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(D.C.O)

Débat Communiste Ouvrier et le C.E

Du dépassement par le Capitalisme d'Etat, au dépérissement de l'appareil d'Etat sous le communisme.



Le Parti Communiste Français est parvenu à un tournant de son histoire ou il redresse la barre et trouve la voie de gauche dans la résolution des contradictions qui mène au socialisme, ou il se laisse absorber par la dérive social-démocrate, qui aujourd'hui le domine et il réduira son rôle à celui de flanc gauche de la bourgeoisie libérale.

La Gauche Communiste du PCF, considère que rien n'est encore joué, une gauche interne se bat, elle n'est pas isolée, elle est soutenue par tous les communistes qui à travers les syndicats, les associations, voire les regroupements politiques, travaillent à la renaissance d'un véritable parti communiste. Notre analyse part des contradictions réelles de la mondialisation capitaliste impérialiste actuelle, de l'état réel des Partis Communistes, pour fixer une ligne majoritaire ouvrant pour notre formation sociale nationale, la possibilité de rupture suivant le principe léniniste, réaliste, du maillon faible.

Nous avons essayé dans cet article, de faire jouer en un rapport dialectique les contradictions qui minent un certain nombre de thèses émises par la direction du parti. Par exemple, la théorie du " dépassement ", par exemple le spontanéisme droitier-gauchiste " de l'abolition de l'état de chose existant ", ou encore la volonté d'aller vers une société " post-capitaliste " de développement, etc. Car c'est en partant de l'idéologie spontanée de l'immense majorité des adhérents, idéologie dont se sert le groupe dirigeant actuel pour asseoir sa domination et conduire le parti sur la pente d'une dérive toujours plus accentuée à droite, que nous devons nous efforcer d'ouvrir une stratégie de redressement.

La première attitude à adopter pour tout militant communiste qui ne renonce pas au communisme, c'est-à-dire qui considère celui-ci comme un mode de production tout aussi réaliste que le furent les modes de production antérieurs, est de lutter fermement contre l'utilisation du marxisme révolutionnaire, comme modèle producteur d'utopisme. Le communisme n'est pas une utopie. Nous n'avons que faire de l'utopie et pour tout dire nous " crevons " de cette gangrène, qui nourrit toutes les déviations de droite comme de gauche et qui en définitive " engraisse " au sens plein du terme, deux catégories d'individus qui sont, eux, parfaitement identifiables car extrêmement concrets dans leur existence matérielle. D'abord, les intellectuels, leur marché du livre, leurs courses à l'échalote dans l'institution scolaire méritocratique, ensuite, les bureaucrates politiques ou syndicaux, élus en tout genre, vivant du bon fonctionnement de leur " petite entreprise ". Ceux là vivent et développent le projet d'un idéal de rupture comme " utopie ", car celle-ci est vitale à la reproduction de la domination de leurs intérêts.

Pour les masses, c'est une tout autre histoire, si elles pensent que la rupture est malheureusement aujourd'hui encore une utopie, c'est au contraire qu'elles perçoivent non seulement la difficulté de s'en prendre au système et à sa classe dominante, mais elles se rendent aussi parfaitement compte du poids matériel, que représentent nos fameux producteurs d'utopie, elles doutent de ce qu'on leur propose, pour se réfugier par exemple, dans l'abstention.

Un dernier mot sur l'utopie. Il a existé dans l'histoire du mouvement ouvrier, une phase historique que l'on appelle " Utopique ", celle -ci n'a rien à voir avec ce que nous dénonçons c'est par abus de langage que l'on cherche à rapprocher les deux. Mais qui cherche cela, sinon les deux catégories référencées ci -dessus ?

Engels a écrit un ouvrage fondamental sur le Socialisme Utopique et le Socialisme Scientifique. Ce qui caractérise l'histoire de ce socialisme c'est que précisément il n'était pas " utopique ", il s'incarnait souvent dans des expériences extrêmement concrètes et matérielles. C'est pourquoi Marx et Engels ont recommandé de les étudier, pour voir en quoi elles pouvaient ou non être étendues à l'ensemble de la société. Marx et Engels avaient pour les socialistes utopiques le plus profond respect, justement parce qu'ils n'hésitaient pas à le mettre en œuvre.
Par contre dans un ouvrage tout aussi célèbre, ils s'en sont pris à un " utopiste " de la chaire, un universitaire, qui lui entendait critiquer les Utopistes " ayant réellement mis en œuvre " au nom de la supériorité de la science et du pouvoir intellectuel de " l'universitaire ", qui peut distribuer des bons points en jugeant dépassée, telle ou telle expérience. Ce monsieur Dühring, correspond parfaitement à ce que nous dénonçons dans le rôle des intellectuels modernes, beaucoup de bavardage, mais aucun courage de mise " en œuvre ", sinon celui de servir la bourgeoisie, ou tout simplement sa carrière.

Venons- en à la réalité de notre lutte actuelle. Il n'est pas utopique de considérer que, s'il y a une chance de rompre avec le capitalisme, cette chance est infiniment plus forte à l'échelle d'une formation sociale, c'est-à-dire d'un pays, qu'à l'échelle d'une région ou d'un continent.
Il est donc extrêmement réaliste d'admettre que nous aurons un Etat à gérer et une politique économique et sociale à mettre en œuvre.

A partir du moment où existe un Etat, existe le personnel qui va avec, tout comme existent des catégories sociales antagonistes dans la société civile, ceci tant que le mode de production n'a pas été bouleversé. Autrement dit, dans le cadre d'une stratégie de rupture nous serons confrontés à une bourgeoisie appelée à durer, d'un Etat appelé à se maintenir, et d'une économie appelée à se développer. Etat maintenu, bourgeoisie toujours existante et capital servant toujours à accumuler, il n'est pas utopiste d'affirmer que les " communistes " travaillent à l'instauration du Capitalisme d'Etat. Ils n'ont pas à en avoir honte, ils doivent en être fiers, non pas parce que le Capitalisme d'Etat est un idéal en soit, mais parce que des communistes qui savent ce qui les attend, loin de toutes les utopies et loin des discours fumeux chargés de leur embrouiller la tête pour leur donner à rêver des ruptures imaginaires, travaillent " joyeusement " à l'instauration du Capitalisme d'Etat.

Nous nous proposons  à travers 5 chapitres de rappeler quels sont les grands jalons de la route du communisme. Non pas comme des présupposés utopiques, mais comme le bilan réel et acquis du mouvement ouvrier révolutionnaire dans la voie de sa libération après un siècle de luttes et de bilans des expériences menées dont le fameux socialisme "ayant réellement existé":


I)   Du bon usage de la déviation social-démocrate dans notre organisation.
II)  De l'articulation dialectique : Capitalisme d'Etat/ Socialisme d'Etat dans la résolution des contradictions.
III)  Du dépérissement de l'appareil d'Etat dans l'existence du socialisme dans un seul pays.
IV)  De l'avènement mondial du communisme comme sociétés sans classes et sans Etats.
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I) Du bon usage de la déviation social-démocrate dans notre organisation :​

Vous le savez camarades, nous sommes mangés par le social-démocratisme, celui-ci nous gangrène comme la peste et la vérole, il faut donc tout faire pour s'en débarrasser.
Mais le nœud de la contradiction, est que contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, on ne peut pas s'en débarrasser !

Pourquoi ne peut-on pas ? Parce que nous venons de le voir, ce qui suit l'existence du capitalisme privé dans l'avènement du possible, a toutes les chances d'être du capitalisme d'Etat. A moins que le miracle " utopique " de nos camarades libertaires s'exauce, l'Etat sera maintenu. On ne peut donc se passer de " gestionnaires " délégués dans l'appareil d'Etat. Qui dit gestion, dit forte pression à la dérive social-démocrate et au développement d'un effet de bueaucratie.
L'Etat est un état de droit (légalisme), L'Etat est un état de démocratisme (Institutionnalisme délégataire) etc. L'Etat, par son existence même, introduit une césure entre mandants et mandataires.

Ce qu'il y a de paradoxal et qui est le plus difficile à admettre, c'est de se rendre compte qu'une vraie " rupture " n'aboutit pas mécaniquement à changer la nature profonde du système, une fois l'utopie retombée et les nombreuses formes d'exercices politiques modifiées, on peut se retrouver face à un système présentant les défauts que tout militant révolutionnaire reproche quotidiennement au capitalisme.

Lénine l'avait quelque part bien saisi, quand il affirmait qu'avec Octobre, les révolutionnaires devaient faire la révolution pour favoriser la mise en place d'un système qui seul incarnerait vraiment la mise en œuvre " jusqu'au bout " du démocratisme bourgeois conséquent. La bourgeoisie était, et reste incapable d'incarner le point de vue conséquent des valeurs qu'elle prétend représenter. Elle ne peut pas, ou ne peut plus être " sociale " et " démocrate ", c'est aux révolutionnaires d'assumer ces tâches.

Mais alors pourquoi ne pas être simplement " social-démocrate ", pourquoi ne pas accepter ce que nous propose le parti socialiste, voire sa gauche "radicale "? Tout simplement parce que pour nous communistes, cette phase est un moment de l'histoire, mais non sa fin, dans la mesure où la socialisation du capital sous la forme étatique et ses effets bénéfiques quand ils donnent lieu à une redistribution sociale, n'induisent pas une disparition du capitalisme, mais tout simplement son étatisation. L'histoire vient de nous le prouver, si nous ne poursuivons pas la route, nous avons toutes les chances de repartir en arrière.

L'existence d'une bourgeoisie rouge et d'un capitalisme d'Etat, ne sont donc pas une contradiction insurmontable, pour les révolutionnaires qui ont bien intégré les jalons qui mènent au communisme, mais ils constituent malgré tout un antagonisme inévitable. Si le chemin reste clair, autrement dit si la politique reste au poste de commande. D'où la nécessité de la forme parti, le caractère antagoniste de la contradiction peut-être résolu dans un sens qui soit favorable à l'avancé de la lutte des classes, à condition d'approfondir la voie du socialiste ouvrant le chemin du communisme.

C'est pourquoi la théorie dite " du dépassement " nous parait être parfaitement fondée, mais pas dans le sens que la direction lui donne. Il s'agit ni plus ni moins que de porter le capitalisme à sa phase ultime, ce qui correspond au capitalisme d'Etat, qui n'est pas un stade utopique, mais la réalisation pleine et entière des tendances les plus démocratiques de la socialisation absolue du dernier stade des sociétés de classes. La nationalisation rend au peuple sa propriété sociale pleine et entière, mais la nationalisation n'abolit ni l'Etat, ni l'exploitation (et sa manifestation : la salarisation) et donc, n'abolit pas la bourgeoisie qui fait marcher l'Etat et la ligne de production. Comment peut-on abolir " L'état de chose existant " ? En lui faisant rendre gorge de toutes les possibilités qu'il contient. Mais on voit ici en quoi notre vision de ces 2 mots d'ordre s'oppose à celle de notre direction, qui elle, par la confusion totale dans laquelle elle se débat, est incapable d'en assumer de façon révolutionnaire les conséquences. En effet, toute l'histoire des révolutions réelles victorieuses nous prouve que pour aboutir au seul stade du capitalisme d'Etat, il faut introduire " la rupture " et l'alternative. Notre direction aujourd'hui incapable d'orienter de façon communiste une stratégie social-démocrate conséquente, en est réduite à être ballottée et ne pouvoir utiliser ses mots d'ordre que de façon utopique.

L'idée des Communistes Unitaires d'envisager la forme Parti comme un stade dépassé est le produit type de cette déviation portant sur " l'abolition de l'état de chose existant ". En effet si on ne voit pas la périodisation des enchaînements révolutionnaires conduisant au communisme, on peut en venir comme eux, ou comme certains camarades Rouges Vifs, à imaginer qu'avec les formes spontanées de mise en place du Capitalisme d'Etat, que le communisme est déjà là ! Dès lors et conformément à l'idéal communiste, les Institutions ou ce qu'Althusser appelait " les Appareils Idéologiques d'Etat " peuvent, et même plus, doivent disparaître, comme expression politique d'une domination de classe pour ne plus incarner que l'expression "transclassiste" d'un appareil social technocratique. Ces camarades en viennent à défendre une vision utopiste anarchisante de la société qui en serait déjà à la phase de la disparition de la forme Parti, alors même que ni l'Etat, ni le Capital ne sont essentiellement remis en cause !

C'est l'aboutissement logique du 22ème Congrès de 1976, où pour détruire l'idéal communisme de la Dictature du Prolétariat, dictature qui ne peut être mise en œuvre que par un Etat, on en est venu à imaginer l'idée d'un capitalisme qui serait déjà en train de disparaître. Parfait moyen idéaliste et utopiste, d'escamoter l'Etat.
Le courant centriste du parti, quant à lui, reprend lui aussi ce mot d'ordre," d'abolition de l'état de chose existant " mais par son application (" le communisme tout entier " serait par exemple contenu dans la mise en œuvre de mots d'ordre. Exemple tout leur supposé communisme serait contenu dans le mot d'ordre : " la semaine de 35h ! " Sic !), ils s'enfoncent, au contraire des précédents, dans la gadoue de la perpétuation de l'existence de l'Etat. En empêchant toute radicalité de la mise en œuvre de " La dictature du prolétariat " tout comme en lui refusant, en suite, toute possibilité de déclin. Il faut dire que les réformes " légales " de notre chère Martine (Aubry) avec son mot d'ordre  " Toute la trahison de la social-démocratie est contenu dans la mise en œuvre concrète de 35h, pièges à con ! " leur colle une claque définitive.

Le dernier concept " La société post-capitaliste " de notre chère direction, à laquelle notre peuple aspirerait, n'est utopique, que pour autant que le groupe dirigeant se trouve aujourd'hui incapable de conduire une stratégie réaliste de dépassement révolutionnaire. " Post-capitalisme " voilà qui ne signifie pas grand-chose, pour maintenir en place des mécanismes dont tout le monde sait, que ni l'Etat, ni le dégagement d'un surproduit ne seront affectés, seule leur dimension sociale sera réorientée, d'où la nécessité de l'existence de l'Etat.
La société "post-capitaliste ", comme mot d'ordre utopique, n'est pas sans rappeler les calicots de certains stands de section à la fête de l'Huma, par exemple : "Le Communisme : Une Idée Neuve ". Voilà là aussi, une belle utopie ! Car cette assertion est malheureusement, fausse. D'abord parce que comme " Idée " le communisme n'est précisément pas neuf, il remonte à Platon et à son ouvrage "La République". Ensuite parce que se référer au Communisme comme "Idée" c'est le réduire à des principes et des valeurs qui sont essentiellement idéalistes et donc utopiques. Le vrai mot d'ordre réaliste devrait être " Le Capitalisme d'Etat, une nécessité à imposer ", mais il faut dire qu'affirmer le vrai ne fait, selon nos brillants apparatchiks, pas " rêver ".


II) De l'articulation dialectique : Capitalisme d'Etat  - Socialisme d'Etat dans la résolution des contradictions:

La mise en œuvre du capitalisme d'Etat dans sa dimension progressiste implique la mise en œuvre du démocratisme conséquent. Le renforcement de l'intervention des travailleurs et du peuple est le moyen le plus conséquent de lutter contre la bureaucratisation qui ne peut manquer de se produire.

Mais une fois parvenu au Capitalisme d'Etat sous hégémonie prolétarienne, comment passe - t'on du capitalisme d'Etat au socialisme d'Etat ?
En renforçant la socialisation, mais pour la renforcer, il faut en avoir précisé la nature.
La socialisation nécessite d'avoir transformé la nature de la propriété privée en propriété publique, pour la réorienter vers la satisfaction des besoins. On peut également accentuer la démarchandisation de certains secteurs, l'enseignement, la santé, la culture, les transports etc.
Mais contrairement à la déviation économiste qui domine aujourd'hui notre parti à travers l'idéal utopiste de démarchandisation, cette stratégie à une limite. Les ressources que l'on va y affecter proviennent forcément de quelque part, il faut donc que la richesse produite augmente dans d'autres branches ou secteurs, si on veut pouvoir démarchandiser ailleurs. C'est la limite de la stratégie réformiste mise en place par notre parti, où la politique " sociale " devient la vache à lait de toutes les utopies de mise hors marché de secteurs jugés prioritaires. C'est vrai que l'idéal d'une société où la structure de l'économie ne serait plus conduite par la nécessité qu'impose la loi d'airain de l'existence d'un mode de production, mais par l'idéal utopique de l'immensité des besoins à satisfaire, est du point de vue de l'imaginaire et des rêves, plus facile à " vendre " que de dire au peuple : " si vous voulez une économie à vous et pour vous, il va falloir en payer le prix ".

La nécessité, elle, impose d'augmenter la productivité du travail et du capital. Dans la tradition réformiste issue de la décomposition du stalinisme, il n'est jamais question d'augmenter la productivité du travail, la vache à lait " imaginaire " c'est le capital. Dans le jargon " communiste ", la société " d'abondance " s'impose par une révolution dans les forces productives, ce qui est tout à fait exact, mais si et seulement si, on se souvient qu'elles rassemblent " Les moyens de production et la force de travail ".  L'ancien socialisme ayant " réellement existé " a échoué parce qu'il contenait une déviation. Il faisait porter l'essentiel de la révolution sur les moyens de production et sous-estimait l'effort à réaliser par la force de travail.

A quoi l'ancien socialisme a-t-il abouti ?
A chercher avant tout à augmenter la productivité des moyens de production par l'accentuation de la substitution capital-travail. On a diminué le temps travail social moyen productif à l'échelle de la société, on a même cherché, ce qui peut paraître légitime, à faire baisser l'intensité de la productivité du travail. Mais comme en parallèle on a accru le nombre de salariés improductifs en faisant exploser le poids de l'Etat, et le nombre d'agents dans les institutions pour les servir, on a pensé que l'automatisation et la production d'un travail complexe issu d'une concentration des savoirs résoudraient tout, notamment l'entretien d'une masse grandissante d'actifs improductifs venant gonfler les inactifs naturels déjà conduit à s'accroitre par l avancement de l'âge de la retraite, l'augmentation de la durée d'études et du nombre de jeunes scolarisés etc. ceci sans se rendre compte, qu'on accentuait la division du travail, la surqualification pour quelques uns, la sous-qualification pour tous les autres. Autrement dit, on a développé la bureaucratie, ce qui devient rédhibitoire, si en plus on bloque la route du communisme, en éternisant l'Etat.



III ) Du dépérissement de l'appareil d'Etat dans l'existence du socialisme dans un seul pays:
 
 

 La tâche du communisme est d'aboutir à une société sans classes et on ne peut y parvenir tant qu'existe l'Etat. L'Etat est un instrument qui sert à la reproduction de la classe dominante, cela les doctrines marxistes et léninistes l'ont parfaitement posé. Constater l'existence d'un Etat-Prolétarien revient donc à affirmer que l'on se trouve dans une société ou existe encore des classes antagonistes, sinon l'Etat aurait déjà disparu. Qu'est-ce qui définit la classe ouvrière, c'est le fait qu'elle soit " productive " et " exploitée ", la bourgeoise c'est tout le reste, ce que ne saisit pas bien selon nous la visée léninisme de la résolution des contradictions qui a tendance à confondre prolétariat et classe ouvrière et à maintenir l'illusion que les personnes qui font partie du prolétariat (les non-propriétaires des moyens de production), par exemple, les dirigeants révolutionnaires, les membres du gouvernement, l'ensemble des fonctionnaires, font partie aussi mécaniquement de la classe ouvrière.

On voit donc que les missions mises en œuvres dans l'Appareil d'Etat et dans la majorité des Institutions sont occupées par des personnes qui ne sont ni productives, ni exploitées. Comme nous ne sommes pas des anarchistes, nous ne demandons pas la disparition immédiate de L'Etat et des Institutions, mais il est impératif de réfléchir, et mettre en œuvre, les mécanismes réels qui conduisent à la mise en " sommeil " de l'appareil d'Etat, de même qu'il convient d' introduire les premières mesures qui conduiront à son dépérissement.

L'objectif essentiel de la route vers une société sans classes est donc de faire disparaître la bourgeoisie. La bourgeoisie se définit donc par ses activités, la nature économique de celles-ci, tant dans l'appareil d'Etat et les Institutions que dans la ligne de production et de distribution. Pour faire disparaître les postes, leur nature, il n'y a pas d'autres moyens que de bouleverser les rôles et les fonctions. Il faut donc qu'advienne une nouvelle figure de salarié exploité : l'"ouvrier" ou travailleur productif.

Lénine ne veut pas entendre parler de la résolution économique des contradictions politiques qui mènent au communisme, il veut que la politique reste au poste de commande. Mais il confond la nature idéologique du groupe de référence que le parti entend représenter, et le parti lui-même. Le parti " est " ouvrier, ceci signifie que les valeurs qu'il porte et développe, sont " ouvrières ", mais les membres du parti qui ne sont pas ou plus en lien " professionnel " avec l'acte productif, sont-ils encore 'ouvriers' ?

Il ne veut pas de la déviation "économiste", qu'il qualifie de "syndicaliste" lors du 10éme Congrès du P.C.R (b). Il affirme que les syndicalistes ne combattront jamais que pour des améliorations matérielles, etc. Mais en réalité, la critique de l'Opposition Ouvrière  même si elle s'appuie sur les syndicats, adresse un tout autre reproche à la déviation " politique " du léninisme. Elle lui reproche de ne voir dans ses thèses, que l'aspect de circulation et gestion de la relation économique, alors que sa critique à elle, porte essentiellement sur sa dimension de production ; la qualité de l'acte productif et la contradiction entre travail manuel et travail intellectuel.

Lénine fait reproche à l'Opposition Ouvrière de vouloir " syndicaliser " (1) l'appareil d'Etat, donc de substituer le syndicat au parti, ce qui pour lui serait la déviation opposée de celle de Trotski qui à l'époque voulait " étatiser les syndicats ". Il se sert d'un moment de faiblesse théorique dans la rédaction de la brochure écrite par Kollontaï, repris par le groupe dans sa plate forme, qui veut confier " La gestion de l'économie aux congrès des syndicats de producteurs associés ". Si les syndicats se font Etat, effectivement le problème de l'improductivité ne sera pas résolu pour autant. On assistera à la mise en place d'une nouvelle bureaucratie d'origine syndicaliste, en remplacement de la bureaucratie issue du parti. Il ajoute que le terme " producteur " est trop confus et ne désigne pas exclusivement les ouvriers. Sur ce point il a parfaitement raison, mais la plate- forme qu'il défend et les autres plates-formes présentes, ne résolvent pas mieux le problème de la bureaucratie " politique " naissante, et ne propose rien pour résoudre la question du pôle de l'improductivité dans l'activité économique sur la route du communisme. Alors que si l'on fait l'effort de lire l'ensemble du livre de Kollontaï toute sa démonstration porte sur cette question. Elle veut que ce soit ceux qui créent les richesses qui assurent en même temps l'exercice du pouvoir politique.



IV) De l'avènement mondial du communisme comme sociétés sans classes et sans Etats:

A la différence de Trotski qui imagine une universalisation extensive des forces productives (moyens de production et force de travail ouvrière) pour " dissoudre " de façon concomitante une majorité d'Etats, laissant irrésolues la question des marchés et la nature des activités exercées. L'Opposition Ouvrière porte la résolution de la contradiction sur le bouleversement du procès de production et de travail au sein de chaque formation sociale particulière, la disparition de leurs fonctions improductives entraînant l'extinction progressive de chaque Etat. L'Etat Prolétarien se transformant par extinction économique en hégémonie ouvrière. La dictature du prolétariat exercée sous l'hégémonie du parti par l'Etat, devient l'exercice de la société sans classes conduite par une classe de travailleurs productifs universalisés.

 

B) Syndicaliser le parti ou politiser le syndicat


Kollontaï reproche à Lénine au nom de sa représentation du parti comme avant-garde consciente, de soustraire les éléments les plus actifs et les plus conscients à l'acte de production. Il les transforme en membres de l'appareil d'Etat. Lénine, lui, reproche le phénomène inverse. En laissant ces éléments au sein de la production et en les conduisant à utiliser les syndicats pour exprimer les tâches politiques, ils syndicaliseraient l'Etat. Les mécanismes concrets de production d'une bureaucratie se voient, ici, opposés à d'autres.

En fait la contradiction est apparente, on se rend compte que, sans vision claire pour conduire la politique lors de la phase de transition, le syndicalisme comme expression spontanée des salariés ne peut conduire qu'au renouvellement des divisions corporatistes qui le traversent. A l'opposé, en maintenant le rapport purement politique à l'Etat et à la forme parti, on contribue à les éterniser ainsi que la bureaucratie " politique " qu'ils génèrent. Si l'Etat comme le parti ne deviennent pas autre chose que les supports idéologiques des intérêts bien compris du prolétariat (sans comprendre en quoi celui-ci n'est pas encore la classe ouvrière), le rapport entre les actifs salariés de l'Etat, les permanents du parti et la classe qu'ils sont censés représenter, ne présente plus qu'une dimension idéologique. Une telle dimension on l'a vu dans les pays du socialisme " ayant réellement existé ", ne résiste pas éternellement aux contradictions concrètes qui en résultent, l'écart se creuse entre discours idéologique et vécu matériel.

C'est pourquoi comme fraction de la Gauche Communiste du P.C.F,  nous nous donnons la tâche de trouver la bonne articulation théorique entre point de vue de classe et pratique de classe. Fixer les jalons de la résolution des contradictions qui mènent au communisme, ce n'est pas céder aux fantasmes d'un contrôle imaginaire de ses effets. L'histoire nous présentera nos tâches, dans le désordre et le cahot des contradictions inter-impérialistes mondiales, comme elle le fait depuis plus de 100 ans. Mais une chose est certaine, si nous ne savons pas ce que nous cherchons, et sommes incapables de reconnaître les grands poteaux indicateurs qui y conduisent, nous n'aboutirons nulle part.

Nous nous noierons dans l'activité pour l'activité, comme s'y noient aujourd'hui les partisans de " l'abolition de l'état chose existant ". Le Capital veut abolir " l'état de chose existant ", le fascisme aussi, les sociaux démocrates le prétendent tout autant, mais tous poursuivent des tâches extrêmement claires. Seront nous les derniers à savoir, où nous voulons aller ? Tous ceux qui contribuent à embrouiller ce qui aujourd'hui s'impose comme une nécessité, devront répondre un jour devant les masses et l'histoire, d'avoir voulu transformer l'idéal communiste en utopie idéologique pour maintenir leurs petits privilèges de permanents, d'élus, ou de membres de l'appareil d'Etat. .

P.M

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(1) - L'essentiel de la critique de Lénine contre L'Opposition Ouvrière se trouve dans le Tome 32 de ses œuvres complètes. Il se livre aussi à l'analyse du rôle des syndicats dans le Tome 33. On remarquera que pour lui l'activité politique des syndicats se réduit à un problème d'organisation et de gestion. Le tort selon lui de L'Opposition est de vouloir substituer les syndicats au parti, mais son analyse ne répond pas à la critique de l'O.P qui elle fait dépendre l'existence des classes de leur place dans le procès de production et n'envisage la question de la domination par les syndicats que dans le cas de l'économie. L'Opposition Ouvrière, la brochure le dit clairement, ne remet nullement en cause la prédominance du parti dans les autres secteurs d'intervention de l'Etat. Même si on tient compte de la critique léniniste, celle-ci ne résout pas pour autant la question de la différence entre syndicat et parti. Tous les salariés et mêmes les paysans peuvent prétendre être membres d'un syndicat. Combien peuvent légitimement prétendre faire partie de l'avant-garde telle qu'est définie par le léninisme dans la " forme " parti ? Si les syndicats prenaient la place du parti, le fait que leurs liens avec les producteurs soient plus forts, n'assureraient-ils pas un meilleur transfert de la responsabilité politique de l'avant-garde à toute la classe ? 

 

 

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