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Républicanisme, tâches " démocratiques " et avènement du communisme.

Le Monde Diplomatique du mois de Novembre 2011 consacre un dossier à l'état de la "Gauche", il en vient à interroger la pertinence de  ce concept pour rendre compte d'un ensemble " le camp progressiste ", qui aujourd'hui est de plus en plus éclaté. L'interrogation du journal rejoint la nôtre, nous aussi sur ce site, nous nous interrogeons sur les catégories qui fondent le démocratisme républicain deux siècles après la révolution française. Nous allons aussi plus loin en questionnant les concepts du socialisme, un siècle après la grande révolution socialiste d'octobre. Nous le faisons dans une optique communiste, c’est-à-dire en partant des finalités que ce concept recouvre, afin de produire une pensée à rebours qui nous permet de mieux saisir les limites de la représentation du monde dans lequel, le progressisme essaie de se déployer.

L'unification du prolétariat, l'unification des privés de droits, pose nécessairement à tout révolutionnaire la question frontale de l'abolition de la propriété privée des moyens de production, base incontournable de l'avènement du socialisme. Elle fixe, selon nous, l'obligation de l'ère démocratique de la propriété publique et de l'Etat qui lui sont afférents, comme phase historique inévitable, mais l'abolition de la propriété privée en tant qu'elle se transforme en propriété publique ne résout qu'incomplètement la contradiction de ce stade développement, elle ne résout pas la contradiction : possession formelle / possession réelle. Elle nous oblige à la nécessairement question d' un avènement de la propriété commune et du droit collectif comme facteurs superstructurels de l'instauration de la société communisme.
Parallèlement, La mise en place d'un Etat de droit, démocratique et social, conclue- t'il l'avènement historique de la société communiste ? Le communisme est-il un Etat de droit de citoyens assujettis aux figures du " droit de l'hommisme ", ou doit-il se diriger vers une société nationale égalitaire respectant l'idéal de justice, mais faisant s'éteindre son expression historique sous forme du droit, et les Institutions chargées de le faire vivre ?
Nous considérons que c'est dès l'avènement de la société démocratique avancée, le socialisme à son commencement, que doit être posée la question du point de vue communiste sur les tâches démocratiques. C'est au sein de ses concepts et de sa représentation que doivent être affirmées, les valeurs qui fondent notre différence d'approche. C'est pourquoi, plus de 200 ans après la révolution française, nous considérons que ce n'est pas en restant bloqué sur une vision de la République démocratique comme modèle de production de l'individualité bourgeoise que les communistes peuvent mener une dialectique révolutionnaire de confrontation de points de vue avec le reste des autres forces démocratiques.
Pas plus que nous ne cherchons à restaurer les mythes grecs ou romains de l'idéal républicain du citoyen-fermier-soldat (où certains ont voulu voir trace de communisme), nous ne pensons qu'il faut 2 siècles après, entretenir le mythe d'un état de grâce à éterniser avec l'avènement du citoyen-propriétaire bourgeois cher au XVIII siècle (qui fut là aussi idéalisé, comme figure indépassable de l'égalitarisme, par le radicalisme jacobin), mythe qui fut repris et valorisé par la 3ième République. Nous devons forger une nouvelle figure de subjectivité sociale au regard de la phase historique que nous souhaitons atteindre, nous devons parvenir au stade du : citoyen prolétaire-ouvrier.
L'ère de l'impérialisme, transforme totalement les figures traditionnelles des sujets économiques, le capitalisme concurrentiel et sa construction d'un " Sujet " historique : l'individu bourgeois, y décline pour tendre à disparaître au profit de la figure massive du salariat. Lénine l'a démontré dans " L'impérialisme stade suprême du capitalisme ", le passage du stade concurrentiel à l'impérialisme monopoliste, qui s'effectue, pour devenir majoritaire, sur les 30 années qui séparent la mort de Marx (1883) de la première guerre mondiale (1914-1918) donne aux monopoles la puissance nécessaire pour concentrer en leur sein des forces productives inusitées, dont la puissance suffit à inverser le rapport de force entre Etat-Nations (Etats de droits), leurs citoyens, et l' impérialisme monopoliste. Le libre propriétaire se retrouve assujetti à la puissance des bourses, il voit son statut de propriétaire bourgeois éclater entre direction et possession, et il se prolétarise par concentration du pouvoir réelle sous la domination de la finance, et de la mise en place des grandes sociétés par actions. Il rejoint donc la figure majoritaire de l'actif du stade actuel, et du socialisme, le salariat prolétarisé. En parallèle, se produit une révolution scientifique qui conduit à l'avènement de l'objectivité absolue des sciences comme résultat de la domination de la division du travail, et au déclin du subjectivisme humaniste bourgeois comme courant philosophique culturel dominant. L'école des " humanités classiques ", comme source d'épanouissement individuel humain, se voit remplacer par l'école " lieu de spécialisation ", reproductrice et même moteur de l'élargissement de la division du travail. Dans le même temps, la science devient elle-même de moins en moins le produit d'une recherche abstraite individuelle, et de plus en plus une industrie pratiquant un approfondissement de la division du travail au sein même de ses disciplines.
Le statut de prolétaire qui est essentiellement marqué par la question juridique de la possession des moyens de production, se retrouve affecté par la mise en place de cette nouvelle réalité, la dépossession du procès de travail lui - même, le recours à des entités extérieures (enseignement, recherche) pour se substituer aux questionnements naturels des agents de production face à l'insatisfaction de leur rapport au travail. Aujourd'hui le statut de prolétaire renvoie à la situation d'agents économiques dépossédés des tâches effectuées, leur nature productive ou non, au regard de la définition marxiste, la division technique et sociale du travail des métiers effectués.
Le combat, déjà actuel, qui s'opère autour du droit public pour lui donner les moyens de s'ouvrir sur le droit collectif ou au contraire le réduire à être une coquille vide, capable d'être manipulé par une bourgeoisie d'Etat, une bourgeoisie de gestion, cherchant à conserver un pouvoir de direction et de commandement réel (sur les moyens de production socialisés), contribue fortement à marquer l'approche du statut d'entreprise publique soit comme capitalisme d'Etat soit comme entreprise nationalisée. Ou l'entreprise appartient à la nation et contribue à satisfaire essentiellement les besoins de l'ensemble de ses membres, ou l'entreprise est d'abord et avant tout un lieu de péréquation du profit au dépend de la nation, et elle ne sert qu'à favoriser le maintien du capitalisme en permettant au secteur privé de faire supporter par la collectivité la part nécessaire, mais non rentabilisable, du capital.
On voit donc que le droit public s'il n'est structuré dans une perspective de mise en œuvre d'un droit collectif, dans la mesure où il reste une forme d'expression du droit privé (par exemple, avec le statut juridique de "personnalité morale") ne nous offre aucune certitude que la nationalisation débouchera sur le collectivisme et ne régressera pas en un pur capitalisme d'Etat.

 

C'est pourquoi, nous ne pouvons nous contenter aujourd'hui d'idéaliser tout ce que le statut d'Etat de droit, fut-il Etat de droit socialiste, induit vis-à-vis de l'individu comme personnalité morale. En tant que nous sommes communistes et pas seulement des républicains- démocrates -sociaux, nous sommes légitimement habilités à porter le débat sur ces catégories et leurs limites. C'est parce que ces catégories éternisent L'Etat (et ce qui en découle, les classes, les institutions etc. pour les faire vivre) qu'au nom du stade social que nous estimons être le stade le plus avancé de la libération économique et sociale de l'individu - le communisme -  nous exigeons leur dépassement.
C'est dans le cadre du légitime combat pour le communisme, que nous remettons en cause un certain nombre d'évidences, qui ne sont plus aujourd'hui questionnées par le courant progressiste, ce qui concourt à les faire stagner, à les éterniser, quand ce n'est pas tout simplement les faire régresser.
Sommes- nous de " Gauche ", ou " Républicain ", sommes-nous " Laïc ", (et soyons méchants avec nous-mêmes, sommes- nous vraiment  " Démocrate ") ?

Voilà des questions essentielles que nous devons aujourd'hui nous reposer, comme le Monde diplomatique le fait pour la "Gauche". Nous devons d'autant plus le faire, que ce programme, le républicanisme laïc de gauche, est une représentation vers quoi semble converger, ce qu'il reste aujourd'hui d’un courant révolutionnaire en pleine déliquescence.
 
Fonder un Parti de la Gauche Européenne, se contenter de vouloir construire, un Front de Gauche ou une Gauche anticapitaliste, autant de représentations, qui nous semble aujourd'hui poser problème, pour qui veut réouvrir la voie du communisme.
 
" Gauche " : signifie littéralement ceux qui siègent à gauche d'une assemblée " représentative ". Est-ce que nous communistes, pouvons nous en satisfaire : Quelle assemblée ? Quelle représentativité ? Dans quelle, ou pour quelle société ?
Nous n'avons là aucune réponse à nos questions.
A nos yeux, le " pur " homme de " gauche " est une victime du " crétinisme " parlementaire, du " crétinisme " délégataire, qui cherche à éterniser le stade du capitalisme comme fin de l'histoire.

Et nous le démontrons :
- Pas de " Gauche " sans " Droite " sinon ce serait antidémocratique. C'est-à-dire, et de fait, sans maintien de la bourgeoisie.
Mais aussi :
- Pas d'assemblée sans délégations de pouvoir.
- Pas de représentation sans Institutions,
- Pas d'Institutions sans Etat, et sans éternisation de l'Etat.
 
Où est la doctrine communiste dans tout cela ?
 
Où sont :
-La disparition des classes sociales,
- la fin de l'Etat,
- l'extinction du droit, dans cette représentation des choses.
 
Nous ne sommes pas de " Gauche ". Nous sommes des communistes révolutionnaires, qui luttons pour la fin des classes sociales, pour la fin de l'Etat, pour la fin de la délégation de pouvoir, pour la fin de la division du travail.
 
On pourra bien sûr nous répondre :
" Et les alliances " camarades ", et les gens qui " souffrent ! "
Oui, nous sommes pour les alliances, oui nous savons qu'il y a des gens qui souffrent, donc " nous " pratiquons la tactique de l'union de la " gauche ", du " Front de gauche ", mais jamais au grand jamais, nous ne devons en devenir victime, en nous laissant absorber par elle, sinon nous nous renions, sinon nous trahissons l'essence de nos valeurs. C'est pourquoi nous n'appelons pas stratégiquement à construire une " gauche ", fut - elle une " vraie gauche ", à construire une unité de positionnement au sein d'un système institutionnel que nous éterniserions, mais au contraire à unifier une masse de non-propriétaires, les prolétaires, et en son sein, à unifier le pôle des productifs, c'est-à-dire des exploités. Nous appelons à ce qu'ils s'emparent de tous les pouvoirs pour ouvrir à un autre choix de société, et non à perpétuer des délégations de mandats pour renouveler des assemblées qui paraissent, et sont de fait avec la professionnalisation de la vie politique - le renouvellement de la confiance en un petit nombre d'élus qui captent sur des dizaines d'années le pouvoir réel, et qui le technocratisent via leurs administrations - des lieux d'exercices et de mises en œuvre des rapports bourgeois à la politique, qui agissent sur la vie de millions de nos concitoyens.
 
Sommes- nous  " Républicain " ?
S'il s'agit de dire que nous sommes antimonarchistes et antiféodaux effectivement depuis la grande révolution française nous le sommes, avons-nous d'ailleurs vraiment le choix, nous vivons aujourd'hui sous la domination de la République, comme hier nos aïeux vivaient sous la domination monarchiste, nous ne l'avons pas choisie, seuls nos aïeux " révolutionnaires " ont imposé leur choix, nous, nous sommes nés dedans.(et nous la défendons cette république, car elle est la forme la plus démocratique de pouvoir bourgeois, celle qui nous permet le mieux, de nous construire comme alternative).
La République est nettement plus démocratique que la Monarchie, c'est un fait. Pourtant l'univers actuel ne vit pas que sous la République, il existe de nombreuses monarchies, notamment en Europe. Si nous en croyons l'attitude des forces dominantes dans ces pays, qui sont nos proches voisins, cela ne semble pas leur poser de problèmes, de même qu'à une majeure partie des milieux populaires. Comme notre République ne peut vivre que par et pour la démocratie " sic ! " c'est du moins ce qu'elle proclame, mais qu'elle ne nous parait pas " affectée ", elle-même, par l'existence à ses marches de royautés, nous sommes bien obligés de constater qu'il existe une (ou des) connivence(s) objective(s), entre notre république et leurs royautés. Quelles sont-elles, ou à tout le moins, qu'elle est la principale ?
Cette connivence est que partout en Europe nous vivons sous domination du capitalisme, bien plus que sous l'expression historique des formes de dominations qu'il prend à travers le républicanisme ou le monarchisme constitutionnel.
C'est cela qui fait l'union entre tous ces systèmes institutionnels, c'est en dernière instance le capitalisme qui donne forme aux républiques comme aux monarchies sous lesquelles les européens vivent aujourd'hui. Pouvons- nous donc, nous contenter simplement d'être républicains ?
Et même allons plus loin, portons le fer dans la plaie, les monarchies quand elles sont féodales sont insoutenables, mais le républicanisme quand il est capitaliste ne le devient-il pas tout autant ? Aujourd'hui autour de nous, dans les débats, nous entendons des gens affirmer : " Après tout pourquoi pas un Monarque ? Cela nous coûterait moins cher que d'entretenir un système de présidentialisme monarchique et une clique de politiciens qui ne pensent qu'à servir leurs intérêts ! "
Ils se trompent, et font malheureusement le jeu du pouvoir personnel. Mais pourquoi le font-ils ? Pourquoi en arrivent-ils à vouloir remettre en cause la République elle-même ?
C'est que la République présente en elle-même et pour elle-même, une incapacité à définir les intérêts qu'elle entend servir or nous vivons dans un système de classes. République pour qui, et pour quoi faire ? La République, comme la Monarchie, sont des formes institutionnelles, toutes les deux sont des délégations de pouvoir, elles sont : Etat et éternisation de l'Etat. Elles sont donc des systèmes qui aident à la reproduction sociale. Quelle reproduction, et au bénéfice de quelle classe sociale ? Voilà la question qu'il faut se poser. Se dire républicain est donc largement insuffisant pour définir la nature de la société qu'elle vient chapeauter ou que l'on veut produire.
 
Donc et parce que nous sommes communistes, c'est-à-dire partisans d'un système sans classes et donc sans Etat, pas plus que nous ne sommes naturellement de " gauche ", nous ne sommes naturellement, et évidemment, simplement " républicain ".
Nous sommes pour la République Socialiste contre la République Bourgeoise autrement dit, pour la dictature prolétarienne, contre la dictature capitaliste. Nous reconnaissons donc à la phase de transition dit " socialisme " le droit d'exister sous la forme d'un Etat de droits délégataires. Mais comme nous sommes surtout pour le communisme, nous sommes pour l'extinction : du droit, de la délégation pouvoir et de l'Etat. Nous sommes pour la société des travailleurs associés, pour l'hégémonie ouvrière.
 
Sommes- Nous "Laïc" ?
C'est encore un concept issu du même tonneau que les précédents. Historiquement est laïc celui qui est extérieur à l'ordre religieux. Avons- nous à nous laisser définir par la dichotomie " religieux - non religieux " ? Depuis quand est-ce aux curés de fixer ce qui nous constitue comme " Etre " ?
La laïque s'oppose à la confessionnelle, mais dans la société capitaliste actuelle, pour quelles raisons devrions- nous nous sentir plus proche des valeurs de l'idéal Laïc. Qu'est-ce qui aujourd'hui constitue le fonds de la pensée laïque conséquente ? C'est essentiellement le fait qu'elle adopte et idéalise le point de vue du sujet de droit comme citoyen d'un Etat, et que ce dernier reconnaît le droit de croire ou de ne pas croire aux autres individus. Le vrai Laïc est agnostique, autrement dit, il se met en impossibilité de choisir entre les 2 côtés, et il contribue, en se plaçant sous la domination et l'autorité de l'idéal républicain du citoyen- propriétaire, son " assujettissement ", à éterniser l'Etat. Le point de vue confessionnel à l'opposé ne triche pas, il ne se masque pas, il veut tout le pouvoir. Tout le pouvoir à Dieu, tout le pouvoir aux églises, tout le pouvoir aux prêtres.
Cela tombe bien, nous aussi.
Nous voulons tout le pouvoir au matérialisme, tout le pouvoir à l'athéisme, tout le pouvoir aux travailleurs et aux communistes.
Bien sur les tenants du Droit de l' Hommisme démocratique ne manqueront pas de ruer dans les brancards : " camarades " vous voulez " la guerre civile " ! Vous voulez la souffrance du peuple ! La division ! Alors qu'il nous faut l'Humanisme (avec un grand " H "), la tolérance, la compréhension, le partage, la fraternité ! Etc. etc. C'est tout cela que contient l'esprit " laïc " à travers notamment son modèle d'école républicaine. Comment pouvez-vous dire que vous êtes pour la confessionnelle !
Nous estimons qu'il faut répondre à ces sociaux-démocrates (Car il est temps, vous l'aurez compris, de qualifier ces " républicains+ laïcs+ de gauche ").Comment peut-on dire qu'un agrégé du lycée Louis le Grand ou qu' un certifié d'Henri IV, font plus pour la classe ouvrière, qu'un curé enseignant d'un établissement technique privé, ou qu'un prêtre ouvrier assurant des cours du soir ! Le méritocratisme républicain, chœur du système de reproduction de la bourgeoisie, si cher à la " Distinction " comme dirait Pierre Bourdieu, en quoi est-il mieux adapté pour lutter contre le procès de prolétarisation des milieux populaires, que l'écoute attentive et le suivi d'un prêtre anti-marchandise, partisan du partage et du don gratuit?
Les vrais curés se respectent, comme " êtres humains " et penseurs " humanistes " conséquents, parce qu'ils respectent leurs principes et leur éthique, c'est nous qui ne nous respectons plus. En défendant avec conséquence leur représentation, ils sont dignes de notre considération. En affirmant qu'un matérialiste athée n'est pas un agnostique laïc, nous ne faisons qu'affirmer avec autant de force que celle des curés, notre volonté de transformer le socialisme démocratique dans lequel nous ne pouvons continuer de stagner, en hégémonie communiste ouvrière.

Sommes-nous de purs " Démocrate " ?   
D'après tout ce que nous venons de dire, vous penserez : Non !
Et vous avez raison !
Nous ne sommes :
- Ni des démocrates " Etatsuniens ", partisans des lois anti-trusts et du marché, défenseurs du petit producteur citoyen-propriétaire, luttant pour le démantèlement de Microsoft au nom de son monopole de marché, (comme sous le New-Deal, ils ont courageusement combattus pour l'adoption de lois anti- trusts), et qui empêche à la concurrence libre et non faussée de se reproduire. Le démocrate moderne est chantre du marché des origines. (Démocrate qui s'oppose d'ailleurs à Républicain, prouvant ainsi que ce concept n'est nullement de "gauche" en soi. Aux USA, la démocratie s'oppose au républicanisme, c'est important de le souligner).
Nous devons être au contraire, (et " je " le revendique), de fourbes bolchéviks, partisans des trusts collectivisés et du travailleur collectif, donc partisan de Microsoft, et en attente de sa nationalisation par le peuple étatsunien, qui si nous sommes fraternels et réciproques, acceptera peut-être de mettre en partage certains de ses produits "démarchandisés", mais c'est aux travailleurs étatsuniens, et à eux seuls, de nous dire ce qu'ils veulent mettre en partage.
- Ni de " purs " démocrates " français ".
Représentants conscients, ou non, de la Franc - Maçonnerie, laïcisant l'humanisme religieux, éternisant l'Etat au nom de ses vertus régulatrices, pour redresser les injustices créées par une société libérale, qui dans son fonds leur convient fort bien puisse qu'en bloquant le statut quo dans ses incohérences, cette société contribue à maintenir les associations qui appellent à la réformer (dont les loges maçonniques, mais aussi tous les partis politiques " démocratiques ", favorables à l'alternance), elle en éternise le besoin.
Ce texte produit d'une première réflexion afin de mettre en place la rubrique : " Unification du Prolétariat et tâches démocratiques ", suscitera, j'en suis sûr, des réactions et je les sollicite. J'en ai assez d'éterniser la phase démocratique, comme un moment indépassable par les figures sociales et sociétales qu'elle revendique; d'empêcher la venue au pouvoir de ma classe sociale. Il est temps que le communisme soit revendiqué comme une nécessité actuelle, il est temps que nous en finissions avec les sociétés de classes et que nous cessions d'utiliser le communisme comme une idéologie porteuse de réformes utopiques, qui pourront advenir un jour ( ?), comme adviendra, peut-être, dans dix mille ans le règne de justice du petit jésus, lié à son retour. Le communisme, n'est pas un nouveau mythe du Cargo, que des militants enfermés dans la forteresse " PC " attendraient tels ces militaires du Désert des Tatares, guettant, l'arrivée du Messie, ou du Démon, voire des cavaliers d'Allah, ce qui revient au même. C'est une nécessité absolue, qui parce qu'elle ne trouve pas son débouché, fait faire et se renouveler chaque jour à la société, sa crise structurelle civilisationelle.
C'est parce que nous ne trouvons pas les chemins du communisme que nous sommes en crise, c'est parce que nous n'avons pas, ou plus, d'avant -garde capable de nous en montrer le chemin, que nous nous enfonçons dans l'obscurité d'une société en régression, accompagnée de sa monté du fascisme, et de l'intégrisme.
Ce n'est pas en adoptant le point de vue de l'agnostique, de " l'homme " au dessus des fractions, celui du républicain, laïc, de gauche, que nous pourrons résoudre la contradiction, précisément parce que les fractions (les classes sociales) ne sont pas le produit de décisions " humaines ", mais le résultat de mécanismes qui échappent à la volonté des hommes. S'il existe des lois " sociales " qui fondent des " sciences humaines " c'est bien parce que celles-ci échappent à la volonté des " sujets " qui les constituent. La première et la plus fondamentale de ces lois, est issue de l'économie politique, c'est la loi de l'exploitation et de la division du travail, qui agît même quand on l'ignore, même quand on l'a dénie.
Mais c'est pourquoi aussi, l'individu qu'il soit considéré en collectivité comme à travers la sociologie ou individuellement comme à travers la psychologie, ne peut trouver en lui-même l'origine de son positionnement social (1). Une loi, une science " transcendent " les individus en instituant des " sujets ", ceux-ci ne peuvent donc être l'objet de départ, sinon à être des conglomérats, des ensembles imprécis, qui nécessitent un travail d'appréciation extérieure, de redéfinition. Le sujet, comme l'objet sont des résultats, des produits, mais pas des origines. La question  d'une "Origine" renvoie au présupposé d'une dialectique relationnelle du sujet et de l'objet, pas à celle de leur rapport, or l'exploitation est un rapport et pas une relation, elle est masquée, elle échappe à la volonté des sujets et elle est instituante de leurs formes.
 
C'est pourquoi Althusser aimait à dire que l' Histoire est un " procès sans Sujet ni Fin ". S'il n'y a pas de " Sujet " de l'histoire, peut-être y a-t-il des "sujets" ? Althusser ne le pensait pas non plus. Car la forme " sujet " provient des effets de subordination et de reconnaissance par l'ordre bourgeois. La " forme-sujet " est la forme d'existence historique de tout individu - agent de pratiques sociales, les individus-agents agissent toujours sous la forme d'identification et de reconnaissance à l'ordre juridique qui les subordonne. Se placer sous les figures et les catégories du Droit bourgeois, pour chercher à en résoudre les contradictions, c'est s'enfermer dans une boucle tautologique sans solutions.
Tout droit est bourgeois, même s'il est progressiste, c'est ce que disent très clairement Marx et Lénine, le jour ou la démocratie véritable existera le droit n'existera plus, le jour ou la liberté véritable existera, l'Etat n'existera plus. Se définir uniquement dans les catégories instituées par l'Etat de droit, c'est donner " pouvoir " aux agents qui en assument les missions, de résoudre et articuler les contradictions qui fixent le statut du sujet dans toute société civile. Or tous ces agents : juristes, policiers, militaires, assistantes sociales, fonctionnaires, enseignants etc., autant de catégories qui fondent en " légitimité " parce qu'en " mission " le statut de membres de la bourgeoisie ou de la classe ouvrière, ne sont eux- mêmes, ni en métiers, ni en revenus, membres de la classe ouvrière. Leurs missions sont essentielles, jamais nous n'avons confondus la bourgeoisie capitaliste et la bourgeoisie de fonctionnement de l'appareil d'état capitaliste, nous n'appelons pas à sauter les étapes.
Il y a nécessité historique d'une phase socialiste et donc d'un Etat socialiste, mais si nous voulons aboutir à l'instauration une société communiste, il faut régler la question de la domination de la bourgeoisie sous le socialisme.
Sous le socialisme s'il y a eu véritablement abolition de la propriété privée des moyens de production, la bourgeoise capitaliste a normalement disparu, ce n'est donc pas à travers cette catégorie que se résout la question de la contradiction principale, de la contradiction antagoniste. C'est à travers la bourgeoisie de gestion, celle présente sous le statut de fonctionnaire comme celle (qui peut d'ailleurs être aussi occupée par des fonctionnaires) qui a repris les missions des capitalistes privés et qui fait vivre le capitalisme d'Etat comme " exploiteur collectif " (Tant que le salariat et la marchandise ne sont pas abolis, il y a capitalisme d'Etat, il y a exploitation d'une partie du salariat par une autre).
Le bilan historique de la défaite de l'URSS oblige tout véritable communiste à en rechercher les causes d'un point de vue marxiste. Qui, quelle classe, quelle couche, quelle strate, a restauré le capitalisme (privé) en URSS ?
On n'est pas marxiste et encore moins communiste si on ne se pose pas cette question. (On a peut-être une carte dans sa poche, comme les dirigeants de l'URSS de l'époque ou ceux de la Chine actuelle, mais on n'est pas communiste, on ne travaille pas chaque jour que " Marx " fait, à instaurer cette société, c'est-à-dire à aboutir à la société sans classes.)
C'est ce conglomérat d'agents de l'Etat, avec l'aide des dirigeants du P.C.U.S (les élus et les bureaucrates du parti) qui ont restauré le capitalisme " privé " en Europe de l'Est, qui peut le nier ?
Certains ont résisté, oui, c'est vrai, mais pour défendre quoi ?
Le passage au communisme, le pouvoir aux travailleurs ?
Ou, la stagnation dans un Etat en crise, et une société qui n'avançait plus, ou pire, la préservation de leurs acquis et de leurs privilèges ?
La seule conclusion que cela produit chez moi, c'est que face à la débandade d'un P.C.F mangé par le social-démocratisme, l'extrême gauche "m'apparaît historiquement" et " idéologiquement " comme l'honneur du mouvement ouvrier. ("Concrètement", c'est une tout autre histoire, sur les organisations d'extrême-gauche, il y aurait beaucoup à dire, et pas toujours en leur honneur).
Parce que l'extrême gauche a maintenu face au sociologisme (nous aurions été parait-il trop " ouvriériste ", c'est à cause de cela que nous aurions pris un retard historique, moralité 40 ans après l'abandon de la dictature du prolétariat et le manque d'intérêt pour les milieux populaires, nous voilà avec des sondages qui nous annoncent une préférence massive des ouvriers pour le vote F.N. Quel progrès, qu'elle belle victoire en vérité !)
Face au psychologisme ("L'URSS son problème c'est le 'Culte de la Personnalité' ! ", voilà la fine théorie que des dirigeants, incapables de procéder à une analyse de classe de ce régime, ont tenté de fournir comme justification, nous aurions trop, tels des " asiates ", déifié un homme, la vérité est qu'ils ont tout fait pour masquer la place qu'eux-mêmes occupent dans les rapports de production, et les effets sociaux que leur délégation permanente dans l'appareil d'Etat, produit comme éternisation de cet état de fait).
Elle a maintenu (cette extrême gauche): La double interrogation incontournable pour tout véritable communiste qui est, et reste :
-     Qu'elle était la nature de classe de l'Union Soviétique ?
-     Au regard du communisme que produit sur la structure sociale, les effets de l'éternisation d'un Etat Socialiste ?
La finalité du projet, affirme que le communisme est une société sans classes et sans Etat :
Seuls les tenants du réformisme et du révisionnisme affirment, " le but n'est rien, le chemin est tout " ou encore, se permettent de sortir de son contexte la phrase de Marx " Le communisme c'est l'abolition de l'état de chose existant ", sans définir vers quel but et quelle finalité on doit aller, ce qui revient à paraphraser de façon masquée l'affirmation précédente.
Il faut résoudre la question de l'économique politique, la question de l'exploitation, la question de la division du travail, autant de questions centrales.
Mais il faut aussi résoudre la question du sujet de droit, la question de l'assujettissement, celle de la disparition des institutions, de la délégation de pouvoir, de l'assemblée comme unique forme de l'agora.                                                  

P. M.
(1) "L'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à l'individu pris à part. Dans sa réalité, c'est l'ensemble des rapports sociaux." p 29 Thèses sur Feuerbach K .Marx édit sociales.1972
 
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