiste, dont nous avons le sentiment que beaucoup de nos dirigeants actuels ont oubliée jusqu'à l'existence. Nous en tirerons un positionnement qui bien sûr nous est propre, nous le mettons en débat, il propose une interprétation de l'histoire et le devenir du parti auquel nous appartenons.

1er Rappel : Marx n'a pas découvert la lutte des classes

Dans la fameuse lettre à Weydemeyer qui date de 1852, la date est ici fondamentale, il affirme: " En ce qui me concerne ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert ni l'existence des classes dans la société moderne ni leur lutte entre elles. Longtemps avant moi des historiens bourgeois avaient décrit le développement historique de cette lutte des classes, et des économistes bourgeois en avait exprimé l'anatomie économique. Ce que je fis de nouveau, ce fut :

- 1) de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases du développement historique de la production,

- 2) que la lutte des classes conduit nécessairement à la dictature du prolétariat

- 3) que cette dictature elle-même ne constitue que la transition à l'abolition de toutes les classes et à la société sans classes ".
 

Cette fameuse lettre reprise par Lénine dans " L'Etat et la Révolution " est fondatrice du marxisme comme théorie révolutionnaire, et elle devient fondatrice du Mouvement Communiste International, en ce sens qu'elle fixe le chemin du communisme.

 

Elle fait très clairement dire à Lénine :
- On n'est pas marxiste si on se contente de reconnaître uniquement l'existence de la lutte des classes. Il faut aller plus loin, beaucoup plus loin, en reconnaissant le droit à l'hégémonie théorique, politique et idéologique de la classe ouvrière.

 

- "A la dictature de la bourgeoisie, sous laquelle nous vivons aujourd'hui, sera substituée la dictature du prolétariat."


2ème rappel : Marx n'a pas donné de définition des classes sociales

Pas plus qu'il n'a découvert la lutte des classes, Marx n'a établi une définition précise de ce qu'est une classe sociale, ni n'a jamais présenté de tableau précis des classes sociales dans son œuvre. C'est un sujet qu'il s'était promis d'aborder à la fin du livre 3 du capital, il y a consacré une page, mais Marx est mort avant de l'avoir entrepris. Cependant nous pouvons partir de cette page unique pour poser un premier constat : Après avoir distingué dans son environnement immédiat, 3 grandes classes : Les propriétaires de la simple force travail, les propriétaires du capital, les propriétaires fonciers. 

" Qu'est-ce qui constitue une classe ? " demande Marx.
" A première vue c'est l'identité des revenus et des sources de revenus. 3 groupes constitués dont les uns vivent du salaire les autres du capital et les derniers de la rente foncière. Ces revenus semblent donc avoir trois sources : la mise en valeur de la force de travail, la mise en valeur du capital et celle de la propriété foncière.
" Mais si on s'en tient là, dit il, il faudrait distinguer encore d'autres couches assimilables à des classes elles mêmes comme les médecins et les fonctionnaires qui tirent eux aussi leur revenus d'une même source. Et au sein même des classes, on pourrait distinguer des sous- catégories produits de la division du travail social. "


On l'a rarement souligné, mais ce chapitre commence de la même manière que le premier chapitre du livre premier du Capital. Chapitre sur la marchandise  " La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s'annonce comme une " immense accumulation de marchandises ". Cette phrase célébrissime qui a fait couler tant d'encre et produit des tentatives de dévoiement du marxisme, notamment avec la tentative de création d'une économie politique du signe du sieur Baudrillard, explique comment la circulation de la marchandise peut prêter à illusion et conduire à une déviation. L'esprit de cette phrase est repris dans le dernier chapitre sur les classes sociales, ici cela devient  " A première vue, c'est l'identité des Revenus et des sources de Revenus ".

Autrement dit si l'on part de la sphère de la circulation on peut avoir l'impression que le salariat définit la classe ouvrière, le profit définit les capitalistes, la rente foncière les propriétaires terriens.
Or, ce que montre Marx dans le " Capital ", comme le rappel très justement le traité d'économie politique du P.C.F écrit en 71, " Le CME " et comme le confirme Nicos Poulantzas dans son ouvrage " Les classes sociales dans le capitalisme aujourd'hui. ", c'est que, partir de la marchandise, partir du salariat qui est une forme particulière d'expression de celle-ci (le salarié vend sa force de travail et perçoit un " salaire " forme de manifestation de cette marchandisation) est une erreur fatale. C'est en partant de la production et de la définition juste du concept de travail " productif " que le concept de classe peut-être construit.

Le Traité sur le CME de 1971 :


" Seul est productif le travail qui produit de la plus value ou qui sert au capital de moyen pour produire de la plus-value …
Ni l'absence de possession des moyens de production, ni l'obligation de vendre sa seule force de travail, ni l'exploitation ne suffisent, en effet à définir l'appartenance à la classe ouvrière.
Il faut en plus produire de la plus-value. …. L'appartenance à la classe ouvrière implique nécessairement activité productive salarié créatrice de plus-value, mais la classe ouvrière ne comprend pas, pour autant, tous les travailleurs salariés (Ainsi, ceux dont la fonction est de collecter la plus-value n'en font pas partie) "


Nicos Poulantzas " Les classes sociales… ":
" Il s'en suit que, sur le plan économique, ce n'est pas le salaire qui définit la classe ouvrière : le salaire est une forme de répartition du produit social, recouvrant les rapports du marché et les formes du " contrat " d'achat et de vente de la force-travail. Si tout ouvrier est salarié, tout salarié n'est pas ouvrier car tout salarié n'est pas forcement travailleur productif. Si les classes sociales ne sont pas définies sur le plan économique par une division dans l'échelle des " revenus "-Riches-Pauvres- elles ne sont pas définies non plus par la situation de leurs agents dans la hiérarchie des salaires….. "

3ième Rappel: Marx a seulement découvert que la lutte des classes était le moteur de l'Histoire :

Dans le " Le Manifeste du Parti Communiste " de 1848 :
Il affirme " L'Histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la luttes des classes " L'Histoire a donc un moteur, la lutte des classes. Est-ce à dire que l'Histoire est fondée comme continent scientifique pour le marxisme parce qu'elle aurait un objet : la lutte et un ou des sujets " les classes sociales ". Autrement dit, qu'il conviendrait de faire s'activer la dialectique de l'Objet et du Sujet.

Poser la question de cette façon, nous rappelle le grand philosophe marxiste Louis Althusser, dans son ouvrage qui fit date dans l'affrontement entre courant réformiste et courant révolutionnaire au sein du Mouvement Communiste International, " Réponse à John Lewis " c'est tenter de courir derrière l'illusion idéologique de l'essence du sujet, ici la classe, en s'escrimant à en définir les contours, qui est inclus, qui est exclus, où s'arrête la limite.

Poser comme préalable la définition structurelle d'une classe, puis chercher dans un deuxième temps ce qui peut bien la conduire à s'affronter ou se différencier d'autres classes sociales, c'est introduire la déviation sociologique dans le marxisme. Or il n'y a de déviation sociologique possible dans le marxisme, que parce qu'il y a préalablement une déviation psychologique. C'est-à-dire la tendance à saisir la classe comme "sujet" de l'histoire. Qui dit sujet, dit conscience. C'est l'historicisme de la conscience de classe dont Lukacs fut le théoricien le plus conséquent pour sa version gauche. Il n'y a pas de " Sujet " de l'Histoire, individus, groupe sociale ou classe.
Il y a une lutte qui résulte d'un moteur caché et ce moteur polarise les agents économiques indépendamment de la conscience qu'ils en ont. Cette polarisation à une source, qu'une circulation apparente peut masquer.

 

Il n' y a pas de sujet et il n'y a pas de finalité de l'histoire. Seule la lecture hégélienne la présuppose. L'histoire, dans cette approche du monde, aurait pour "finalité" de faire retour à elle-même, par le biais de sa dialectique (la négation de sa négation). partant d'une société sans existence de classes sociales (la société primitive) en passant par le stade de l'hémergence des classes et leurs métamorphoses dans l'enchainement des modes de production (esclavagisme, servage, capitalisme), l'histoire finirait de se "réaliser" en faisant retour sur elle-même et en revenant au stade sans classes que constitue le "communisme".

 

Un communisme (le communisme primitif) frustre accoucherait donc d'un communisme hautement développé, via une maïeutique de luttes sociales, qui n'auraient d'autres contenus en elles-mêmes que de faire évoluer et progresser les sciences et les techniques, qui constituent le seul "progressisme" de l'histoire : les forces productives.

 

Ce schéma qui effectivement est le schéma premier par quoi Marx et Engels entrent dans l'affrontement généralisé avec le système capitaliste (jeune- marxisme néohégélien, humaniste et idéaliste) est peu à peu abandonné, par Marx et Engels au profit d'un ultra-matérialisme ( s'inspirant du spinozisme et du machiavélisme), remettant frontalement en cause l'idée d'une "Fin" de l'histoire, moteur caché du processus social et sociétal tendant à une révélation messianique : faire advenir la classe "rédemptrice", "le prolétariat" du genre humain. Cette dernière, en même temps qu'elle émergerait, n'aurait d'autre objectif que de disparaître, pour que se "réalise" la société sans classe.

Ce schéma dont on sent toute la teneur religieuse (christianisme du royaume des dépossédés, vecteur du refus de la marchandisation des rapports humains, par quoi les marchands du temple sont chassés au profit de la gratuité et du don), est définitivement abandonné au profit de la reconnaissance civilisationnelle des sociétés de classes.  l'esclavagisme, le servage et l'exploitation devenant les indispensables moteurs d'une civilisation du surplus, qui seule permet d'arracher l'humanité au règne de la nécessité.

 

La lutte des classes devenant le résultat d'un compte-rendu "a-moral" que l'entomologiste Karl Marx tire par la finesse et la précision de son raisonnement : "La luttes des classes en France" ouvrage qui est d'autant plus fin à en montrer la déclinaison chatoyante, qu'il ne s'embarrasse pas de jugements moraux sur le devenir "être" de telle ou telle catégorie sociale.



4ième  Rappel : la lutte des classes prend sa source dans l'économie


Dans son œuvre majeure " Le Capital ", Marx constate que le phénomène de polarisation en 2 groupes sociaux antagonistes est le résultat d'un procès mécanique de valorisation du capital existant. Cette mise en évidence, constitue le cœur du procès d'exposition de cette œuvre, sur laquelle il a travaillé plus de 10 ans.
Le moteur de la lutte est extérieur au phénomène. La source est masquée, elle n'est pas perceptible à la conscience. L'Histoire comme science, n'a pas d'objet en elle-même, elle n'a pas "conscience" d'elle-même, son objet est extérieur puisqu'il prend sa source dans l'économie politique. Nous disons bien L'Economie Politique et pas l'économie toute seule. Le lien entre le continent " Histoire " et le continent " Economique ", c'est le Politique.

 

La lutte des classes est d'abord le produit d'une nécessité avant d'être celle d'une volonté.

 

Cette nécessité est celle dans laquelle se trouve le capital d'avoir sans arrêt besoin dans le cadre de la concurrence, concurrence qu'il ne maîtrise pas, de faire pression sur le travail pour en accroître la productivité et en augmenter la plus-value extraite et, à l'opposé, pour la classe ouvrière dans la quotidienneté de son existence, d'y résister. C'est cette nécessité qui dans le capitalisme développé, fixe historiquement les contraintes du mouvement ouvrier et en particulier la première d'entre elle, la nécessité pour lui, s'il veut en finir avec la pression de l'exploitation, d’en finir avec le capitalisme, et pas seulement avec le libéralisme ou encore avec sa "manifestation" la financiarisation.

Autrement dit, c'est bel et bien l'existence de l'exploitation et la pression exercée pour en étendre l'extensivité (i. e : y plonger sans cesse de nouvelles catégories de travailleurs salariés) et l'intensivité (augmenter sur chaque travailleur le temps consacré à la reproduction du capital au dépend du temps consacré à la reproduction de sa force de travail) qui incarne le moment fondateur de la lutte des classes. Cette affirmation historique de la lutte des classes constitue dans l'appréciation de la réalité historico-économique du capital, une divergence fondamentale, frontale, entre courant révolutionnaire d'une part et courant réformiste.

La lutte des classes n'est pas à son moment premier, une lutte pour la répartition du surproduit, une lutte sociale. La lutte des classes est une lutte sur et pour les conditions de production de ce surproduit, plus fondamentalement encore pour les conditions de reproduction de cette production, les conditions de reproduction des rapports de production.

 

Une lutte, donc, pour la fin du capital, la fin de la propriété privée, la fin de l'exploitation, la rupture socialiste ouvrant " potentiellement " la voie au communisme.

5ième  Rappel: La lutte des classes part d'une source masquée dans l'économie, puis elle se manifeste dans tous les secteurs de la vie sociale, politique et culturelle etc.

Intéressons-nous à sa manifestation politique, Marx en développe une analyse magistrale au sein de 4 œuvres majeures. Elles retracent, toutes, la façon dont la classe dominante exerce sa dictature, comment elle met en œuvre une hégémonie, et elles montrent comment la classe ouvrière tente d'y résister, et d’en construire une qui lui soit propre.

Dans " Les lutte des classes en France 1848-1850 " écrit en 1850,
Marx rend compte des évènements révolutionnaires des révolutions européennes de 48. La situation faite à la classe laborieuse, la pousse à la révolution. Cette seconde révolution, après celle de 1830, voit émerger le point de vue du prolétariat. Cette classe veut accéder à l'hégémonie et universaliser ses valeurs, c'est pourquoi elle n'hésite pas à proposer ses couleurs comme valeurs nationales et tout le monde connaît ici le célèbre tableau " La Martine repoussant le drapeau rouge, le 25 février 1848 " peint par Philippoteaux et qui doit être encore au musée Carnavalet.

Dans la préface de 1895 Engels, qui revient sur les 3 expériences révolutionnaires (1830, 1848, 1871) constate : La lutte militaire sous forme d'insurrection par barricades dans les villes est devenue pratiquement impossible. Par ailleurs la phase électorale qui se traduit aujourd'hui par des gains électoraux importants, peut nous laisser espérer que nous gagnerons électoralement, c'est-à-dire pacifiquement le pouvoir. Cette introduction va servir de base à la contre offensive de la social-démocratie réformiste. Bernstein et plus tard Kautsky y affirmeront que Marx et Engels sont devenus partisans du passage pacifique mais plus encore du passage électoraliste au socialisme. Engels réagit en envoyant une lettre à la presse socialiste où il affirme que c'est déformer le marxisme que d'affirmer une telle position, que son introduction reproduite dans la presse social-démocrate a été coupée et tronquée, mais le mal est fait, la déviation social-démocrate peut désormais se développer.

Dans " Le 18 brumaire de Louis Bonaparte " écrit en 1852 : Comme pour le déterminisme économique du Capital, Marx y reconnait qu'il existe un déterminisme historico-social : " Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement dans des conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé ". Déterminisme économique et déterminisme historico-social, fondent Le concept de Mode de Production comme Système. Il existe donc des systèmes économiques qui échappent à la volonté des sujets. C'est de la cohérence interne d'un système que dépend le plein développement d'un mode de production.

Dans " La guerre civile en France " dont l'ensemble des textes commence en 1871 et a pour objet la Commune de Paris. Marx tire les conclusions politiques de l'échec du mouvement ouvrier français et ce qu'il doit rectifier. Engels pose en conclusion de l'introduction du livre, la phrase elle aussi fort célèbre " Le philistin social-démocrate a été récemment saisi d'une terreur salutaire en entendant prononcer le mot de dictature du prolétariat. Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature à l'air ? Regardez la Commune de Paris, c'était la dictature du prolétariat."

Marx affirme donc à travers ces textes politiques, la nécessité absolue pour la classe ouvrière de se poser comme classe hégémonique, comme classe dirigeante, d'y affirmer ses principes, d'y faire prévaloir ses droits, autrement dit : d'exercer au sens plein sa dictature. Or à quand remonte cette appréciation, sur la nécessité pour la classe ouvrière d'assurer son hégémonie ? - Précisément aux années 1850, ce dont témoigne la fameuse lettre à Weydemeyer.

Marx n'a donc pas attendu la Commune de Paris pour forger son point de vue sur la nécessité de l'hégémonie ouvrière en politique. La nécessité absolue que le prolétariat a de mettre en place une dictature pour remplacer une autre dictature, celle de la bourgeoisie. Dès la fin des évènements de1848, il est déjà sur cette longueur d'onde, c'est ce que montre pleinement la lettre.
La Commune de Paris ne fait que renforcer chez lui cette nécessité. C'est pourquoi dès la réédition du Manifeste Communiste qui suit la Commune, il introduit la rectification de 1872" La Commune, notamment a démontré que la classe ouvrière ne peut se contenter de prendre telle quelle la machine de l'Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte. ". En finir avec la luttes des classes signifie aussi en finir avec l'Etat tel que la bourgeoisie l'a engendré et développé.

Il n'y a donc pas, comme certains le prétendent, un Marx d'avant la Commune de Paris et un Marx d'après, qui aurait basculé dans une conception dictatoriale de la politique, victime de circonstances historiques qui auraient altéré son " libéralisme " naturel.
Parallèlement, les marxistes l'ont assez répété, nous ne sommes pas pour la suppression immédiate de l'Etat, comme les anarchistes. Nous sommes pour son extinction. Il faudra du temps pour que se développe un tel phénomène. Mais il y a dans cette affirmation même, quelque chose que nombres de marxistes n'ont pas voulu tirer comme conclusion. Si nous maintenons l'Etat, tant qu'il existe, ceci au sens même de Marx, il y a classes et luttes des classes. Autrement dit sous le socialisme, parce qu'il y a maintien de l'Etat, il y a classes et lutte de classes.

6ième  Rappel : La Conscience ne détermine pas l'être, c'est l'être qui détermine la conscience.


Autrement dit, peut-il y avoir luttes des classes s'il n'y a pas lutte de classe, ou exprimé différemment, faut-il qu'il y est lutte conscience de classe pour qu'il y ait lutte des classes ?
A certains moments Marx pense que non à d'autres, il pense que oui.

 

Nous venons de le voir, dans le " capital " il pense que non, la lutte des classes n'a pas besoin qu'elle soit pensée pour être agie. L'exploitation et les mécanismes qui l'ont créée sont déjà une lutte de classe. Une lutte de classe menée du point de vue de la bourgeoisie capitaliste, par le simple fait qu'elle est posée comme classe par son activité et le produit de cette activité, phénomène qu'elle ne peut ni contrôler, ni circonvenir. Le prolétariat et la classe ouvrière qui en résultent, n'ont pas besoin d'avoir une conscience claire de ce qu'ils subissent, pour exister comme phénomène objectif, comme produit de l'activité capitaliste. Mais pour Marx et l'histoire le constate, il est évident qu'ils ne peuvent rester s'en réagir, c'est journellement qu'ils subissent les effets de la pression capitaliste qui, poussée par le joug de la concurrence accentue les mécanismes de l'exploitation. Toute réaction de leurs parts est déjà manifestation de la lutte des classes. S'ils n'ont pas encore une claire conscience de classe, ils ont un instinct et l'instinct de classe est porteur de lutte de classe.

Dans le " Manifeste " également, Marx fait état de l'histoire de la lutte des classes comme histoire des sociétés. Jusqu'à l'avènement du capitalisme développé dont il est le contemporain, il n'est nullement question d'une obligation de conscience claire, voire de parti indépendant, pour manifester cette conscience. Ce n'est qu'avec l'apparition du mouvement ouvrier, qu'une telle question commence à se poser. Marx et le marxisme deviennent dès lors, les vecteurs de cette tâche politique : Donner au mouvement ouvrier la conscience claire de ses tâches historiques.

Avec Lénine, nous le savons, cette tendance se renforce puisque l'existence du parti indépendant comme expression de la classe devient la question centrale. Mais Lénine est le penseur du stade monopoliste et impérialiste, du capitalisme. Ce stade n'a été que partiellement aperçu par Marx à la fin de sa vie. L'essentiel de la vie et de l'action de Marx se sont déroulées, elles, au stade concurrentiel du capitalisme. De là découle deux appréciations contradictoires qui doivent guider nos choix, pour la période présente. Une période qui se caractérise par une nouvelle phase économique: La Mondialisation.

La Mondialisation est-elle une période qui constitue un approfondissement de la période la plus proche ? 

 

A savoir : la période de l'impérialisme stade suprême du capitalisme, période que nous pouvons justement qualifiée de léniniste ou " léninienne " (dans sa perception scientifique), ou au contraire, la Mondialisation est-elle une période qui ferait à telle point rupture, qu'elle nécessiterait d'en revenir au fondement de la doctrine communiste, au marxisme des origines, pour y produire une nouvelle grille de lecture.

Pour nous cette période est très clairement une période qui constitue une phase d'accentuation de l'impérialisme et donc très clairement une période qui s'inscrit dans la continuité de l'analyse de Lénine. Cela signifie que c'est à travers l'apport de Lénine et de la révolution d'Octobre qu'il convient toujours de juger de la validité du marxisme et pas comme certains nous le proposent aujourd'hui, en revenant en arrière pour essayer de repartir d'un âge d'or, du social-démocratisme ou du républicanisme que le bolchévisme aurait perverti.

Mais attention, cela ne veut dire qu'il ne faut pas questionner le léninisme et tirer les leçons de ce qui a échoué avec la restauration du capitalisme privé en URSS. Dès lors le choix doit être non pas de réinscrire notre action et notre pensée dans un socialisme pré-léniniste, voire avec Jean Jaurès et la Révolution Française, un socialisme pré-marxiste, mais au contraire de réaffirmer le principe de la validité de la doctrine communiste et chercher à en approfondir les limites et les contradictions au regard des finalités qu'elle se pose.

Or, ce dont on se rend compte, quand on se place dans cet axe de lutte et de réflexion, c'est que le socialisme, en soi et pour soi, n'est pas la solution vers laquelle il conviendrait de se tourner, mais qu'au contraire il devient le problème, le frein, la contradiction à surmonter, d'une évolution sociale vers le communisme.

Dans ce cadre la tentation de repartir de la sphère de la circulation au dépend de la production, c'est-à-dire, d'accompagner le salariat dans une régression préléniniste au dépend du prolétariat et de la classe ouvrière, comme souhaitent le réaliser le Front de Gauche, Die Linke, Podémos ou Syriza constitue selon nous une impasse faisant obstacle à l'avènement du communiste. Cette régression vers un néo-social-démocratisme, tentant d'ossifier et d'éterniser un socialisme sans avenir constitue le défi essentiel des communistes qui veulent rester communistes pour en ouvrir la voie, en résoudre les contradictions.

 

Cette régression affecte également une bonne partie de l'extrême-gauche, en particulier nombre de partisans de l'homme qui voulait être" au dessus des fractions ", rêvant de réconcilier bolchéviks et menchéviks: le camarade Trotski.

Cette stratégie consistant à confondre dans un " tous ensemble " précongrès de Tours, les deux perdants du mouvement ouvrier. Le socialisme adaptatif de la social-démocratie à l'ouest et le socialisme ayant réellement existé à l'est, se veut radicalisée par l'illusion, par exemple, dans le projet du NPA ex " Ligue Communiste Révolutionnaire ", d'en contrôler les effets. Pour, sous couvert d'une avant-garde masquée, réaliser la prochaine vague révolutionnaire, la bonne celle-là, la dernière n'étant que la répétition générale d'une, qui, cette fois - ci emportera définitivement le morceau. Tout ceci, ne me parait pas la bonne route. On ne rectifie pas un échec en laissant les masses hors du débat entre point de vue socialiste et point de vue communiste et on ne bâtit pas un projet révolutionnaire, en construisant une avant-garde " masquée ".

Le positionnement de cette expression du trotskisme s'inscrit totalement dans la "Division Internationale du Travail" qu'elle continue de juger positive au regard de son projet de "Révolution Permanente". Elle accepte donc le repartage du monde entre un centre impérialiste donneur d'ordres et spécialisé dans les activités de services et une périphérie devenant l'atelier du monde, le "zoo" de la classe ouvrière quant à sa reproduction. Dès lors, et pour justifier son maintien de cette lecture marxiste pré-léniniste (stade concurrentiel) elle renonce au concept de travail productif et lui préfère la théorie de "l'aliénation" par "salarisation" justifiant son positionnement révisionniste sur le travail domestique et la reproduction de la force de travail, ainsi que sa théorie du salariat comme   " location" de la force de travail.

De même la solution assez voisine proposée par le P.O.I  (ex : P.T).

 

En effet, que peut signifier conceptuellement vouloir constituer un Parti Ouvrier Indépendant en réunissant, pour les fondre, toutes les tendances du mouvement ouvrier, des anarchistes, en passant par les socialistes jusqu’aux aux communistes. Sinon en revenir à l'origine du mouvement ouvrier, comme si cette histoire n'était pas aussi l'histoire conjointe et parallèlement des métamorphoses du capital, de l'anarchisme ( stade concurrentiel) jusqu'au communisme léniniste ( stade monopoliste). C'est d'ailleurs clairement assumé par les membres du P.O.I puisqu'ils veulent refonder une internationale ouvrière sur le modèle de la 1ère internationale, mais là aussi on peut faire confiance à la sensibilité trotskiste de ce rassemblement, puisque grâce au fait qu'elle, elle sache où elle va, le mouvement ouvrier sera sauvé.

Nous voulons, nous, construire un projet communiste sur la prise en compte des erreurs de cette doctrine et leurs rectifications.
Il ne peut y avoir rectification des erreurs conduisant dans la voie du communisme sur la base d'une régression - dilution dans le social-démocratisme. Il ne peut donc y avoir rectification des insuffisances de la doctrine communiste, par destruction de ses fondamentaux .Au contraire, il convient de réaffirmer le point de vue hautement révolutionnaire que :"révolution socialiste" ne veut pas dire disparition de la lutte des contraires, ni gestion " administrative " de la manifestation des contradictions, comme l'affirmait le machiavel du social-libéralisme, Michel Rocard.

Cela signifie pour nous, à l'inverse, projet de mise en œuvre de la disparition d'un des pôles de la contradiction : la bourgeoisie.

 

Pour cela il s'agit de construit une Nation (sans Etat) produit d'une homogénéisation économique, les exploités, les travailleurs productifs,la classe "ouvrière".
 

Nous l'avons assez souligné sur notre blog " Débat Communiste Ouvrier " la révolution socialiste suivant le principe réaliste, le seul à nos yeux, du maillon faible, produit un système qui en maintenant l'Etat, maintient sur longue période un danger de régression et de retour en arrière. De la nationalisation vers le capitalisme d'Etat et du capitalisme d'Etat à la restauration du capitalisme privé. La disparition des formes de socialisation embryonnaire, souvent issues de la première période d'une révolution, qui cherchent à la pousser sur la voie du communisme (les nationalisations, puis les tentatives de mise en œuvre de formes embryonnaires collectivistes), se heurtent au maintien de la division sociale et de la division technique du travail. Ce phénomène est soutenu, voire amplifié, par l'existence d'un groupe improductif au sens marxiste chargé de s'occuper de l'appareil d'Etat.

Notre positionnement personnel, nous conduit à penser que pour résoudre cette question, il n'y a qu'une seule voie, il faut approfondir la théorie du passage au communisme, pour en redonner une juste définition.


Qu'est-ce que le communisme ?

 

Si on ne sait pas ce que c'est, il y a peu de chance qu'on ne le trouve jamais.
Or, il faut bien le reconnaître ce point de vue semble s'opposer à celui de Marx qui dit que :

 

- le socialisme n'est pas le fruit d'un plan qui aurait germé dans la tête de penseurs ni un idéal à réaliser, sur lequel il faudrait se fixer. Certains vont même jusqu'à affirmer que l'immédiateté de l'action : " l'abolition de l'état de chose existant " suffirait à fixer le chemin du communisme.

A cela permettez moi de répondre, que si on ne part pas, non pas de l'utopie de modèles, mais de la définition clairement posée des " fins du communisme " tendant à rectifier ce qui a échoué, nous ne voyons pas comment on pourrait rectifier quoi que ce soit des erreurs. On risque au contraire d'aboutir à une situation où le marxisme réduit à un outillage, tout juste bon à produire des discours " utopiques ", est utilisé comme consolation du philosophe (plus exactement ,consolation des masses populaires) et où l'impuissance du mouvement ouvrier à conduire dans le réel un projet de rupture se voit satisfait par la création idéologique d'un discours intellectuel, chargé tous les 5-10 ans de renouveler les illusions. C'est ce qui se passe depuis 40 ans dans le P.C.F.

Non, nous devons combattre tout cela. Nous devons redonner au Mouvement ouvrier révolutionnaire, les moyens culturels et politiques de son émancipation. Cela passe par l'acceptation d'un constat de base.
La première expérience révolutionnaire s'est terminée sur un échec.
Cet échec doit conduire à une analyse des causes. Cette analyse ne possède que deux versants, une analyse de " droite " qui se nourrit au lit du social-démocratisme et une analyse de " gauche " qui veut frayer la voie au communisme. Il n'y en a pas d'autre. Il faut choisir son camp, car qui choisit son camp, choisit sa classe.

Or l'U.R.S.S a échoué, et les problèmes ont commencé à se poser très tôt : " 1918 " pour les communistes libertaires, " 1919- 20 " pour l'Opposition Ouvrière, et la Gauche Communiste Historique, " 1924 " pour Trotski ; et même si l'on cherche à défendre Staline comme les M-L maoïstes ou pro-albanais, il y a bien problème dès 1953-55.

Donc, qu'on le veuille ou non, il faut produire une analyse de classe de la nature du régime soviétique, en lien avec ce que la doctrine communiste nous dit du système final qu'elle entend établir, savoir : la société sans classes. Permettez- moi d'ajouter : sans classes et sans Etat. Si on s'y refuse, ou si comme le groupe majoritaire au sein P.C.F, on en produit un ersatz ou une caricature avec le concept anti -marxiste de " culte de la personnalité ", qui n'est qu'une justification de l'analysesous-tendant le concept droitier de "Totalitarisme" (puisque aussi bien Staline, qu'Hitler ont été l'objet d'un véritable culte) on ne peut pas produire la nécessaire rectification de la déviation de droite dans le Mouvement Communiste International.

C'est précisément ce que cherche à éviter la direction du P.C.F depuis des dizaines d'années :
Eviter de produire une analyse de classe de la nature de l'Union Soviétique, car produire une telle analyse obligerait la direction à rendre compte de ce qu'elle a soutenu, mais plus encore, nous dirions même, bien plus encore, obligerait la direction à s'interroger sur le modèle de rupture qu'elle propose pour la formation sociale française. C'est ce que la direction réformiste ne veut surtout pas. Elle veut maintenir sa vision d'une victoire du mouvement ouvrier, par victoire électorale, elle veut maintenir l'idée qu'il n'y a pas de solutions hors les rapports étatiques et institutionnels. Elle veut son coin de pouvoir, elle veut les places, même s'il ne s'agit que de straponti
ns, d'où le poids des élus dans ce parti, poids qui n'a jamais cessé de tirer le parti vers la droite. Elle veut faire du " social " plutôt que de chercher la voie de la rupture socialiste. . C'est pourquoi le P.C.F est incapable de rompre avec son origine : avoir été l'aile gauche de la Social-Démocratie et il y retourne dès que des difficultés se font jour.

Sauf que sur cet axe de refondation d' une néo-social- démocratie de gauche, il y a aujourd'hui pléthore d'intervenants et de prétendants. Par contre sur l'axe de l'approfondissement du point de vue communiste, nous ne sommes pas légions.
Or selon nous, il y a nécessité absolue de s'y investir et de rebâtir.

Nous avons dans d'autres textes (vous pouvez vous reporter à la Revue de la Gauche Communiste : " Approches Marxistes " et à notre site D.C.O) analysé, ce qui selon nous avait nourri, la déviation social-démocrate dans notre parti. Outre le fait de survaloriser la sphère de la circulation comme moteur de la validation au détriment des conditions de production, nous avons indiqué pourquoi la circulation avait naturellement rencontrée dans notre formation sociale un écho aussi favorable. La circulation renvoie à l'idéal bourgeois de " liberté " qui est à la base de la constitution française issue de la Grande Révolution et qui fixe la dimension de citoyenneté de la personnalité humaine telle que notre peuple se l'est représentée dans cette période révolutionnaire. La circulation fixe le sujet de droit, le sujet des droits, comme droits inaliénables, dont le fameux droit de propriété.

 Si " je pense donc je suis " grand moment fondateur de notre imaginaire idéologique collectif, renvoie si bien à " j'existe parce que je m'approprie " cher à l'essence de notre constitution, c'est que l'idéologie française dans ce qu'elle a de révolutionnaire, comme de conservatrice, est d'abord une philosophie du " Je ". Ce que nos vieux profs de philo, du début du 20ième siècle traduisaient par un anti-germanisme philosophique, qui pour eux était tout juste bon à saisir les grandes catégories de façon idéaliste, mais incapable de permettre de poser le sujet qui est le seul être pensant et par quoi intervient le raisonnement "concret". L'idéologie française est profondément petite-bourgeoise, elle est incapable de saisir le collectif autrement que comme la somme des volontés individuelles, dès lors elle est incapable de penser politiquement le passage au collectivisme. Le maximum que cet imaginaire collectif puisse atteindre, c'est l'étatisation, pour autant qu'elle soit bien la somme des volontés individuelles.

Si nous nationalisons en France, c'est parce qu'un individu (par exemple au moment du Front- Populaire, un membre des 200 familles) s'est approprié une part inacceptable des richesses, ceci au dépend du reste du peuple (peuple qui n'est envisagé que comme une collection d'individus qui ont eux-mêmes des droits individuels à faire valoir). A aucun moment ne vient à l'idée de la pensée politique progressiste française que si nous nationalisons , c'est aussi qu'au stade monopoliste une nouvelle figure de travailleur moderne est apparu : le travailleur collectif et que celui-ci puisse exprimer, non pas un point de vue subjectif d’appropriation (être reconnu dans son droit de propriété) mais un point de vue objectif collectiviste : être reconnu dans son droit de production.

 

Or la voie naturelle qui conduit de l'étatisation au collectivisme c'est la reconnaissance de ce fait. Le P.C.F englué dans son idéologie de la circulation étend le maximum de sa représentation collective aux nationalisations : Défense du consommateur et défense du statut public (conventions collectives, salariés protégés etc..), mais est incapable de reconnaître le droit du travailleur comme droit sur la production.

C'est pourquoi, pas un seul instant nous ne pensons que le PCF ait rompu avec cette vision particulière de socialisation qu'a atteint l'aristocratie ouvrière à travers l'étatisation généralisée. Stade propre au social-démocratisme et forme particulière qu'il prend au sein du M.C.I,sous la forme du stalinisme.

Quand au fond la direction du PCF veut comme Staline l'éternisation du rapport étatique à la politique. Comme Staline elle affirme : " certes, un jour les Etats comme les classes disparaitront, mais en attendant, il n'y a pas d'autre solution que de conquérir l'Appareil d'Etat et y placer les nôtres ", ceci en évitant soigneusement de se poser la question :                

 

- qu'est-ce que cela produit quand on place dans l'appareil étatique, par délégation, des militants ouvriers sur une longue période?


Tant sur leur personnalité humaine, mais aussi sociale, et peut-on dire qu'il s'agisse encore  " d' ouvriers ".

Ce manque d'interrogations traverse toutes les sensibilités  sociales - démocrates. C'est ce qui lie tous les courants qui considèrent que l'étatisation est la forme ultime à laquelle peut parvenir le mouvement révolutionnaire ouvrier.

Mais reconnaissons cette qualité à Staline c'était un révolutionnaire, ce que n'est plus la direction actuelle de notre parti. A travers la déviation interne qu'il introduit, il cherche quand même à résoudre les contradictions du socialisme. Mais il ne voit de solutions que dans l'extension de l'étatisation. A sa différence la direction actuelle ne propose, elle, aucun modèle de disparition généralisée de la propriété privée des moyens de production.

Le stalinisme dans son moment révolutionnaire atteint comme point d'orgue maximal : le centrisme étatiste. Il est incapable de passer au deuxième moment, le stade du collectivisme. Car cela nécessite la disparition de l'appareil d'Etat, par dépérissement. En ce sens, il est encore le support de la déviation sociale-démocrate dans notre mouvement puisqu'il est incapable de mettre en œuvre la personnalité moderne, la personnalité du travailleur collectif.

7ième Rappel: La Dictature du Prolétariat ne se renforce (i.e : ne devient Dictature de la Classe Ouvrière) que par extinction de l'appareil de l'Etat.

C'est dans cette 4ième  œuvre majeure " la Critique du Programme de Gotha et D'Erfurt " écrite en 1875 que Marx et Engels règlent définitivement son sort au social-démocratisme. C'est dans cette œuvre qu'il affirme que la tâche des Communistes n'est pas de construire des " Etats Populaires Libres ", fussent-ils dans leur version stalinienne des    " Etats de Démocratie Populaire ".


" L' 'Etat libre' qu'est-ce que cela peut bien signifier ". Demande Marx. : " Quelle transformation subira l'Etat dans une société communiste, On ne peut utopiquement en décider. « Mais une chose est sure, (dit-il) c'est qu'entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l'Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat »
 

C'est-à-dire la dictature directe de tous ceux qui ne sont pas liés par des liens de subordination, aux premiers rangs desquels la propriété privée, puisque sa reconnaissance pose la nécessité de sa défense juridique par ce que l'on appelle l'Etat de droit.

" L'Etat Libre, L'Etat Populaire Libre, tous ces bavardages que les anarchistes » nous dit Marx « nous ont jeté à la tête nous accusant de n'être que des étatistes, tout cela est un non sens ".
Engels réplique " dans le Manifeste nous avons dit qu'avec l'instauration du régime social socialiste, l'Etat se dissout de lui-même et disparaît. L'Etat n'étant qu'une institution temporaire, dont on est obligé de se servir dans la lutte, dans la révolution, pour réprimer la force de ses adversaires. Il est parfaitement absurde de parler d'un Etat Populaire Libre"

 

(Permettez- nous de rajouter (DCO) : et absurde de parler d'un " Etat de Démocratie Populaire ")

 

"tant que le prolétariat à encore besoin de l'Etat, ce n'est point pour la liberté, mais pour réprimer ses adversaires. Et le jour où il devient possible de parler de liberté, L'Etat cesse d'exister comme tel. "

La déviation sociale-démocrate éternise le sujet de droit, alors que le communisme appelle au dépérissement du droit. Rapportée à l'histoire de notre formation sociale, par exemple, la déviation sociale-démocrate éternise la citoyenneté, la laïcité, qui bien qu'elles représentent une évolution positive, un caractère éminemment progressiste, fixent la personnalité humaine sous domination de l'appareil d'Etat, en la fixant sous domination idéologique de la loi.

 

Les Constitutions pour la citoyenneté, la loi de 1905 et ses différents amendements pour la laïcité.
Si on veut bien faire l'effort de réfléchir, un vrai laïc est par essence agnostique. Alors qu'un vrai communiste est par essence matérialiste. L'agnostique dit " je ne sais pas, donc je respect le point de vue adverse en lui donnant le pouvoir juridique d'exister ", le vrai matérialiste dit " je ne renonce pas à la nécessité du combat et j'affirme ma position : Dieu n'existe pas, la loi est donc appelée à changer, voire pour moi à dépérir avec toutes les illusions sur les Institutions : L'Etat, L'Eglise, mais aussi Le Parti. "

 

Il convient aujourd'hui d'y ajouter l'épineuse question de la supra-nationalité, par le supra-étatisme que constitue l'Union Européenne. Non seulement nous ne combattons plus l'institutionnalisme, mais nous rajoutons de l'institution à l'institution, du supra-étatisme à l'Etat-Nation. Autrement dit de la bourgeoisie  trans-étatique, à la bourgeoisie d'Etat.

Quand le communisme existera, le parti communiste n'aura plus de raison d'être. Un vrai communiste matérialiste pense sa mort, un agnostique au contraire cherche à la fuir, en éternisant son imaginaire.
Par exemple, en se plaçant sous la domination symbolique d'un Etat protecteur, appelé à s'éterniser : L'Etat de droit.

Nous avons tendance à penser que l'éternisation recherchée à travers l'institutionnalisation comme phénomène humain, relève sans doute de cette fuite imaginaire, dans une protection, contre quelque chose qui doit advenir (la mort, la perte). Cela à avoir avec le freudisme, mais pas avec les résolutions des contradictions qui minent la voie du communisme.

C'est donc aujourd'hui, ici et maintenant, dans la façon dont je construis la forme " parti " et donc dans la façon dont j'anticipe sa disparition historique, que je pense mon rapport à l'étatisme et sa disparition. C'est donc en construisant le parti non pas comme institution, non pas comme Appareil Idéologique d'Etat, mais comme force capable de s'opposer à toute les institutions à toutes les dominations que je me donne les moyens qu'il soit l'instrument de la disparition de toutes les classes et donc l'instrument de la disparition de l'Etat, comme structure servant à les reproduire. " Le Parti " disait Louis Althusser, "ne peut pas se faire Etat "( Interview donné au journal il Manifesto, à Rosana Rosenda anticipant avec génie la dégénérescence historique du P.C.I)  il doit au contraire être l'outil de sa destruction par extinction.

Le communiste combat donc pour la disparition du parti au profit de la classe, parce qu'il combat les institutions et tout ce qui a tendance à en créer de nouvelles. Parce qu'il sait qu'un jour la question du communisme étant résolu, il devra passer à autre chose. Si le capitalisme n'est pas la fin de l'histoire, le communisme ne l'est pas plus. L'histoire changera de moteur, mais il y aura encore des contradictions encore des idéologies encore de la conflictualité.

Prendre l'institution " Parti " pour le sujet de l'histoire est la déviation interne des marxistes et des léninistes qui ne veulent pas reconnaître que Marx appelle à la Dictature Du Prolétariat (Qui ne peut être achevée selon nous que par la Dictature de la Classe Ouvrière) et non à la dictature du parti communiste. C'est donc maintenir la classe sous domination de l'institutionnalisation en prétendant forger le parti " juste ", le parti " avant-garde " gardien de la conscience de classe. D'où la déviation inverse de la dilution social-démocrate dans le salariat qui consiste pour les  " communistes " à multiplier les organisations, s'autoproclamant les avant -gardes du prolétariat. C'est le substituisme, le parti parle pour la classe. C'est la déviation qui affecte le courant révolutionnaire depuis ses origines, c'est la déviation qui nous affecte, c'est le problème que nous devons régler.

La Lutte des Classes est tendancielle elle est médiée par son expression politique, car elle prend la forme institutionnelle du " Parti ".Or le parti n'est pas la classe. Que le P.C.F ait hier déclaré: " je suis l'avant-garde consciente de la classe ouvrière " ou qu'aujourd'hui au contraire il déclare " la classe ouvrière ne joue aucun rôle majeur ". La déviation est la même. C'est encore le parti qui parle pour la classe. Le parti doit éduquer la classe en lui fournissant une grille de lecture qui lui permette de s'émanciper (Le marxisme) mais en aucun cas il ne doit se substituer à elle. Or aujourd'hui c'est ce qui a lieu dans la représentation de la majorité des organisations dites " révolutionnaires ", chaque organisation se " rêve " classe idéale, c'est une erreur tragique. Si le P.C.F actuel ne voit plus la classe ouvrière comme force majeure du bouleversement, c'est que pendant trop d'années il s'est pris pour la classe ouvrière. Le parti n'est pas la classe, il n'en est que le reflet et encore convient-il de constater qu'il n'en est que le reflet tendanciel, le reflet souvent déformé. Comme le montre Marx dans ses études des conflictualités historiques, un parti a une représentation de lui-même qui souvent fait barrage à la compréhension des intérêts réels qu'il sert. C'est ce que le MCI a bien démontré dans son analyse du fascisme. Les fascistes qui s'imaginent eux-mêmes défendre les intérêts de la petite bourgeoisie, ne font en réalité que servir les intérêts des monopoles.


Qu'en est-il des partis nés de la première expérience de révolution socialiste, la Grande Révolution Socialiste d'Octobre. Le retour au bercail de la social-démocratie de nombre de ces partis nous conduit aujourd'hui à penser, qu'ils n'ont jamais complètement rompu avec ce courant. La rupture n'a été que tendancielle, elle n'a jamais été totale. Si la rupture n'a été que tendancielle, c'est que comme le P.C.F, nombre de ces organisations n'ont été les défenseurs réels que d'une fraction de la classe ouvrière. La classe ouvrière hier la plus sous influence de la social-démocratie : l'aristocratie ouvrière.

Historiquement nous le savons c'est au moment du Front Populaire que cette fraction de classe, au sein du PCF, assoit définitivement sa domination sur toutes les autres fractions. Congés- payés, conventions collectives, services publics etc. sont des conquêtes légales codifiées par le droit, La classe ouvrière jusqu'ici extérieure dans son activité révolutionnaire au jeu du démocratisme bourgeois, devient par codification juridique, sujet de droit, partenaire social, elle se légalise et son histoire devient l'histoire de la conquête des droits sociaux, ouvrant la porte à tous les fantasmes bourgeois d'un " partenariat social ". Dans cette représentation, il ne s'agit plus que de savoir ce que l'on gagne ou l'on perd dans la relation entre "sujets" (groupe, classe, foule etc.), ou l'intersubjectivité sert de méthode de contrôle et ou le fantasme du contrôle peu pleinement se développer par exemple dans la fameuse " théorie des jeux " appliquée au champ social.

C'est cette représentation qui va s'étendre aussi bien dans le modèle français, que dans le modèle anglais ou le modèle d'Europe du nord après la guerre. Le social-démocratisme est une grande avancée du mouvement ouvrier, par les progrès sociaux, qu'il a permis d'acquérir.

Historiquement, vous le savez, le véritable parti socialiste au sens de parti " social-démocrate " pendant des dizaines d'années a été le parti communiste, avec lui nous avons engrangé des acquis. Mais ces conquêtes se sont opérées au prix du renoncement à la révolution socialiste, au prix du renoncement généralisé de l'abolition de la propriété des moyens de production, et surtout au prix du renoncement aux formes embryonnaires de double pouvoir que le MCI doit installer face au capitalisme d'Etat, comme moteur du collectivisme.

Pour que le collectivisme puisse voir le jour, il faut que la classe ouvrière cesse de se penser  " Etat ", cesse de croire que la conquête du pouvoir d'Etat est l'objectif ultime.

 

La conquête du pouvoir d'Etat ne sert que s'il rend possible la mise en œuvre de son extinction. C'est à dire par le double pouvoir, le pouvoir "autre " la mise en œuvre de la transmission de ses capacités à la classe ouvrière. " Prendre le pouvoir " pour un parti communiste, ce n'est pas se l'accaparer, ce qu'ont fait majoritairement les P.C qui ont accédé au pouvoir. Prendre le pouvoir c'est transmettre le pouvoir, c'est aider à l'émancipation du prolétariat et non pas à son infantilisation. Or il ne peut y avoir émancipation sans "unification ". L'unification du prolétariat ou plus exactement l'unification de la classe ouvrière est la tâche centrale du Mouvement Communiste.

 

Il faut donc que les P.C cessent d'être les agents privilégiés de l'aristocratie ouvrière pour devenir les représentants de toute la classe et en particulier de ses fractions les plus exploitées. Non pas en survalorisant les uns au dépend des autres, comme le fait la déviation gauchiste, mais en les unifiant.

 

La classe ouvrière est profondément divisée, elle est fractionnée, elle est pétrie de contradictions. Les P.C ne veulent pas en parler, ne veulent pas résoudre cette question. Ils veulent garder les yeux fixés sur la bourgeoisie et ses contradictions. Ils pensent que c'est dénonçant les contradictions qui minent la bourgeoisie, qu'ils arriveront à résoudre celles qui minent leur camp.

Pourquoi, pourquoi cette impuissance, pourquoi cette cécité ?

Cela ne peut se comprendre que si l'on accepte de reconnaître la vérité. La vérité c'est que le social-démocratisme qui représente les intérêts masqués de l'aristocratie ouvrière, n'envisage de solutions que dans sa fusion-disparition dans la petite bourgeoisie.

 

Pour cela il s'agit d'en faire la fraction pivot, la fraction porteuse de la résolution de toutes les contradictions de classe. Or qu'est-ce qui constitue le lien entre l'aristocratie ouvrière et la petite bourgeoisie et qui peut favoriser leur " fusion " (idéologique bien plus que pratique) ? C'est leur lien à l'appareil d'Etat et à l'institutionnalisation. L'une comme l'autre ne peuvent se passer de l'Etat et des formes institutionnelles qui cautionnent son existence et son renouvellement les " partis " les " syndicats " pour reproduire leurs avantages particuliers et leurs distinctions, d'agents non productifs ou de fraction dominante (culturelle et économique) au sens marxiste du terme. C'est ce qui les unis, c'est le moyen par lequel elles échappent au procès de prolétarisation, au procès d'ouvriérisation.

 

Le procès de prolétarisation dépossède le "sujet" de droit, il le dépersonnalise

 

( On voit, tout ce que l'étude sur la personnalité recouvre en fait, comme crainte de la part des idéologues du "centrisme", en particulier, le spécialiste de la psychologie, Lucien Sève.

Le marchaisisme "stagnationnisme" centriste, a vu sous les effets naturels de sa décomposition, non seulement l' intronisation du liquidateur Robert Hue, mais passer à droite son bloc idéologique (Sève, Boccara, Martelli) qui estiment que la forme parti est aujourd'hui obsolète, ou que l'heure de dépassement du marxisme (notamment en économie) a sonné.
 

 

Fuir la classe ouvrière comme on fuit la " peste ". Voilà, le cœur illusoire qui unifie le procès de social -démocratisme qui affecte un nombre grandissant de partis ouvriers. C'est comme cela que se sont mis en place les mécanismes qui aboutissent pour le groupe dirigeant du P.C.F à s'écrier : " A bat le prolétariat, vive le salariat ". Mais c'est encore insuffisant, car le salarié sous le joug du capital tend vers le prolétaire. Alors, " vive la non marchandisation ", " vive la gratuité ", " vive l'altermondialiste et le mouvementisme ", " vive les comités antilibéraux ". En un mot " vive l'opium du peuple, l'idéologie opiacée de la petite - bourgeoisie ! ".

A l'opposé le projet que nous souhaiterions voir se développer dans notre parti a comme moteur : " l'unification de la classe ouvrière ".
Qu'est ce qui constitue l'unité entre l'aristocratie ouvrière et les fractions exclues de cette classe ? C'est la production. C'est la réalisation du travailleur collectif comme personnalité sociale, s'attelant au bouleversement de la déviation du procès de production, mais aussi du procès de travail. La fin de la division du travail entre travail social et travail technique entre travail intellectuel et travail manuel.

Quant à la petite bourgeoisie salariée qu'elle soit sous domination capitaliste ou sous domination communiste elle n'a ontologiquement qu'un seul avenir, rejoindre la classe ouvrière. Des secteurs économiques hier peu touchés par le procès de valorisation du capital, sont aujourd'hui précipités dans une exploitation renforcée. Ses couches salariées se voient donc projetées de fait au sein de la classe ouvrière, il n'y a de notre point de vue pas la moindre ambigüité pour considérer que les salariés non -exploités, peuvent être concernés par les phénomènes de prolétarisation (être exclu de toute forme de propriété) et d'ouvriérisation (devenir productif au sens marxiste du terme). C'est pourquoi, nous ne comprenons la direction actuelle du P.C.F quand elle refuse de se référer à la classe ouvrière et au prolétariat sous le prétexte fallacieux que les salariés d'aujourd'hui considèrent que c'est déchoir que d'être assimilés à des ouvriers prolétarisés. Le fait de ne plus vouloir s'identifier à ce pôle, c'est pour nous renoncer à considérer que cette classe puisse avoir des valeurs et un devenir " être " à faire prévaloir comme modèle universel et donc se poser comme classe dominante se substituant à la bourgeoisie. Jamais nous ne connaîtrons le socialisme si nous ne reconnaissons pas la classe ouvrière, classe exploitée, comme classe ayant des valeurs propres à faire prévaloir comme classe capable d'assumer son hégémonie, sa dictature. Encore moins le communisme. Laisser la petite bourgeoisie fixée son modèle d'individualité comme norme sociale, c'est renoncer à la possibilité de faire advenir la forme moderne de personnalité sociale : Le travailleur collectif.

 

                                  

(D.C.O)

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